ANNÉE 1983, DAVID, DERRICK ET DUSTIN, PASSIONNÉS PAR LA SCIENCE-FICTION ET LA POP CULTURE, DÉCIDENT D'ENVOYER UN MESSAGE DANS L'ESPACE GRÂCE À UN ORDINATEUR SOPHISTIQUÉ DEPUIS LEUR PETIT GARAGE À COSMOPOLIS, DANS LE CONNECTICUT. PUIS C'EST PARTI EN COUILLE.PLUS DE TRENTE ANS APRÈS, GRÂCE AUX EXPLOITS INFORMATIQUES DES "3D" (POUR "THREE DICKS"), LES ALIENS FOULENT ENFIN LE SOL TERRESTRE ! MAIS À QUEL PRIX ? C'ÉTAIT À L'ÉPOQUE UNE SIMPLE PASSION. NI FEMME, NI EMPLOI, DAVID, DERRICK ET DUSTIN ONT PASSÉ LE PLUS CLAIR DE LEUR TEMPS (ET LEUR VIE) À ÉTUDIER L'ESPACE ET LA POSSIBILITÉ DE LA VIE AILLEURS QUE SUR NOTRE BELLE PLANÈTE. SANS DIPLÔMES OU CERTIFICATS, ILS SE CONTENTENT DE CONCEVOIR DES ORDINATEURS ET AUTRES SOFTWARES CHEZ EUX DANS LE SEUL INTÉRÊT D'ENVOYER UN MESSAGE AU-DELÀ DE LA SURFACE TERRESTRE. ILS L'ONT APPELÉ CODE COSMO EN HOMMAGE À LEUR VILLE CHÉRIE (C'EST FAUX, ILS N'ONT JUSTE AUCUNE IMAGINATION), COSMOPOLIS.
EN COURS D'AFFICHAGE (WADE ET LE CODE SE BATTENT)

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american dream — gabriel

*
STAGIAIRE
Harry Marlow
Crédits : 62
Harry Marlow

Sam 1 Sep - 11:46
music

La journée s’était terminée plutôt tranquillement et sans encombres.

Avec vos blessures et votre fatigue, il était impossible de vous donner autre chose à faire que de la paperasse. En milieu d’après-midi, ton directeur de stage t’as envoyé un mail puant la contrariété « vous n’êtes pas allé au bout de votre pratique physique (…) inconscient (…) j’escompte de vous des choix responsables »  et bla bla bla. Rien d’autre à signaler en dehors de cela. Comme je le disais : une journée terminée plutôt tranquillement et sans encombres.

Et te voilà devant sa maison. Il s’était prêté à ton petit jeu, tu avais gagné et le moins que tu puisses en dire, c’est que la récompense en vaut la chandelle. C’est comme regarder une publicité américaine à la télé - l’habitation type de la famille de classe moyenne aisée possédant une tondeuse à gazon dernier cri et un gentil labrador.

« Sympa le quartier ! » - tu t’esclaffes après un bref coup d’oeil autour de toi. Tu te précipites ensuite à l’intérieur et c’est béat d’admiration que tu restes planté au milieu du living-room. Cosy, propre, bien rangé : il s’en dégage une ambiance douillette.

Cela t’étonnes un chouya… Tu imaginais Ardan vivre dans un bloc de béton froid et sinistre, avec une peau d’ours - ours qu’il aurait tué à mains nues au cours d’une mission secrète en montage - un bureau, et une lampe. Tu es loin du compte.

« J’adore ! Ça me change du foyer ! Vous avez un tourne-disque ? J’ai un vinyle dans mon sac à dos, je l’ai acheté hier soir à une brocante. Oh et vous avez combien de chaînes sur votre télé ? Votre réfrigérateur, il est grand comment ? On va manger quoi ? Vous me faites à manger ? »

Il n’a même pas le temps de te répondre…

Excité comme une puce, tu visites sans gêne chaque centimètre carré de chaque pièce. Tu aimes tout ce que tu vois, tout ce que tu touches - des tapis à la couleur des murs, du plan de travail de la cuisine au choix de la vaisselle… Un gosse dans un parc d’attraction !

Hop, tu disparais, tu réapparais, tu disparais, tu réapparais.

La dernière pièce que tu profanes, c’est sa chambre. Inspection des armoires et des commodes faites ! Place au lit… Tu sautes dessus - Seigneur, il est moelleux à souhait ! - pour y faire un ange invisible. « Manque juste le labrador, la femme et les enfants. » - tu murmures pour toi-même.

Après quoi tu retournes tranquillement dans le living, un sourire radieux aux lèvres - « Je vais prendre une douche, sinon je vais tout salir ! » - évidemment, tu n’attends pas qu’il t’y invite. Tu disparais pour la millième fois et la minute qui suit : tu es sous le pommeau.

Qu'est-ce que c'est agréable de sentir l'eau chaude te laver du sang séché et adoucir la douleur de tes plaies.

Tu piques ce que tu as à portée de mains - gel douche, savon, shampooing. « Je vais sentir comme lui. » - il sent comment, d’ailleurs ? Tu n’y as jamais fais attention. Mh, tu n’auras qu’à te renifler au sortir de la douche - tu pouffes.

Lorsque tu as finis, enveloppé dans une serviette tel un sushi dans son algue et droit comme un pique devant le miroir (tu essayes de te coiffer, en vain) - tu hésites. Tu hésites à lui emprunter des vêtements. Il y’a des limites à ton sans-gêne, non ? Certes. Or, tu ne vas pas non plus te trimballer fesses à l’air…

La décision est vite prise.

Tu réapparais au près de lui vêtu d’un de ses joggings et d’un de ses t-shirts - dix fois trop grands tous les deux mais au moins, tu es à l’aise. « Promis, je vous les rendrais propres. Ah et promis, je me tiens tranquille maintenant. Je ne laisserais aucune trace de mon passage. » - dixit le garçon, dont les cheveux à peine séchés, gouttent sur le sol.

« J’ai faim. » - conclues-tu, te pendant à son cou comme un koala.













*
AGENT
Gabriel Ardan
Crédits : 18
Gabriel Ardan

Sam 1 Sep - 12:29


AMERICAN DREAM

musique - Gabriel se contente d'attendre, adossé contre un mur et la tête en arrière, soupirant, tandis qu'Harry ne se fait pas prier pour faire le tour du propriétaire comme un agent immobilier assoiffé. Il ne lui aura fallut que de ça pour lui faire regretter son invitation amèrement.
Une chance qu'il n'ait rien à cacher - presque pas.
Car reposent dans certains placards certaines armoires les souvenirs d'une vie passée. Des alliances, posées mélancoliquement dans un velour noir, quelque part dans cette demeure. Des photos, tout sourire. Des vêtements, dont les tiroirs se sont entichés de leur odeur au fil des mois.

Nancy est toujours là, dans cette maison. Il n'y a plus son ombre ni le timbre de sa voix, mais il y a encore sa marque, son vécu, sa réalité.

Il entend alors le son de la douche en route. Vraiment ? Ardan secoue la tête, se disant qu'il vaut certainement mieux faire comme si de rien n'était. Ce n'est l'histoire que d'un soir, après tout.

Profitant d'un instant de répit, Gabriel est pourtant aux petits ordres de son invité. Très vite, il retrouve son vieux tourne-disque et quelques vinyles, principalement des chansons françaises. Il l'époussette et le dépose à côté des canapés, sur la petite table.

En tournant les talons, il tombe pratiquement nez à nez avec Marlow qui part s'accrocher à son cou avec de nouvelles exigences. Il porte ses propres vêtements. Gabriel roule des yeux. Ça suffit, pose-toi dans un coin maintenant.

En se déliant de son emprise infernale, l'agent Blue part derrière le comptoir de la cuisine ouverte (pratique, lorsqu'il s'agit de surveiller ceux que l'on invite dans sa demeure). Je t'ai mis le tourne-disque sur la table. Mets ce que tu veux.

Gabriel s'attèle au repas sans plus attendre - lui aussi affamé par une journée qui s'est résumée à une clavicule arrachée et de la paperasse à trier dans son bureau jusqu'à tard le soir.
Il n'a jamais été très courageux pour la cuisine, peu importe combien il apprécie la bonne nourriture. C'est toujours Nancy qui s'avait y faire - elle, au moins, ne faisait pas brûler les viandes pour en faire des morceaux de semelle. Une honte qu'Ardan préfère taire en optant pour la simplicité - suffisante pour plaire à un garçon comme Harry : la fondue bourguignonne.

En quelques secondes à peine, tout est sur la table : de la machine aux viandes, des sauces aux pics en bois. Encore un plat français. Annonce-t-il. C'est un repas très familial de là où je viens. Le genre de plat que tu partages pendant les périodes des fêtes autour d'une table, avec un bon vin rouge. Sur ces mots, il en dépose même une bouteille et en verse le contenu dans deux grands verres à pied. Il trinque, droit dans ses yeux, un sourire malicieux sur le coin des lèvres. Tu prends ta viande avec le pic et tu la laisse cuire dedans. Et si quelqu'un fait tomber son morceau de sa brochette, dans l'huile, c'est un gage.

featuring harry
©️ SIAL ; icon tumblr


*
STAGIAIRE
Harry Marlow
Crédits : 62
Harry Marlow

Sam 1 Sep - 14:25

Tu observes la fumée s’échapper du pot, emmenant avec elle la délicate et alléchante odeur de la sauce. Tu as déjà oublié le nom de ce plat mais tu n’en oublieras certainement pas le goût et la présentation. C’est comme si vous y étiez à nouveau, dans ce restaurant français.

Tu souris. « Un gage ? » - aussitôt, tu saisis une pique, choisit un petit bout de viande et t’affaires à le cuire. « Impossible que je perde, je suis bien trop agile. » - et effectivement, ton premier essai est couronné de succès. Tu dégustes tranquillement celui-ci, avant de finir par une gorgée de vin.

Un verre, Harry. Seulement un verre…
Tu ne tiens pas l’alcool, alors évite d’en abuser.

« Si vous perdez, je vous met au défi de danser avec moi. » - proposition que tu soulignes en effectuant un léger pas de côté, tout en souplesse. Oh, ce n’est un secret pour aucun de ceux qui te connaissent suffisamment : tu es un excellent danseur, mais seulement de danse dite « de salon » - salsa, valse, tango…

Un vestige de ton temps au sein de la famille Hernandez.

Un court instant, tu t’éclipse pour chercher ton sac, alors laissé négligemment sur le canapé. Tu en retires ton vinyle - la couverture est un peu amochée, témoignant d’une vie déjà bien entamée.

Le chanteur qui y est dépeint, tu ne le connais pas - du moins, tu connais son visage pour l’avoir un jour vu quelque part. C’est d’ailleurs ce qui t’as poussé à acheter ce vinyle.

Où ? Où as-tu déjà vu ce visage ? Impossible de t’en rappeler - à croire que ton cerveau s’éteint dès que tu essayes de résoudre l’énigme. Délicatement, tu le poses sur le lecteur et le met en marche pour mieux revenir à table.

music

Prêt à ré-attaquer le plat - armé de ton pic et de ta fougue ! Cependant, cette fois-ci, tu perds. Ton bout de viande se noie au fond du pot. « Mh… Je ne comprends pas, j’ai dû être dérangé par un courant d’air. » - et ton sourire se meurt pour une moue faussement boudeuse - en vrai, cela t’amuse.

Ce plat a en effet quelque chose de familial, de chaleureux. Ce qui t’amène à te poser quelques questions… « Vous êtes seul ici ? Pas de parents dans le coin ou un cousin dans une ville voisine ? » - et c’est là que cela te frappe. La maison, si coquette et douillette, respire la solitude.

À l’instar de son office au MIB, ici, il manque quelque chose - une pièce du puzzle, une bûche dans le cheminée, l’eau dans le vase à fleurs. Incomplète. Cette demeure est incomplète.

Aussi étrange que cela puisse te paraître, cela te tord le coeur. Imaginer Ardan se coucher dans un lit sans qu’aucune chaleur n’y ait été entretenue, s’asseoir à son bureau sans qu’aucun bruit de fond ne ronronne, manger à table sans avoir aucun vis à vis avec qui converser.

Gêné par cet état d’âme morose - car ne sachant comment t’en défaire, tu te sers un second verre de vin. Dans le silence vous nappant soudainement, l’écho du tourne-disque te parvient enfin. Française… C’est une chanson française !

Ironie du sort…

La balade est belle, mélancolique, presque à l'image d'une rose fanée - et si familière, si diaboliquement familière. Tu te met à chantonner à voix basse les accords, sans t’en rendre compte. Merde, où est-ce que tu l’as entendu ? Où ? T’en as les sourcils froncés de frustration.

Alors tu engloutis ton second verre de vin, alors tu pique ton sixième bout de viande, l’air totalement absent et le corps paradoxalement très présent… Offrant un singulier spectacle à ton hôte. « Je la connais, je la connais cette musique… Mais d’où ? »

Plaf !

Il vient de perdre, son pique de bois a lâché sa prise. « OH, OH ! Vous me devez une danse ! » - te revoilà revenu à tes esprits, quoique toujours un tantinet incommodé par le mystère lié au vinyle, par l’empathie dont tu ne peux te défaire quant à sa solitude, par les questions qui restent en suspends comme…

Pourquoi y’a t-il des vêtements de femme - n’est-il pas divorcé ? - dans l’armoire de sa chambre ?













*
AGENT
Gabriel Ardan
Crédits : 18
Gabriel Ardan

Sam 1 Sep - 15:25


AMERICAN DREAM

Gainsbourg.
Gabriel est surpris, lui qui s'attendait à des airs de Nirvana ou tout autre groupe grunge populaire dans les années 90. Un nouveau sourire se dessine, à mi chemin entre la satisfaction et la nostalgie de ses jeunes années où sa mère écoutait sa voix sur le tourne-disque tout en dessinant sur ses vieux cahiers. Elle en chuchotait les paroles, de la même manière que le fait Harry.

Il fait mine de ne pas avoir vu le morceau de viande échappé au piquet du gamin comme il tente d'esquiver les questions sur le plan familial. Mais une chose est sûre ; Marlow reviendra sur ces mêmes questions d'ici quelques minutes. Il profite alors simplement d'un moment de répit, un moment d'espoir, un moment de déni.

Et c'est pendant ce moment là que sa viande disparaît dans l'huile de fondu. Il reste la bouche entrouverte, sa mâchoire vire un peu sur le côté d'agacement tandis que, fier de lui, son invité l'invite à une danse en guise de rédemption.

Très bien. Mais c'est moi qui choisi la musique.

À défaut d'être un piètre cuisinier, Gabriel connait l'art de la danse - il le faut bien, quand on veut courtiser ces dames aux lèvres rouges et aux parures de diamants, dans toute leur délicatesse et innocence dorée.

Il glisse jusqu'à la boîte de vinyles. Quelques uns traînent en dehors de leur pochette - il y a un sacré tri à faire. Mmmh... Trouvé.

musique - Une chanson qu'Harry sera capable de comprendre, au moins à moitié.

Gabriel n'a pas hérité d'assez de haine pour refuser une danse, même avec un homme. Beaucoup se réjouissent qu'il ne soit pas homophobe. C'est toujours un défaut de moins, disent-ils. You are the one, for me, for me, formidable.

Sa paume devine la courbure de sa taille tandis que l'autre serre sa comparse avec un songe de pudeur. Et le premier pas.
Puis le second.
Et ainsi de suite.

Si tu pensais me mettre mal à l'aise, c'est raté. Dit-il, presque en ricanant.Ton gage - parce que tu as cru que je n'avais rien remarqué ? - consistera simplement à suivre le rythme... si tu le peux. Donnant donnant. Jusqu'à ce que Gabriel réalise que son cavalier ne fait preuve d'aucune difficulté.

Je n'ai plus de famille depuis longtemps. Il craque. C'est une longue histoire. Murmure-t-il contre sa tempe. Cette maison te surprend, n'est-ce pas ? Elle est belle, chaleureuse. À mes antipodes. Il baisse la tête, rit. Etonnement maladroit, il bute dans la table et fait tomber quelques vinyles au sol. Il rit, encore. Il ignore. C'est simplement la seule chose dont j'ai pu hériter après dix ans de mariage. Là où les draps sentaient encore la peau de Nancy Ardan.

Il recule, revient, sans jamais lui lâcher la main. Le repousse pour mieux le rapprocher tandis que sa main presse désormais le bas de son dos. Je me demande même pourquoi je t'aime, toi qui te moque de moi et de tout avec ton air canaille, canaille, canaille... How can I love you ? Il chantonne dans son bon français sans prendre la peine d'en traduire les mots, jouant simplement des regards et des intonations, comme pour un secret.

Puis, soudain, un craquèlement l'arrête une vaste seconde. Il vient de marcher sur un vinyle. Brisé en quatre sous son talon.
Il redresse le bout de son nez, continue de danser. Ses yeux, désormais, viennent se perdre au-dessus de l'épaule de Marlow. Puis les larmes montent.
Ne coulent pas.
S'arrête simplement à la limite du bleu de ses iris.

C'était le vinyle de leur mariage.

featuring harry
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*
STAGIAIRE
Harry Marlow
Crédits : 62
Harry Marlow

Sam 1 Sep - 16:25
music

Il accepte sa défaite et ainsi, sous couvert d’une mélodie que tu ne connais pas mais que tu apprécies dès la première note, vous dansez. Une valse à trois temps, légère et souple, qui t’offre une étrange et agréable proximité avec ton partenaire.

Il sent bon - tu te vois, occupé à ton songe de l’heure plus tôt, sous la douche. À présent tu as ta réponse. Il sent bon. Non pas les fleurs ou le sucre, mais quelques parfums subtiles de bois précieux et de baies sauvages.

Emporté par le charme de ces senteurs et la musique, tu délaisses le poids de ta tête contre la sienne, les yeux clos. C’est comme marcher en plein rêve, sans qu’il n’y ait ni horizon, ni frontière ; qu’une épaisse et curieuse brume.

Ses pas deviennent un tantinet maladroits - tu sens l’à-coup d’un meuble, la perte brève de votre équilibre. Tu rouvres les yeux, un rictus bordant tes lèvres - tu es prêt à le taquiner mais il te devance, sur un ton nettement moins facétieux que celui qui aurait été le tiens.

Il se livre, un peu, concédant l’absence d’une famille - le paradoxe de sa personne au sein même de cette maison. Une nouvelle fois ton coeur se sert et c’est sans sourire aucun que tu l’écoutes poursuivre ses dires… Jusqu’à ce que finalement ce soient les paroles de la chanson, lorsque vous brisez un des vinyles éparpillés au sol, qui viennent pallier au chagrin l’habillant.

Tu ne te trompes pas, n’est-ce pas ? C’est du chagrin qui tinte, presque imperceptible, sa personne…

Un frisson t’échappe, soulevant une envie du plus profond de tes entrailles, une envie bizarre. Une envie bizarre, puissante et incompréhensible. L’enlacer. - pas de cette manière grossière, dont tu l’accables volontiers chaque jour, pas de cette manière enfantine, celle dont tu uses le plus souvent…

… Non, mais d’une manière inconnue que pour l’heure, tu préfères réprimer.

Lorsque le tourne-disque s’arrête - tu t’écartes lentement, quittant la chaleur de ses mains. Un voile brillant recouvre ses yeux - dans lesquels les tiens sont fermement ancrés. « Vous n’êtes plus tout seul. » - tu dis, très simplement.

Moins d’une minute de flottement - tu ne bouges pas.

Finalement, ton regard capitule et s’abaisse sur le plancher - il n’est pas assez solide pour risquer de craquer au profit des larmes. Pris d’un rire nerveux, tu te frottes l’arrière du crâne et c’est comme si l’énergie de puce qui t’avait laissé en paix revenait plus féroce que jamais.

Tu t’en vas prendre vos verres de vin, sans oublier de les remplir évidement. Une seconde fois, vous trinquez. « À ma première fois chez vous… » - et la revoilà, ta facétie, déguisant tes mots de sous-entendus taquins - « …Et certainement pas la dernière. »

Tu appuies cette conclusion d’un clin d’oeil ridicule - cherchant à te moquer de toi-même plus qu’à chercher à le convaincre. « Si vous êtes d’accord, je nous cuisine un dessert. » - tu n’as pas de réels talents dans ce domaine en dehors de la pâtisserie.

Non pas que t’apprêtes à en faire - cela prendrait trop de temps de faire une charlotte aux fraises ou des choux à la crème… Il doit bien y avoir, dans son frigo, de quoi lui proposer quelque chose de bon et de facile à faire.

Tu poses ton verre sur la table - ouvres le dit frigo et en sors un pot de crème.
C’est tout ? Pas même une corbeille de fruits quelque part ? Tu soupires, décontenancé … Ah, dans le placard là, il y’a des biscuits. Ok, crème en neige pour dip’ de biscuit. Te voilà ragaillardi.

Munis d’une fourchette, tu fouettes la crème, préalablement versée dans un saladier, et y ajoute un soupçon de miel - oui, miracle, il a du miel. « N’oubliez pas de me dire à quel point c’est bon, et si vous n’aimez pas, faites semblant ! » tu t’esclaffes, lui offrant biscuits et bol sous le nez.

Si tu ne peux pas céder à cette envie bizarre de l’enlacer, si tu ne peux pas poursuivre la conversation sans pleurer et paraître idiot, tu peux au moins essayer de le faire rire ?

Tu te dessines une moustache blanche, du bout d’un doigt, autour de ta bouche - et, dans ton élan inspiré, lui en dessines une également. « Mettez-nous du jazz qui swing ! Que cela colle à nos personnages : John, le marin pêcheur qui se saoule au rhum… Ce sera vous. Moi… Jimmy le voleur de pommes ! »

Et tu vous imagines vêtus des costumes des années 20 - merci à ton imagination fertile Harry, qui aurait put inventer pareil scénario à partir de moustaches en crème fraîche ?













*
AGENT
Gabriel Ardan
Crédits : 18
Gabriel Ardan

Sam 1 Sep - 20:35


AMERICAN DREAM

Quel genre de psychopathe peut-il se permettre de pleurer au nom de l'amour ? Les émotions de Gabriel sont pourtant bien réelles bien que refoulées et terrées dans le fin fond de sa gorge. Il s'est longtemps penché sur la question du qui suis-je ; un homme qui tue de sang froid tout en éprouvant un plaisir face à cet acte mais qui aime et qui hait de la même manière qu'un homme. Cette hybridation l'a toujours effrayé, au fond - l'impression de n'appartenir à aucune case, même celles des criminels. Alors, mis à part la pathologie, que reste-t-il pour justifier ses horreurs ?

Honteux, il demeure silencieux lorsque Marlow revient avec les verres. Il ravale ses larmes, et les noie dans une grande gorgée de vin carmin. Vous n'êtes pas tout seul dit-il, et c'est vrai, sur le fait, ce soir, il n'est pas tout seul. Mais la solitude est un parasite qui ne se contente pas de la présence physique - c'est un manque émotionnel, un besoin qu'on ne peut satisfaire justement.

Nancy n'avait rien pour être la femme de Gabriel - mais voilà, ça s'était passé ainsi, alors ils l'ont vécu, à leur façon, cet amour un peu loufoque. Elle avait le visage d'une femme mais les rêves d'un enfant, elle riait aux éclats et il la trouvait belle ainsi. Lui, demeurait sur la réserve tout le temps. L'homme fort, qui ne pleurait pas. L'homme qui savait la consoler, la complimenter, la gâter. Mais peut-être pas l'aimer comme elle l'aurait espéré.

Harry, de son côté, revient avec les desserts. Ardan ne peut pas s'en empêcher ; il les analyse avant d'y goûter. Mais avant même qu'il puisse s'y exécuter, il se retrouve avec une grossière moustache blanche. Sa réaction est alors coincée ; il se rue sur le bout de tissu le plus proche pour l'en nettoyer avant de véritablement écouté le jeune homme qui, malgré lui, tente de changer l'atmosphère. Gabriel se veut donc rassurant et d'un sourire, s'exécute, et abandonne quelques notes joyeuses sur le tourne-disque dans son dos.

musique - Tu me prends pour un soulard ? Il lève les yeux vers lui, moqueur. Tu es celui de nous deux qui a le plus bu... Jimmy. On ne t'a jamais dit que tu devrais plutôt t'attaquer à la vendange plutôt qu'au vol de pomme ? Tu ferais des choses illégal pour y rassasier ta soif.

Gabriel semble avoir réussi à ravaler ses larmes au gré de la taquinerie. Arrête de jouer avec la nourriture. Lui ordonne-t-il non sans un rictus après avoir regardé son épaisse moustache, coulante. Sans plus attendre, il s'attarde sur le dessert et y goûte enfin. La simplicité du plat est suffisante. C'est bon. Avoue-t-il, sincèrement.

Il en profite pour terminer son verre, l'appréciant jusqu'à la dernière goutte. C'est à ce même moment qu'il réalise qu'il est pris de bouffée de chaleur ; l'alcool lui monte à la tête. Alors il rit, encore une fois, en prenant le soin de s'asseoir sur sa chaise tout en s'agrippant au dossier. Bon, il suffit. Je pense qu'il est temps de dormir. Tu trouveras des couvertures dans le coffre à côté des canapés ainsi que des coussins.

Il se redresse, la coupe de dessert dans les mains avant de le contourner. Mais une fois dans son dos, la tentation est bien trop grande. Il se sert de sa cuillère comme une catapulte pour lui lancer les restes de crèmes dans la nuque. Elle coule le long de sa colonne vertébrale. Gabriel en ricane, dans son coin.

featuring harry
©️ SIAL ; icon tumblr


*
STAGIAIRE
Harry Marlow
Crédits : 62
Harry Marlow

Sam 1 Sep - 21:24
music

Très fier de pouvoir te prêter à ton jeu de rôle - même si ton partenaire choisit de rester en retrait, tu brandis une cuillère en bois en l’air. Tel Napoléon sur un champ de bataille, prêt à rassembler ses troupes, tu rassembles toute ton imagination et ton sérieux - ce qui est paradoxal…

« Je suis le meilleur voleur de pommes du comté, m’sous-estimez pas m’sieur. Le vin c’est de l’eau pour moi.. Mon point faible… » - tu fronces les sourcils, remontant le menton pour mieux souligner cette magnifique moustache… « LE CIDRE. »

Et tu mimes une bouteille de cidre imaginaire que tu descends vitesse de l’éclair, façon poivrot dans un film de Chaplin. La musique - très bon choix Ardan ! - semble te donner des ailes ; t’as les pieds qui dansent d’eux-mêmes. « Oops… Je suis saaaouuuleee ! » et tu tangues, grossièrement, pour t’éclater contre le plan de travail.

Là, pour le coup, la fiction fait place à la réalité : tu viens d’ajouter un nouveau bleu à ta collection…
Au Diable ! T’es un dur à cuir !

L’entendre rire - à tes dépends, de tes blagues ou nerveusement, on s’en fou - cela te fait trop plaisir. Mieux qu’une séance psy : un baume au coeur, anti-pincement triste. Oui ! T’es trop heureux, même lorsqu’il t’annonce qu’il est temps de dormir, non sans avoir complimenté ton super dessert.

Quelle soirée…

Honnêtement, tu n’as pas envie de te coucher. Le vin, ou les émotions fortes ou que sais-je encore, te tient foutrement bien éveillé. « Encore une petite demie h- » SPLASH ! Qu’est ce que c’est que ce truc visqueux qui dégouline le long de ton dos ?

Aussitôt tu fais volte-face et là, c’est le drame. Non, pas du tout - en fait t’es estomaqué. Gabriel Ardan, agent implacable, névrosé de l’organisation et de la discipline, ricane sournoisement de t’avoir balancé un projectile de crème.

Tu exploses de rire, ripostant aussitôt en prenant une poignée - carrément - et visant le visage. Eh non, tu te loupes, ça éclabousse son torse. Cela reste TRÈS drôle ! Loin d’en avoir fini, parce que pleaaase, you’re the fucking king of cream war, tu te jettes sur lui, l’entraînant au sol dans une chute plus ou moins maîtrisée.

À califourchon, exerçant ta domination de Jimmy Apple Thief le terrible  - « Vous êtes cuit, John. Vient l’heure de votre punition ! » plutôt que de lui renverser le bol sur le pif - ta première envie - tu choisis, tel Leonard de Vinci, d’essayer une nouvelle forme d’art.

Tu dessines du bout du doigt des formes ridicules sur ses joues - un genre d’oignon, à moins que ce ne soit un cercle ? Des étoiles, des coeurs… Rien de très viril en soi. Tout du long, tu te marres. C’est comme si tu revivais tes meilleurs souvenirs d’enfance - insouciance et jeu au sommet de leur gloire !

Wow, tout de même, t’as la tête qui tourne un peu ; tu te laisses rouler sur le plancher, étalé en étoile de mer, hilare. Puis, tu inclines la tête de son côté et un étrange calme s’empare alors de toi - tes yeux le contemplent, grands ouverts.

Je crois que me suis attaché.
Oh oui Harry, oh oui.

« C’est mieux d’être couvert de crème que couvert de sang, pas vrai ? » - tu dis à mi-voix, élargissant la farce de ton sourire. « Vous savez, vous êtes beau quand vous riez, cela vous va bien la joie. » - et tu soupires, relâchant les derniers spasmes de folie t’animant.

À présent, c’est le plafond que tu fixes - il t’invite aux songes. A t-elle connu beaucoup de rires, sa maison ? Pourquoi sa femme l’a t-elle quitté ? Pourquoi n’a t-il plus de parents ? Mon Dieu, Harry, à quoi bon ressortir des limbes tes questions moroses ?














*
AGENT
Gabriel Ardan
Crédits : 18
Gabriel Ardan

Sam 1 Sep - 22:02


AMERICAN DREAM

musique - Pris de court, il tente tant bien que mal de calmer les ardeurs fougueuses d'Harry, attrapant ses poignets pour l'empêcher d'exercer son art enfantin sur son visage une seconde de plus ! Gabriel persiste, se tord dans tous les sens, il peine à rire et pourtant ses joues sont douloureuses - il en meurt d'envie mais les apparences prennent le pas dessus. Quel dommage, dirait Nancy, encore une soirée de perdue sans tes éclats, ennuyeux que tu peux être.

Ardan capitule et Marlow lui rend grâce en se vautrant à ses côtés. Il peut sentir son regard posé sur lui, presque trop intensément. Pendant ce temps, l'agent essuie son visage du revers de sa main. Il faudra reprendre une douche. C’est mieux d’être couvert de crème que couvert de sang, pas vrai ? Il rit. Oh c'est certain que ce serait toujours plus agréable si c'était comme ça. Il le dit presque sincèrement, comme si toutes ses pulsions s'étaient évadées le temps d'un soir. Vous savez, vous êtes beau quand vous riez, cela vous va bien la joie. Paradoxalement, le sourire de Gabriel s'estompe. Il refait face à la réalité des choses et d'un ton qui se veut plus sérieux, il lui répond : N'oublie pas que nous sommes collègues, Harry. Comme pour le stopper d'un flot de compliment. Mêler boulot et vie privée a toujours été un non pour lui, bien que l'un et l'autre se vaille en matière de violence.
Pourtant, il est vrai que ces derniers temps l'agent Blue ose se dérober de cette règle, ayant invité sa supérieure pour une soirée casino l'autre soir, l'ayant laissé baiser sa peau et jouer en son nom.

Bon. Je pense que nous avons assez profité ce soir. Il se fait tard et nous avons encore du boulot demain. Au lit.

Il se redresse d'un coup, aidant le plus jeune à en faire de même d'un coup de main fraternel. Il le salue, presque trop formellement, en contraste avec la scène précédente, avant de monter jusqu'à sa salle de bain à l'étage.

En se regardant dans le miroir, il surprend ses joues encore rougies par l'euphorie. Il y a une lueur dans ses yeux, une pointe de folie, différente de celle qui loge ici depuis toujours. Puis, une chaleur dans sa poitrine. Rassurante. Pas une inconnue, mais une amie de longue date qu'il n'avait pas revu depuis tant.

Avant de partir sous la douche, il saisit sa tondeuse pour fixer ses cheveux qui bouclent à l'arrière et lui gratte les oreilles - ça ne fait pas sérieux, qui plus est.

**

Gabriel ouvre les yeux.
Il n'y a pas de cauchemar, rien que des pensées qui vont et viennent dans sa tête, sans cesse. Des chuchotements comme un bourdonnement assourdissant qui l'empêche de s'endormir dans ce lit qui ne se réchauffe jamais. À la fenêtre, il constate qu'il fait encore nuit. Il soupire. Il n'arrivera pas à s'endormir de sitôt.

Une cigarette. Il lui faut une cigarette.

Alors il part à la recherche du paquet sur sa table de nuit mais le briquet reste introuvable - il est resté dans la salle du bas. À pas de loup, Gabriel descend les marches. Le plus discrètement possible, il finit par trouver son bien avant d'ouvrir la porte d'entrée pour fumer dehors.
Le froid lui traverse les jambes, le torse et les bras. Il prend une grande inspiration jusqu'à remarquer du mouvement dans la pénombre. Désolé. Je ne voulais pas te réveiller. Qu'il finit par dire, en mettant une clope dans sa bouche. Cigarette ?


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*
STAGIAIRE
Harry Marlow
Crédits : 62
Harry Marlow

Sam 1 Sep - 22:40
music

C’est dommage mais il te faut te rendre à l’évidence - le sommeil ne compte pas vous attendre plus longtemps. Assez de jeux et de chamailleries. Sans broncher, tu acquiesces à sa demande et le laisses s’en aller à l'étage. C’est la façon dont il le fait qui te laisse un peu pantois - on n’aurait pu faire plus froid.

Une minute, tu restes planté debout et incrédule, dans la pénombre du living-room - et puis tu ris, doucement, silencieusement. Irrécupérable névrosé ! - et tu aimerais presque le lui hurler !

Or le moelleux du divan t’attire bien plus qu’une énième moquerie - tu t’y écroules dans un râle satisfait, ramenant à toi couverture et coussins traînant là. C’est plutôt douillet. D’un bras tendu, tu allumes la petite lumière juxtaposée à la table basse.

Même en territoire chaleureux, l’obscurité reste ta pire ennemie.

Lentement, tu te laisses aller - sans pour autant parvenir à t’endormir. En fait, tu n’y arrives pas du tout. Tu es coincé dans un entre-deux… Tant pis, au moins tu as le loisir de rêvasser à ce que tu veux.

Que tu crois...

Le problème, Harry, c’est que lorsque tu es dans cet entre-deux, tu ouvres la porte à ton somnambulisme. Oh oui, ne l’oublie pas ! Dès que tu chatouilles Morphée, de loin, comme de près, il arrive et t’attrape.

Curieuse chose que le somnambulisme - surtout dans le cas de notre héros.
À moitié conscient, à moitié inconscient.

On dirait un zombie.
Un zombie en slip.
La classe.

Ainsi, après quelques dizaines de minutes, les yeux clos - il se lève. La mine contrariée, les sourcils froncés : ton esprit est noirci par de mauvais souvenirs. Des mots s’échappent, informes et sourds.

Il me regarde, il attend que je lui réponde. Je dois répondre quoi ? Je ne sais pas ! Je ne sais pas ! « Qu’a dit Mammon à celui qui osa braver la lumière infernale ? » Non, non, ne me regarde pas de cette manière, je ne sais pas, je ne sais pas ! « Papa, je veux rentrer ! » Il me soulève, m’emporte. Où ? Où ça ? Chez maman ? Oh… Non, non ! Pas la cage ! Pas la grange ! « Papa, pitié, non, pas la cage ! Papa, papa ! » Il referme la grille. Je suis accroupi, j’ai mal aux genoux. La terre est humide, la paille sent mauvais. C’est trop petit, c’est trop petit ! « Les pécheurs aux péchés dévorés par les rats seront pardonnés. » Non, papa, ne me laisse pas, ne me laisse pas dans le noir. Il y’a des rats, il y’a des rats partout… « Papa, papa ! »

Tu restes, murmurant d’inaudibles plaintes, planté devant un mur. La scène, effrayante, s’arrête lorsqu’un courant d’air glisse le long de ta colonne vertébrale.

Les paupières à semi-ouvertes - émergeant plus ou moins de ton état second, tu suis l’appelce fil invisible et aérien. Il est là, Ardan. Au bout du courant d'air. « Je suis Harry, je ne suis pas le monstre de votre chambre, je suis Harry. » - tu dis, vérifiant autour de vos pieds s’il n’y a pas de rats, si vous n’êtes pas dans une cage.

À la morsure plus brutale du froid extérieur, tu recouvres pleinement conscience de la réalité. Yeux écarquillés, humides, tu le dévisages - quelques chose craque, se brise, comme une verre de crystal  sur du carrelage et tu fonds dans ses bras, le serrant si fort que t’en perds momentanément le souffle.

Cette envie envie étrange que tu as réprimé si férocement plus tôt n'est plus que poussière.

« Vous êtes là, vous, vous êtes là. Vous n’êtes pas parti, vous n’êtes pas parti, vous n'avez pas fermé la grange. Vous ne me laisserez pas avec les rats. Je vous laisserais pas avec votre monstre. » - à peine audible, le flot de tes paroles, au sens endommagé par le trop plein de tes émotions, finit par s’étouffer dans la tiédeur de sa peau.

Tu n’auras jamais serré aussi fort quelqu’un dans tes bras - jamais. Et tu n’aimerais jamais avoir à le lâcher.

Tu es presque sûr que si tu le lâches, les rats viendront vous manger.
Par ce que les rats mangent les pécheurs.














*
AGENT
Gabriel Ardan
Crédits : 18
Gabriel Ardan

Sam 1 Sep - 23:10


AMERICAN DREAM

musique - Gabriel comprend alors qu'Harry n'a pas besoin d'un mentor - il a besoin de plus que ça.
Une bouée de sauvetage et son flot d'amour et d'espoir, une idole à aduler, un être à contempler, des bras pour consoler, des mots pour rassurer. Il n'est pourtant rien de tout ça mais c'est bien à son cou qu'il pend à nouveau, sanglotant des souvenirs dont Ardan peine à comprendre le sens. Mais il se tait, fait mine. Sa cigarette tombe à leur pied, suivie de près le reste du paquet du briquet. Leurs pieds nus gèlent sur le bitume. Ils sont là, à s'enlacer sur le palier, à la vue de tous les regards nocturnes. Mais c'est comme s'il n'y avait rien - qu'ils flottaient par-dessus tout, invisibles à l'oeil nu.

Ses bras s'enroulent comme un python autour de sa proie et le serre avec autant de fermeté qu'il le fait. Leurs coeurs se répondent, l'un après l'autre, jusqu'à finalement battre dans une parfaite harmonie, une parfaite synchronisation. Et leurs souffles, le premier limpide, le second boulversé, finissent par s'unir à leur tour, dans une mélodie silencieuse.

Lorsque tu es perdu, dit-il contre son oreille dans un chuchotement, regarde tes pieds. Il le berce, tangue de gauche à droite. C'est ici que tu es. Là. Maintenant.

Gabriel se résout à laisser du zèle à leur étreinte pour mieux voir son visage. Ses paumes finissent par l'encadrer, et, tout proche, ses murmures ne cessent pas : Ma porte est toujours ouverte. J'y ai laissé entré de mauvaises choses. Des monstres et des fantômes. Son visage se cambre en un sourire. Mais j'y ai aussi laissé rentrer de la joie et de la tendresse.

Ses lèvres effleurent sa paupière, chatouillent l'extrémité de ses cils bruns. Puis elles glisses, le long de son nez. Il faudra que tu me parles, un jour. De tout.


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*
STAGIAIRE
Harry Marlow
Crédits : 62
Harry Marlow

Dim 2 Sep - 0:03
music

Son souffle sur tes cils, et tes yeux, tes yeux grands ouverts, prêt à dévorer le monde qui se cache au noir des siens. C’est à peine si tu parviens à ressentir votre étreinte, pourtant si forte, si désespérée. Happé dans d’autres brumes, la bouche cousue d’une moue - tu attends… Tu attends… Tu n’oses pas avouer ce que tu attends, tu ne sais pas réellement ce que tu attends… Alors, tu n’attends plus.

De quelques centimètres, tu t’écartes et reportes ton regard sur vos pieds. Tu es là. Il est là. Il n’y a ni rat, ni cage, ni foin humide et infecte. Il n’y a pas de monstre à la bouche vomissant des dents, il n’y a pas de rivière de sang, de cris d’animaux.

Il n’y a que les lumières pales des lampadaires bordant la route, le gris du bitume, les pelouses à l’herbe rase… L’écho tranquille d’une banlieue endormie. « Si je vous livre un peu de moi, vous me livrez un peu de vous ? » - tu demandes, à mi-voix.

Tu ramasses le briquet, le paquet de cigarette - à tes lèvres, l’une d’elles trouve rapidement logis. Sa luciole rougeoyante t’anime d’un peu plus de vigueur - tu t’adosses contre le mur. Il n’a aucune chaleur à donner, aucun réconfort - à l’inverse de celui que tu contemples avec une curieuse forme d’absence.

« Vous me rappelez M. Marlow… » - et un maigre sourire émerge des limbes pour adoucir le gris de ton visage. « Il m’a transmit son nom et son amour pour les fleurs. » - il flotte devant toi, vêtu de son affreux gilet à carreaux, les cheveux blancs en bataille.

« M. Cordell, celui qu’il m’arrive encore d’appeler papa, m’a transmit la rage de vivre. » - et la douleur fantôme des morsures de rats te saisit les jambes. Tu ne bronches pas. « Vous… » Tu marques une pause, cherchant une manière d’amener concrètement ta pensée… Rien. Rien qu’une citation d’un livre de Kipling. « Tu seras un homme mon fils. » - de maigre, ton sourire renaît à large, franc.

Et tu écrases le mégot de ta cigarette du pouce. Il te l’avait dit, un jour, et tu ne l’avais ni cru, ni écouté. Je ferais de vous un homme. Alors, ça y’est. Tu acceptes. Tu balayes ta soif d’enfance, ton dégoût de l’âge de la raison.

S’il reste à tes côtés - s’il allume la lumière sur les chemins obscures - s’il est là. Alors, oui. Tu seras un homme, Harry.

« Votre femme… » - tu hésites, cherches une réponse à cette hésitation dans l’horizon, sur une voiture garée au loin, sur tes cuisses grisées par la chair de poule - tu cesses - « Pourquoi vous a t-elle quitté ? »

Qu’avez-vous fait, Gabriel, pour mériter tant de solitude ?

D’un geste bref, tu l’attires à tes côtés, l’invitant à s’adosser pour mieux profiter d’une de ses épaules contre laquelle tu relâches ta tête. « Je vous ai maudit, le premier jour. J’ai souhaité plusieurs fois votre mort, votre peine et votre tourment. » - tu étouffes un rictus, sans conviction.

« Aujourd’hui, je souhaiterais que vous ayez votre femme à vos côtés, un chien un peu idiot mais gentil, des enfants qui courent et laissent des traces sur vos tapisseries et tout le bonheur du monde. » C’est enfantin, naïf - et ce n’est que vérité.

« Je souhaiterais aussi combler un manque, n’importe lequel. Citez-m’en un… Mais… » - tu lèves tes mirettes d’un chouya, suffisamment pour croiser les siennes - « Je sais que ce n’est pas comme ça que la vie marche. Ce serait trop facile… »

Remplacer un ami perdu par un autre, un chat écrasé par un chaton, des roses fanées par des roses fraîches… Trop simple, trop irréaliste. Tu ne peux pas entrer dans la vie de quelqu’un et souhaiter en être le nouveau départ, la nouvelle page d’histoire.

« C’est ce que je souhaite maintenant, parce que, même si cela fait très peu de temps, je tiens à vous. Vous n’imaginez pas à quel point, parfois juste avec un mot, parfois juste avec un geste, vous me sauvez. » - oh non Harry, retiens tes larmes, retiens les. « Vous me sauvez, Gabriel, vous me sauvez tous les jours. » - elles ne coulent pas, mais elles sont là, à l’orée de la chute ; elles sont là et elles ne sont pas douloureuses.














*
AGENT
Gabriel Ardan
Crédits : 18
Gabriel Ardan

Dim 2 Sep - 1:01


AMERICAN DREAM

musique - Ils coulent au sol, religieusement. Défaits de leur tentation et de leurs péchés futurs.
Gabriel aurait été un bon père - c'est une certitude et pourtant une chose que tout le monde préfère nier. Lui-même inclus. Savoir qu'il reflète les valeurs paternels chez un adolescent lui fait ce drôle d'effet amer mais sucré à la fois. Son coeur se pince un peu plus, mais il ne comprend guère pourquoi.

Alors, rien ne le touche davantage. Même pas lorsqu'il avoue sa haine passée, ses rancoeurs et ses pulsions assassines à son égard, qui, désormais, expliquent très bien les raisons de cette vision dont il faisait part un peu plus tôt dans la journée. Vous me sauvez, conclue-t-il alors.

Gabriel tourne le visage vers lui. Il le découvre beau, plus mature qu'au premier jour. Il regarde la nuit avec tendresse, curiosité et mélancolie - ou peut-être l'a-t-il toujours fait mais Ardan n'y voyait que de l'insolence ?

À peine un soir avant ta venue chez nous, souffle-t-il alors que son regard retourne se focaliser sur l'horizon, je venais d'enterrer vivant un élément de l'unité 426. Cet oeil qui l'observe depuis la terre ne l'a jamais quitté depuis. Pourtant, aucun remord ne s'en mêle. Nous avons brisé ses doigts, sa jambe, coupé son bras tout entier. Nous l'avons noyé, nous l'avons battu. Nous l'avons laissé, encore en vie, au fin fond d'une tombe creusée par mes soins sur l'instant. Sa tête tombe contre la paroi. Je ne veux pas avoir à rentrer à la maison et raconter ce que papa fait au travail, pourquoi il rentre si tard, si fatigué, si colérique.

Gabriel sait que ce divorce n'était que pour le mieux. Nancy, il peine encore à prononcer son nom, mon ex-femme, m'a quitté parce qu'elle rêvait de famille et de simplicité. Je ne pouvais pas le lui offrir. Ni l'un, ni l'autre. Malgré moi. Malgré nous. Dans une autre vie, il espère avoir cette chance. Avoir cette chance de croiser tous les matins des gamins aux grands yeux bleus et aux bouclettes brunes courir dans tous les sens. De devoir leur courir après pour les amener à l'école et attendre avec une impatience ridicule chaque soir pour les retrouver. Mais je l'aimais.
Je l'aime.


Il dégluti, et son regard s'assombrit tandis qu'il s'aventure dans les doutes obscures de son esprit. J'ai la sensation de n'être que le spectateur de ma vie, depuis des années. Cette sensation d'être assis devant un écran à hurler à tout va sans pouvoir influencer l'acteur principal de cette pièce absurde, puisqu'après tout, il ne suit que les directives du metteur en scène et lit son texte, sans en comprendre le sens. Parfois, je n'ai pas l'impression d'être moi-même. Je me sens vide, de tout. Alors je me tue au travail et j'entretiens des relations de faux-semblant pour me convaincre qu'au moins, il y a ça.

Son épaule effleure sa comparse, le ramène à la réalité, à l'instant présent. Tu avais raison. Il murmure, comme pour un secret, rivé sur ses yeux : Je me suis attaché à toi.

Quand bien même il aura tenté de n'en faire qu'un futur élément de la guerre, détruisant son âme pour en faire un homme idéal, Gabriel s'est entiché de ce personnage bruyant, qui relève plus de l'audace que de l'insolence. Il a compris, très clairement : derrière toutes ces moqueries et ces malices, il y avait des souffrances dont les plaies étaient encore béantes.
Pour la première fois depuis longtemps, l'empathie grondait dans son ventre.
Et il ne pouvait pas lutter.

Non.
Il s'y refusait, simplement.

Je suis certain que tu sauras reprendre mon flambeau lorsque l'heure de ma retraite aura sonné. Mais jusque là... Sa paume se perd dans ses mèches et les secoue vivement. Je ne te lâcherai pas.


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*
STAGIAIRE
Harry Marlow
Crédits : 62
Harry Marlow

Dim 2 Sep - 1:46
music

Il parle d’elle, Nancy, et tu la vois, à l’image de la flamme du briquer que tu enclenches, danser à la lueur de vos yeux. Habillée de nostalgie, nimbée de tant de regrets, sacrifiée par amour, au nom de l'amour.

J’aimerais combler ce vide, oses-tu penser, car c’est le plus cruel de tous.

Tu as vu des vies de couple de l’intérieur, dans l’intimité du foyer. Des disputes, des déchirures, des réconciliations, des pardons, des abandons… À chaque fois, cela te fait l’effet d’un jour de pluie, regardé depuis la vitre d’une voiture en marche.

Un jour de pluie, c’est triste et joli. Cela ne dure jamais longtemps, de sorte que le ciel puisse panser ses plaies. Cela ne dure jamais longtemps, de sorte que les nuages aient une excuse pour revenir, pour ne jamais cesser de revenir.

Tu expires une longue bouffée, observant la fumée blanchâtre chasser le mirage de cette femme dont tu souhaites tant la présence mais qui, au contraire de la pluie, ne reviendra pas.

Alors c’est la raison d'autant de solitude ? Là est la source ? Ses crimes ?

Anéantir l’existence d’une personne - comme il l’a fait avec cet alien, comme il l’a fait avec tant d’autres… Comment douter qu’il y’ait un prix à payer ? Comment douter qu’il le paye ?

Son récit ne t’aura arracher qu’un vague frisson, non de dégoût mais d’empathie. À l’égard du pauvre hère ayant croisé le chemin d’Ardan. À l’égard d’Ardan, pour porter le poids d’un plaisir malsain et irréductible.

Muet, tu demeures, ne sachant quoi répondre à ces confessions. Sans doute n’y a t-il rien à répondre.

Un meurtrier, un assassin, un égoïste et un sans coeur. Tu entends ces paroles, susurrées à ton oreille par d’invisibles mânes, les fantômes de ceux qu'il a blessé. Ils doivent être là, tout aurtout de vous, guettant une faille pour la creuser davantage.

N’importe qui fuit devant l’horreur, même toi, tu l’as fais. Or, lorsqu’on entre en son sein, comme le calme au noir de l’oeil d’un cyclone, comme l’intimité du couple au sein du foyer, on apprend à la connaître, et parfois on apprend à l’aimer.

Dès le premier jour, tu l’as su, tu l’as vu, tu l’as senti. Il n’est pas un ange. Et te voilà à l’aimer plus encore, à vouloir réfléchir les démons qui se cachent dans les miroirs de son esprit.

Son épaule bousculant la tienne et son aveu d’affection t’arrachent à tes songes. Tu souris, les yeux rivés sur les ridules fuyant l’ovale des siens. « J’ai foi en vous. »  - tu déclares, très simplement.

Il y’a encore tant de choses qu’il vous faut comprendre, chez l’un, chez l’autre. Il y’a encore tant de mystères et de secrets, tapis sous le velours de vos mots.

« Vous êtes mon lot quotidien d’émotions fortes, vous savez… » - et ton sourire se change en rire d’oiseau, léger et moqueur. « Demain, je préparerais le petit-déjeuner. » - et sur cette grandiose déclaration, tu te redresses et l’invite à faire de même.

« Il est temps de dormir. » - intimes-tu d’une voix trop solennelle pour être crédible, avant de craquer au profit de la facétie - « Rentrons ? »

Avant que la porte ne se referme sur vous et que la nuit soit seule à méditer votre échange, tu l’enlaces une dernière fois sur au seuil de l’entrée. Tes bras encerclant son cou, le nez enfouit dans sa chevelure, tu murmures - « Merci. »














*
AGENT
Gabriel Ardan
Crédits : 18
Gabriel Ardan

Dim 2 Sep - 2:15


AMERICAN DREAM

musique - Je me découvre un peu plus enfant qu'avant. Je ne sais pas où mettre mes mains ni mes yeux alors que tu te dresses devant moi, les épaules en arrière et le menton retroussé. Nos rôles se sont échangés tandis que tu es celui qui rassure, celui qui soulage. Et de ta voix contre ma peau, j'en entends des promesses éclairées par un chemin victorieux et bourré d'espérance.
Puis, j'y crois.
Un instant.


La porte claque. L'étreinte se veut soudainement muette, presque dénuée de sens. Gabriel revient à lui, et il comprend que sa vie ne sera plus jamais la même. Elle ne sera plus seulement teintée de désolation et de perdition, elle prendra aussi des couleurs plus chaleureuses pour le coeur. Il se défait de cette accolade si significative mais ne parvient pas à dire au revoir pour la nuit.

Silencieux, il se perd dans ses émeraudes dont les reflets brillent encore.

Quand tout à coup, il ne suffit que de quelques secondes battement, d'absence. Ses mains encadrent sa mâchoire, le repousse contre le panneau de bois. Et son front s'écrase contre le sien, et son nez se niche au côté du sien, et sa bouche entrouverte, aux bords de sa comparse, l'effleure seulement dans une rage d'envie. C'est le souffle chaud d'Harry contre son palais qui le fait revenir à la raison.
Il réalise.

Alors il recule abruptement, les mains vers l'avant comme pour empêcher un fauve d'approcher davantage. Il ne peut pas faire ça.
Il ne le peut juste pas.

Désolé disent ses mirettes et sa bouche qui laisse échapper le surplus d'air dans ses poumons, bruyamment.
Honteux de l'acte qu'il s'apprêtait à commettre, Gabriel prend la fuite. Son pas hâtif le guide jusqu'à sa chambre, réfugié aux creux de ses draps.

Cette nuit encore, il ne dormira sans doute pas.


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*
STAGIAIRE
Harry Marlow
Crédits : 62
Harry Marlow

Dim 2 Sep - 2:45
music

Une chaleur, irradiante, s’empare des plus petites parcelles de ton corps, coupant ta poitrine d’air et de coeur. Vos cils se touchent, parant vos peaux d’épines et il te semble alors que le temps vous a abandonné. La brusquerie de son geste n’a d’égal que la tendresse du regret qui lui succède aussitôt.

Avant même que tu n’aies eu le temps de dire un mot, il fuit. Il te laisse dans l’exacte même position. Tu aimerais courir après lui, crever la distance qu’il vient de t’imposer, le rattraper et…

Et quoi, Harry ?

Ses lèvres n’étaient qu’à un souffle des tiennes, et tu n’as pas bougé.

Lentement, tu te laisses choir sur le canapé, ne détachant plus ton regard du plafond. Il y’a énormément de questions qui se bousculent à la porte de ta conscience, énormément d’inquiétudes aussi.

Or, cela te fait l’effet d’un épais nuage noir, bourdonnant d’abeilles - impossible de penser, impossible de réfléchir. Alors tu finis par abdiquer… Tu n’essayeras pas de comprendre, il n’y a rien à comprendre.

Ce n’était qu’un instant perdu, détaché du flot d’émotions que vous avez alimenté tout au long de la nuit. Sa femme hante ces murs, il n’aura fait qu’apercevoir son reflet sur toi… Un instant perdu, c’est un instant perdu.

Demain matin, tu feras le petit-déjeuner et quelques blagues. Demain matin, tu le soulageras en étant le même qu’à ton habitude. Demain matin, tu feras comme si de rien n’était, comme si ce noeud te tordant les boyaux n’était qu’un simple mal passager.

Et après demain ?














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