Tes nuits sont des trous noirs.
Où le temps n’existe pas, l’espace non plus.
Allongée comme un inanimé dans le fond de ton lit, tu ne vois que des masses charbonneuses. Tes paupières closes font danser devant tes pupilles dilatées des étincelles colorées.
Le temps est infini, il s’étend jusqu’au bout de la nuit.
Il s’étire longuement, t’éviscères violemment.
Car il y a un mal grandissant dans le creux de ton bas ventre, quelque chose qui vient te tordre les entrailles, saisir ton menton. Il te regarde droit dans les yeux, il sait qu’une faim grandit.
C’est toujours à la limite de cette folie que le sommeil t’assommes.
Que tu t’abandonnes.
C’est finalement le glas d’un réveil qui sonne.
Des lèvres chaudes aux relents de tabac froid, une main bienveillante. C’est un refrain que tu connais bien, dont tu tapes le rythme du bout des doigts.
«
Bonjour… » Ta voix est enrouée, mais ton sourire pleinement déployé. C’est comme trouver un radeau après un naufrage, se raccrocher à quelque chose de certain.
La somnolence de ton corps se laisse faire, se faisait recueillir dans la tiédeur d’une étreinte. Tu respires calmement dans ce cocon, étire petit à petit tes membres. Une paupière s’ouvre, puis une seconde. Et le tout bat de l’aile, cligne, face à la lumière.
Les mots te font rire faiblement tandis que tu caches ton visage contre un torse à la respiration régulière. Les mains empoignants le textile d’un t-shirt, tu te relèves peu à peu, cambrant ton dos fatigué.
«
Si tôt? »
Et ton visage remontant, vient se lover dans le creux de son cou. Et tu sens contre tes lèvres, le battement d’une veine. D’une jugulaire qui brasse, pompe un liquide grenat.
Les sens encore endormie, tu t’y attardes malgré toi. Les pulsations d’un cœur confiant. Ta poitrine se soulève en l’espace d’un instant, tu te recules instinctivement, venant embrasser les lèvres d’un amant.
«
Bien sûr que ça te déranges pas…! » Et à tes paroles, sourire amusé, tu te meus en-dehors du lit, fuyant dans la salle de bain. L’eau coule et tu passes celle-ci sur ton visage, l’œil distrait par les piluliers trônant sur le rebord.
Prenant le compte, tu les fais rouler dans ta paume avant de profiter d’être seule pour les noyer au fond de l’évier, camouflant ton crime.
Le rituel est d’une précision morbide.
Compter le bon nombre, les jeter.
Boire une gorgée d’eau, juste de quoi avoir les lèvres humidifiées.
Pousser le vice.
Comme un enfant voulant faire croire à des odieux mensonges.
T-shirt relevé, tu passes tes doigts froids sur les cicatrices pas tout à fait effacées. Ça te soulève le cœur. La nausée te guette. Alors t’arrêtes, prend à nouveau la fuite.
Malgré des airs pâles, tu attires l’attention. Venant s’insérer dans son dos, tu passes tes bras autour de sa nuque, de son cou. «
Tu t’es levé tôt dis-moi. D’où tu la tiens, ta motivation? Tu pourras m’apprendre tu crois? »
Et tu reposes de tout ton poids sur lui.
Car il n’en a pas seulement l’air,
Il est le plus solide des deux.
Et sur le comptoir de la cuisine, tu entrevoies des paquets. Du papier kraft soigneusement froissé. Ta trachée se serre, le fond de ta gorge se dilate. Et si le réflexe vomitif te guette, qu’il te donne les larmes aux yeux, tu t’exclames, tout sourire. «
Ah! C’est donc pour ça! Parce que Monsieur se donne du mal. »
C’est normal d’être tactile dans votre situation.
Mais toi, tu ne l’a jamais autant été.
C’est parce qu’au moindre doute,
Au moindre symptôme,
Tu préfères te cacher contre lui,
Pour être sûre qu’il ne verra rien.
«
Merci. »
Est chuchoté dans le creux de son ouïe, le cœur emballé par le mal qui le retourne sans cesse. Alors tu tentes une plaisanterie.
«
T’as quelque chose à te faire pardonner? »
HRP — C TOI LA BOUFFONNE JPP PARLE MOI MEILLEUR WSH