Kings of Shopping

Insanités poignantes d’un ivrogne à la rue qui ne puis supporter la chaleur insupportable de cette après-midi d’été. Dire que même dans une grande ville avancée comme Cosmopolis, il y en avait toujours qui restaient accroché au trottoir sans savoir que faire ni dire d’autre que des absurdités divaguant dans les effluves d’un alcool bon marché. L’humanité et les autres êtres de cet univers semblaient tous liés par un infime fil noir qui les attachaient dans les limbes d’un mon monde désœuvré.

L’heure tournait, lentement, trop lentement. Les voitures défilant sous ton nez alors que tu tapais ton talon en rythme sur l’asphalte trop chaud malgré le coin d’ombre où tu te trouvais. La veste noire que tu portais n’aidait pas du tout ave ces températures que tu trouvais astronomique, une envie brutale qu’un iceberg se plante au milieu de la rue pour rafraichir l’atmosphère. Pourquoi les lymes ne savaient pas plutôt contrôler le temps plutôt que de parler aux animaux et aux plantes ? un soupir lourd de sens t’échappa, tes yeux se logeant à nouveau sur ton cellulaire que tu ne cessais de faire tourner entre tes doigts. Un oiseau vint se poser sur ton chapeau bleu roi à larges bords, te chanter gentiment un air dont tu ne connaissais l’auteur pour tenter de te calmer. Que cela tienne. Si seulement quelque chose pouvait te calmer. Ah oui ! L’arrivée de l’impertinent qui était en retard.

Nouvelle plainte bruyante et lourde. L’oiseau émit une remarque un peu boudeuse avant de venir se coller contre ta joue couverte de poudre, un autre soupir t’échappant avant qu’il n’aille retrouver son arbre plus loin dans l’allée. Tu l’observas s’envoler, absent, pendant que tu rangeais ton bien et rajustais ton chapeau, le talon de ton mocassin claquant sur le trottoir. Le clodo hurlait toujours, la police n’étant pas là pour le maitriser - ou même s’en occuper – pendant que les passants le regardaient avec curiosité. Qu’est-ce que tu pouvais ne pas apprécier ce coin du centre commercial. C’était toujours plein de badauds ennuyeux qui se trainaient telles des limaces dans les allées des magasins, qui ne rangeaient rien et passaient leurs temps à dire « mais c’est trop cher ! » avant de repartir en faisant la moue. Des abrutis que tu ne pouvais supporter. Mais tu ne pouvais faire autrement. Le budget du jeune Peter n’allait sûrement pas faire face aux étiquettes épinglées sur les vêtements chics des boutiques où tu allais. Nouveau soupir. Où était ce zigoto d’ailleurs ?

Cela faisait quelques jours que tu avais invité – ou plutôt forcé, mais cela dépendait du point de vue – le jeune lycéen à refaire sa garde-robe en ta compagnie. Il fallait dire que le jeune Peter était toujours habillé comme les sacs uniformes et semblables qui se suivaient dans les cours de récréation et c’était dire que ton âme charitable ne pouvait laisser un pauvre enfant dans une situation pareille. Il te fallait l’aider, pour le bien de tous, et des jeunes filles qui espéraient pouvoir dégoter – si seulement il pouvait réussir à harponner quiconque avec sa personnalité mais cela était une autre histoire.

Nouveau soupir. Tu regardas ton portable, vis un message d’un de tes amis de soirée qui te demandait ce que tu faisais. Tu fis étalage de la situation, te plaignant sans la moindre honte tandis qu’il te demandait de lui arranger un coup. Un petit rire quitta ta gorge alors que tu songeais à l’image que ces deux-là pourraient donner, ta main libre plongeant dans ton pantalon en toile blanc. Heureusement que cet imbécile était là pour t’occuper pendant cette attente trop longue. Une chose commençait à devenir de plus en plus certaine à mesure que les secondes défilaient : Peter allait en prendre pour son grade.

Mensonges ! Vile être perfide ! Comment oses-tu prononcer de tes paroles ?! Colère et hargne. Ta vengeance sera terrible. Malheur à ceux qui mentent. Ils ne méritent que la mort.

Ton regard se perdit dans celui du gamin qui se trouvait devant toi, dégoulinant de partout, son expression ressemblant à celle d’un chaton que l’on aurait martyrisé. Menteur. C’était vraiment le genre de choses qui pouvait t’agacer le plus. Les mensonges. Le silence. La lenteur de la réponse. La gêne. Bien sûr que Peter mentait, il ne fallait pas être dupe ou stupide. Il mentait, avec la plus grande des maladresses, comme un enfant qui ne voulait pas se faire prendre mais qui savait parfaitement qu’il était grillé. Mensonge. Ton sang pulsa à tes tempes, les dernières paroles du jeune homme te faisant grincer des dents. Sale gosse.

Dire que tu l’aimais bien Peter – dans la mesure où tu aimes d’une façon que les autres ne peuvent pas saisir. Il est sympa malgré son air benêt mais sa capacité à mentir à tout va te taper salement sur le système. Oh Peter, tu t’es un peu mis dans la merde là.

- Tu vois little boy, j’aurais peut-être été plus clément si tu n’avais pas sorti ton simulacre de passage à la piscine.

Tes doigts se mouvaient en même temps que tes lèvres, sous le nez du lycéen qui gouttait comme un torchon mal essoré. Il était bien parti pour attraper la grève dans cet état, ton nez se retroussant à cette idée. Il manquerait plus qu’il te file ses microbes en plus.

- Mais ! J’aime pas qu’on me sorte des bobards et si tu voulais décommander, fallait le faire avant et avoir une bonne excuse. Vu le temps que j’ai attendu, tu vas me faire le plaisir de respecter tes engagements.

Sévère et courroucé. La lame de tes paroles devait très certainement entaillé le peu de confiance qui restait chez le jeune homme, mais qu’importe. Voila ce qui arrivait quand on se fichait de toi, et encore, tu avais été gentil pour le coup. Qui plus est, ta bonté d’âme te disait de ne pas laisser le jeune homme dans cet état et surtout pas avec ces vêtements complètement imbibés.

- Mais avant tout ça, on va te trouver d’autres fringues. Manquerait plus que t’attrapes la crève et qu’on perde un client régulier au café.

Ni une ni deux, tu te dirigeas vers le magasin le plus proche, vérifia au passage qu’il vendait des trucs potables et des serviettes avant de faire signe à Peter de te suivre sans même lui demander son avis. De toute manière, vu ses goûts vestimentaires, il n’aurait pas grand-chose à dire sur tes choix. Cela risquait d’être une sacrée catastrophe.

- Aller dépêches. On va pas rester là planter comme des radis.

Toujours aussi agréable le Fly.

Silence. L’intensité qui régnait dans l’atmosphère ne laissait pourtant pas place pour une telle chose, entre les femmes qui cherchaient leurs enfants dans les allées ou les lycéennes et étudiantes qui cherchaient des vêtements à prix cassé. Pourtant, il y eut un silence, long et lent, comme une mirage pendant que tu évoluais sur la surface lisse du carrelage blanc crème du magasin. Un faible silence qui fut vite briser par le jeune homme trempé jusqu’à la moelle. Il ressemblait à un pauvre chiot abandonné sous cet aspect, un gamin que l’on avait oublié sur une aire d’autoroute. Peter faisait tellement penser à un gamin, avec ses airs et ses paroles, ses bégaiements et ses questions. Pas un méchant gamin, juste un peu chiant sur les bords. Un pauvre gamin. Comme beaucoup d’autre. Hein Fly ?

Tu réussis à trouver des yeux un présentoir avec plusieurs serviettes molletonnées dessus, deux pas t’étant nécessaire pour l’atteindre et en attraper une. Une vendeuse passa près de toi avec un regard intrigué, s’arrêtant pour voir ce que tu allais faire avant qu’elle n’ouvre grand la bouche alors que tu plantais la serviette sur le crâne humide de Peter.

- Oui, oui. On va la payer. Mais pour l’instant, j’aime éviter qu’il attrape la crève.

La jeune femme fronça les sourcils, peu amusée mais n’ajouta rien et s’en alla, sûrement pour aller chercher son manager. Allons bon. Comme si ça allait t’arrêter dans ton entreprise. Tu avais mieux à faire que t’occuper de petites vendeuses outragées.
Retour d’observation. Retour du silence. Pourtant la salle laissait entendre une lourde musique qui n’avait lieu d’exister en ces lieux. Affichant une moue, tu tentas de trouver de quoi faire ressortir l’aura du lycéen en lui dégotant de beaux atours sans trop faire attention à ce qu’il disait. Une histoire de gars aux cheveux plein de gel. Un sourcil se haussa sur ton visage qui se reporta sur l’homme-piscine. Il était sérieux ?

- Ça existe vraiment dans ton lycée des types pareils ? Ou tu n’aurais pas un peu trop regarder la télé ?

Une question sans détour. Sans méchanceté. Pour une fois. C’était tout de même un monde que Peter pense que des jeunes hommes de son âge se coiffent encore de cette manière. Ou alors tu avais manqué un épisode.

Tu ne t’occupas pas trop de la maladresse de ton acolyte, ne préférant pas trop répondre à ses questions enfantines. Cela ne le regardait pas après tout et tu n’avais pas réellement envie de faire l’étalage de ta vie avec ce gamin. Il n’avait pas besoin de savoir. Vous n’étiez pas amis après tout, c’était aux amis qu’on racontait sa vie. Pas à n’importe qui. Bien que toi tu pouvais écouter la vie des autres. Drôle de paradoxe, un peu injuste sur les bords.

Une nouvelle question fut posée. Te reportant dans ta précédente quête. Trouver un truc potable pour le lycéen presque fauchée. Faisant plusieurs pas, tu t’enfonças dans les allées avant de finir dans le rayons vêtements pour hommes. Il avait des trucs tout à fait potable pour un lycéen de son âge. Des pantalons droits pas trop serrés, des chemises en toile ou en coton véritable. Des petites bottines en daim. Divagation. Tu n’étais pas venu pour toi mais pour Peter. Même si tu pouvais bien faire du shopping toi aussi. Un petit sourire s’afficha sur tes lèvres. Tu ferais le tour une autre fois.

D’un mouvement sûr, tu te saisis d’un haut gris à manche longue à col V et d’un pantalon bleu nuit qui à vue d’œil semblaient à la taille du gamin. Tu fis un parallèle entre lui et les vêtements avant de tout lui mettre dans les mains et de lui lancer un grand sourire.

- Tiens, vas essayer ça. On verra si ça colle pour les tailles. Je suis certain que tu ne les connais pas en plus little boy.

Elle s’annonçait longue cette après-midi.

Dissonance. L’attitude de Peter ne collait pas avec son apparence. Celle d’un jeune homme totalement différent de celui qui était entré dans la cabine, toujours soucieux et peu sûr de lui. A côté de ses pompes et ne sachant pas trop ce qu’il foutait là. Un gosse qui continuait, malgré tout, à faire quelque peu le pitre pour se sentir plus à l’aise alors qu’il n’avait pas l’air, dans ses nouveaux atours, d’un lycéen d’un établissement lambda. Tu ne saurais dire pourquoi tu continuais de le vanner et de le couver sous ton aile. Sûrement parce que tu l’aimais bien au fond, bien que tu sois souvent grincheux ou profiteur avec lui. Seulement, un être méchant n’aurait pas emmené son bouc-émissaire au centre commercial.

Tu le regardas se pavaner faussement devant le rideau tout en prenant une pause ridicule. Ce n’était pas demain qu’il allait pouvoir monter sur une piste pour défiler mais au moins, il était mieux habillé que d’habitude. Peter avait tout de même la décence de dire que sa tenue était bien, t’arrachant un petit rictus satisfait. Mais tu sentais bien qu’il n’était pas complètement convaincu. Allons bon, quand on n’est pas connaisseur, il est évident qu’on ne puisse pas réellement donné un jugement.

Tu t’approchas de lui, te levant du siège où tu t’étais installé pour mieux le regarder. Toutes les pièces qu’il portait semblait être parfaitement à sa taille. Pour le coup, tu avais eu du bol. Pas facile de déterminer de telles choses quand le sujet en question porte des t-shirts trop larges et des jeans délavés. Il n’y avait pas à dire, Peter ressemblait vraiment à quelque chose.

- C’est pas mal.

Tu prononças ses mots un peu mollement, avec une petite moue ressemblant à un sourire tandis que tu ajustais son haut, remontant légèrement ses manches sur ses avants bras. Sans réellement lui demander, tu le fis tourner sur lui-même, le détaillant comme le ferait un style avec son mannequin. Tu t’improvisais créateur, t’amusant un peu de la situation. Après tout, ce n’était pas tout les jours que tu pouvais échanger les rôles avec un autre. Et encore moins avec un inexpérimenté.

Te reculant, tu l’observas à nouveau avec un sourire plus franc. Ouais, il était pas mal comme ça. Peut-être même, qu’avec un peu de pratique, Peter pourrait se démerder tout seul pour se prendre des fringues. Bon, cela ne voulait pas dire que tous ses défauts étaient masqués par ses nouveaux vêtements mais c’était déjà un bon début.

- Aller ! On va prendre ça ! Et ne dis pas de bêtises, le jour où tu me choisiras des fringues et que j’aurais accepté c’est qu’on aura trop bu.

Une fois ta pique lancée, tu tournas la tête pour capter du regard une vendeuse que tu hélas sans le moindre ménagement, celle-ci fronçant les sourcils en se pointant, mécontente.

- On va prendre ce qu’il porte. Et la serviette. Il a pris l’eau et mieux vaudrait qu’il soit au sec vous comprenez.

Tu affichas un petit sourire, comme pour la rassurer avant de reporter ton attention sur Peter, tout content.

- Aller, on va à la caisse Lil’ boy ! Et après direction le coiffeur !

Et sans attendre, tu pris la direction des dites caisses, le pas chaloupé. Il n’y avait vraiment lorsque tu faisais du shopping ou que tu étais sur la piste de danse que tu te comportais comme une diva de lycée.

Les vendeuses se poussent, se bougent, s’exécutent. Pas le temps pour du blabla. Pas le temps de regarder quoi que ce soit. Tu savais parfaitement que si tu t’arrêtais pour juste poser tes yeux trop beaux pour ce monde sur le moindre article ayant un peu de valeur, tu voudrais l’acheter. Alors tu allais à un bon rythme, ce rythme qui disait « poussez-vous, j’ai pas le temps ». qui plus est, plus vite vous auriez fini et plus vite tu pourrais aller voir s’il y avait des réductions sur le site de vente-privée. Alors, tes talons claquant sur le carrelage, tu te dirigeais vers le coiffeur une fois que Peter ait récupéré son paquet de vêtements mouillés et donné ses billets.

Et soupiré.

Bien sûr que cela n’allait pas lui plaire. Déjà qu’il était venu à reculons et qu’il avait sorti une excuse bidon pour son retard, il n’allait pas non plus vouloir se faire couper les cheveux et poupouner dans un salon. Mais qu’importe. Pour cette fois, ce n’était pas lui qui prenait les décisions mais bien toi. Et pourquoi ? Parce que tu l’avais décidé ainsi.

Tes pas claquaient sur le carrelage, toujours au même rythme. Tu regardais par moment si Peter suivait le rythme, d’un œil soucieux. Il regardait partout, intéresser par d’autres magasins aux vêtements moins classes que ceux qu’il portait. Pas étonnant. Il restait un lycéen au cœur de Cosmopolis, ancré dans l’univers si particulier de la ville et ses exploits. Bien évidemment qu’il flasherait sur un t-shirt de super-héros. Comme n’importe quel gamin de son âge.

Tu ne portas pas plus attention à son exclamation qu’à sa remarque quand un crie se fait entendre sur l’autre trottoir. Il fallait dire que tu ne regardais même pas, trop habitué par ce genre de situation. On est à Cosmopolis ou pas ?

- Depuis quand tu es Iron-Man pour t’occuper de ce genre de choses ? De toute manière, la police s’en chargera.

Enfin, s’ils sont dans le coin et pas occupés à manger des donuts devant le dernier match de catchs aliens. Un soupir t’échappa, l’idée que la ville soit protégée par des bras cassés te traversant avant que vous ne tombiez finalement devant un coiffeur pour hommes où tu t’engouffras avec un grand sourire.

- Bonjour ! C’est pour une coupe de beau gosse pour mon little boy préféré !

Une coiffeuse te fixa d’un air un peu étonné, une autre riant doucement sous ta remarque pendant que les clients sur place t’observaient avec curiosité et indignation. Mais tu ne fis même pas attention et tira Peter jusqu’à un siège, un grand sourire étirant tes lèvres.

- Tu vas être tout beau, tu vas voir !

Ça promettait !

Il était beau Peter. Dans ces nouveaux vêtements. Avec cette nouvelle coupe de cheveux. Avec son petit sourire tout mignon. Il était bien mieux comme ça, et semblait plus à l’aise aussi. Et tu étais à l’origine de ce chef d’œuvre. Il n’y avait pas dire, tu avais vraiment eu une bonne idée ! Mieux ! Avec un peu d’entraînements, le jeune homme pourrait même jouer les mannequins sur les podiums de défilé s’il le voulait. Une petite larme coula sur ta joue alors que tu observais la coiffeuse faire son ouvrage, te sentant comme un père qui s’occupe parfaitement bien de son enfant et le voit grandir avec fierté. Il était tellement bien Peter comme ça.

Fini les cheveux dans tous les sens. Fini le gringalet en t-shirt trop grand. Bonjour le nouveau Peter Parker. Alors qu’il allait régler sa course, tu l’attendis en dehors du salon, souriant de satisfaction. C’était parfait comme ça. Personne n’allait en revenir. Sol ferait peut-être une remarque la prochaine fois qu’elle le verrait. Peut-être qu’il aurait plus de succès au lycée. Tu ne pouvait t’empêcher de te dire que c’était grâce à toi et tu te sentais gonflé d’une fierté presque paternel. Ce fut d’ailleurs plus fort quand le jeune homme te remercia tout en s’emmêlant les pinceaux. Il était mignon comme ça à bafouiller tout en te disant merci.

Mais…

Une minute ?!

Ton cœur manqua un battement tandis que les mots arrivaient jusqu’à tes oreilles. Il n’avait tout de même pas… non, il n’avait pas… MAIS SI EN PLUS !!

Tes prunelles se posèrent un instant sur lui et son air un peu paumé, tes paupières battant rapidement avant que tu ne te figes l’espace d’un quart de seconde. Sale petit… aucun mot ne quitta tes lèvres fines et serra, un début d’expression froide et meurtrière se peignant sur son visage avant que tu tournes les yeux pour regarder. Il l’avait vraiment dit…
Alors là !

La question te parvint un peu dans un brouillard, tes pensées se bousculant dans ta tête à la vitesse d’un bouchon sur l’autoroute. Et maintenant ? Et maintenant… il ne perdait rien pour attendre ! Oui mais, comment faire ? Quoi faire ? Observant les alentours à une vitesse supérieure, tu finis par te rappeler d’un petit café pas loin du centre où vous vous trouviez, une idée lumineuse te venant.

- Suis-moi !

Un sourire enjoué s’étira sur tes traits tandis que tu reprenais ta course, à un rythme toujours soutenu. Tu ne t’occupas même pas de savoir si Peter était essoufflé ou non, tes pas ne ralentissant pas quand enfin, vous arrivèrent devant le petit café à la devanture mignonne, rose et bleue. Un endroit cosy en apparence, dans lequel tu t’engouffras tout sourire. Comme la Diva que tu étais.

- Bonjour. Vous désirez ?

Ce fut un jeune alien à la peau pale comme de la porcelaine qui vous accueillit, un grand sourire commercial sur les lèvres. Mais cela aurait pu s’avérer normal s’il n’avait pas été habillé en soubrette.

Tout comme ses autres collègues aliens.

Un café à soubrettes. Allons bon !

- C’est pour mon ami ! Il a besoin de réconfort. Si vous voyez ce que je veux dire.

Affichant une moue un peu triste, tu fis un petit signe de main au jeune homme dans l’entrée qui laissa un grand « oh ! » sortir de sa bouche. Il sembla comprendre – ou en tout cas, tomba dans le panneau – et fit venir deux de ses collègues bien trop masculins dans leurs vêtements féminins s’approcher de Peter et l’emmener avec eux jusqu’à un grand fauteuil.

- On va s’occuper de lui. Les ruptures, c’est jamais génial. Ça ira. Il est cutie en plus !

Un grand sourire se dessina sur les lèvres de l’alien, te faisant presque jubiler d’un air malsain tandis que tu sortais ton portefeuille de ta poche et le payait gracieusement pour son initiative.

- Merci à vous !

Nouveau sourire. Plus machiavélique cette fois-ci. Et un regard mauvais en direction de Peter. Ça, c’était pour la perruque !

Et tel est pris. Qui croyait prendre. Retournement de situation. Changement de plan. Désastre. Peter, c’est vraiment un sale petit fourbe. Il en avait dans le crâne et ne se laissait pas faire pour si peu. Ça en était presque admirable. Si ce n’était pas toi qui se retrouvait dans une situation bien trop cocasse pour ta personne. Sérieusement ! Pourquoi tu l’avais emmené faire du shopping ?!

Tu n’eus même pas le temps de te plaindre que les deux colosses vinrent te chercher à l’entrée du café et te transporter – parce que c’était limite ça – dans une petite pièce avec le brun relooké. Tu n’avais pas tout compris tout de suite mais une fois installé dans le doux fauteuil de seconde zone, tu saisis bien vite. Tu t’étais fait avoir. Et comme un bleu en plus. Jetant un regard noir à Peter, tu croisas les bras sur son torse tout en affichant une moue dégoutée et furieuse. Non mais franchement, c’était n’importe quoi. Il ne pouvait pas te laisser te venger tranquillement ? Il allait voir la prochaine fois !

Ce fut alors en maugréant que tu assistas au manège des employés en costume, ceux-ci vous servant des jus de fruits en gloussant comme des pucelles. Pourquoi tu étais venu sérieusement ? Tu n’en avais rien à faire de leurs simagrées et encore moins de leurs petites attentions. Si au moins il te filait un verre de martini. Même une bière ça irait. Tu en fis d’ailleurs la demande en marmonnant, l’un des gigolos – parce qu’il n’y avait pas meilleur mot pour les qualifier – s’en allant chercher ta commande, tout sourire. Bah oui en plus, il était content le mignon. Désolant.

Seulement, le pire arriva. Tu restas perplexe au discours du grand baraqué brun qui afficha un grand sourire ravi quand la musique se lança soudain et que la lumière se tamisa davantage. Il rigolait là ? Non ? Soupir. Ta tête se baissant face au spectacle burlesque qui se présentait devant toi, ton grand et large chapeau cachant les traits tirés de ton visage, la lassitude se faisant grandement sortir. Ça allait beaucoup trop loin.

Ton verre finit par arriver, une boisson toute autre que de la bière t’ayant été servie. Dubitatif, tu y trempas tes lèvres pour découvrir que c’était du vin blanc, un petit sourire se dessinant sur les lèvres de l’employé qui semblait satisfait. Au moins, il t’avait servi un truc pas trop dégueu. Lui lançant un petit sourire de remerciement, tu t’enfonças ensuite dans le siège tout en arborant un air déphasé, écoutant à peine les paroles de Peter qui gloussait presque à tes côtés.

- Ouais bah j’ai payé hein, on va attendre la fin. J’aime pas jeter l’argent par les fenêtres.

Sauf pour des fringues de luxe. Mais cela était une autre histoire. Pour cette fois, tu avais bien l’intention de rester là et ce ne fut pas la danse ridicule du gigolo qui était bien parti pour se coller contre Peter qui te fit changer d’avis. Pire, cela te donna une idée.

- Tiens, approchez un peu vous !

Saisissant ton envie, le danseur alla se planter à côté du lycéen tout en dandinant lascivement ses hanches près de lui. Retenant un rire, tu sortis alors ton portable pour les prendre en photo quand un second danseur s’ajouta au premier. Un grand sourire goguenard étira tes lèvres tandis que tu lançais la fonction caméra.

- Continuez ! C’est génial !

Et pas qu’un peu ! Avec ce que tu venais de capturer, tu étais bien parti pour faire chanter le jeune homme pour les vingt prochaines années. Un petit rire t’échappa pendant que tu envoyais une partie des photos sur ta boite mail. Ça en était presque magique !

- Vous êtes ma-gni-fi-ques les chéris !