ANNÉE 1983, DAVID, DERRICK ET DUSTIN, PASSIONNÉS PAR LA SCIENCE-FICTION ET LA POP CULTURE, DÉCIDENT D'ENVOYER UN MESSAGE DANS L'ESPACE GRÂCE À UN ORDINATEUR SOPHISTIQUÉ DEPUIS LEUR PETIT GARAGE À COSMOPOLIS, DANS LE CONNECTICUT. PUIS C'EST PARTI EN COUILLE.PLUS DE TRENTE ANS APRÈS, GRÂCE AUX EXPLOITS INFORMATIQUES DES "3D" (POUR "THREE DICKS"), LES ALIENS FOULENT ENFIN LE SOL TERRESTRE ! MAIS À QUEL PRIX ? C'ÉTAIT À L'ÉPOQUE UNE SIMPLE PASSION. NI FEMME, NI EMPLOI, DAVID, DERRICK ET DUSTIN ONT PASSÉ LE PLUS CLAIR DE LEUR TEMPS (ET LEUR VIE) À ÉTUDIER L'ESPACE ET LA POSSIBILITÉ DE LA VIE AILLEURS QUE SUR NOTRE BELLE PLANÈTE. SANS DIPLÔMES OU CERTIFICATS, ILS SE CONTENTENT DE CONCEVOIR DES ORDINATEURS ET AUTRES SOFTWARES CHEZ EUX DANS LE SEUL INTÉRÊT D'ENVOYER UN MESSAGE AU-DELÀ DE LA SURFACE TERRESTRE. ILS L'ONT APPELÉ CODE COSMO EN HOMMAGE À LEUR VILLE CHÉRIE (C'EST FAUX, ILS N'ONT JUSTE AUCUNE IMAGINATION), COSMOPOLIS.
Cela faisait un petit moment que tu n’avais pas mis les pieds ici. Tu n’en ressentais pas le besoin jusqu’à ce cauchemar la nuit dernière qui avait ravivé tes craintes. Tu constates en entrant dans le lieu de culte qu’il est toujours aussi désert. Ça t’arrache un sourire cynique. On dirait que les hommes perdent la foi… Tu enlèves ton bonnet avant de continuer plus loin. Tu n’es pas croyante et encore moins pratiquante mais tu es tout de même respectueuse des règles établies dans une église.
Tu parcours du regard les rangées de bancs et remarques que finalement il y avait quelqu’un. Quelqu’un que tu connais bien. Lui ne devait pas encore avoir perdu la foi apparemment. Toutes les fois où tu étais venue ici, il était présent, à croire qu’il passait sa vie en ces lieux. C’était lui qui était venu te parler la première fois et vous aviez finalement sympathisé. Matt Murdock, avocat de son état.
Tu te diriges donc vers là où l’homme est assis, près de l’autel et c’est sans cérémonie que tu t’assois à ses côtés. Tu te penches un peu pour t’accouder au dossier du banc de messe devant vous et pose ta tête sur tes bras croisés avant de tourner ton regard vers lui, un petit sourire aux lèvres.
-Hey… quoi de beau au Paradis ? Tu déclares joyeusement.
Puis, faisant un peu plus attention, tu remarques un énorme bleu sur sa joue ainsi que sa lèvres fendue. Tu hausses les sourcils, blasée, sachant à l’avance la réponse peu crédible qu’il te donnera…
-T’es encore tombé c’est ça ?
Tu pointes du doigt son visage. Geste parfaitement inutile sachant qu’il ne peut le voir puisqu’il est aveugle mais t’as tendance à ne pas trop faire attention. Mais il sait parfaitement de quoi tu parles.
Il pouvait sentir et entendre les courants d’air passer par les grandes portes ouvertes de l’église, dans l’espoir d’attirer les croyants, ou au moins les touristes. Il faisait froid, mais rien de bien gênant, contrairement au vent quand il était en haut d’un immeuble la nuit. Il était seul, et bien que ce soit triste de penser que de les gens perdaient la foi, il était heureux de pouvoir rester assis en silence, à réfléchir, se remettre en question. Faire le point sur ses actes. Il fût tout d’abord étonné d’entendre les pas de quelqu’un, avant de reconnaître le rythme cardiaque et la démarche du nouvel arrivant. La nouvelle arrivante, même. Meredith. Elle venait assez souvent ici, et cela rendait l’avocat curieux car elle ne semblait pourtant pas croyante. Il n’avait jamais posé de questions trop indiscrètes, pensant que tous ceux qui venaient ici cherchaient un peu de réconfort en s’éloignant de la vie quotidienne quelques instants.
Il eut sourit quand elle s’assit dans une posture peu convenable, et pencha légèrement la tête pour l’écouter.
- Bonjour, toujours la même chose. Et toi ?
Il pouvait sentir son regard sur son visage, puis qu’elle désignait du doigt celui-ci. Bien évidemment elle avait remarqué les nouvelles blessures, fraîches de la veille.
- Je suis bien trop maladroit, répondit-il simplement.
Il avait de nombreuses fois utilisé cette excuse, impossible de révéler qu’il était en réalité Daredevil. Un aveugle croyant qui se bat contre le crime, ce n’était pas ce que l’on pouvait qualifier de commun.
Sans changer de position, ton regard se repose vers l’autel. Tu réfléchis quelques instants. Allais-tu bien en ce moment ? Tu serais tentée de répondre oui. Tu es toujours tentée de répondre par l’affirmative, n’aimant pas t’apitoyer sur ton sort ou montrer une quelconque faiblesse. Mais voilà, comme tous êtres en ce bas monde, tu as tes failles, parfois plus profondes que tu ne le penses.
Et des craintes aussi, des questionnements et c’est d’ailleurs pour cette raison que tu te rends en ce lieu qui ne te sied guère. Pour trouver des réponses, quelque chose pour calmer cette peur irrationnelle, un espoir auquel te rattacher. Mais tu n’es pas douée pour t’exprimer, pas douée avec les mots pour dire ce que tu ressens. Alors tu gardes ça pour toi, ça finit toujours par passer, jusqu’au prochain cauchemar….
-On va dire que ça va… Dis tu sans aucune émotion dans la voix.
Ça ne va pas, t’es en pleine déprime et ce genre de phase peut avoir des effets dévastateurs sur toi… Mais tu reprends contenance après cette petite aparté dans ton esprit et te redresses finalement correctement pour faire face à l’homme à côté de toi.
Comme tu l’as prévu, il te ressort la même excuse qu’à chaque fois. Les premières fois tu y avais cru. Mais au bout d’un moment tu as fini par devenir sceptique. Tu travailles dans un milieu qui peut être assez violent, tu reconnais des marques de coups quand tu en vois… Sauf que Matt et toi, vous vous connaissez mais vous n’êtes pas si intimes, tu n’oses pas vraiment insister sérieusement, même si ça te dérange. Tu préfères faire passer ça avec humour :
-Tu sais, si on t’embête à la récrée, tu peux me le dire, j’irais leurs dire deux mots… Que tu lui répond, un sourire dans la voix.
Il pouvait entendre dans sa voix et son rythme cardiaque que cela n’allait pas du tout. Lui aussi avait ses moments de déprime, au point de ne plus pouvoir se lever de son lit. Sans manger, ni dormir. Juste penser. Alors il savait ce qu’elle ressentait. Il aimerait l’aider, mais craignait de toucher un point sensible en se mêlant de ce qui ne le regardait pas. Après tout, ils n’étaient pas si proche que cela. Tant de questions restaient sans réponse, mais il pouvait aisément associer sa présence ici et son mal-être. Matt ne pouvait qu’offrir un léger sourire compatissant, malgré l’envie de faire plus.
Sa remarque le surprit, et il laissa échapper un rire. Il appréciait les femmes qui avait du caractère, et il pouvait admettre sans l’ombre d’un doute que Meredith n’en manquait pas. Si elle savait la vérité… Il était loin d’avoir besoin qu’on le défende. L’avocat hocha le tête, amusé par l’idée.
- Non ne t’inquiète pas, je passe mes récréations tranquillement. Mais je saurais qui aller voir au cas où…
Il n’irait jamais demander de l’aide à quelqu’un, et encore moins à quelqu’un qu’il appréciait.
- Et puis, je suis déjà protégé.
Il pointa du doigt le toit de l’église, le ciel. Il croyait au divin...
Ta remarque le fait rire, ce qui te fais sourire à ton tour, même s’il ne peut le voir. Il t’explique que tout va bien et tu ne peux qu’accepter ce fait, n’ayant pas toutes les cartes en main pour faire plus.
Puis il te dit qu’il est protégé, tu suis des yeux le mouvement de son doigt avant de les rabaisser vers un point fixe quelque part dans l’église. Il te parle de Lui, de celui qui est censé être là-haut, si un « là-haut » existe. Encore une fois tu te perds dans tes réflexions : la foi de Matt était plus qu’admirable, alors pourquoi ? Pourquoi ôter la vue d’un de ses fidèles ? Drôle de façon de le remercier… Si c’est comme ça que ça fonctionne, tu n’oses même pas imaginer ce qui peut arriver à ceux qui ne lui sont pas dévoués. Tu te mets à tripoter à l’un de tes bracelets de force avant de prendre la parole.
-Je ne crois pas en lui… Ou plutôt je ne veux pas y croire, ça impliquerait beaucoup trop de choses et… …Et ça te fait peur, mais tu ne le dis pas parce que tu ne veux pas l’admettre. Puis je ne veux pas imaginer que notre monde est régit par un gars pas spécialement sympa avec nous… Enfin, désolée, je suis athée, je ne vois que les mauvais côtés de la religion…Que tu ajoutes sur un ton d’excuse. Je dois te paraître bien étrange d’avoir ce genre de discours dans un lieu pareil…Tu souris un peu gênée.
Sa présence en ce lieu le rendait de plus en plus curieux. Il y avait beaucoup d’athées qui visitaient des églises, mais y venir aussi souvent… C’était sans doute pour chercher un peu de calme. Lui-même trouvait l’absence de paroles satisfaisantes. Il pouvait seulement entendre le bruit du vent et des bougies, quelques fois des hommes d’églises priaient. Aussi, Matt ne venait jamais pendant la messe : l’orgue était bien trop difficile à supporter pour son ouïe.
Il pouvait la comprendre… Et en même temps la foi était tout ce qui le retenait ici. S’il défendait les innocents au péril de sa vie, c’était parce que Dieu lui avait donné cette mission. Peut-être n’était-ce qu’illusion. Mais pour quelqu’un sans peur comme lui, il fallait bien quelque chose pour continuer et pour s’imposer des limites. Matt Murdock devait parfois trouver la force de se lever le matin pour tenter d’être un homme normal. Après un court silence, il reprit parole.
- Dieu ne fait sans doute parfois pas les bonnes choses… Mais j’aime à penser qu’il y a une raison derrière tout ce qui nous arrive. Que ce soit pour nous rendre plus fort, ou nous montrer ce que l’on ne voyait pas avant…
Il eut un léger rire avant de secouer la tête.
- Pour le coup, je ne voyais pas autant le noir avant. “Des choses que l’on ne pensaient avant”, serait une manière plus juste de le dire.
Un léger rire t’échappe à sa remarque, au moins il ne semblait pas s’apitoyer sur sa condition ni blâmer le tout puissant, il force vraiment l’admiration. Un court silence s’installe où tu n’entend rien d’autre que le bruit lointain des voitures passant dans la banlieue et quelques oiseaux piailler. Tu te tournes face à l’homme qui te tient compagnie avant d’à nouveau prendre la parole :
-Je suppose que tu crois à l’au-delà, au paradis, à l’enfer et ses tourments éternels…
Les derniers mots de ta tirade étaient voués a être dit sur le ton de l’humour, ton sourire en témoigne, mais le rendu final sonnait faux et crispé…
-Si c’est le cas, à ton avis, où vont les gens qui ont mit fin à leurs jours ? Et ils leur arrivent quoi... ensuite ?
La question est un peu trop précise pour que tu puisse sortir l'excuse "c'est seulement pour un renseignement", tant pis, si Matt se poserait des questions, même si tu doutes que ce soit le cas, tu sera prête à y répondre.
Jeu 6 Sep - 15:16
