( la révolte des éclopés ) + oly

il y'a des faces sinistres dans l'unité. des rescapés, des exilés et de la haine en barre : ce n'est pas avec affection qu'on les accueille mais avec un soupir de satisfaction. on se complaît de cette douleur si elle peut faire vibrer la petite flamme qui se trouve là, bien cachée.

hyacinth s'est rendu compte au fil des années que certaines personnes aimaient le reflet mat qu'il renvoyait, que face à ces larmichettes de feu, on ne voyait aucun retour dans ses yeux. on sait qu'il entend, on sait qu'il voit mais il s'indiffère bien habituellement. rien ne fait résonner son corps froid. c'est une bonne oreille sûrement qui plaît ou non (parce que parfois ça fait du mal de se prendre une claque glaciale et déshumanisée, parfois ça soulage).
il a géré le deuil tout en silence. ça le rend admirable ou détestable.

il sait, il a appris à connaître quatre enfants, avortés de l'enveloppe maternelle, par le biais de quelques paroles. il a su connaître l'inquiétude dans un léger froncement de sourcils et dans la voix qui baisse imperceptiblement, quand on se questionne s'ils vont bien.

c'est peut-être pour ça qu'il faut s'accrocher avec hyacinth, car avec une voix hésitante, de mots mesurés et murmurés : il promet que peu importe ce qu'il doit faire, il assurera la sécurité et quelques informations arrachées ici et là.
il n'a plus grand chose à perdre lui, le grand soldat dévoué, ça fait longtemps que l'amour s'est enfui par les souterrains.

il attend là et il n'a pas froid même s'il est immobile, il reste dans l'obscurité tendre de l'automne, qui retombe bien plus vite que pendant les orages d'été.
il voit la silhouette grise dans son univers manichéen se dessiner et il s'enquiert de le suivre à bonne distance, dans le quartier où il ne fait jamais tout à fait noir parce que les étoiles ne sont pas terrestres.
les étoiles sont dans la lumière artificielle qui ne s'éteint jamais. ses pas continuent et il est peut-être vingt-deux heures, il sait que tu sors plus tôt d'habitude : il a pris le temps de t'étudier comme on analyse la vie d'un insecte en captivité.
il a recueilli des informations, a profité des données fiables des tekm de l'unité.
98% de chance qu'oly rogers soit savior, qu'ils ont dit d'après les heures de traçage et de recherche.

il sait qu'il est discret dans janha, qu'on ne se méfie point et qu'on ne le voit pas : c'est un citoyen en chemise, un citoyen comme un autre.
c'est peut-être quand tu verras sa silhouette excessivement blanche contrastée avec le béton, que ton oeil tiquera - c'est souvent comme ça.

sa voix se soulève quand il est derrière lui et ses doigts qui sonnent faux s'articulent.

tu devrais tourner à droite, savior.

il n'y'a déjà pas grand monde mais il ne faudrait pas que les œillades curieuses se glissent sur leurs silhouettes de titans. si oly est grand, hyacinth l'est davantage.
c'est sur le côté du planétarium, entre le mur de l'immense bâtiment et la vie réelle : coincé entre deux réalités. là où aucune silhouette se glisse, à part les éperdus ou les solitaires.
dans une ruelle qui n'en n'est pas une, sans pour autant être trop mince pour votre présence à vous deux.