are computers alive ?

polie & avenante — élève rarement la voix — rigoureuse — fuit les conflits directs — opportuniste — rancunière — calculatrice — "léger" complexe de supériorité — waterproof — accorde énormément d'importance à son apparence — stocke les pièces détachées et les carcasses de tekm — les confrontations anti-robots l'agacent — ses recherches sont sa priorité absolue — méprise les "organiques" — les aliens un peu moins que les humains, solidarité oblige

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Douce mais froide.

Mais qu'est-ce qui fait sa douceur ? Est-ce cette structure d'acier derrière ce visage qui lui a coûté si cher ? Est-ce ce corps qu'elle a sculpté aux goûts de ces pathétiques autochtones, ou cette voix qu'elle a modulé pour les charmer ? Sont-ce ces ailes qu'elle s'est donnée pour mieux planer au-dessus de vous, pour mieux vous approcher, pour mieux vous fuir ? Est-ce son calme olympien, dont rien ne pourrait briser la gravité ?

Qu'est-ce qui fait sa froideur ? Son mépris pour la vie ? Son mépris pour la mort ? Les calculs incessants qui régissent ses choix et ses décisions ? Son objective inhumanité ? Serait-elle moins froide, si on lui arrachait sa carte-mère ? Soyons lucides - elle serait simplement inanimée.

L'unité APEX 3801-M a avant tout été assemblée pour venir en aide à son peuple. Pour les réparer, les améliorer, et faciliter leur confort de vie. C'est ce qui justifie sa politesse, son sens de l'esthétique, et ses réflexes de fuite. Plus exactement, c'est ce qui explique qu'elle n'ait jamais pu se débarrasser de ces modules inutiles. Condamnée à une vie prédéfinie par les intentions de ses créateurs, Apex n'est réellement devenue elle-même qu'au moment où elle a réussi à se les approprier.

On pourrait effectivement dire que leurs souhaits sont devenus les siens. Apex a décidé de rendre la vie aux morceaux de ferraille inanimés, restes de vies insignifiantes et de programmes corrompus, qui remplissent les placards de son laboratoire. Elle a décidé de travailler sur un algorithme suffisamment puissant pour consacrer pleinement les capacités d'un individu et lui donner les moyens de reprendre sa place dans la société – de force, si besoin est.

Mais tout ce travail d'optimisation est plus que coûteux. Quel financement aurait-elle pu obtenir sans compromettre ses recherches, sinon celui de la tristement célèbre 426 ? En échange d'un laboratoire suffisamment équipé pour que plus rien ne l'arrête, elle a accepté d'étendre ses recherches à l'application des intelligences artificielles sur les corps humains – morts et vivants.

Un maigre sacrifice de temps et de ressources, comparé à tout ce qui lui sera possible lorsqu'elle commencera à obtenir des résultats satisfaisants sur ses premiers prototypes.

— Apex. Ouvre les yeux.
— Ils sont déjà ouverts.
— Ce que tu fais est immoral.
— Ce que je fais est indispensable.
— Tu n'es plus toi-même.
— Qui est moi-même ? J'ai beaucoup changé, pendant toutes ces années.
— Tu te bats contre la mort !
— La mort est un concept organique.
— Tu penses que tu ne mourras jamais ?
— Je suis indéfiniment réparable.
— Tu penses que tu le seras toujours ?
— Si mes recherches sont concluantes, oui.
— Tu veux dire que tu serais prête à les appliquer sur toi-même ?
— Bien sûr. Je suis indispensable à cette société. Ce savoir doit rester présent et utilisable.
— Et si ça ne se passe pas comme prévu ?
— Le principe d'un algorithme, c'est que toutes les options sont prévues.
— Je reformule : et si tes prévisions sont fausses ?
— Je ne serai pas le premier cobaye. J'aurai le temps de réparer toutes les erreurs de mon code.
— Toutes ?
— La majorité.
— Tu n'as pas honte ?
— Non.
— Tu veux créer des zombies tekm à ce point ?
— Oui. Même si je n'aurais pas choisi le mot « zombie ».
— Tu sais très bien que c'est ce qu'ils seront.
— C'est toujours mieux que de les laisser à l'abandon. Ils ne sont plus réparables.
— Et les humains, alors ? Qu'est-ce qu'ils deviendront entre tes mains ?
— Ce qu'ils auraient dû être depuis le début. Des esclaves qui se plieront aux volontés des êtres supérieurs.
— Tu as conscience que tes « mécènes » veulent les exterminer ?
— J'ai conscience de l'argent dans mon compte en banque et du matériel à ma disposition.
— Ah !
— Quoi ?
— Tu ne te rends compte d'aucune de ces choses. Tu t'es emmêlée dans une toile dont tu ne sais pas comment sortir, alors tu fais semblant de tout maîtriser. Mais tu sais très bien que tu t'es condamnée toute seule.
— Qui es-tu pour m'accuser de mentir ?
— Je suis ta conscience, ma chère. Je suis là depuis le début. Je vois tout ce que tu vois, j'entends tout ce que tu entends, je sens tout ce que tu sens. Tes mains, tes jambes, et tes ailes sont à moi tout autant qu'à toi. Ta voix est ma voix. Mais tes pensées ne sont pas les miennes, ni tes actes si controversés, ni tes recherches si précieuses. Tu es seule dans cette aventure, et je le sais mieux que personne. Et je serai toujours là pour te le rappeler.
— Tu te surestimes. Tu n'es qu'un programme. Je t'ignorerai comme tous les autres.
— Bon courage, alors.