Vous servez à rien Ft. Jason Todd & Tim Drake

good morning I wanna die

Tim détourne finalement la tête de son écran d’ordinateur. Il avait dû faire une dernière petite vérification de vidéos de surveillance avant d’aller se coucher mais maintenant que c’était fait, il allait pouvoir s’endormir l’esprit tranquille. Il regarde alors l’heure à sa montre.

Six heures.

Ah, parfait, il aurait même le temps de dîner un petit quelque chose avant de s’assoupir pour une nuit de repos bien méritée.

Tim cligne des yeux.

Attends, six heures ? Six heures du soir ? Du matin ? Du matin ?

Tim cligne des yeux une deuxième fois, plus vite, et son regard se tourne vers l’horloge digitale en petits caractères en bas de son écran. 6:01 am
Oh.

Il était donc bien six heures du matin. Génial.

Tim lâche un long et profond soupire empli de lassitude, un du genre qu’il lâchait souvent avant de se coucher, en se réveillant, quand il devait parler à Damian, ou dans toute autre situation qui le fatiguait franchement. Et pour être fatigué, là, il l’était clairement. Il se frotte les yeux, s’étire aussi en baillant. Ok, il a très mal géré sa nuit, cette fois encore, mais bon ce n’est pas comme s’il était habitué à forcé - il n’était pas habitué.

Avec des gestes lents, Tim se détache finalement de son bureau et de sa confortable chaise sur laquelle il a passé les six dernières heures, le nez planté devant un écran qui ne lui avait pas encore massacré la rétine par il ne savait quel miracle. Il n’avait même pas pris la peine de se changer en rentrant de patrouille la veille au soir, il portait encore la moitié de son costume de Red Robin, les bottes, les gants, le masque et le col roulé en moins. Il retire le reste en quelques mouvements et enfile un t-shirt et un jogging et puis son ventre émet un gargouillis bien trop bruyant pour ne pas pouvoir être ignoré cette fois encore. Tim grimace. Il avait mangé pourtant, peut-être douze heures auparavant, n’était-ce pas suffisant ? Non bien sûr, il le savait en plus, mais il essayait quand même de se le faire croire. Tim soupire, encore une fois, et puis décide qu’il faut qu’il se bouge et sorte de sa chambre. Il attrape les trois tasses -vides- qui traînent encore sur son bureau et les emporte avec lui.

La lumière de la cuisine lui arrache les yeux, après avoir passé tant d’heures avec pour seul éclairage celui de son écran d’ordinateur, Tim doit se frotter encore un peu les yeux avant de réussir à les ouvrir sans avoir mal. Ce qu’il voit en premier ne le ravit pas particulièrement.

Damian est déjà levé, frais comme un gardon, et surtout avec sa tête de gamin qui va forcément l’emmerder. Tim soupire, encore, en s’approchant pour mettre ses tasses dans l’évier et les laver. “Salut.” lance-t-il tout de même en accordant à peine un regard à son frère adoptif avec qui il a pourtant accepté de venir vivre à Cosmopolis. Pour quelle raison encore ? Ah oui, parce que Bruce trouvait que ça leur ferait une bonne expérience, une autre ville, avec Damian, pour le former.

Tim ne savait pas exactement quand est-ce qu’il était devenu la nounou attitrée de la petite enflure qu’était Damian, mais il n’appréciait pas particulièrement, et espérait que ce ne serait pas trop long à supporter.

Il continue d’ignorer Damian tandis qu’il prend une autre tasse dans le buffet pendant que les trois autres sèchent sur le bord de l’évier, et qu’il commence à se préparer son café du matin -enfin pas vraiment un matin pour lui. Tim compte le boire et aller se mettre au lit, de toute façon il était trop fatigué pour que la caféine le maintienne éveillé cette fois. Et puis, cela ne tombait pas si mal au final, il pourrait mettre un réveil juste pour sa patrouille du soir, parfait.

rise and shine motherfuckers

un des trucs qu’on ne vous dit pas sur le fait d’être mort puis de revenir à la vie, c’est que vous dormez mal.

jason avait passé les premiers mois de son retour à ne simplement pas dormir du tout. et bien que maintenant ça faisait déjà quelques temps qu’il était à nouveau “vivant” — toujours un peu de mal à déterminer s’il pouvait encore se considérer humain tout de même ou s’il rentrait dans la catégorie des freaks, jason dormait toujours peu et avec quelques difficultés la plupart du temps. des souvenirs de cercueil sombre et étroit, de ses doigts en sang alors qu’il creusait littéralement son chemin vers le monde des vivants et des images du cimetière vide et glacial venaient parfois le réveiller.

ça faisait un moment donc qu’il était en fait réveillé, somnolant à moitié parce que merde, c’était sa nuit de repos techniquement donc non, il ne se lèverait pas à quatre heures du mat’. il dû se rendormir pour de bon à un moment de ce fait, car quand il cligna des yeux de nouveau, il pouvait entendre des bruits en provenance de la cuisine. damian, sans doute. ce gosse était réglé comme une horloge militaire.

jason se frotta les yeux. c’était l’heure de se lever, puisqu’il était le seul capable de faire à manger dans cette maison — tim pensait que prendre soin de lui était pour les faibles, et damian avait grandit avec une cuillère d’or sertit de diamants dans la bouche (qu’il plantait ensuite dans la gorge de ses adversaires). ironiquement, jason trouvait qu’il était en fait le plus “normal” des robins. dick ne comptait pas — dick était une putain de princesse disney.

se levant donc, il s’étira, faisant craquer les muscles de son dos, et se dirigea vers la cuisine vêtu en tout et pour tout d’un caleçon — avec des motifs de rouge-gorges dessus. il avait besoin d’un café et d’un petit-déjeuner correct, qu’il mettrait de force dans la bouche de timbo s’il le faut, histoire qu’il mange quelque chose. ok il avait détesté le gamin quand il était revenu, pour avoir prit sa place, et ok il avait peut-être tenté de le tuer une fois, mais bon c’était il y a quoi, trois ou quatre ans ? une éternité en somme.

et puis tim était mignon, donc bon.

— hey mini tueur numéro un et mini tueur numéro deux, rise and shine ! s’annonça jason en entrant dans la cuisine (eurk il se sentait presque comme dick mais honnetement, seul coincé avec les deux derniers, c'était lui le fun de la bande maintenant) (et il était à mourir ok ?)

il ébouriffa les cheveux de damian par principe — et parce qu’il était définitivement trop adorable avec son pull trop long et ses chaussettes en laine que lui avait offert alfred à noël dernier, et fit un sourire en coin mi-charmeur mi-moqueur à tim.

— who timbo est-ce que tu es en train de comprendre ce qu’un rythme de vie humain est ? continue comme ça et peut-être qu’un jour, tu seras un vrai petit garçon et plus une machine.

que de l’amour.
après tout un vrai grand frère digne de ce nom ne commence pas la journée sans quelques petites piques affectueuses.

good morning I wanna die

Tim détourne la tête de son café lorsqu’il entend Jason s’annoncer. Il ne compte pas lui répondre, Jason faisait l’animation tout seul comme un grand, et puis il avait trop la tête à l’ouest pour parler correctement anglais ce matin.
Mais c’était sans compter sur le fait que Jason n’avait toujours aucune honte à se balader à moitié à poil dans l’appartement. Tim se mord l’intérieur de la joue alors que ses yeux glissent sur le torse du Red Hood jusqu’à son caleçon rouge-gorges. Son caleçon robin. Sérieusement ?! Tim arrête. Il renifle et se reconcentre sur son café et fait redescendre la chaleur qui a grimpé jusqu’à son visage en quelques secondes. Tim se maîtrisait parfaitement bien -enfin presque, il voulait se le faire croire en tout cas, mais avec Jason ça avait l’air plus complexe qu’avec d’autres. Il répond à son sourire par une levée d’yeux au ciel et se sert son café finalement.

Damian les abandonne sans leur avoir adressé un mot. Toujours aussi aimable. Tim ne fait pas de commentaire, en fait ça l’arrange bien de ne pas avoir la tête du casse-couilles de première classe en face de lui pendant qu’il déjeune. Il s’adosse au plan de travail et sirote son café pendant que Jason s’occupe de préparer un petit déjeuner -pour Damian sans doute, lui ne mangerait pas de toute façon, il n’avait jamais faim le matin. Techniquement j’ai pas dormi, donc c'est pas vraiment mon matin, mais bon.

Tim sursaute quand Jason l’interpelle, déjà perdu dans ses pensées -déjà à moitié somnolent, il va finir par s’endormir debout. Mais il est outré par la remarque, trop fatigué pour répondre sur le même ton, il n’accorde qu’un froncement de sourcil à Jason. “Très drôle Jay. Et non en fait, je vais me coucher dans cinq minutes pour faire ma nuit. D’ailleurs vous serez gentils de pas faire de bruit comme la dernière fois, surtout toi le môme.” Il lance à Damian qui ne prend même pas la peine de répondre. Tim grogne, il est mal luné ce matin et il le sait, et ça l’embête parce qu’en réalité il essaye de faire des efforts, vraiment, au moins pour Jason -surtout pour Jason, parce que Damian, clairement, il s’en tape.

Tim soupire pour probablement la millième fois depuis qu’il s’est détaché de son ordinateur, se passe une main sur le visage et se frotte longuement les yeux. Puis il continue de siroter son café. Son regard se reporte finalement sur Jason, et son dos, toujours nu. Tim inspire calmement par le nez. Son regard finit par se détacher et il remarque que l’autre est en train de préparer quelque chose. “Oh… tu fais des pancakes ? Je peux en avoir aussi ?” Il a le ton plein d’espoir de l’adolescent qui n’a pas mangé quelque chose de consistant depuis trois jours et, tiens, c’est le cas en fait.

rise and shine motherfuckers

damian évidemment, ne réagit pas plus que cela. le gosse n’était déjà pas bavard à l’ordinaire, mais alors le matin c’était pire que tout, s’était aperçu jason — un jour il a mordu la main de tim parce qu’il était passé trop près de son bol de céréales, that was wild. au moins cette fois-ci, damian ne mord personne et laisse même jason lui ébouriffer les cheveux sans grogner. probablement parce qu’il a enfin intégrer le concept du “tu ne mordras pas la main qui te nourris”.

tim de son côté, est plus éveillé et réactif à ses piques. aw, il savait qu’il pouvait compter sur lui. jason sourit un peu, de cet air de chat qui a trouvé un oisillon sans surveillance (ironique, pour un robin) (bon sang faut vraiment qu’il arrête il va vraiment finir par se transformer en dick sinon). fidèle à lui-même, tim a cette voix un peu fatiguée et acide, comme si écouter ses frères équivalait à un véritable supplice mental — c’est probablement le cas en fait. jason a envie de lui jeter son caleçon sale au visage pour lui apprendre à dormir comme les gens normaux. enfin non, pas les gens normaux, ils ont vécu avec batman, mais bon. au moins même b sait qu’un enfant à besoin de plus de cinq heures de sommeil grand minimum.

— aw, tu nous abandonnes déjà ? tu briserais mon coeur s’il ne s’était pas déjà arrêté.

techniquement, il s’est remit à battre, mais le principe était le même. mais soit, que tim dorme. ça ne peut lui faire que du bien en effet, même si la logique de boire le café avant d’aller se coucher lui échappe. jason se sert une tasse, plus raisonnablement dosée que celle de tim, évidemment, et commence à sortir le nécessaire pour le petit déjeuner — qu’il sait que damian attends, même s’il est parti s’isoler sur le canapé. il commence à doser la farine, entre-coupant ses gestes de petites rasades de café et sourit en coin en voyant tim hésiter à partir finalement. ahah, trop facile.

— bien sûr baby bird, susurre-t-il en se retournant vers le concerné. je peux même te les amener au lit, comme l’épouse dévouée que je suis. j’ai le droit à un bisou en échange ?

ok il pousse probablement un peu
mais c’est tellement drôle en même temps.

(et puis bon, si timbo lui donnait réellement un baiser de remerciement, il ne serait certainement pas contre.)

jason ouvre un placard, fronce un peu les sourcils en voyant qu’ils commencent à être à court de certains ingrédients. il a quand même de quoi faire la pâte, mais il faudra qu’il pense à faire des courses. bordel, il est vraiment une mère célibataire en fait, pourquoi il est venu à cosmopolis déjà ?

— sors-moi le beurre et le lait du frigo, demande-t-il à tim sans le regarder cette fois, ni ton taquin, plus concentré sur sa recette.

il prépare la pâte minutieusement, avec l’expertise de l’habitude (il aimait aider et regarder alfred faire au manoir, c’était des activités relaxantes comparées à l’entraînement et les patrouilles avec b. — c’est toujours le cas d’ailleurs, et ça lui rappelle un peu le majordome), sans s’apercevoir qu’il a un peu de farine sur le bout du nez.  

good morning I wanna die

Tim se contente de lancer un regard froid et désabusé, assorti d’un “Crève.”, à Jason lorsque ce dernier propose de lui amener les pancakes au lit. Non pas qu’il aurait refusé avec qui que ce soit d’autre, en fait il aurait rêvé de se faire préparer un petit-déjeuner sans bouger de sa chambre, mais Jason avait toujours le ton pour rendre tout ce qu’il disait absolument stupide. Tim doit prendre sur lui pour ne pas rire en réalité, si bien que sa bouche se tord à moitié dans une expression mi-amusée, mi-agacée, qui lui donne un air bizarre. Il se racle vite la gorge et détourne la tête pour se cacher derrière son café qu’il sirote en manquant de s'étouffer - mais ça passe bien, personne ne remarquera. De toute façon, Damian est inaccessible sur son canapé, et Jason a l’air tout à coup complètement concentré sur la tâche difficile qu’est celle de cuisiner des pancakes.

Tim sursaute un peu quand Jason lui demande de récupérer les ingrédients dans le frigo, mais il s'exécute. “Oui chef, bien chef.” souffle-t-il pour se moquer un peu du ton tout à coup si rigide et autoritaire de l’autre homme. C’est drôle à entendre et à voir, un Red Hood concentré sur sa tâche à ce point, surtout alors qu’il est encore en caleçon au milieu de la cuisine. Tim se rend compte qu’il le fixe peut-être un peu trop et il détourne la tête. L’odeur des pancakes frais ne tarde pas à envahir la cuisine, et Tim sait que Damian ne va pas tarder à sortir de sa torpeur pour réclamer son dû. Alors il s’approche de Jason, toujours penché sur sa cuisine, et se redresse sur la pointe des pieds pour passer son visage par-dessus son épaule - parfois Red Robin n’aimait vraiment pas sa petite taille. “Tu me sers en premier hein ?” dit-il à mi-voix, pour ne pas que l’autre petit gosse insupportable ne l’entende, “Je t’ai aidé cuisiner tout ça…” Oh certes, il n’a pas fait grand chose (il lui a tendu le lait et le beurre, incroyable), mais Tim veut faire l’égoïste ce matin -notamment parce qu’il est crevé et qu’il a plus envie de rejoindre son lit qu’autre chose. Alors une fois engloutis les pancakes, il disparaîtra dans son antre type batcave low cost qu’est sa chambre.

Tim remarque alors que, dans tous ses préparatifs, Jason s’est mis de la farine sur le visage et il ne peut s’empêcher de rire. Clairement, pour se moquer de lui. “T’es vraiment pas doué.” dit il avant de lui essuyer le nez et la joue du bout des doigts. “T’en as dans les cheveux aussi, bravo.” Tim ne perd pas son sourire alors qu’il époussette la farine qui s’est déposée sur la chevelure brune de l’ancien Robin, il doit encore bien se redresser pour ça - mais pourquoi Jason est-il aussi grand aussi ?

“T’as peut-être appris des tonnes de choses d’Alfred mais pas encore la classe en toute circonstance.” Même si Tim sait très bien que personne ne pourra jamais être un aussi bon gentleman que l’était Alfred Pennyworth et qu’ils avaient beau avoir tous les quatres (les fils de Batman) appris les bonnes manières et la tenue en société à ses côtés, il était impossible de parfaire exactement les exigences du majordome britannique. Par exemple, Tim était incapable de tenir sa langue : ses remarques acerbes et ses petits commentaires désobligeants étaient sujets à remontrance depuis qu’il était gamin. Et puis il avait un rythme de vie catastrophique, aussi.

Tim s’écarte finalement de Jason après un dernier sourire à la fois tendre et moqueur qu’il n’a pas très bien contrôlé. Il récupère les couverts et les assiettes dans le buffet et met la table en attendant que les premiers pancakes se retrouvent dans son ventre, il place les trois verres à l’effigie de leurs alias comme ils ont l’habitude de le faire : le Red Hood au centre pour éviter que Red Robin et Robin ne se tapent dessus pendant le repas. Puis Tim s’installe et attend son repas comme un enfant attend la purée-saucisse du midi. Son regard brille sur les pancakes encore chaud et tâchent de ne pas s’attarder de trop sur le corps de Jason qui est toujours en caleçon, bon sang, “Tu comptes t’habiller aussi ou c’est en option ?” lâche Tim avant même de s’en rendre compte.