I saw your face in the crowd and you came out • feat Ruben

Par une semi-belle journée, Seong se réveille enfin de sa nuit sans rêve. Les cheveux en bataille, le regard vide, il fixe le plafond comme s'il attendait que quelqu'un le sorte. Son appartement est vide, vide de vie et de bruit. Son réveil affiche 14h, il a essayé de dormir. L'écran de son portable l'ébloui, l'alarme a sonné mais il l'a éteinte à plusieurs reprises. Lâchant un soupire, son bras s'écrase contre son matelas et sa main laisse glisser l'appareil électronique qui s'écrase durement au sol. La fatigue se fait encore sentir, mais ce n'est plus la peine d'essayer de dormir encore.
Après quelques longues minutes de bataille intérieure, Seong décide enfin se sortir ses jambes de sous la couette. A peine son corps fut-il en contact avec l'air qu'un frisson se mit à l'envahir de bas en haut. Il ne faisait pas chaud, la preuve que l'été était en train de se finir. Enroulé dans un drap, il s'éloigne de son lit pour aller en direction de sa salle de bain. Pas de petit déjeuner, ni même de repas pour lui, semi-EROG. Heureusement, il peut se régaler de son reflet dans le miroir.

Après de longues minutes de préparation, c'est-à-dire, une bonne douche suivi d'une vérification complète du corps pour être sûr qu'il n'y est aucun soucis, mais aussi que sa peau soit douce, il peut enfin se diriger vers sa penderie. Peu vêtu, il se saisit des deux portes de l'armoire pour les ouvrir, laissant alors apparaître un trésor hors-norme. C'était plein de vêtements aux couleurs de l'arc-en-ciel. Aux yeux de Seong, les couleurs étaient importantes et elles avaient tendances à déterminer son humeur.
Pioche après pioche, les vêtements s'empilèrent en dehors de leur lieu de confinement jusqu'à ce que la perle rare soit dénichée. Par une journée où le soleil se fait timide, le jaune semble parfait pour illuminer les autres. Parmi ses sweats, il y en avait un dont le jaune pouvait faire pâlir le soleil ou pire, les poussins. Sans ménagement, après avoir enfilé un t-shirt quelconque qui ne se verrait même pas, il enfile le fameux sweat. Étrangeté parmi la perfection, les manches du vêtement était beaucoup trop longue, tout comme le vêtement en lui-même. Offrant un côté adorable au métisse, il valida son choix, qui se fit accompagné par un jean de couleur noir et des chaussures, ressemblant presque à des baskets, tout aussi noir que le jean. Seong était maintenant paré pour sortir.

Ce ne fut qu'une fois dehors que l'infirmier se rendit compte qu'il n'avait pas décidé où il allait aller en cette journée de congé. Le quartier étant pauvre en loisir, une seule option s'offrit à lui : la plage. D'un pas décidé et la tête haute, Seong pris direction la mer. Loin d'avoir un but, pour lui, l'étendue de sable et d'eau était simplement un lieu basique où il pouvait y croiser des patients, voir même des connaissances. Aujourd'hui, sera peut-être un jour comme ça.
Il devait être 15h30 quand Seong mit le premier pied sur le sable, celui-ci s'enfonçant presque pour disparaître. Le vent était frais. On pouvait entendre le son des vagues accompagnées par le cri des mouettes. Son regard brillé en observant l'étendue d'eau qui se perdait un horizon inconnu. La plage semblait le revigoré, mais les cernes étaient toujours présentes sous ses yeux. Après quelques longues minutes d'observation, ses jambes se remirent à bouger, guidant ses pas le long de cette digue sans fin. Les mains dans les poches, la capuche sur la tête, il se fondait parmi les quelques personnes présentes.

Une douce odeur salée vient titiller les narines du jeune infirmier. Chaque mouvement de vague apportée une fraîcheur supplémentaire, qui allait bien avec ce temps. Remplaçant le soleil quasi-inexistant, Seong continuait de marcher sans se faire remarquer. Chacun de ses pas s'enfonçaient dans le sable, laissant derrière lui une sorte de sillon, prouvant son passage. Les sons se mélangeaient entre eux pour créer une symphonie d'une couleur bleutée, amenant le spectateur a voyagé au-delà de ces horizons inconnus. Tout était parfait : le décor, la musique, l'ambiance. Et au milieu de cette idylle, il était là.
Un peu plus loin sur le sable, un jeune homme aux cheveux en bataille et peu vêtu était en train de sauter comme pour signaler sa position. Il se présentait comme un phare au milieu du sable, tentant d'attirer les quelques navires qui s'étaient échoués. Pourtant, cette agitation n'avait pour but que d'attirer un seul du lot, qui d'ailleurs avait déjà posé son regard dessus. De sa position, le métisse avait cessé d'avancer pour prendre connaissance de la situation. Quand les informations furent rassemblées, un sourire put se dessiner sur ses lèvres, c'était Ruben. Dans un élan de gaieté, il se laissa dans sa direction.

Les choses ne pouvaient que bien se passer. Deux amis se retrouvent sur la place, l'un semblait être en plein jogging, tandis que l'autre se contentait de se balader pour sortir sa carcasse. C'est alors que la catastrophe se produisit. L'excitation du plus jeune l'entraîna dans une chute qui le fit boire un peu la tasse. Comme si la chute n'était pas suffisante en elle-même, un concours de circonstance vint l'enfoncer davantage, mais ça, Seong n'en sut rien. De sa position, l'erog pouvait simplement voir les misères de son ami pour se relever et quand se fut le cas, il pouvait simplement prouver sa soumisse à cette immense étendue d'eau salée.
Inquiété, les pas de l'interne se firent plus rapide, à tel point qu'il manqua deux fois de tomber, le sable étant un traître quand il s'agissait de rester stable. Après quelques longues enjambées, il put enfin se retrouver auprès de Ruben, qui était en train de libérer ses poumons de cette eau peu recommandable. Sans réfléchir, Seong retira sa sweat, dévoilant le fameux t-shirt jugé inutile avant, celui-ci étant aussi blanc que la neige et portant comme design, une énorme patte de chat violette. Un t-shirt qui semblait peu allé avec son style vestimentaire habituelle. Sans pour autant s'en soucier, il tendit une main en direction du plus jeune pour l'aider à se relever tandis que l'autre tendait le sweat pour qu'il puisse l'enfiler.

_ Parfois, je me demande comment tu fais pour survivre dans cette ville, Ruben.

Un petit rire s'échappa des lèvres du métisse, qui voulait simplement rassurer son ami quant à ce qui venait se passer. Parfois, l'être humain a une étrange tendance à mal réagir face à de telle situation.

_ Retire ton t-shirt et enfile mon sweat, je n'ai pas envie que tu tombes malade.

Connu pour sa prévenance, Seong jouait parfaitement son rôle d'interne en chirurgie. Certains étaient même persuadés qu'il aurait été meilleur dans le rôle de médecin.

Les années avaient passé depuis leur premier rencontre, Seong ne saurait même pu dire depuis combien de temps il se côtoyait. Par contre, il pouvait parfaitement dire le pourquoi de leur relation. Ce domaine qu'était la médecine, ce point de croisement entre plusieurs professions, c'était ça qui leur plaisait tant. Pourtant, Ruben et Seong ne savaient pas grand-chose l'un de l'autre et ils pratiquaient leur passion dans deux métiers différents. En vrai, Seong ne savait pas vraiment ce que faisait Ruben et pour lui, s'il ne lui disait rien, c'est qu'il n'avait pas besoin de le savoir.
Observant son ami qui était en train de se débarrasser du surplus de sable, l'interne ne vit pas arriver sur lui, l'intruse verte qui s'amusait à coller la pauvre victime. Collée à son haut, l'algue vint par la suite s'écraser comme une grande dans le sable. Sous les excuses de son compagnon, Seong lui indiqua que ce n'était rien et que le plus important était que lui aille bien. D'ailleurs, c'est ce qu'il s'assura de surveiller. Le sweat jaune ayant changé de propriétaire, le métisse devait bien avouer que Ruben le portait à merveille.

Après ce petit interlude changement d'habit, la victime put enfin dévoiler l'intention première qu'elle avait : un reportage sur la médecine chinoise. Si Seong devait être honnête, il n'avait pas eu le temps de voir le reportage, mais il avait bien lu quelques livres sur le sujet donc il pouvait toujours tenir la conversation. Sauf que son ami bifurqua rapidement sur une autre question, celle-ci n'étant plus en rapport avec la médecine. Dans un petit rire et sans se faire attention, il lui répondit.

_ Tu ne me fais pas vraiment travailler et je vais parfaitement bien. Et toi, malgré cet incident ?

Il ne pouvait pas s'empêcher de venir le taquiné une nouvelle fois sur le sujet même si c'était tout frais. Après tout, il voyait bien que l'autre médecin n'était pas très à l'aise après ce qu'il venait de se passer. Dans le même courant de pensée, il se posa une question.

_ Oh ! Tu n'as pas soif ? Ou alors, tu voudrais peut-être rentrer pour rapidement prendre une douche ?

Heureusement pour lui, il ne faisait pas très froid et quelques rayons pointaient timidement leur nez, mais certaines personnes ne sont pas très à l'aise avec le sable. Surtout que le pauvre, il avait mangé le sable plus qu'il ne l'a touché. Evidemment, Seong n'avait pas envie de déjà quitter son ami, mais il était important de penser à son bien-être avant de penser à toute autre forme de plaisir, c'est-à-dire passer du temps à parler avec lui. Cachant sa moue qui pouvait le trahir, il détourna son regard en direction de la mer. Cette mer dont les vagues venaient s'écraser à leur pied. Dommage que ce n'était presque plus l'été, si cela avait été le cas, tout ça aurait pu déboucher sur une autre histoire.

Bien trop concentré à fixer la mer pour éviter d'influencer la décision de son ami, Seong ne put voir le sourire lumineux de celui-ci, réconforté par ses propres paroles. Pourtant, son oeil se permet de regarder en coin à ses premières paroles, une vague d'espoir se glissant le long de son échine. Sur le coup, il ne sut pas si c'était le froid ou autre chose, mais il dût réprimer un frisson. Dans un petit rire étouffé, il continue à faire semblant de regarder ailleurs tandis que Ruben était en train de jouer la comédie pour qu'il continue de s'occuper de lui. Il n'y avait pas à dire, aux yeux du métisse, son ami était beaucoup trop adorable pour appartenir à un tel monde.
Au bout d'un certain temps, il devient beaucoup trop difficile de contenir ce rire, surtout quand Ruben surenchérit sur son humour douteux pour certains, tandis que Seong reste parfaitement innocent. Pour ne pas aider, le jeune homme vient le coller un peu plus près pour lui proposer d'aller manger quelque chose. Intérieurement, le métisse avait envie de hurler par rapport à sa condition, qui l'empêchait de pouvoir apprécier une petite sucrerie en bonne compagnie. Extérieurement, il ne laissa rien paraître. Un large sourire sur ses lèvres, une de ses main vint s'écraser sur la tête de Ruben et sans ménagement, il lui ébouriffa les cheveux.

_ Je refuse ton invitation !

Et avant même que son ami ne puisse répondre, Seong lui attrapa la main qu'il avait tendue plus tôt, pour l'emmener dans une direction totalement aléatoire puisqu'il ne savait même pas où se trouver ses fameux glaciers ou crêpiers qui logeaient le long de la plage.

_ Je n'ai pas faim, du coup, c'est moins qui t'invite ! J'espère que tu as bien faim, car je ne suis pas prêt à te laisser partir !

Marquant une courte pause, que ce soit dans ses mots ou même dans ses pas, il se tourna vers son ami et il posa sa main libre sur son ventre.

_ Je suis au régime ! J'essaie d'avoir un corps sain, comme mon esprit est sain.

Un nouveau rire sorti d'entre ses lèvres accompagnées par un clin d'oeil, puis il reprit sa marche, tenant toujours la main de son compagnon, désireux de l'emmener vers des contrées complètement inconnues.