ANNÉE 1983, DAVID, DERRICK ET DUSTIN, PASSIONNÉS PAR LA SCIENCE-FICTION ET LA POP CULTURE, DÉCIDENT D'ENVOYER UN MESSAGE DANS L'ESPACE GRÂCE À UN ORDINATEUR SOPHISTIQUÉ DEPUIS LEUR PETIT GARAGE À COSMOPOLIS, DANS LE CONNECTICUT. PUIS C'EST PARTI EN COUILLE.PLUS DE TRENTE ANS APRÈS, GRÂCE AUX EXPLOITS INFORMATIQUES DES "3D" (POUR "THREE DICKS"), LES ALIENS FOULENT ENFIN LE SOL TERRESTRE ! MAIS À QUEL PRIX ? C'ÉTAIT À L'ÉPOQUE UNE SIMPLE PASSION. NI FEMME, NI EMPLOI, DAVID, DERRICK ET DUSTIN ONT PASSÉ LE PLUS CLAIR DE LEUR TEMPS (ET LEUR VIE) À ÉTUDIER L'ESPACE ET LA POSSIBILITÉ DE LA VIE AILLEURS QUE SUR NOTRE BELLE PLANÈTE. SANS DIPLÔMES OU CERTIFICATS, ILS SE CONTENTENT DE CONCEVOIR DES ORDINATEURS ET AUTRES SOFTWARES CHEZ EUX DANS LE SEUL INTÉRÊT D'ENVOYER UN MESSAGE AU-DELÀ DE LA SURFACE TERRESTRE. ILS L'ONT APPELÉ CODE COSMO EN HOMMAGE À LEUR VILLE CHÉRIE (C'EST FAUX, ILS N'ONT JUSTE AUCUNE IMAGINATION), COSMOPOLIS.
EN COURS D'AFFICHAGE (WADE ET LE CODE SE BATTENT)

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rédemption (harry)

*
AGENT
Gabriel Ardan
Crédits : 18
Gabriel Ardan

Mer 5 Sep - 20:07


REDEMPTION

musique - Trois jours, déjà.
Trois jours écoulés depuis le tribunal - un évènement tant attendu et pourtant tellement évident. Sans grande surprise, Cordell s'est contenu de n'approuver que leurs dires sans même y apporter sa propre version, et ce, malgré les regards dubitatifs et son avocat, estomaqué.

Quand bien même ils ont pu rêver de liberté, ce fut sans compter les policiers en civil, toujours plantés ci et là où Marlow se rend - l'ennemi numéro un, cet enfant arraché des griffes du Diable qui aujourd'hui, ne fait que subir les traitements de son passé, encore et encore, les traduisant par une violence sans dénouement. Sans un instant de répit.
Gabriel n'eut d'autres choix que de faire profil bas, même auprès de ses collègues qui ont sans nul doute déjà remarqué le changement d'ambiance - mais aussi ouïe dire de la nouvelle. Une chance qu'il n'ait que très peu d'amis ici. Voire, aucun.

C'est cependant depuis l'hôpital que l'agent Blue fait preuve de mutisme. Son regard se veut fuyant, ses mots, s'il y en a, toujours brefs et stricts. Encore et encore, les aveux de Marlow lui font écho, le dévorent, voraces. Parfois, il aimerait crier. Parfois, il aimerait frapper. Ses doigts en tremblent. Ses lippes en demandent. Mais rien ne se passe. Tic, tac, comme une bombe à retardement.

Epuisé par cette journée à trier les rapports de ses missions, il s'accorde quelques minutes pour une courte pause et jeter un oeil à sa fenêtre. Ils sont là. Vautours, pense-t-il en claquant sa langue contre son palais.

Vous pouvez arrêter pour aujourd'hui, je finirai seul. D'un geste de la main, Gabriel stoppe cette journée de travail. Vous pouvez rentrer chez vous et tenez-vous à carreaux, vous avez des babysitters maintenant.


featuring harry
©️ SIAL ; icon tumblr


*
STAGIAIRE
Harry Marlow
Crédits : 62
Harry Marlow

Mer 5 Sep - 20:58
music

Toutes ces semaines entre l’hôpital, tes rendez-vous avec les agents du FBI, ton avocat, le procureur… Le procès, en huis-clos, aussi traumatisant que malsain de part les regards et sourires en coin de Cordell… Toutes ces nuits sans sommeil, imbibées de nervosité, de doutes, d’appréhension…

Harry, tu resembles à un zombie.

Là, affalé contre la table d’appoint, aux confins de la pièce, tu peines à recopier les rapports de missions de tes collègues. Un seul souhait, un seul, t’habite constamment : de l’air libre, tous sens confondus.

Tu paierais cher pour que ces loups à ta porte, armés et aux aguets, s’en aillent garder un autre gibier. Des heures durant, ils sont restés exactement dans la même position - à portée de vue de la fenêtre du bureau, visages impassibles.

Même la remarque teintée d’ironie de ton mentor passe inaperçu - en d’autres temps, lorsque tu n’étais pas à l’article de la mort par ennui, cela t’aurait amusé. Or, rien ne semble attiser les braises de ta facétie.

Et cette horloge dont le tic tac semble figé... Les minutes trichent, elles deviennent des heures !

L’idée même de rentrer chez toi t’est pénible. C’est encore pire qu’être ici. Non seulement un policier a prit place dans ta chambre, amenant ainsi un de tes colocataires à changer de dortoir, mais en plus tu dois lui faire un rapport verbal de ta journée avant même de pouvoir poser ton sac et d’enlever tes chaussures.

Un Enfer.
Un Enfer signé Cordell.
Quoique…
Il devrait être signé Cordell avec participation active d’Ardan.
Si seulement, bordel… Si seulement il n’avait pas décidé de se la jouer vendetta à la Corleone !

Tu te lèves, non sans mollesse, et t’en va t’asseoir sur le bord de son secrétaire - poussant sans ménagement une pile de dossiers. « Je compte rester ici jusqu’à ce que l’un de ces charognards crève d’immobilisme. » - tu persifles, le regard noir et planté en plein sur le trio, bravant le vent du soir.

« Nous n’avons plus l’occasion de passer du temps ensemble qui plus est… Cela me manque. » Paroles que tu choisis d’illustrer par un sourire triste et un geste vague - sans doute as-tu tenté de lui tapoter l’épaule.

Harry, aujourd'hui n'est pas jour à liesses...
Aujourd'hui est un jour à déprime.

Ramassant un paquet de cigarettes traînant là - le tiens, puisque tu le laisses toujours traîner - tu t’en grilles une avant de laisser ton esprit s’acoquiner de quelques états d’âme. Depuis combien de temps n’avez-vous pas eu un moment jovial et serein ?

C’est à peine si tu t’en souviens.

Il est vrai qu’en raison des évènements, cela ne s’y prêtait guère. Cependant, tu le sais - tu l’as senti depuis sa première visite à l’hôpital, il y'a une autre raison à cette absence nouvelle de camaraderie. Il est distant.

Pourquoi ?
Quels méandres brumeux de son esprit empêchent Gabriel Ardan d’être comme avant à ton égard ?

Et voilà qu’elle revient, la lourdeur sur ta poitrine.
Incommodante, frustrante, bourrée d'éclairs.
Cela t’agace.
Cela t'irrite.

« Dites… Est-ce que je vous ai déçu ? » - sans quitter des yeux le vide, ce vide bien précis logé entre l’armoire à spiritueux et la chaise de bois, tu expires un dense nuage de fumée. « Est-ce que j’ai dis ou fais quelque chose de mal ? »

À cet instant, enfin, tu le regardes. Son bleu te parait moins limpide et cristallin qu’à l’ordinaire - tu jurerais y voir du brouillard et de la pluie. « Je cherche, en résumé, à savoir en quel honneur je mérite votre fuite ? » - et ton timbre, acerbe, trahit une colère en devenir.













*
AGENT
Gabriel Ardan
Crédits : 18
Gabriel Ardan

Mer 5 Sep - 21:41


REDEMPTION

Harry, fidèle à lui-même, commence à évoquer ces sentiments qui germent en lui : l'incompréhension, l'angoisse, l'inquiétude. Gabriel cherche une réponse pouvant satisfaire ses réponses mais aussi tasser ses véritables songes sans les évoquer ne serait-ce qu'une fois. L'ambiguïté n'a désormais plus sa place.

Il longe la pièce dont il connaît chaque recoin bien mieux que sa propre demeure, comme distrait par cette petite tâche au mur. Mais il doit cesser de fuir et faire face à cette bête rugissante qu'est l'honnêté, et c'est presque sans tourner sa langue sept fois dans sa bouche qu'il dit : J'ai juste réalisé que nous étions trop proches et que cela ne vous aidera pas pour votre insertion au MIB. La voix de Nancy résonne tout à coup dans son esprit. Elle lui répète qu'il est un mauvais menteur. Ne vous méprenez pas, j'ai apprécié les moments que nous avons pu échanger, mais...

Il s'est retourné vers lui, prêt à délier sa langue de toute sa lourdeur. Et pourtant, aucun son d'en sort. Sa gorge se serre d'un néfaste mélange de mélancolie et de déception. J'ai juste cru que- Rien à y faire. Son mutisme prend le dessus. Son regard s'échappe. Ses mains se lient dans son dos et ses doigts se serrent de toute leur force. Il cherche les mots, il les cherche mais ne les trouve pas, ses mots de la raison et non pas les mots du cœur. ... Mon rôle est de vous protéger et vous avez été mis en danger par ma faute. Et plus je vous regarde, plus je perds mes moyens.

L'espace de quelques secondes, il eut l'impression d'associer des attentions à celles de Cordell autrefois. Gabriel se sent sale, écoeuré de lui même pour avoir songé à la luxure et pire encore - la sincérité des instants partagés.

Nous sommes chanceux que Cordell ai marché dans notre sens.

Tu mens si mal, Gabriel. Pas toujours, mais quand tu parles de sentiments tu fuis de la façon la plus grotesque qu'il soit ! Une chose est sûre, le jour où j'arriverai à ne plus voir de mensonge, c'est que tu m'aimeras plus.

Mais si vous voyez quoi que ce soit d'étrange je ne veux pas une hésitation ; appellez moi de suite. Et finalement, ses yeux rencontrent leurs semblables. Si quelque chose vous arrive je ne me le pardonnerais jamais.


featuring harry
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*
STAGIAIRE
Harry Marlow
Crédits : 62
Harry Marlow

Mer 5 Sep - 22:43
music

Quelque chose éclate au noir de tes iris, quelque chose de rougeoyant, quelque chose d'infernal - une braise. Celle d’un incendie. À chacun de ses mots, tu sens la distance entre vous, dont tu dénonçais déjà l’ampleur, grandir.

Trop proches, ne pas se méprendre, mon rôle est de vous protéger, si quelque chose vous arrive, je ne me le pardonnerais jamais… Voilà ? Ça y’est ? Le compte est bon, les horloges sont à l’heure ?

Pour la seconde fois dans ta vie, on te relègue à la peau de l’agneau miséricordieux dont on doit s’assurer la santé, la protection. Pour la seconde fois dans ta vie, tu te sens abandonné.

Et c’est peut-être égoïste et immature, et c’est peut-être une monstrueuse méprise, mais Dieu que tu lui en veux, Dieu que tu te sens lésé.

« Vous ressemblez à Cordell. »

L’incendie éclate - se propage au travers de ton corps, te poussant à te lever pour mieux lui faire face, pour mieux l’acculer.

« Combien de fois m’avez-vous tenu ce discours du gardien protecteur ? Vous dites me vouloir sain et sauf, me vouloir à vos côtés et vous ne cessez, putain… Vous ne cessez de me repousser ! »

Aussitôt tu recules, cherchant dans la brusquerie de tes mouvements et une autre cigarette, un moyen d’évacuer ta colère. Recherche vaine, pour le moment.

« Vous allez continuer longtemps à me protéger de cette manière ? Comme une ombre, de loin ? Vous croyez que j’en ai envie ? Vous me sauvez, je l’ai dis, vous me sauvez chaque jour et bordel, je n'demande pas un chevalier, je demande un ami ! C’est mon ami qui me sauve ! Ce n’est pas Gabriel Ardan, l’agent du MIB ! »

À force de faire les cents pas dessus, le tapis de laine s’empâte de plis. Non sans te fendre d’un râle sourd, tu ouvres la fenêtre et t’assois sur le rebord. Qui sait ? L’air frais aura peut être raison de ce feu qui te consume.

« Vous perdez vos moyens devant moi ? Et je dois dire quoi, moi ? Je dois dire quoi quand, mon ami - et j’insiste, Ardan, j’insiste, vous êtes mon ami, pas un putain d’ange gardien en armure blanche - se taille l’invitation chez mon ex papa pour se payer sa tête, au sens sanglant du terme ! Hein ? Je vous l’avez dis, non ? Que je lui avais pardonné, que je ne tenais pas à ce qu’il crève… Mais non. Le chevalier, l’ange en armure blanche, veut me venger alors il me venge. »

Visiblement, l’air frais ne change en rien tes états diaboliques. Tu persistes à l’attaquer, à aboyer, comme un lion à qui on refuse la liberté.

Toutes ces semaines de fatigue, d'affliction et de tension, ont raison de tes nerfs et de ta raison. C'est comme casser le barrage contenant les eaux d'un lac et permettre ainsi aux eaux de noyer le monde.

« Oh et… Dites moi, à quelle date est prévu l’arrêt de vos mensonges ? Non parce que… Très cher Gabriel, je suis jeune, mais pas stupide. Je sens très bien que derrière vos jolis yeux bleus, vous avez de vilains tourments. Alors, peut-être que j’en demande trop ? C’est ça, être votre égal, c’est trop ? Pouvoir, moi aussi, vous sauver, vous aider, vous écouter, non ? Je suis trop fragile ? »

Et c’est lorsque tu croises ton reflet dans le miroir, dans ta démarche folle et sans direction, qu’un torrent de flots froids se déverse du point le plus haut de ton corps au point le plus bas. Instantanément après, tu t’effondres sur le fauteuil.

Joues rouges, souffle haletant et yeux humides - tu t’offres une minute de silence. Une minute.
Puis, sans raison aucune si ce n’est le résultat de ce quart d’heure volcanique, tu éclates de rire - un rire si triste, si secoué, si douloureux…qu’il en imprègne les murs du bureau.

Et à ce rire, il aura fallut moins d’une minute pour se changer en sanglots.

« Je suis désolé, Gabriel, je suis désolé, tellement désolé, je ne veux pas que vous me laissiez seul, je ne veux pas… Pas après tout ça… Ne me laissez pas, je vous en supplie… Sans vous à mes côtés je… Je ne sais pas… J’en mour- »

On frappe. Tu te figes.
Une voix féminine s’élève.
Une voix familière.

« Harry, Harry Marlow ?  Es-tu là ? »













*
AGENT
Gabriel Ardan
Crédits : 18
Gabriel Ardan

Jeu 6 Sep - 8:39


REDEMPTION

musique - Les mots de Harry sont alors comme des couteaux. Gabriel le regarde dans les yeux tandis qu'il se fait poignarder à des dizaines de reprises. Il ne dit rien. Pas parce qu'il n'y a rien à dire mais parce qu'il a peur de mourir un peu plus, à chaque phrase, à chaque exclamation, espérant pouvoir souffler à la prochaine virgule mais, non, rien. Vous ressemblez à Cordell et cela sonne comme la dernière chose que l'on peut briser.
Le cœur d'Ardan se serre à l'instar de sa gorge, brûlante d'une drôle de mélancolie... De chagrin.

On l'a détesté, beaucoup trop de fois, il s'y est même accoutumé. Mais aimer, ô grand jamais. Comment le montrer, comment le prouver, comment le dire, comment accepter et s'en aller ? Pour la première fois, il n'y a ni réponses, ni solutions. Juste cette douleur qui lui prend chaque membre, chaque organe, les presse et les tord mille fois de suite.

Quand soudain, leur bulle éclate pour la toute dernière fois. Gabriel en sursaute, lui qui est pourtant à l'affût de chaque bruit. Il ravale ses larmes aux bords de ses paupières et, une fois la main sur la poignee, il parvient à dire à son bourreau, à mi voix ; Si je ressemble à Cordell alors je ne peux pas être votre ami. Confie-t-il froidement.
Non, tristement.

Car rien n'est froid désormais. Tout est brûlant. Du bout de ses doigts à sa langue, de ses jambes à son crâne, il se sent jeté depuis le haut d'un volcan.

Il ouvre.

C'est une jeune femme, grand sourire qui porte un badge de journalisme autour du cou. Il faut un instant de battement pour que Blue réagisse. Tenez Marlow, puisque vous avez envie de parler, je vous laisse vous en occuper. Dit-il d'un faux sourire qu'il ne parvient même pas à esquisser sans en faire une grimace pathétique.

Sans même attendre la réaction de l'un ou l'autre, Ardan s'éclipse, dépassant la femme en la bousculant malencontreusement. Il a besoin de respirer, de réfléchir. Mais où ? Ses pas accélèrent, il fuit quelque chose, il lui faut une échappatoire. Pas l'extérieur, pas le hall, pas chez lui - il n'aurait pas le temps.

Alors, ses jambes l'amènent au sous sol - un lieu de jeu pour lui, un lieu de tourments pour des malheureux.
Aujourd'hui, lequel des deux est-il ?
Lui ?
Les malheureux ?

Il s'enferme dans la pièce sombre qui sent encore la javel - comme si rien ne se passait ici. Gabriel prend place au centre, sur une chaise, le visage dans ses mains et il craque. Il serre ses dents, ses poings, s'en tire les cheveux et laisse un râle de douleur s'échapper. Mais il ne pleure pas parce que son téléphone se met à sonner.

Il décroche.

Allô ? Gabriel ?
Nancy ? Sa voix se tord un peu plus.
Hey... Tu as l'air triste.
J'ai juste... Peut-on se voir... ?
Non... Non on ne peut pas. Désolée.
Tu n'es pas seule, je suppose.
Non...
Il est bien ?
Oui. Il l'est.
Tant mieux.

Un moment de battement. Et c'est comme s'ils pouvaient se regarder à nouveau, yeux dans ses yeux, par le biais de leur imagination. Il la voit teintée de tristesse, de joie et surtout d'espérance.

Je voulais juste te dire que je quittais Cosmopolis.
Où partez-vous ?
En Islande.
Ça doit être magnifique.

Nancy a toujours aimé les pays nordiques. Elle lui demandait toujours de partir en vacances quelque part entre le nord de l'Europe ou l'Europe. Lui, avait passé son temps à lui faire de fausses promesses et aujourd'hui, elle réalise son rêve. Gabriel n'arrive pas à lui en vouloir.

Je suis tellement désolé... Tellement désolé de ne jamais avoir pu t'offrir ce dont tu rêvais.
Tu es une bonne personne Gabriel. Mais tu te laisses bouffer par je ne sais quoi. Et ça te détruit. Je le sens. Je l'entends. Je sais que tu es désolé. Mais tu ne pouvais rien y faire... On ne pouvait rien y faire.
...
Au revoir Gabriel... N'oublie pas de profiter de la vie.

Elle raccroche et laisse Ardan face à un silence davantage plus pesant. Il reste un instant ainsi, l'oreille contre son téléphone, le teint pâle et les yeux rouges. À quel moment sa vie a pris ce chemin ?

Quelques minutes plus tard, il remonte à l'étage, les bras ballants et le regard sur ses pieds. Il ignore les regards de ses collègues. Trace sa route jusqu'à son bureau. Quand il entre, il ne dit rien. La journaliste est toujours là, à le martyriser de questions.

Gabriel prend place, tombe lourdement sur sa chaise. Il fixe l'écran de son mobile. Son esprit est ailleurs.
Perdu.



featuring harry
©️ SIAL ; icon tumblr


*
STAGIAIRE
Harry Marlow
Crédits : 62
Harry Marlow

Jeu 6 Sep - 10:00
music

Il n’a d’autre réponse que celle de t’offrir son dos et ce sourire à fendre une armure. Aucune autre. Voilà. C’est terminé. N’est-ce pas ? C’est terminé… C’est terminé… Ce que vous aviez commencé à deux, tu le finis seul - tu le brises. C’est terminé.

La porte claque, il s’en va, elle entre.

Sans bouger du fauteuil, figé dans un mutisme de pierre, tu la laisses gagner ta hauteur. C’est à peine si tu l’entends te saluer, si tu la sens te toucher le bras. Perdu dans les brumes, tu erres et ni rosier, ni champ de fleurs, ni lumière ne viennent à ton secours.

« Harry… Harry, est-ce que ça va ? » Elle agite ses mains sous tes yeux et lorsque les tiens se posent sur le contour flou de sa silhouette, tu fonds en larmes. C’en est pitoyable, ridicule. Tant et si bien que tes sanglots s’entremêlent à nouveau à ton rire.

Piètre clown que tu fais.

« Harry, Harry, qu’est ce qu’il y’a ? » De la chaleur, il te faut de la chaleur - un phare, une ancre, quelque chose. Tu ne veux pas être seul, tu ne veux pas être seul, tout sauf cela… Il t’a abandonné, tu l’y as poussé. Non, non, non… Un phare, une ancre, quelque chose… Quelqu’un…

Alors tu te lèves et d’une brusquerie désespérée, tu broies Lenny contre le mur. Le choc lui arrache une plainte, brève et surprise, déformant les lignes courbes de sa bouche. À celle-ci, tu t’imposes, de cette même brusquerie, de ce même désespoir.

Tu cherches dans cette étreinte tiède un salut. La sortie d’une réalité devenue trop distante, trop cruelle. Et tandis qu’elle t’accueille avec faim, tandis qu’elle t’enlace et soupire - ce dos et ce sourire à fendre une armure hantent ton esprit.

Lorsque votre contact se rompt, elle est joie et tu es indéchiffrable. Lentement, tu pars te rasseoir non pas sur le fauteuil de son bureau mais sur ta table. Là est ta place, Harry.

« Que me vaut cet élan, Harry ? » - Lenny s’assied à tes côtés, te gratifiant d’un ronronnement de chatte charmée et charmeuse.

Avec ses longs cheveux blonds, ses joues rosies, son nez retroussé et ses grands yeux noisettes, elle a les airs d’une poupée. C’est indéniable, elle est jolie. D’ailleurs, tu l’as toujours trouvé jolie. Même lorsque vous n’étiez que des enfants.

« Tu m’as manqué. » mens-tu, entrelaçant ses doigts aux tiens. De la chaleur, je veux de la chaleur. « Comment vont Monsieur et Madame Davis ? » Elle sort une cigarette de sa poche, une « pink éléphant » - ces cigarettes roses au goût de vanille. Ces cigarettes qu’elle a toujours fumé.

« Papa va bien, il se tape une de mes copines. Maman va bien, elle se tape un collègue de papa. À Noël, on va être nombreux. Ça va être l’éclate ! » - elle s’esclaffe.

Légèrement, tu souris, amusé de voir que certaines personnes restent les mêmes et que Lenny fait partie, contre toute attente, de cette catégorie. Elle est toujours aussi dragueuse, aussi intrusive, aussi folle…Et elle fume toujours ces cigarettes roses au goût de vanille.

« Bon et toi… Que s’est-il passé ? Tu vas bien ? Pourquoi pleurais-tu à l'instant ? » - l’inflexion de sa voix trahit son inquiétude. Cela te touche, mais aussi et surtout, cela t’ennuie. Tu n’as pas très envie de revenir sur le passé, si récent soit-il.

« Harry, je me suis tellement inquiétée, si tu savais… J’ai imaginé le pire ! Tu sais, tu peux venir chez moi. J’ai mon appartement maintenant ! Oui ! Y’a de la place en plus. Tu ne serais pas seul. » À ce mot final, tu tiques. À ce mot final, tu l’embrasses une seconde fois et une seconde fois, elle approfondie, affamée de toi, ce baiser égoïste.

« Désolé… Je… J’suis un peu perdu et - » - Elle t’empêche de poursuivre, encadrant ton visage de ses paumes. « Je ne vais pas m’en plaindre. Nos derniers baisers remontent à si loin… Je me rappelle de celui que nous avions échangé dans mon lit, la veille de ton départ, juste avant que l’assistante vienne te chercher. Je revois la tête de maman, le matin, quand je lui ai dis que j’étais heureuse de ne plus t’avoir comme frère, parce que l’inceste, ce n’est pas cool ! Si j’avais pu la prendre en photo Harry… Oooh j’me suis tordue de rire ! »

Tu te doutes que Madame Davis n’a pas dû rire, elle.

« Mh, mh, je te crois… Tout ça… Cela fait pas mal d’années… » À ton tour de t’allumer une cigarette, lasse. « En tous cas, ne t’en fais pas. Je vais bien. Et puis je- » Ardan entre. Impassible, il rejoint son office. Ta poitrine se tord, se comprime. « J’ai un bon mentor. » Tu conclues, le désignant d’un vague regard.

« Oh… Je vois. Je crois l’avoir croisé dans le couloir de l’hôpital… Ou alors je confonds ? Oh, maintenant que j'y pense, tes blessures, tu es guéris, ça y’est ? Oh et, viens chez moi ce soir, ce n’est plus une demande, c’est un ordre. Nous avons trop de choses à nous dire Harry ! Quand tu t’es mis à m’ignorer par sms, j’ai cru que tu t’étais trouvé une nana… Mais non, tu t’es trouvé un boulot et du danger ! Je ne sais pas si c’est mieux, ahahah ! Oh Harry, mon Harry. » Elle fond dans tes bras, t’enveloppant de son doux parfum de vanille et de tabac.

Puis, se rappelant certainement du pourquoi de sa présence, elle quitte la table de bois pour rallier l'horizon d’Ardan. Polie, mais non moins déjà habitée de cette avidité propre aux journalistes, elle sort son calepin et un crayon.

« Agent Blue, bonjour, je suis Helen Davis, mais vous pouvez m’appeler Lenny. Vous devez être aux faits de ma venue par vos supérieurs. Je suis mandatée par les Archives du gouvernement. Harry étant flemmard - remarque à laquelle elle joint une grimace moqueuse à ton adresse - je préfère prendre votre témoignage en premier. Alors… Dites moi… Comment avez-vous su que Harry avait l’intention de tuer Mr. Cordell ? Comment avez-vous vécu l'idée de savoir que votre protégé s'apprêtait à tuer ? »

Toi, tu ne bouges pas - tu ne les regardes pas non plus. Seule la fumée grisâtre de ta comparse d’infortune t’intéresse - oblongue et informe, elle danse au dessus de tes cils. Hors du temps, hors du monde. Tu l’envies.













*
AGENT
Gabriel Ardan
Crédits : 18
Gabriel Ardan

Jeu 6 Sep - 12:56


REDEMPTION

Une voix inconnue l'extirpe de ses songes. Il regarde ses pieds. Tu es ici. Maintenant. Quand il relève les yeux, il peut détailler la journaliste d'un peu plus près. Jeune, presqu'autant que Harry. Ils semblent même se connaître, intimement. Malgré ton manque d'attention, tu as bien remarqué leur proximité du coin de l'oeil - quelques touchers, discrets mais pas timides. Puis des baisers, langoureux. Il n'en a pas tenu compte, peut-être parce qu'on ne peut plus le toucher davantage.

Une jolie blonde aux yeux pétillants, qui n'a pas langue dans sa poche mais cela est bien un trait commun au corps des médias. Répondre à des questions, encore et encore. Il commence à s'en sentir las. Il n'a jamais aimé qu'on lui porte ce genre d'attention qui plus est. Mais peut être a-t-il besoin de ça pour effacer Nancy et Harry de ses troubles, ne serait-ce que pour un instant.

Il s'autorise quelques secondes pour remettre ses idées au clair. Se rappeler de cette macabre fable.

J'étais déjà au courant de son passé avec Mr Cordell. Il se remet droit. J'ai remarqué que quelqu'un avait fait des recherches concernant sa libération. Et ça ne pouvait qu'être lui et puisqu'il était introuvable... J'ai directement conduit jusqu'à la demeure. Son ton n'est pas naturel. Entre chaque phrase, il s'octroie un instant pour ne pas laisser sa voix trembler de trop. En toute honnêteté, Cordell aurait bien mérité de mourir. Et pire encore. Je ne pouvais juste pas... Laisser Harry détruire sa vie davantage. Suivent des propos, ses yeux s'attardent sur le concerné. J'ai passé plus de vingt ans au service du MIB. Je n'ai pensé qu'au travail et c'est la première fois qu'on me confie une nouvelle recrue. Peut être que je le couve trop. Vous ressemblez à Cordell. Son poing se serre. Mais je ne le laisserai jamais tomber.

Il soupire, et son regard fuit à son tour. Lenny fait preuve de mutisme, un sourire nerveux sur le coin de la bouche.

Je vois. Vous avez donc une sorte de relation père-fils, au final. Y en a un à qui ça doit faire du bien. Elle lance un clin d'oeil grossier vers Marlow.

Mademoiselle Davis. Il la coupe, froidement. Rappelée à l'ordre, Helen se plante comme un piquet face à Blue. Vous semblez être très proche de Harry. Quand bien même je ne doute pas de vos capacités je ne pense pas que vous soyez la meilleure qualifiée pour faire cette interview. Vos interprétations risquent d'être biaisées par vos sentiments et ce manque de professionnalisme ne vous en sera en rien utile pour votre futur.

Nancy soupirerait. Lui dirait que ce n'est pas la peine d'évacuer sa colère sur les autres. Mais Nancy part pour l'autre bout du monde, alors, peu importe.
La jeune femme cherche à en placer une, mais Gabriel prend le pas aussitôt.

Je ne répondrai à aucune autre question. Peut être avec l'un de vos collègues. Mais pas vous. Vous pouvez aller roucouler en dehors de mon bureau si c'est ce qui vous intéresse réellement. Ses sourcils se froncent. Ne m'obligez pas vous mettre dehors.


featuring harry
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*
STAGIAIRE
Harry Marlow
Crédits : 62
Harry Marlow

Jeu 6 Sep - 18:57
music

Tu écoutes, d’abord avec un manque évident d’intérêt et d’attention puis, à l’entente d’une phrase en particulier Mais je ne le laisserais jamais tomber. - ton comportement change. De biais, tu observes leurs silhouettes - tu observes leurs gestes. À présent, tu en as, de l’intérêt et de l’attention.

L’échange entre Lenny et Ardan n’a rien d’une sinécure, fait que tu as immédiatement compris - c’est froid, expéditif et protocolaire. À l’exception faite de la menace finale, étonnamment cinglante - à laquelle la préposée répond d’un sourire narquois. Et ce sourire, Harry, tu le connais.

Elle ne va pas si facilement se laisser mettre à la porte, sous prétexte de roucoulades. Non pas qu’elle s’y refuserait si tu lui en faisais la proposition pour éviter un orage. Qu’est-ce qu’il t’en couterait, par ailleurs, de dire « Lenny, sortons et allons baiser, cela vaut mieux » ? Rien, en soit. Or, tu demeures muet.

Un besoin pressent d’assouvir ta curiosité, aussi fraîche qu’inexplicable, prend le pas sur ta logique. Pourquoi Ardan se montre t-il aussi peu courtois, lui qui, d’ordinaire, est l’exemple par excellence de ce que doit être un parfait gentleman ? Serait-ce parce qu’elle est ton amie ? Serait-ce parce qu’elle a ce côté agaçant et bavard ?

« Je suis navrée, Agent Blue, mais je ne partirais pas. Je roucoulerais avec Harry lorsque j’aurais terminé mon interview. » Aussi piquante qu’une guêpe - vraiment, elle n’a pas changé. Lorsque mademoiselle veut, mademoiselle obtient. Si on refuse ce que mademoiselle veut, mademoiselle devient la reine des chipies.

« Donc… Vous le couvez trop, si je reprends vos mots… Intéressant. Pourquoi cet élan paternel à son égard ? Est-ce ce même élan, ou peut-être un lien affectif plus fort, qui vous a poussé à risquer votre vie ce soir-là dans la résidence ? Aux dire des agents du FBI, Harry était gravement blessé mais vous aussi. Comment s’est passée la confrontation avec Cordell ? J’ai également appris qu’il a été sodomisé avec une barre de fer… Je n’imagine pas Harry faire une telle chose, mais… » - elle hausse les épaules, la mine hautaine et puant l’hypocrisie. « Je suppose que c’est mal le connaître… »

Véritable vautour incarné, elle se déplace avec aisance dans la pièce - ne restant jamais à hauteur de son interrogé, de sorte de ne pouvoir être la proie d’un contact physique échaudé ou de sorte de ne pas se trouver en position d’infériorité.

C’est incroyable à quel point ce métier, journaliste, lui sied - elle n’aurait pas mieux réussit dans un autre domaine.

« Tu me connais mal, en effet. » renchéris-tu, un tantinet sarcastique. Après quoi, tu délaisses ton reposoir de bois pour le rebord de fenêtre. Ouverte sur l’extérieure, elle laisse s’engouffrer sous ta chemise l’appel frais de la liberté. Appel auquel tu ne peux, hélas, pas répondre.

« Oh Harry, ne sois pas peste. » Elle glousse, mauvaise, avant de piquer la cigarette que tu venais de coincer entre tes lèvres. Vol dont elle te remercie d’un baiser bref mais néanmoins moite, non sans s’assurer également d’avoir été à portée de mire d’Ardan.

Tu soupires. Autant satisfaire ta curiosité t’importe, autant devenir un pion entre les deux t’insuporte.

« Lenny, viens, je suis prêt à répondre à tes questions. Allons boire un café sur le parvis du bâtiment, dehors. » Tu la tires par un bras, elle résiste. « Non, non. Nous sommes au chaud ici, c’est plus agréable. Qui plus est, je n’en ai pas finis avec ton mentor. Ne sois pas si hâtif mon chéri, nous aurons tout notre temps ce soir. » - conclusion qu’elle agrémente d’une moue taquine.

La reine des chipies…

« Car, tu viens, ce soir, n’est-ce pas ? Je te l’ai dis, tu ne seras pas seul ainsi et puis mon appartement est vraiment sympa. » Cette fois-ci, tu ne tiques pas, non, tu te contentes de dodeliner de la tête, les pensées trop brumeuses pour être parfaitement réactif. « Mh mh, je viendrais, mais partons, allez, Ardan a du boulot. »

Elle ne sait pas cuisiner une fondue bourguignonne, elle… songes-tu avec dépit.

« Non, je reste. » Affirmation des plus claires. Lenny te délaisse à ton agacement passif et s’en retourne jouer les vautours. « Alors, dites-moi tout, j’attends. »

Le nez en l’air, adossé contre la bibliothèque, ne te restent que les grains de poussières et reflets du soleil couchant comme compagnons. Le tableau ressemble à s’y méprendre à un ciel étoilé, dépourvu de nuit, certes, mais tout de même joli.

C’est alors, jaillissant des limbes de ta mémoire, que te revient la dernière image de cette nuit dans la forêt, au sortir de votre drame.

Les astres, la lune, le vent froid, les branches d’arbre et ton murmure, ton murmure à mi-mots…

J’aimerais être du bleu.

Tu crèves soudain d’envie que Lenny t’enlace.













*
AGENT
Gabriel Ardan
Crédits : 18
Gabriel Ardan

Jeu 6 Sep - 20:04


REDEMPTION

musique - Gabriel finit par la dévisager - il n'y a jamais rien de bon à ce que Gabriel Ardan en arrive là. Il ne la quitte pas des yeux, à l'image d'un prédateur pendant que sa proie pense pouvoir s'en tirer avec quelques pas de course. Surtout lorsque tout à coup, ses questions se transforment en attaque et ses roucoulades en arme. Au même instant, il se perd un peu - Jude, Helen, que se passe-t-il, que valent-elles vraiment à ses yeux ? Il pourrait se venger et sous-entendre ce qu'il se trame avec l'autre jeune recrue mais il n'est pas aussi fourbe et aussi en colère envers son protégé pour lui infliger une telle peine.

Il se lève, d'un bond. La journaliste en a un souvenir en coin - elle sait qu'elle l'a mis en colère et elle s'en nourrit, comme une véritable vorace. J'ai protégé ce garçon au prix de ma vie parce qu'il compte autant pour moi qu'il compte pour vous. Et vous devriez vous satisfaire de sa vie plutôt que de nous accabler de questions auxquelles nous avons déjà répondu. Si vous faisiez correctement votre job, vous n'auriez même pas eu besoin de les poser.

Elle ne tient pas compte du pic lancé. Elle préfère hausser les sourcils. Vous voulez dire, vous tenez à lui comme à un petit ami ?

Ardan se tait. Il ne doit pas. Il doit rebondir. Mais le temps de chercher ses mots et Helen en avait un sourire moqueur, grimaçant une fausse stupeur. Oh mon dieu, c'est ça ? J'ai touché dans le mile. Je comprends, tout le monde se jette sur Harry quand on commence à le connaître. Elle ricane et ne lui laisse pas un instant pour répondre. Mais vous n'êtes pas un peu vieux pour un garçon de dix-huit ans ? Vous avez... Elle feuillette son carnet. Ah oui, 42 ans. Donc, 24 ans d'écart avec votre petit protégé. En sachant que la majorité aux Etats-Unis est de 21 ans, vous risquez de vite être considéré comme un pédophile. Quelle plaie... Quitter un monstre pour un autre. Elle soupire, faussement peinée. Elle ne lâche pas le morceau. Je me demande ce que le MIB penserait de vous, s'il savait. Le foudroyant agent Blue, qui tombe pour des adolescents !

Le visage de Gabriel se bouilli de rage mais, même aux abords de ses lèvres, il ne hausse pas la voix et tente de ne montrer aucun signe de panique. Mon ami. Il affirme. Harry est mon ami. Il détourne son bureau pour se planter devant elle, qui recule par réflexe. Lorsque soudain, elle murmure, ignorant ses propos : Maintenant que ceci est clair, je n'ai plus de doute sur le coupable du viol de Cordell. Et son sourire retrousse le bout de son nez.

Puis soudain, le visage de Gabriel devient hilare. Il s'abaisse à son niveau pour la ridiculiser. Vous savez ce qui est drôle, mademoiselle Davis ? Il la jauge, de la tête aux pieds. C'est que je n'ai jamais entendu parlé de vous. Alors en plus d'être une piètre journaliste, vous devez être une piètre petite-amie. Sa voix se transforme en un murmure. Ne soyez pas un rapace avec vous car vous perdrez à votre propre jeu. Et... Son ton devient menaçant. Ne vous amusez pas à modifier mes propos ni à raconter de fausses histoires. Vous le regretterez. N'en doutez pas un instant. Il se redresse. Maintenant, dehors.

Sans crier gare, il lui saisit le bras avec force. Lâchez-moi sale taré !! Lâchez-MOI ! Vous n'avez pas le droit de me toucher.
Et vous n'avez aucun droit d'être ici. Il la pousse dans le couloir avant de refermer la porte.

Elle tape contre cette dernière, hurlant des insultes. Ardan s'adosse contre la paroi, essoufflé, les yeux rivés au sol. Harry.
Harry est toujours là.

Le regard toujours voilé par la colère, il lui dit : Vous pouvez la suivre, si vous voulez. Je ne veux plus répondre à quelconques questions à propos de cette histoire. Il prend une grande inspiration . Jamais.


featuring harry
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*
STAGIAIRE
Harry Marlow
Crédits : 62
Harry Marlow

Jeu 6 Sep - 21:06
music

Pas à un seul instant, tu n’es intervenu, pas à un seul instant tu n’as flanché. Tout au long de leur échange, duquel des éclairs de fiel ont jailli, tu as écouté, attentif, contemplatif. Un mot décortiqué après l’autre au noir de tes méninges.

Ils ne le savent pas, mais tu les as disséqué, à l’égal de rats de laboratoire. Lentement, calmement et avec précision. Ne demeurent, à présent, que l’impassibilité de tes traits et ton étrange et profond mutisme. Même lorsqu’il se saisit d’elle pour la jeter dehors, même lorsqu’elle frappe, furibonde, à la porte - tu ne bouges pas d’un cil.

À la manière d’un vidéo-projecteur, ton esprit projette un film tout à fait particulier au devant de tes yeux. Il prend place au premier jour de ton stage au sein du MIB et se termine ce jour-ci, à la seconde près. Y ont défilé des images, des souvenirs, des joutes verbales.

À quelle fin, ce film, Harry ?

À celle d’avoir conscience d’un fait crucial et pourtant ô combien évident. Un fait pareil… Comment être passé à côté ? Es-tu si hermétique ? Un fait que tu n’auras qu’effleuré, pas même touché, pas même rêvé. Jusqu’à maintenant.

Gabriel Ardan a du désir pour toi.

Le simple fait de le formuler à voix haute t’arracherait le coeur de la poitrine. C’est impossible. C’est insensé. C’est irréaliste. Il ne peut pas. Pas lui. Pas ton mentor. Tu dois très certainement te tromper - c’est un mauvais tour, une farce diaboliquement bien ficelée.

Les bras t’en tombent, inanimés. Tu ne le quittes pas des yeux - tu cherches, tu cherches à trouver la faille, à trouver la fuite, à trouver le contre-argument. Mais il n’y a que son bleu, son bleu limpide, son bleu cristal, son bleu opaque, son bleu dangereux, son bleu fascinant. Son bleu à s’y noyer.

Par quelle magie parviens-tu à reprendre vie ? Car c’est enragée, brûlante et infernale que la vie s’exprime en toi lorsque tu te jettes à sa gorge. Tes mains n’y désirent pourtant pas la mort - non. Elles se glissent, elles se meuvent, elles rampent sur les pans de sa peau, rampent sur ses mâchoires aux lignes grêles.

Puis elles s’abattent, tes lèvres, comme autant de furies diaboliques, pour mieux dévorer les siennes sans clémence aucune. Sous le joug de cette union lascive, ta faim s’accroit - dure et implacable. C’est son parfum que tu inspires, c’est son souffle que tu happes, c’est sa langue que tu goûtes - et c’est ton corps tout entier qui ondoie de ce plaisir damné.

C’est bon. Tellement bon.

Or tu t’arrêtes - tu t’écartes - tu le fixes. Haletant, les joues rouges, la poitrine prête à imploser. Qu'as-tu fais ? Quel crime ? Ce n’est pas correct, ce n’est pas sain. C'est immoral. Pour lui, tu n’es pas un amant, tu n’es pas un amour, tu n’es pas un ami. Tu es un désir. Un désir passager. Une brioche dorée dont le fumet invite aux crocs.

Qui blâmer, Harry ? Lui ? Toi ? Le monde ? Tu ne sais pas.
Ce que tu sais, c’est que tu n’as pas envie de souffrir.
Tu n’as pas envie, même s’il est loin d’être comme lui, même s’il a ton infini tendresse et ton respect le plus sincère, de revivre ce que tu as été pour Cordell.
Non, plus jamais. C'est une promesse de longue date, une promesse inviolable.
Tu ne le seras plus jamais.
Un désir passager.
Je le répète oui.
Un désir passager.

« Je suis désolé, vous aviez raison. » Tu réajustes quelques mèches en bataille, tu tires sur les manches de ta chemise, tu reportes ton regard sur le vide. « Ce…baiser n’était qu’un test, qu’une expérience. Elle a porté ses fruits. Nous devons cesser cette relation, être proches nous nuit. Il faut nous en tenir au cadre professionnel. »

Déclaration à laquelle tu ajoutes, placide - « Je m’en vais rejoindre Lenny. Elle m’attend. Je vous vois plus tard. » Demain. Après-demain. Le jour qui suivra. Le jour qui suivra au jour qui suivra. La mécanique d'une routine qui, tu le pressens, achèvera ta santé mentale et ta santé émotionnelle.

Tu quittes la pièce, le pas lourd et les épaules basses.
Et lorsque tu te retrouves dans le couloir, et lorsque Lenny te voit, et lorsqu’elle t’emmène à l’extérieur pour mieux t’enlacer…

Tu fonds en larmes.













*
AGENT
Gabriel Ardan
Crédits : 18
Gabriel Ardan

Jeu 6 Sep - 22:31


REDEMPTION


musique -





Au milieu des cartons, ils se reposent. Assis à même le plancher, sous la lumière de la fenêtre. Quelques poussières volent.

Des étoiles ! S'exclame Gabriel du haut de ses huit ans.
Attrape-les ! Vite ! Sa mère sourit, de toutes ses dents.

Et hop ! Il jette sa main en plein milieu. Les particules virevoltent entre ses doigts. Il semble déçu mais la jeune femme n'attend pas davantage pour l'applaudir. Le son de ses paumes s'entrechoquant résonne contre les murs.

Bravo mon coeur ! Maintenant... Fais un voeu !
Mais c'est quand tu vois des étoiles filantes ça...

Elle soupire, amusée. Il a toujours été plus malin que les autres, mais elle ne le laissera jamais arrêter de rêver.

Non, c'est aussi en les attrapant ! Allez ! Fais ton voeu.
D'accord... Mmmh... Il lève les yeux, autour de lui, avant de finalement s'arrêter sur ma mère. Je veux être heureux, et amoureux !

Elle rit. Quoi ? Tu ne veux plus le super walk-man qu'on a vu au magasin hier ?

Il secoue la tête.

Non, non. Juste heureux. Et amoureux.
Pourquoi ça ?
Parce que tu serais triste, sinon.

Son regard pétille. Alors, elle lui tend les bras. Viens là. Et sans plus attendre, il se jette au creux de ceux-ci, le dos contre ses cuisses et le crâne reposé contre sa poitrine. Ensemble, ils fixent la lumière et son chemin d'étoiles.

Tu aimes notre nouvelle maison ?
Mh mh.
Quoi, c'est quoi ce mhmh ?
Elle fait peur. Ça grince.
Est-ce que ça changerait quelque chose si tu pouvais choisir la couleur des murs de ta chambre ?
Mmmh... Peut-être.
Dis-moi tout !
D'accord... alors... mh... bleu.
Bleu ! Comme tes yeux ! C'est noté.

Et ils rient, ensemble.

Puis, le silence.



**


Quand finalement, ce sont ses lèvres qu'il goutte - qu'il dévore. Son souffle qu'il sent, sa peau qu'il touche. Et son avidité gronde, et son désir chante, et son caprice brûle, et sa faim se satisfait, finalement. Ses mains cherchent à le pousser, à l'arrêter, et pourtant sa bouche s'accroche à la sienne, sans relâche. Sa mâchoire en devient douloureuse et sa gorge brûlante - il ne peut pas en finir. C'est Harry qui brise cette folie, cette illusion, d'un regard et de quelques mots qui blessent, à nouveau, avant de disparaître.

Il reste un instant ici, avec seulement l'écho de ses dires. Le regard voilé et l'esprit brumeux. C'est quand son coeur se remet à battre vivement contre sa poitrine qu'il réagit et sort du bureau au plus vite pour courir à sa recherche. Il traverse couloirs et couloirs, sans crier son nom. Il dévale les escaliers à vive allure et c'est seulement en le voyant traverser le seuil de l'entrée, Helen pendue à son bras, qu'il finit par crier :

Harry !

Quand soudain, une nouvelle voix l'interpelle.

Agent Blue, nous avons capturé un alien qui ferait parti de l'unité 426. On vous appelle au sous-sol pour... vous savez quoi.

Marlow s'est retourné, a tout entendu. Alors, Ardan, malgré des moments de battement, se contente simplement de le faire venir à sa suite pour descendre. Il lève la main, hésite à le toucher, l'épaule, le dos, peu importe, mais ses muscles se crispent et très vite, son bras retombe contre son flanc.
Ils marchent donc silencieusement vers les Enfers. Ils n'ont sans doute plus la force de parler de ça. D'eux.

Gabriel traverse des dizaines de couloirs jusqu'à la bonne pièce. La porte en métaux annonce vivement la dangerosité de cette mission.

... Vous pourrez partir si ça devient trop dur pour vous. Ce n'est pas joyeux mais... C'est le travail... Il faudra vous y faire. Contentez-vous d'observer. Posez des questions qui vous semblent pertinentes. Ne vous approchez pas trop. Sauf si je vous indique le contraire. Si vous avez besoin d'aide, les portables ne captent pas ici alors courrez jusqu'au téléphone de service dans le couloir pour appeler du renfort.

Sa main se pose contre la poignée. Il se stoppe, nettement.

Je ne suis pas Cordell. Murmure-t-il. Et vous n'êtes pas un désir à mes yeux.

Sans plus attendre, il pousse la porte et rentre.

L'alien est déjà ligoté à sa chaise.

Au centre.

Sous la lumière affaiblie.

Les coins sombres.

Parce qu'il faut effrayer.

Comme Gabriel aimait le faire depuis toujours.

Et aujourd'hui, tout est différent.

Parce qu'il n'y a ni colère, ni rancoeur.
Quelque chose de plus délicat. Plus profond.

Il saisit le dossier qu'on lui a remis au passage.

Bien... Vlake ? Il réagit à son nom, grommelle.

Et comme une comptine qu'il connait par coeur il récite :

Je suis sûr que tu as des tas de choses à nous raconter.
Je suis tout ouïe.


Il secoue la tête.
Non.

Son poing s'écrase contre sa mâchoire - il n'a même pas pris le temps de retirer sa veste ni de retrousser ses manches.
Un second, puis un troisième. Une dent vole. Ses phalanges saignent déjà.

Si vous ne voulez pas perdre un doigt et plus encore, répondez à cette question : où est votre putain de base ?

Il ne fait que le dévisager. Alors, Ardan s'exécute. Il lui brise l'index, le retourne complètement contre le dessus de sa main. Où est-elle ? Pour qui tu travailles enfoiré ?

Il s'approche, un peu plus de son visage. Et il murmure :

Personne.

Blue se redresse.

Marlow, coupez-lui la main si vous avez besoin de passer vos nerfs. Les outils sont derrière vous.


featuring harry
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*
STAGIAIRE
Harry Marlow
Crédits : 62
Harry Marlow

Jeu 6 Sep - 23:49
music

La réalité te rattrape, comme la gravité appelle de ses forces insurmontables l’enclume et tu t’y soumets, résigné. Oh ce que tu préfèrerais fuir, fuir loin dans un pays imaginaire, un pays tiens, un pays sans personne, sans rien.

Lenny reste en retrait, retenu par deux de tes collègues. Hors de question qu’un civile soit aux fait des activités internes. D’autant que le civile en question est journaliste. Sans un mot à son égard, qu’un regard désolé et bref, tu t’éclipses aux côté d’Ardan.

Calé sur le rythme de ses pas, évitant son contact - tu écoutes. Avidement, désespérément. Tu écoutes. Tu tiens à ce que ton esprit n’ait plus que ce travail en tête. Cela marche, un peu. Tu as presque hâte d’arriver au sous sol et ton voeu s’exauce quelques minutes plus tard.

Or, juste avant que vous n’entriez, il récite tes pensées - celles naguère, qui eurent raison de ce moment de grâce, de ce crime de chair. Vous n'êtes pas un désir à mes yeux. Blême, tu ne dis rien - pourtant, aux abysses de ta gorge, gronde un démon.

L’interrogatoire débute.

Debout, impassible, à l’ombre d’un recoin de la pièce, tu observes.

Vlake. Pauvre Vlake. Il ne dit rien, fier et fidèle aux siens, en dépit des atrocités qu’il endure. Atrocités appliquées avec soin, sans faute, sans retenue. Ardan est un monstre. Le voir se plier aux caprices de la violence te ramène à cette vision de lui, lame en mains, prêt à ôter la vie de Cordell.

Un malaise s’éprend de tes entrailles, à l’image d’un serpent - il se tord, il se noue, il te broie l’estomac. Tu aimerais le vomir, tu aimerais le vomir lui et les oeufs d’amertume et de bile qu’il pond au noir de tes organes.

Le craquement des os - les cris qu’on étouffe contre ses dents - les suppliques logées aux orées des prunelles - les poings qu’on serre - les muscles qu’on contracte - la souffrance qu’on défie. C’est le chant du corps de la proie dans les crocs du prédateur.

Ce chant, tu le connais.
Non seulement, tu l’as vécu, mais tu l’as entendu - dans tes rêves.
Tant de fois, tu l’as entendu dans tes rêves, oui, tant de fois.

Des personnes, dont tu n’as que visages et contours, dont tu n’as que sons et odeurs - pas de nom, pas de date, pas de lieux. Des personnes qui échoient de morts barbares, terrifiantes et innommables.

Tant de fois, tu l’as entendu, ce chant, tant de fois. Sans jamais comprendre, sans jamais chercher une explication autre que ce n’est qu’un cauchemar, un cauchemar né de mon imagination tordue, un cauchemar et rien d’autre

Le râle de Vlake t’arrache à tes fantômes, et tu poses une attention navrée sur ses plaies, déjà béantes. Elles suintent un liquide visqueux - serait-ce de l'hémoglobine ? Une nouvelle fois, tes joues se décolorent.

Et à l’instant où Ardan t’invite à lui couper une main, la seule réponse que tu aies à lui offrir est la glace de ton stoïcisme. « Je ne le toucherais pas. » N’avais-tu pas dis, Harry, pouvoir aimer les monstres ? N’avais-tu pas dis, lorsqu’on plonge dans l’horreur, lorsqu’on s’y baigne, lorsqu'on la laisse nous immerger, qu’elle peut nous devenir familière, voir même aimante ?

À présent, tu en doutes.

Cependant… Outre ce doute, outre le dégoût et ta morale, demeure le démon. Le démon qui gronde aux abysses de ta gorge - celui qui te murmure de répondre à tes désirs les plus sombres, à tes pulsions les plus odieuses. Celui-là même qui te susurres qu’entre ces murs, tout est un secret. Celui-là même qui te convies à dévorer Ardan, à l’enchaîner à tes lèvres. Celui-là même qui t’observe, toujours dans ton dos, lorsque tu parles au rosier.

Celui-là même qui triomphe, maintenant, tout de suite, alors que tu viens de recevoir une giclée de sang au coin gauche de ta bouche. Tu l’en laves du bout d’un pan de ta chemise - un sourire fleurit alors, énigmatique et indolent.

Le sang appelle au sang.

Tu t’avances à leur hauteur, silencieux. D’une révérence tu t’inclines et Vlake te dévisage. Puis, le geste vif et précis, tu enfonces ton index droit dans son orbite droite, encore, encore, encore ; jusqu’à ce que ta paume juxtapose la cavité retournée.

« C’est poisseux. C’est désagréable. » - et tu retires d’un coup sec ton doigt, l’oeil embroché en trophée depuis l’ongle jusqu’à ta première phalange. Un sillon sombre dégouline le long de ta main, jumeau de celui dégueulé par le trou béant et pillé de son hôte.

« Je l'ai touché. Perdu. Donnez-moi un gage, Gabriel. »

Harry, tu te mets à rire, amusé, et l’écho te renvoie une voix qui n’est pas la tienne.

Harry, tu souris de toutes tes dents,
Voilà signe de mauvais temps ! 














*
AGENT
Gabriel Ardan
Crédits : 18
Gabriel Ardan

Ven 7 Sep - 0:27


REDEMPTION


musique - Pour la première fois, Gabriel le regarde avec horreur tandis que son doigt s'enfonce à demi dans le globe oculaire de la victime - pas par compassion pour cette dernière mais bien pour son bourreau. Ardan regrette ses paroles, ses invitations. Et quand le jeune garçon le fixe avec cette grimace horrifique sur le visage, il se stoppe, net. Tel est pris qui croyait prendre.

D'un pas hâtif, il lui saisit le poignet et le secoue pour le défaire de ce troisième oeil. Il tombe au sol dans un bruit pâteux et abandonne un instant la victime de leur colère derrière eux, geignant de douleur entre ses quatre murs d'angoisse et de tourment.

Il aimerait lui dire quelque chose mais il ne veut pas le faire face à n'importe qui - surtout pas un alien. Autrefois, il aurait ignoré les dérives de son partenaire pour finir son travail mais aujourd'hui, tout est différent. Tout est plus inquiétant, tout est plus minutieux, tout est plus... inédit.

Alors, sans même lui laisser le choix, il le traîne à l'extérieur. Les voilà de retour dans le couloir.

Je suis désolé.

Finit-il par avouer, ayant repris ses esprits par tous les moyens.

Je n'aurais pas dû te demander ça. Il baisse les yeux, ravale sa salive. Je ne veux pas que tu deviennes comme moi.

Pour finalement raccrocher ses mirettes avec son bleu. Il en a même oublié le vouvoiement - de quoi en perdre plus d'un.
Puis, Gabriel ne sait pas trop ce qui lui prend, mais l'honnêteté le prend à la gorge et enfin, sa langue se délie.

Ce qu'elle a dit, c'est un fait. Réel. Malgré moi. Mais si je suis un monstre alors je ne suis pas comme ceux que tu as connu et jamais je ne te pousserai à faire des choses que tu ne veux pas faire. Sa respiration devient plus grondante tandis qu'il imagine déjà Nancy approuver ses dires - elle qui lui reprochait sans cesse d'être trop réservé sur ses sentiments. Voilà. Es-tu fière ? Au départ, je pensais que tu remplaçais une affection vacante. Que tu étais là dans les bons moments, rien de plus. Toi, quelqu'un autre, cela importait peu. Mais après... Sa voix se tord, se meurt dans un trémolo. Quand j'ai su ce qu'il t'était arrivé, je ne pouvais pas le supporter. Je voulais te protéger de la meilleure façon qu'il soit et j'ai été égoïste. Gabriel ricane, nerveux de ses propres choix. Et quand j'ai cru te perdre j'ai réalisé qu'après ça, je n'aurais plus rien.

Silence.

Et que quelqu'un d'autre n'aurait jamais pu te remplacer.

Son coeur se sent passablement léger.

Ton gage... Parle moi. Tout ce qu'il espère. Ou rentre te reposer.


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*
STAGIAIRE
Harry Marlow
Crédits : 62
Harry Marlow

Ven 7 Sep - 3:44
music

Il t’extirpe d’entre les murs, d’entre les râles, d’entre les ténèbres. Contre ton grés, il t’afflige du calme plat du couloir et de ses néons jaunâtres. D’abord, tu te débats, puis tu hurles et enfin tu te figes. Une minute, une minute à peine.

À l’égal d’un mauvais rêve chassé par le jour, ton démon regagne son antre. Alors seulement, tu prends conscience de la réalité et de ce qui la compose. Le visage de Gabriel, sa voix, ta main ensanglantée, les tremblements qui se succèdent à ton souffle.

Qu’as-tu fais ? Qu’as-tu fais Harry ?

Décontenancé, tu te raccroches à ses mots, à sa chaleur - tu le bois, tu le bois comme s’il était un de ces vins précieux et rares, de ceux qu’on offre aux princes et aux rois. Il te lave de cette ombre épaisse et sale que tu sens encore lécher ton échine.

Tu regardes vos pieds. Tu es là, avec lui, maintenant. Tu n’es pas seul. Tu n’es pas seul…

Un sourire émerge d’entre les brumes et vient habiller tes lèvres. « Je ne suis pas juste un désir… » - tu murmures, te joignant à la rivière de ses pensées. Je suis irremplaçable. Ces vérités, comme autant de fleurs, t’emplissent d’une étrange félicitée ; et, paradoxalement, d’un profond sentiment de culpabilité.

Doucement, tu déposes ton front contre son poitrail et en écoute la rythmique régulière et relaxante. À chacun de ses soulèvements, ta propre respiration se modère. Son parfum achève de t’attendrir et tu clos cette étreinte en entremêlant tes doigts avec les siens.

« Il me faut du temps, avant de pouvoir te…donner ce que tu souhaites. Je ne suis pas non plus sûr de pouvoir le faire… » Pour la première fois, tu le tutoies et si cela peut paraître anodin au commun des mortels, pour toi ça ne l’est pas. Cela te demande beaucoup d’efforts.

C’est comme abaisser un mur invisible, séparant l’intime du politique.

« Ce n’est pas toi, c’est moi. Il y’a des fois où je ne sais plus qui je suis et cela me terrifie. Il faut que je résolve ces problèmes, que je comprenne d’où je viens et… Alors, peut-être, peut-être que, oui, je serais assez fort pour être cette personne irremplaçable, qui ne s’effondrera pas au premier chagrin venu ni ne se transformera en prédateur à la première goutte de sang tombée. »

Lentement, tu relèves la tête, sans te défaire de sa proximité - et ton vert rencontre son bleu. Il est beau. Là, tu souhaites l’embrasser. Souhaiter n’est pas même assez fort. Tu désires, tu rêves, tu brûles de l’embrasser. C’est à portée de cils, ses lèvres n’étant qu’à quelques centimètres au dessus de toi.

Or, non. Tu ne le feras pas, tu ne le permettras pas.

« Je veux être fort pour moi pour l’être ensuite pour deux. Si tu ne tiens pas à m’attendre, ne le fais pas. Comment pourrais-je t’en vouloir ?  Je veux cependant que tu saches que, quoiqu’il arrive, je ne te quitterais pas Gabriel. »

Il y’a tellement de cartons à ouvrir, croulant sous la poussière des années, dans cette antichambre qu’est ta mémoire. Il y’a tellement de personnes avec qui tu dois faire amende honorable, il y’a tellement de personnes que tu dois pardonner, et tellement d’autres encore à qui tu dois faire tes adieux.

Il y’a tellement de mystères dans le sillage d’Ardan, tellement de non-dits qui par angoisse sont pendus à sa langue. Son passif meurtrier, ses actes de bonté, les monstres dans le placard qui le hantent…

Si vous n’êtes pas en règle dans vos vies respectives, comment pourriez-vous envisager de l'être dans une vie commune ?

« Si cela ne te dérange pas, je préfère ne pas poursuivre l’interrogatoire. Je vais chercher Lenny. Elle m’attend. Je dois me hâter... » Joignant le geste à la parole, tu t’écartes - non sans regrets. Quelque secondes, tu le toises, à la recherche d’un pincement amer, ou d’un froncement de sourcils désapprobateur.

Puis, et Dieu que c’est bon de la revoir, ta facétie pointe le bout de sa lumière et s’en va étirer davantage cette jolie bouche. « Pour lui dire que ce soir, je dors chez toi. » Ta déclaration incontestable faite, tu t’en vas dans la direction opposée.

Deux mètres plus loin, tu t’arrêtes et te retournes. On ne peut plus érotiquement, tu relèves ta chemise, dévoilant ainsi les lignes tentatrices de ton bas-ventre. Sus-nommé que tu ne manques pas d'onduler lascivement...  « Je dormirais sur le canapé, bien entendu. »

Oh, Harry... Sérieusement...

Ta facétie retrouve définitivement son trône au royaume de ta personne. C’est ta première blague de ce genre en au moins trois semaines. Il était temps ! Satisfait de celle-ci, dont tu ris avec candeur, tu quittes les lieux.

Après tout, ce ne serait pas toi si tu n’étais pas un soupçon diabolique…














*
AGENT
Gabriel Ardan
Crédits : 18
Gabriel Ardan

Ven 7 Sep - 22:47


REDEMPTION


musique - Cela ne dure qu'un instant - l'espace d'un battement. Ses mains viennent timidement peser contre ses omoplates et il dévore cet instant. Il boit ses paroles. Avide de son contact. Affamé de sa présence. C'est comme s'il avait toujours espéré un geste de la sorte, comme une chimère, comme un rêve, qu'aujourd'hui il peut atteindre, le frôlant des doigts, respirant secrètement son parfum enivrant, ensorcelant.

Il veut lui dire qu'il n'attend rien, qu'il n'espère rien. Il veut lui répéter mille fois qu'il ne doit se soucier que de lui. Mais sa voix se meurt dans un soupire tandis que Harry l'abandonne, déjà orphelin de son toucher. La moue d'Ardan affiche un air de surprise tandis qu'il comprend que Lenny ne profitera pas de cette soirée à ses côtés, mais bien lui-même. Son sourire se dresse et il peine à y pallier.

L'adolescent disparaît, non sans une blague salace bourrée de sous-entendus comme il a toujours eu l'habitude de faire. Insolent. Qu'il siffle entre ses dents.

Tandis que ses pas s'étouffent au gré du silence, Gabriel examine la porte. Seul, en face à face avec son reflet horrifique, cette salle dont il connait chaque détails.  Cette fois-ci, il se débarrasse de sa veste et reporte sa peau de bourreau, jusqu'aux bouts des ongles.


**


Sur les bancs à l'extérieur, la tête blonde de Lenny dépasse. D'ici, Gabriel en devine les airs inquiets et disgracieux. Par pure vengeance et par pure bêtise, il stoppe sa voiture en face d'eux. Elle le dévisage. On rentre.

D'un cliquetis, les portes se déverrouillent et Marlow prend place à ses côtés. Abandonnant la jeune femme, seule face à sa propre bêtise d'avoir décelé un tant soi peu de vérité aujourd'hui.

Sous leurs yeux aguerris, Cosmopolis et ses buildings défilent contre les reflets des vitres, pour bientôt disparaître pour un semblant de verdure. Une fois garé face à sa maison, Ardan finit par sortir de son aphasie. Pour en revenir à tout à l'heure... Ce n'est pas une question d'attendre. De résoudre nos problèmes. Il tapote sur le volant. Je ne veux pas attendre. Je ne vais pas le faire. Comme je ne vais rien espérer, ni désirer. Tu es libre. Tu ne me dois rien. Et ses yeux se perdent dans son vert pour la énième fois. Tu sais la vérité, c'est suffisant. Tu n'as pas à la subir.


featuring harry
©️ SIAL ; icon tumblr


*
STAGIAIRE
Harry Marlow
Crédits : 62
Harry Marlow

Sam 8 Sep - 0:26



music

Elle te dévisage avec tant de force lorsque tu arrives à sa hauteur que tu hésites un instant à faire demi-tour. Qu’est-ce que tu vas bien pouvoir lui dire ? Non, le plus important c’est… Comment vas-tu lui annoncer que tu la plantes ce soir ? Cas de force majeur ? Tu es malade ? Tu dois terminer une pile monstrueuse de dossiers ?

Non, c’est plus drôle de lui dire la vérité - tu aimes la tête qu’elle tire lorsque tu l’énerves. « C’était quoi cette urgence ? Valable, rassure-moi, parce qu’attendre dans le froid pour rien c’est pas mon truc, Marlow. » Elle croise les bras et tu ne peux t’empêcher de soupirer, ennuyé. « Oui, oui… Écoute Lenny, je suis désolé mais… Ce soir je ne peux pas venir. Je dors chez Blue. »

Elle recrache son café, à peine retiré du distributeur - c’est plus fort que toi, tu te moques effrontément. « Pardon ?! » Oh, oh… Son nez retroussé et les éclairs qu’elle te lance du regard, ça sent le monologue incendiaire. Tout sauf ça ! « Il doit m’enseigner des techniques de combat au corps à corps… » Harry, c’est pas avec ton sous-entendu grossier et ta fausse naïveté que tu vas arranger les choses. « Je saurais me racheter, promis. » Un jour. Sans doute.

Elle n’a pas le temps de protester, tu lui cloues le bec par un baiser langoureux dont tu as le secret. C’est que monsieur est un Roméo des temps modernes… Ou pas.

Cinq minutes plus tard et la voiture d’Ardan t’embarque, laissant mademoiselle entre émois fleuris et rage volcanique. Tu observes sa silhouette rapetisser à mesure que vous engloutissez les mètres, flanqué d’un rictus satisfait.

Une fois arrivés devant le domicile, the american dream house comme tu aimes à l’appeler, le silence qui vous avez alors accompagné tout au long du trajet s’envole. Gabriel éprouve le besoin de revenir sur un sujet que tu préfèrerais éviter.

Cela te touche, et c’est peu dire mais… Bordel, ça te gêne tellement ! Tu ne sais absolument pas où te mettre ; tu jalouses, là, tout de suite, les souris. Elles n’auraient aucun mal à se glisser dans la boîte à gant ou sous un siège. C’est injuste !

Les yeux fuyants et l’estomac noué, tu peines à maintenir une expression sereine. « Je ne subis rien du tout… Si ce n’est l’augmentation de mon afflux sanguin au niveau de mes joues. Merci. » Aveu qui a raison de toi puisque aussitôt, ton rire retentit.

« Cessons nos échanges fleur-bleue, j’ai un désir bien plus concret en tête. » S’ajoute un temps suspect, agrémenté évidement de ton minois le plus grivois pour une salade d’insinuations piquantes - « Manger. » Quoi d’autre ?

Adios les flics babysitters ! Adios la douche pourrie du foyer !

À peine pénètres-tu les lieux que tu te jettes sur le canapé dans un râle bruyant et bienheureux. C’est bon d’être ici, cela te plaît. Rien n’a changé, si ce n’est le meuble où sont rangés les vinyles, un peu moins bien garni. « Tu vas me cuisiner quoi mon chéri ? » Insolence 1 - 0 Politesse.

Tu te damnerais pour goûter un autre plat français - ton amour des kebabs est en péril…

Confortablement lové dans le dossier de cuir, tu t’allumes une cigarette - c’est avant que tu ne remarques la bouteille de vin sur le plan de travail. Un bond sauvage en avant et te voilà en possession d’un verre plein. Le second, tu l’offres à ton hôte.

L’heure est au toast !

« À nous, puisque moi j’attends, j’espère et je désire, contrairement à toi. » Vicieux tricheur. Il n’empêche, qu’en soit, tu ne mens pas. Tu comptes bien approfondir cette relation qu’est la vôtre - enfin, lorsque tu sauras à quel genre elle appartient et de quoi elle en retourne.

Si tu n’es pas juste un désir, s’il n’est pas juste un mentor, alors… Non, non, non, nooooon, évitons de poursuivre la réflexion sous peine de migraine. Le tutoyer t’embarasse déjà suffisamment.

« Au fait, je me demandais… Tu n’aurais pas un piano ? » Question sortie de nulle part, certes, mais très sérieuse. « Je ne te l’ai jamais dis, je crois, mais j’en joue. Plutôt bien même ! J’ai appris avec Madame Cordell… » Immédiatement tu culpabilises d’avoir mentionné ce nom de famille mais, c’est du même ordre que tes blagues : cela t’échappe.

« Au foyer, il y’en a un dans la salle commune. J’y passe mon temps libre. Récemment j’ai appris un morceau génial, un morceau français ! J’me suis dis que je te ferais la surprise de le jouer un jour chez toi, pour te faire plaisir… J’ai juste oublié un détail : si tu possèdes ou non un piano. » Tu pouffes, désolé de ta bêtise.







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