ANNÉE 1983, DAVID, DERRICK ET DUSTIN, PASSIONNÉS PAR LA SCIENCE-FICTION ET LA POP CULTURE, DÉCIDENT D'ENVOYER UN MESSAGE DANS L'ESPACE GRÂCE À UN ORDINATEUR SOPHISTIQUÉ DEPUIS LEUR PETIT GARAGE À COSMOPOLIS, DANS LE CONNECTICUT. PUIS C'EST PARTI EN COUILLE.PLUS DE TRENTE ANS APRÈS, GRÂCE AUX EXPLOITS INFORMATIQUES DES "3D" (POUR "THREE DICKS"), LES ALIENS FOULENT ENFIN LE SOL TERRESTRE ! MAIS À QUEL PRIX ? C'ÉTAIT À L'ÉPOQUE UNE SIMPLE PASSION. NI FEMME, NI EMPLOI, DAVID, DERRICK ET DUSTIN ONT PASSÉ LE PLUS CLAIR DE LEUR TEMPS (ET LEUR VIE) À ÉTUDIER L'ESPACE ET LA POSSIBILITÉ DE LA VIE AILLEURS QUE SUR NOTRE BELLE PLANÈTE. SANS DIPLÔMES OU CERTIFICATS, ILS SE CONTENTENT DE CONCEVOIR DES ORDINATEURS ET AUTRES SOFTWARES CHEZ EUX DANS LE SEUL INTÉRÊT D'ENVOYER UN MESSAGE AU-DELÀ DE LA SURFACE TERRESTRE. ILS L'ONT APPELÉ CODE COSMO EN HOMMAGE À LEUR VILLE CHÉRIE (C'EST FAUX, ILS N'ONT JUSTE AUCUNE IMAGINATION), COSMOPOLIS.
EN COURS D'AFFICHAGE (WADE ET LE CODE SE BATTENT)

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tombeaux et mémoires - charles

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CODE KING - DEADPOOL
Wade Wilson
Crédits : 7
Wade Wilson

Dim 23 Sep - 13:04




Il fait nuit et je n’y vois rien. Je n’ai pas envie de voir, c’est bien de ne pas voir, c’est mieux. J’aime la nuit où je n’y vois rien, où il fait noir, où il fait nuit noire. J’aime la nuit, je crois. Je ne sais pas depuis combien de temps, je ne sais pas si je l’aime réellement - ce n’est pas important ? J’aime la nuit, je crois. Je l’ai dis, je me répète - mais c’est qu’à rien y voir, je ne vois pas mes mots, je ne vois rien. Rien c’est beaucoup. Je ne vois pas mes mots. Non, je ne vois pas mes pensées, mes pensées sont avant les mots, elles sont mes mots en devenir.

Je divague.

J’aime la nuit.

Je marche, je regarde mes pieds et ceux des passants - il n’y en a pas beaucoup. Tout le monde n’aime pas la nuit, tout le monde ne marche pas. Les pavés sont humides, il a plu. Il va pleuvoir à nouveau. C’est triste, comme ambiance, c’est triste et c’est parfait ainsi. J’ai besoin d’être triste, juste une fois, au moins une fois. Ce n’est pas grave ? (Non, Wade, ce n’est pas grave.)

J’ai envie de boire. Si je ne bois pas, je vais voir. Je n’ai pas envie de voir. (Que vas-tu voir ?) Vanessa et notre enfant. Elle va me sourire, il va m’appeler et je vais rire. Je vais rire, c’est bon de rire. Ce sont des images, voir - voir n’offre que des images. Je vais rire dans une image. Je vais pleurer. Je ne veux pas voir. Ils sont morts, c’est triste. C’est triste d’aimer des personnes mortes. C’est bien s’il pleut maintenant. (Rentre chez toi Wade, tu me fais peur.) Non.

Il y’a un bar, je vais y aller et je vais boire. J’ai envie de boire. Je vais boire et me saouler. Saoul je suis tel que les autres aiment que je sois. Je suis Deadpool. (Tu n’as pas besoin d’être saoul pour l’être, tu l’es.) Je le suis. Je ne veux plus être, c’est fatiguant d’être. Je suis, toujours je suis. J’ai besoin d’être triste. Être, encore. Ce n’est pas grave ? Ce n’est pas grave. (Non, Wade.)

Le bar n’est pas bien grand, n’est pas bien peuplé. Il me donne une impression de vide, il est vide, il appelle à se remplir, mais il ne se remplit pas. Je ne veux pas être seul, c’est bizarre. Je ne le suis jamais, seul. Tu es là, toi. (Oui.) Tu ne comptes pas vraiment. (Non.) C’est bizarre. Seul, je n’aurais pas de chaleur, à l’exception de la mienne mais, elle non plus, elle ne compte pas vraiment. (Non.) Je ne veux pas être seul.

Ils me regardent, ceux qui sont là, ceux qui sont au comptoir, ceux qui sont attablés. Ils me reconnaissent, peut-être. Je ne les connais pas. Je ne les reconnais pas. Comment fait-on, lorsqu’on ne connaît pas, pour ne pas être seul ? Je n’ai pas mon costume, je n’ai pas mes armes. Je suis laid. Ils ne vont pas vouloir me connaître. (Wade… Il serait peut-être temps que tu fasses ton deuil ?)

Durant six ans, une mère éléphant s’est recueillit une fois par mois sur la dépouille de son bébé, abattu par des braconniers. Elle a ritualisé son deuil de sorte de pouvoir vivre avec. Je veux ritualiser le mien. Je n’ai pas de dépouilles sur lesquelles me recueillir. Je dois le ritualiser autrement. Je vais y réfléchir. (Tu n’aurais jamais dû écouter Dalida.) Elle n’est pas en faute.

Il y’a un visage que je connais, que je reconnais. Je ne vais pas être seul, c’est ma chance de ne pas l’être. Ce visage, c’est Charles. C’est un beau visage. Il est attablé, il boit, il est seul, il ne va plus l’être. Je m’assieds en face de lui, je souris. À ce sourire, mes divagations moroses s’estompent. Professeur. C’est une surprise de vous voir ici. Voir… Je le vois, il faut bien que je le vois. Il est agréable à voir. Il a toujours été agréable à voir. (Ne recommence pas Wade, extirpe toi de ce spleen !)  

Est-ce que je peux vous embrasser ? Je n’arrive pas à penser, pourtant j’arrive à désirer. Ce n’est pas grave ? Ce n’est pas grave. (Wade, que t’arrive t-il ?) Je veux de la chaleur. Tu comprends ? Ce vouloir vient du ventre. Tu comprends ? Ma folie m’a abandonné, ma raison ne m’aime pas, mes pensées sont absentes. Il ne me reste que vouloir. Cela vient des tripes. Tu comprends ? Je veux de la chaleur.

(Déprimer ne te sied pas.) Je sais. Je ne déprimerais plus, après cette fois-ci. Seulement cette fois-ci.

Vous aimez les éléphants ? Ma raison ne m’aime pas, la logique non plus. Je n’ai jamais été logique. (Jamais.) Je commande un verre, le serveur me l’apporte. C’est du rhum. Un grand verre de rhum. Je vais boire. Nous allons boire ensemble. Charles est beau. Charles est là. C’est une surprise. Charles est une surprise. Il est ma pluie d’intérieur. Je veux sa chaleur.
*
PROFESSEUR X
Charles Xavier
Crédits : 0
Charles Xavier

Dim 23 Sep - 18:32


j'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans un gros meuble à tiroirs encombré de bilans de vers de billets doux de procès de romances avec de lourds cheveux roulés dans des quittances cache moins de secrets que mon triste cerveau c'est une pyramide un immense caveau qui contient plus de morts que la fosse commune

sinking hands - des sons sur des sons. des voix, des images.
une note, très haut ; dans la chorale de tes infortunes, un ténor familier - insupportable.
comme de souvent, la douleur t'a pris en traître : une migraine d'abord, pulsant à l'arrière de ta tête un rythme hypnotique, habilement amplifiée d'heure en heure, jusqu'à finalement te réduire aux larmes. c'est toujours la même histoire : la grenouille proverbiale, ébouillantée degré par degré, ne saura jamais qu'elle brûle jusqu'à ce qu'il soit bien trop tard pour qu'elle saute. peut-être bien que tu te surmènes - que tu travailles trop, que tu ne dors pas assez. (de qui te moques-tu ? tu n'as pour toi que ta carrière, que l'ersatz d'être humain qu'est le professeur x, statuaire et prolifique, le coeur sur la main, toujours le mot qu'il faut. sans ton masque de philantrope, il ne serait que trop facile de te voir pour ce que tu es réellement : pas grand chose.)

tu t'es retrouvé au bar comme certains, dans des états d'âme similaires, se retrouvent à l'église.
on t'a collé un verre entre les mains ; un verre, puis deux, puis dix. tu ne comptes plus. (au début t'entendais le barman se dire que tu faisais peine à voir, pauvre bougre dans son fauteuil, fauché dans la fleur de l'âge ; l'alcool t'a si bien engourdi que tu n'entends presque plus rien - un brouhaha homogène, facile à reléguer au second plan. l'espace d'un instant tu as le sentiment d'être normal.) tu as beaucoup bu, dans les trois dernières années - suffisamment pour inquiéter hank et éloigner moira, jamais assez pour te débarrasser du goût amer que tu as en permanence sous la langue, métallique, de sang & (d'abandon. de colère. d'années passées à ressasser tes erreurs de jugement. jamais tu ne pourras oublier la saveur du fer. le contact du plomb. dieu qu'il te manque. ces nuits d'enfer, les premières, cet hiver-là, infirme & sans lui, déchiré. on avait mis tes éclats de détresse sur ta récente paraplégie, mais c'est ton coeur qui avait volé en éclats.)
tu es si bien absorbé par ta propre litanie mentale que tu ne remarques qu'à peine qu'on s'installe en face de toi - il s'en faudrait de peu pour que les sanglots te viennent, et avec eux, un trop-plein de secrets. tu te composes un grand peine un visage ouvert, une expression cohérente - et tu lèves les yeux : professeur. c'est une surprise de vous voir ici.. un visage déchiré par un sourire, comme une plaie béante - tu y réponds automatiquement : tu n'es, toute somme, que le produit de ta bonne éducation. ça te prend une seconde de plus, une seconde de trop, pour réaliser qui te fait face - sûrement qu'en réalité tu aurais du t'y attendre : cosmopolis te fait l'effet d'une cimetière de corps familiers, de blessures favorites. c'est un deuil suppplémentaire à tous les coins de rue. (tu dramatises. wade, quand tu y penses, a toujours été correct avec toi. mais tu as toujours su qu'au fond, il était de l'espèce d'erik - des loups aux visages plus ou moins humains, aux yeux fous, aux loyautés volatiles : ces deux-là s'entendaient comme des larrons en foire. à l'époque déjà, tu pouvais difficilement t'empêcher de te sentir exclu. tu lui souris quand même. il n'a pas fini de parler.)

est-ce que je peux vous embrasser ?
ça t'arrache un pauvre rire - sous la surface de son ébullition habituelle, tu palpes les contours d'un je ne sais quoi de poignant, un quelque chose d'émouvant, de pathétique. un besoin de chaleur ; peut-être bien que c'est parce que tu as bu, mais pour la première fois depuis que tu l'as rencontré il y a des années de ça, tu te retrouves dans les petites agonies de wade. le malheur aime la compagnie, il paraît. vous aimez les éléphants ? soit il n'a pas remarqué que tu ne marches plus, soit il n'en a cure. voilà qui est au moins à le mérite d'être rafraichissant.tu fais rouler, sous tes doigts, la carcasse d'une bouteille vide.

- paye-moi un verre d'abord. (tu dis ça sur le ton de la plaisanterie, mais après tout, pourquoi pas ? la nuit est encore jeune, et ton corps se languit d'un autre. se languit d'erik. quatre lettres qui brûlent, invisibles, sur ta peau.) les éléphants sont les seuls mammifères terrestres à pleurer leurs morts, il paraît. ça et quelque chose sur la mémoire... tes yeux se perdent dans le vague. tu reprends, doucement : qu'est-ce que tu fais ici, wade ? je te pensais en prison.

je suis un cimetière abhorré de la lune
où comme des remords se traînent de longs vers
qui s'acharnent toujours sur mes morts les plus chers.






*
CODE KING - DEADPOOL
Wade Wilson
Crédits : 7
Wade Wilson

Dim 23 Sep - 19:58



musique

Il a l’air exactement dans le même état d’âme que le miens, à la différence que le chagrin et l’ivresse l’habillent avec charme. J’aimerais avoir son charme, avoir autant de charme. J’aimerais charmer, j’aimerais charmer comme il me charme. C’est bizarre. Sa chaleur est donc charmante, tout est charmant ? (Cesse de divaguer, Wade.) Oui, je divague, je divague et je ne dis rien.

Le serveur passe et je commande une bouteille de leur meilleur whisky - c’est le prix à payer pour un baiser ? Non, je ne vais pas l’embrasser - ou peut-être ? J’ai envie de l’embrasser. Non, c’est un mauvais plaisir pour de bonnes raisons. Ou l’inverse ? Je n’arrive pas à penser, c’est un handicap bien cruel. Cruel, mais pas autant que le sien - le sien est physique. J’oubliais. J’avais oublié. Je vais à nouveau oublier. Ce n’est pas important. (Non.)

Vous êtes un éléphant. Vous noyez Erik ? Vous pleurez l’alcool ? Je souris. Je ne suis pas en prison, je suis là. C’est logique. Je n’irais jamais en prison, je ne suis pas de ceux qui y vont. Mes crimes ne sont pas si terribles. Ils le sont. Ce n’est pas logique, ça. J’irais, un jour, si mes crimes le deviennent. Je n’arrive pas à tisser un fil entre ce que je dis et ce que je veux dire. (J’ai remarqué. C’est un méli-mélo qui fait peine au sens. Un méli-mélo insensé.) Vous noyez Erik ?

Je remplis nos verres à ras-bord, je pose la bouteille. J’observe les glaçons se baigner dans les reflets mordorés. C’est presque joli. Je n’ai pas de filtre. Il le sait ? Il le sait. C’est tout à fait joli ces glaçons qui se baignent. Ce n’est pas presque, c’est tout à fait. Il n’y a que le manque pour être aussi charmant, pour que son chagrin et son ivresse soient aussi charmants. Erik lui manque.

Je manque aussi d’une personne, de plusieurs personnes. C’est idiot. Nous sommes en manque tous les deux. (Oui.) Je peux l’embrasser alors. Cela comblera son manque ? Le mien ? Un peu. C’est déjà pas mal. Un peu. (C’est une possibilité ?) Nous pourrions prétendre ? Alors je pourrais. Il n’a pas les cheveux de Vanessa, il n’a pas le sourire de Peter. Je n’ai pas les yeux d’Erik. À moins que l’on prétende. (Sans doute, mais c’est dangereux Wade.) Je pourrais, si on prétend. Je pourrais l’embrasser ?

Je termine mon verre, réajuste le col de mon pull et mon sourire se meurt pour un rire d’oiseau - un peu trop léger, un peu trop à côté de l’image que nous donnons. Je ne sais pas pourquoi je ris - d’ordinaire je ris tout le temps et je ne sais pas non plus pourquoi, mais je sais que c’est un rire enfanté par ma folie. Je ne suis pas fou ce soir, c’est différent. Je pense trop. (Arrête de penser.)

Je le contemple, cherchant dans le bleu de sous ses cils un appel dont, finalement, je n’ai nul besoin. J’encadre son visage de mes mains, me penche en avant et l’embrasse - enfin. C’est bref, la première seconde. Je recommence à la deuxième - c’est tiède, un banc tiède où rien n’est plus bref, où tout s'attarde.

J’ai très faim de cette chaleur. Ses lèvres sont un rempart que je profane et sa bouche est une coupe que je conquiert avec avidité.

J’ai trop attendu, j’ai trop pensé, pour que cette faim soit douce. Je sens mon manque fondre contre sa langue et ce souffle qui m’échappe, ce souffle arythmique et chronophage. Je dévore le temps, je veux qu’il s’arrête et que je puisse continuer ce baiser - je veux pouvoir le tourmenter et l’approfondir.

Non, il faut que j’arrête. J’arrête. Je me recule. Je regarde les glaçons qui se baignent. J’allume une cigarette. Je vais recommencer. Je recommencerais. Je n’aime pas Moira. Je ne l’aime pas. (C’est vrai.) Je n’ai toujours pas tissé de fil. (Un méli-mélo insensé.) Vous travaillez pour Eurêka ? Je ne comprends pas. Lutter pour le meilleur, lutter contre le pire… Ne peut-il faire comme moi ? Voguer sur les deux eaux, choisir celle qui est la plus confortable au gré de nos envies ? Mh. (Il n’est pas un marin, Wade, ni un loup.) Mh.
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PROFESSEUR X
Charles Xavier
Crédits : 0
Charles Xavier

Ven 5 Oct - 13:40


still here - combien de ceux que tu comptais parmi tes amis, combien de ceux que tu aimais- (que tu aimes encore. à quoi bon t'illusionner ? il y a des passions qui ne meurent jamais. des flammes immortelles, impossibles.), de ceux que tu respectais, sont maintenant sous les verrous ? ça fait longtemps aujourd'hui que tu as perdu le compte. ça te torturait l'esprit, les premiers mois  - songer à tes semblables, croupissant dans des cellules, privés de leurs pouvoirs, solitaires. des couloirs sombres, éclairés seulement par des néons fluorescents qui brûlent la rétine, pas de soleil, pas de vent, pas de pluie. aucune notion du temps. (tu imagines systématiquement des barreaux de métal, de lourds cadenas de plomb. tu sais pourtant que c'est impossible - ils auront conçu pour lui une cage sur-mesure, à la hauteur de ses talents. un sarcophage de plastique, sans portes ni fenêtres.)

quid de wade ? certainement, c'est un miracle qu'ils ne l'aient pas neutralisé. wade est, de bien des façons, une bombe à retardement - ses loyautés sont fugaces, sa morale mercenaire. dieu sait pour qui il travaille à présent ; peut-être bien que tu ne devrais pas être vu en public en sa compagnie. (peut-être, mais tu n'en as plus rien à faire. qu'ils essaient seulement de contrôler tes fréquentations. qu'ils t'enferment, toi aussi, pour le peu que ça t'importe. tu n'as plus rien à faire dehors.)

je ne suis pas en prison. je n'irais jamais en prison. je suis là.
tu aurais bien du mal à contredire cette logique.  tu voudrais sourire, mais tu n'arrives qu'à grimacer - ton rictus se glace sur tes lèvres. vous noyez erik ? (bien sûr que tu noies erik. qui d'autre ? quoi d'autre ? tu avais tout. tu n'as plus rien. même raven t'a abandonné. erik. ça te remue les entrailles d'entendre son prénom de la bouche de quelqu'un d'autre. ces dernières années, erik te fait l'effet d'un spectre - un corps qui aujourd'hui appartient à magneto, qui lui-même appartient au gouvernement américain. il y a un monde entre ces deux entités. erik a les mains chaudes et le coeur qui bat, des yeux qui quand il rit semblent s'illuminer. magneto n'a rien d'humain. magneto est une machine. magneto a pris, en partant, tout ce qui t'importait : jusqu'à l'usage de tes jambes.)
tu ne réponds rien. il n'y a rien à dire : vous savez tout les deux qu'il a raison. à quoi bon nier ? il n'y a pas de blessure plus évidente, plus facilement indentifiable qu'un coeur amoureux. tu bois. (que diraient tes élèves, tes admirateurs ? le grand professeur x, enivré par un monstre. au diable les doctrines. au fond, ton camp, c'était toujours lui.)

nous pourrions prétendre ? alors je pourrais.
des jeux d'enfants, des jeux de corps. un prédateur pour un autre.
tu ne sais que trop bien ce qu'il te propose - tu y as songé un millier de fois. (dans la rue, parfois, tu t'arrêtes et tu observes. tu cherches du regard les hommes aux pommettes marquées, aux yeux glaçants. des visages de l'est, aux voix hachées. des consonnances slaves. tu es pathétique. vas-tu le laisser t'embrasser ? tu pourrais, après tout. tu n'as plus rien à perdre. mais que dirait erik ?)

erik ne dirait rien. erik n'existe plus.
ses lèvres contre les tiennes. quelque chose de fiévreux - il a besoin d'autrui, wade, et ce soir, autrui, c'est toi. la saveur ambrée du whisky vient te brûler la langue. quand il s'écarte enfin, ta décision est prise : ce n'est qu'un jeu de théâtre, après tout - pourquoi ne pas faire semblant ? je vais recommencer, il t'annonce, comme un avertissement. je n'aime pas moira. toi non plus. (elle ne s'en est rendu compte que trop tard. tu n'avais suffisamment de coeur que pour une seule personne. elle t'a quitté sans un mot. hank ne t'a pas adressé la parole pendant une semaine.) en toute honnêté, tu sais bien que wade n'aime pas grand chose.

vous travaillez pour eureka ? je ne comprends pas.
travailler est un bien grand mot. tu commences à avoir sérieusement l'impression qu'ils ne t'ont convoqué que pour remonter le moral des troupes. tu te fais l'effet d'une mascotte glorifiée. tu remplis ton verre une nouvelle fois : tu as perdu le compte. tu as perdu l'esprit. (tu voudrais qu'il t'embrasse encore.)

- moira ne travaille plus avec moi. tu viens lui saisir la main - te ravises, viens effleurer du bout des doigts les coutures de sa manche. eureka me traite bien. je n'avais plus rien à faire à new york. tu n'as plus rien à faire nulle part. tu pourrais tout aussi bien être mort. les humeurs de wade, perverties par l'alcool, viennent attiser tes pensées, inexorablement. folie douce. tu voudrais parler d'erik - parler enfin à quelqu'un qui ne reculerait pas à la simple mention de son existence. tu ne peux pas. son prénom est coincé dans ta gorge. tu portes deux doigts à ta tempe - que tu as mal à la tête, déjà. les promesses d'un matin difficile. tu ne souris pas. je pourrais te faire oublier. te faire oublier n'importe qui. moi, je ne peux pas. c'est ironique, non ? je ne peux rien oublier.




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