ME & YOUIt’s just me and you
Now we’re taking in the view
We can spend the rest of our days way up here just me and you
Maman disait que c'était une belle planète. Que ça serait bien. Maman disait que la vie y serait mieux que dans l'espace. Qu'on avait de la chance. Maman disait que ça ira et ça a été, pendant un temps. Ce fut bien. Pendant un temps.
Mirage. La Terre. C'était une illusion. Une promesse de futur heureux et tranquille. Loin des trous noirs. Loin des comètes. Loin des dangers des peuples d'autres planètes. La Terre. Et sa nature foisonnante. Ce fut une belle vie. Pendant un temps. Petit garçon accroché à sa génitrice, il observa le monde, les fleurs, les animaux, les arbres géants. Dans une forêt du Canada. Là-bas, tout là-bas, où il fait froid mais où on se sentait bien. Il parlait aux lapins et aux merles, discutaient avec les sapins et les hiboux. C'était bien, avec maman et les autres. Mais tout le monde n'était pas bien. Leur arrivée ne plaisant pas à tout le monde. Alors, des gamins, plus haut que lui, plus méchant que lui, de cette race d'être vivant qui habitaient sur cette planète, vinrent tout massacre. Tout. Et tout le monde. Flammes. Enfer. La forêt brûla. Et tout le monde avec.
Sauf lui. Caché dans un trou de souris.
LOCATION UNKNOWNTravelling places I ain’t seen you in ages
But I hope you come back to me
My mind’s running wild with you faraway
I still think of you a hundred times a day
Maman n'avait pas menti. Ça avait été une belle vie. Mais ça s'est vite fini. Ici, les gens ne sont pas tous très gentils. Ni accueillants. Ce qui est différent ne leur plait pas toujours. Maman, tu sais, c'est pas grave si tu es parti... mais tu me manques beaucoup.
Pas de justice pour les aliens. Personne n'en eut rien à faire d'un massacre de lymes dans une forêt austère. Personne. Pendant des années. Le petit garçon grandit, la peur et la rage au ventre. Se venger. Leur faire payer. Avant de rencontrer un vieux monsieur bougon, alors qu'il fouillait sa poubelle pour trouver à manger. Pas gentil le monsieur. Mais pas méchant non plus. Il l'apprivoisa, sans qu'il ne comprenne pourquoi. L'enfant alien resta longtemps dans les alentours de son jardin, méfiant, avant de finir par vivre dans la maison en bois du bucheron. Bougon et ronchon le bucheron. Mais pas méchant, ni méprisant. Encore moins répugnant. Il se comporta avec lui comme un père adoptif, lui rendit son sourire, l'aida dans son combat qu'un jour l'enfant abandonna. Car l'homme lui dit un jour : "Les hommes sont cruels mais surtout stupides. On ne peut rien y faire. C'est comme ça. Et toutes les créatures sont comme ça. Ici comme à l'autre bout de la galaxie." L'enfant fit son deuil, bien malgré lui, s'accrochant à ce lapin en peluche que le bucheron lui avait offert pour son soit-disant anniversaire. Mais un jour, il disparut. Et le garçon, un peu perdu, resta là sans trop comprendre.
SOMETIMESSometimes I’m scared of loving
I don’t know just what you’re worth
But that don’t mean I can’t learn
Cause I can
Maman m'a toujours dit de faire le bien. D'être serviable. Et gentil. Mais parfois, je suis juste autrement. Méchant. Pas gentil. Excuses-moi maman, c'est les autres qui sont méchants. Je dois être comme ça, si je ne veux pas me faire manger tout cru.
Un accident de voiture. Plus de vieux monsieur. Les autorités ne voulurent pas lui céder la maison et le garçon n'en voulut pas. Alors, il s'en alla. Quitta le Canada. S'aventura plus loin, plus bas. Fit des petits boulots. Rencontra des gens biens. Comme cette fille aux cheveux verts qui fut sympa avec lui. Qui lui apprit à se défendre. Si bien physiquement, qu'émotionnellement. L'adolescent devient plus fort, plus confiant, plus amusant. Quand il découvrit qu'elle mangeait des gens. Mensonge. Il s'en alla. Partir plus bas. Vit du pays. S'amusa. Puis arriva à Cosmopolis. Et s'y installa sous les toits. Avec son lapin en peluche. Il continua les petits boulots, prit plus confiance en lui, ne s'occupa pas plus des autres membres de sa race, ne discuta plus trop avec les fleurs et les arbres. Il en faisait des cauchemars. Parfois. Souvent. De l'incendie. Des cris. Des larmes. Alors, il naviguait ailleurs, sur une mer de pixel. Pour oublier. Pour ne pas se rappeler. Pour être un autre. Et très vite, il devient un autre. Fly. Car c'était beau comme mot. Il en fit son nom. Enterra le précédent. Oublia son passé.
Mais en vrai, on n'oublie jamais vraiment.
JUST DANCEI could not care what anyone thinks
Definitely not after those drinks
I have found my weakness in the shape of you
There's a kind of sweetness oozing out of you
Maman, aujourd'hui, je suis grand. Je ne suis pas vraiment quelqu'un bien, mais je ne suis pas méchant. Et puis je suis bien et je suis heureux. J'ai toujours Peluche que m'a donné le vieux monsieur. Je m'en sors. T'en fais pas, ça va.
Fly est un paradoxe. Un ado qui n'a pas vraiment grandi. Qui utilise bien trop souvent sa carte bleue alors que sa proprio ne cesse de le harceler. Qui se dispute avec la voisine du premier qui voudrait bien lui donner des coups de balai. Qui fait shooting sur shooting pour mieux contempler les photos de lui après. Qui parfois sans la frite molle ou le sucre glace, le tout enrobé dans des effluves de tabac froid. Mais Fly, c'est surtout un grand bonhomme qui a oublié de faire tomber le masque et qui ne sait pas comment vivre sans. De peur de s'accrocher trop vite.