faudrait pt'être se raser bientôt, boss // ALVARO

Caractère
il est sincèrement bon ▵ pourtant au premier coup d’œil il fout un peu les pétoches ▵ il rit facilement, et très fort ▵ il plaisante beaucoup aussi ▵ il est du genre à se faire aimer par pas mal de monde sans aucune difficulté ▵ ça ne le dérange jamais de donner un coup de main sans rien attendre en retour ▵ il adore son bar comme il est ▵ mais il ne vaut mieux pas y foutre les pieds pour y mettre le bordel ou chercher la bagarre ▵ c'est un bon vivant et il lui arrive souvent de boire une bière avec ses clients récurrents ▵ il est très protecteur envers ceux qu'il aime ▵ ça arrive rarement, mais il ne vaut mieux pas le mettre en rogne ▵ il déteste la violence mais y a parfois recours quand il n'a pas le choix ▵ il ne se plaint jamais même si sa vie n'est pas toujours évidente ▵ en soi sa situation ne le dérange pas ▵ il n'y a rien qu'il aime plus et qui compte le plus pour lui que sa famille

Fourre-tout
il se déplace avec une vieille moto qu'il a retapé lui-même ▵ il a adopté un jeune beagle qu'il a nommé Leporello en hommage au valet de Don Giovanni ▵ c'est un vrai cordon-bleu quand il s'agit de la cuisine traditionnelle italienne ▵ il aime particulièrement écouter de la musique classique et de l'opéra ▵ il adore la campagne mais n'a pas eu l'occasion d'y retourner depuis des années ▵ parfois l'Italie lui manque

Ambiance tamisée, le calme perturbé seulement par les conversations murmurées sur le ton de messes basses. Alvaro se tenait derrière son bar, remplissant un verre de bière. La soirée avait été calme et il ne restait qu’une poignée de clients à la Barbe et la Bougie, quasiment tous des habitués en-dehors du type qu’il était justement en train de servir. Il ne l’avait jusqu’alors jamais vu, mais l’homme avait passé la soirée au comptoir en échangeant régulièrement avec celui que les autres surnommaient « boss ».
A vrai dire Alvaro avait passé une bonne soirée et il commençait à bien apprécier ce type. En lui servant sa pinte, il fut récompensé d’un aimable sourire.
– Merci bien, boss.
L’homme prit sa pinte et en bu une petite gorgée. Alvaro ne pouvait pas s’empêcher de se demander ce qu’il faisait là, détonnant complètement par rapport au décor du bar avec sa tenue élégante, sa voix douce et ses phrases polies.
– Vous ne m’avez pas encore raconté ce qui vous a amené à racheter ce vieux bar. On m’a dit que c’était une vraie ruine avant que vous ne le repreniez en main.
Alvaro hésita quelques secondes avant de répondre. Il n’appréciait pas toujours qu’on s’immisce trop dans sa vie personnelle, mais cet homme lui plaisait bien et il était de bonne humeur.
– Un instant, j’arrive tout de suite. Et tu peux me tutoyer… euh ?
– Bjørn.
Prenant un verre propre, Alvaro adressa un énième sourire à l’inconnu – Bjørn – et se servit de la bière à la tireuse.
– Bjørn. Très bien. Tu peux continuer à m’appeler boss comme tout le monde, mais moi c’est Alvaro.
– Ah, c’était donc ça ce léger accent… Italien, je me trompe ?
Sans se laisser décontenancé par la perspicacité de son interlocuteur, Alvaro hocha la tête.
– Et toi ?
– Féroïen.
L’homme prit une gorgée de son verre. Alvaro le regarda faire en silence.
– Alors ? Pardonne ma curiosité, je viens tout juste d’arriver ici et à vrai dire je suis vraiment intrigué par cette ville. Comment cela se fait-il que tu te sois retrouvé à la tête de cette enseigne, Alvaro ?
Il soupira, ne sachant trop par où commencer. Il s’assit à côté de l’autre homme.
– A l’origine j’étais pas tout seul à m’occuper de ce vieux rafiot. Y’avait aussi mes frères et sœurs mais depuis ils sont partis mener leurs propres affaires chacun dans leur coin. J’ai préféré rester, j’ai pas à me plaindre ici, et je m’y sens chez moi.
Il se tut, ne voulant pas approfondir plus face à cet inconnu. Fut un temps il aurait aimé que les choses marchent mieux, mais tout cela n’était que du passé et il se débrouillait bien. Enfin, il arrivait à manger à sa faim quasiment tous les mois – ou presque.
– Et l’Italie alors ? Tu as grandi en Amérique ou là-bas ?
Alvaro jeta un regard à son interlocuteur avant de reprendre une autre gorgée de bière. Il se demandait ce que pouvait bien lui vouloir ce type, à lui poser autant de question sur sa vie.
– Là-bas. J’ai grandi en Italie jusqu’à mes 18 ans dans la ferme de mes parents. Puis il a fallu partir.
D’un regard appuyé, il fit comprendre qu’il n’en dirait pas plus. Parler de cette période ne lui était pas particulièrement difficile, mais il n’avait pas envie d’étaler sa vie devant le premier venu. Il ne regrettait pas d’être parti, Lara et lui avaient pris la décision qui leur semblait la plus judicieuse à cette époque. Mais l’Italie lui manquait parfois. Si ça n’avait pas été pour ses frères et sa sœur, il aurait pu garder la ferme familiale et régler les dettes de ses parents, il en était certain. Mais il en avait été autrement et ils étaient arrivés à Cosmopolis.
– Je vois, je n’insisterai pas plus, lui dit l’autre homme en lui adressant un sourire contrit. Encore désolé, ma curiosité me perdra un jour.
Alvaro sourit, l’air bienveillant. Il avait assez parlé. L’homme restait toujours un inconnu pour lui.
– Je parle, je parle, mais je ne sais pas grand-chose de toi. Qu’est-ce qui t’amène ici ?
Le regard de l’homme s’éclaira soudainement. Il était visiblement ravi que son intérêt soit réciproque.
– Oh, je suis arrivé tout juste aujourd’hui à Cosmopolis. A vrai dire je n’ai même pas encore trouvé d’endroit où loger pour la nuit. Votre bar n’aurait pas quelques chambres d’auberge aussi, à tout hasard ?
Alvaro secoua la tête, sincèrement désolé.
– Non. Par contre je vis juste au-dessus et j’ai un canapé, si ça peut dépanner.
– Vraiment ? C’est très aimable mais je ne veux pas m’imposer.
– Oh ça ne me pose pas de problème de rendre service de temps en temps. Et puis je vis tout seul, alors je ne dis pas non à un peu de compagnie.
– Très bien alors, faisons comme cela pour ce soir. Merci, vraiment.
Légèrement gêné, Alvaro se racla la gorge, levant la main en guise de pas de quoi.
– Je ferme le bar dans un peu moins d’une heure par-contre, il faudra attendre jusque-là.
– Aucun problème, je ne bouge pas d’ici.
Repassant de l’autre côté du comptoir, Alvaro jeta un dernier coup d’œil à l’autre homme en espérant qu’il ne regretterait pas sa décision.