don't choke - LAZAR

belliqueux ▵ esthète ▵ individualiste ▵ pragmatique ▵ théâtral ▵ superficiel ▵ susceptible ▵ emporté ▵ curieux ▵ loquace ▵ observateur ▵ méticuleux ▵ intraitable ▵ sophistiqué ▵ acharné ▵ pugnace ▵ gourmand ▵ pointilleux ▵ bourrés de tics ▵

Le regard perforant et les traces d'un sourire tranchant comme un canif sur son visage, Lazar ne reconnait à la nature qu'une seule et unique règle : Celle du plus fort. La violence qu'elle soit physique, intellectuelle ou sociale, il l'a intériorisé pour en faire son appanage. Convaincu que l'ordre des choses l'a déposé au sommet de la pyramide alimentaire pour une raison, il croit fermement en la supériorité de sa race et de ce fait, il observe les hommes pareil à un prédateur.

Pas esclave de sa faim pour un sou, il a pour l'espèce humaine une sorte d'étrange fascination, de celle qu'un chasseur réserve à sa proie et Lazar depuis bien longtemps, collectionne les trophées des plus beaux spécimens qu'il a trouvé. C'est son obsession ; Il aime les forts et les valeureux, les pugnaces qui affrontent la mort droit dans les yeux avant qu'invariablement, elle ne frappe à travers son poing. Lazar en homme raffiné, voit en leurs prouesses, les seuls êtres dignes de lui servir de repas. Alors comme le braconnier qui rêve d'abattre le lion d'Afrique, il annote une liste ; Le menu de tout ses futurs dîners.

Tapis à l'ombre des grands bâtiments, Lazar observe. Il se veut méticuleux, précis, chirurgical dans son approche. Alors il ne laisse rien dans les mains du hasard parce que la chasse est un art dans lequel il se voudrait bien maître. S'il y a bien une passion qui le soulève plus que toutes autres ; C'est celle là. Traquer, poursuivre puis abbattre, à chaque fois dans des étapes lentes et calculées qu'il ne presse jamais et qu'il savoure avec langueur parce qu'il sait bien Lazar ; Qu'un jour la 426 triomphera et qu'il n'y aura plus de super-héros contre qui se mesurer. Alors en attendant il progresse avec une lenteur délibérée et si ses coups visent toujours la trachée, son approche n'est pas aussi direct. Il s'amuse dans ce jeu un tantinet glauque, envoie des lettres anonymes à ses futurs victimes pour déclamer la passion vorace qu'elles attisent en lui. Parce qu'il sait bien qu'un jour tout ça ce sera fini.

Lazar est sauvage : Le coeur tordu d'ardeurs bestiales, pourtant il se veut civilisé alors sur son amour démesuré pour la violence, il a apposé le sceau de la beauté. Il a décidé de voir une élégance, un romantisme à la lutte physique. De codifier son approche et ne pas céder à la force juste au nom de la force. Il se veut exigeant pour lui comme pour sa proie. Il veut un grand combat et les lauriers de la gloire. Mais sous cette facade, Lazar cherche surtout le frisson détraqué, instinctif du carnivore qui piste de la viande fraîche et la sensation grisante du triomphe quand sa bête mord enfin la poussière.

Lazar a l'innocence terrible d'un enfant qui voit un jeu là ou il n'en existe pas et cette fascination personne ne la lui arrachera. S'il était thaumaturge, il ressusciterait le corps de tous les tombés rien que pour le plaisir de les abattre à nouveau. A défaut d'en être capable, il conserve des crânes qu'il fleurit et rejoue ses batailles les plus épiques quand il s'endort.

Lazar aimait par dessus tout ce moment là. Quand l'arrête du nez se brisait sous l'impact de ses phalanges et qu'en jaillissait cet or rouge qu'il minait avec tant de frénésie. Il se badigeonnait alors le visage de sang ; Il en faisait ses peintures de guerre et ce rituel qui était presque une quête en soit, constituait la touche finale, l'apothéose d'un long récit qui commencait dès lors qu'un homme devenait sa proie.

Il y avait dans tout ça, le début du paroxysme, l'ivresse de la violence n'était jamais aussi grisante qu'à cet instant exact. L'entièreté du monde ne se résumait alors plus qu'à un désir d'ultraviolence, par lequel Lazar se laissait engloutir tout entier.

Il n'émergeait qu'une fois son oeuvre achevé ; Quand il pouvait contempler les somptueuses gorges qu'il avait complètement écrasées, jouant une symphonie de gargouillis sanglants.
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