Shades of Marble • Dabala

             La ligne  sombre des immeubles se découpe contre l’horizon tiède des dernières couleurs du jour.
Celle ci n’est pas rectiligne, mais criblée de structures verticales qui se brisent en angles impossibles et silhouettes géométriques.

Des angles à 90° s’élèvent tout d’un coup d’une hauteur de 
180 mètres, 234,53 m, 703,599 m, 360,5924m
Puis se cassent le dos, puis retombent, et remontent, et se brisent à nouveau dans une horizontalité éphémère d’angles droits et de miroirs; dans cette imbrication continue d’ombres chinoises imposantes de verticalité.

Il connait bien sûr chaque recoins, chaque étage, chaque dessins de ce coeur de ville qui s’érige fier comme une mentule grotesque et obscène.





Il s’appuie au balcon cigarette entre les doigts, celle-ci s’étouffant, s’asphyxiant dans des volutes grises. 
Le cylindre de tabac allumé, cendre s’accrochant désespérément à la braise, se consume à une vitesse constante de quelques micromilimètre par seconde.
À chaque fois qu’il tire dessus, la braise avale environ 2,39mm.
La cigarette sera consumée en 2minutes.

Un robot ne fume pas.
Mais l’humain a des vices.

« Excusez moi, vous avez l’heure s’il vous plait ? »

23:46:36
37
38
39.

Ne réponds pas tout de suite, pense à prendre ton temps. Pense à jouer les hommes.

Sans jeter un coup d’oeil à la femme à côté de lui, il plie son bras d’un geste qui se veut faussement mécanique, pour atteindre son telephone dans sa poche. L’écran plat hurle une lumières bleuté qui se reflète, inhumaine, dans ses lunettes noires.

«  23 heure 46 » dit-il comme s’il découvrait le nombre pour la première fois.

«  Merci… J’ai l’impression de vous avoir deja vu […] »
AUDIO_INPUT= OUT


Il n’a pas l’envie ce soir de s’adonner aux discussions, ni aux acrobaties phatiques des langues bourgeoises.
Il ferme une oreille et laisse ses reflexes répondre pour lui.
Emotions, observations, questions, réponses.


Irvin se retourne d’un mouvement las (qui peut penser qu’un coeur mécanique puisse ressentir autant d’ennui ?) et s’accoude nonchalamment contre la rambarde du balcon.
Peut être va-t-elle se lasser et partir ? Le traiter de froid et de gouja, avant de retourner noyer cet affront dans le champagne ?

Derrière ses prothèses aux verres fumés il observe les gens, une activité de choix.
Des visages familiers deja catalogués
De clients réguliers
Des clients qui s’ignorent
Des regards en biais
Des signes de la main
Des discussiosn qu’il lit sur le bout des lèvres.

Il admire un instant un discussion familière -il l’a beaucoup vu à la télévision, les troubles amoureux, les plus complèxes pour lui, sont aussi les plus intéressants-
Un homme et une femme, des mots familier de « confiance, amour, ne t’inquiète pas, que toi» Alors que sur le visage l’algorithme ne suit pas. Il voit bien que l’oeil est trop brillant, agité de mouvement rapides qui ne se fixent sur rien.
La main est moite
et tremble 
La posture est renfrognée.

Cela lui rappelle cet episode de « Amour intergalactic » 
Saison 9 episode 4

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Evidement Spöozl l’avait bel et bien trompée il y a deux episodes de cela. 

Irvin sort de sa reverie, quand le flash familier de capillaires roses attire son regard. 
Il l’a vu souvent 
-au travail appliquée, souriante, douce, docile-
cette silhouette familière
Dans les nuits mondaines, silencieuse, soumise, decorative, souriante toujours affreusement souriante et polie. La mécanique parfaite et horriblement similaire à la sienne, dégoûtante, de 
Dabala.

Il observe la pantomime, encore une fois ce soir comme elle se pare aux bras des plus riches, bel objet de convoitise, comme une montre, une voiture.
Pour exciter la supériorité de celui qui l’arbore.
Car après tout
Ce n’est qu’un robot.

Mais ce soir quelque chose change, et il n'arrive pas à ignorer:

Il voit la main qui n’a rien à faire sur ce corps,
toutes les touches
les moqueries
Il voit sans les entendre les blagues salaces qui excitent ces vieux riches ventripotents et désespérément seuls.
la « poupée », « facile » , « pliante » qui « ne dit jamais non » 
Et cela au milieu de la foule. Sans aucun regard de pudeur pour les objets dont on use.
Les objets.



Il sent dans sa poitrine la vibration erratique de son ventilateur, et ses dents synthétiques qui craquent quand il serre la mâchoire. Comme un signal d’alarme qui brille à l’arrière de son crane.

La cigarette s’est consumée en 2 minutes, et la braise lui brûle déjà les doigts, sans qu’il ne le remarque.
La peau de plastique ne souffre pas.
Elle sent légèrement le brulé.

Sans gène il jète le cylindre mourant à ses pieds, traverse le balcon, traverse la pièce, ne regarde pas les gens.

_DISPLAY_ sourire.

Un grand sourire sur sa face tranchante, Irvin face de requin venimeux et acide, pose avec force sa main sur l’épaule de l’homme. Pas assez pour la broyer, il faut rester humain, pas assez pour le faire crier.
Il faut rester malin.
Surtout ne la regarde pas tout de suite, elle : ses sourire et son air affable, sa dedication à sa mission, son programme.

« Pard-..?
« Vous allez vous arrêter tout de suite » Murmure froid aux antipodes du sourire aimable si ce n’est crispé. « Sans broncher. Vous ne voudriez pas gâcher la fête n’est-ce pas ?»

La main sur l’épaule se resserre, comme un étau. Une épée de damocles qui ne cherche pas à faire mal mais à soumettre la chair et lui montrer comment elle pourrait la broyer.

«  Dabala, quelle bonne surprise, comment allez vous ? »
De l’extérieur cette conversation a l’air tout à fait amicale.

Nouvelle séquence : À la soirée mondaine : intérieur nuit
Feignons l’ignorance.