oréo est un chien heureux. il ne lui en faut pas beaucoup, c’est vrai. mais oréo sait se contenter des petites choses de la vie — des gratouilles sur le ventre, une assiette à lécher glisser sous la table et des flaques d’eau dans lesquelles sauter sont des petits bonheurs qu’il apprécie. présentement, il bondit avec enthousiasme sur le chemin du parc, s’arrêtant seulement au son du sifflement familier de soledad.
la jeune fille marche plus doucement qu’à l’accoutumée, toujours cette allure de biche un peu frêle et hésitante. elle porte une chemise à manches longues pour cacher les marques de bleus sur son poignet, vestiges des récents événements. elle fait défiler sur son portable ses derniers messages — ceux de cameron. elle ne lui en pas parlé, mais l’autre regarde les informations. Attaque à la bibliothèque nationale, spiderman sauve la mise disaient les titres. l’affaire n’avait pas fait grand bruit car aucun mort ni blessé grave n’était à déclarer. pourtant elle peut encore sentir le canon noir et menaçant du pistolet contre sa tempe, et la poigne du terroriste sur elle — vengeance fut faite, involontairement, lorsqu’elle lui cassa le poignet.
et puis il y a peter et le masque et
trop de questions. aujourd’hui sol veut juste oublier et profiter du soleil avec son chien et une amie. c’est pourquoi un sourire orne son visage lorsqu’elle reconnaît la silhouette assise plus loin, gardé jalousement par un doberman qui perd vite ses faux airs menaçant quand oréo lui bondit autour joyeusement pour lui faire la fête en guise de bonjour.
camie ! non t’inquiète, ça va. et puis oréo était content de pouvoir courir un peu. ne le flatte pas trop il va prendre la grosse tête à force, ahah ! elle s’assoit à ses côtés, ravie de cette normalité et cette douceur que cameron amène par sa simple présence. sol tend la main, la présentant au doberman qui la reconnaît. salut quinxo, ça va mon grand ?
une caresse et il est contenté. oréo est plus agité, tournant autour des trois en réclamant pour jouer, quémandant attention et affection. la marche jusqu’au parc n’a pas suffit à lui ôter son énergie habituelle et sol doit le repousser en riant un peu quand il commence à vouloir lécher les deux jeunes filles.
ça été oui… elle ne mentionne pas la nuit trop courte et angoissée, essaie de l’oublier. sol prend une des bouteilles d’eau et boit une gorgée avec satisfaction. et toi ? tu dessinais en m’attendant, je peux voir ?
son intérêt est piqué au vif en remarquant en effet le carnet abandonné. elle aime l’art de cameron, qui progresse à pas de géant malgré son manque d’assurance à ce sujet.