ANNÉE 1983, DAVID, DERRICK ET DUSTIN, PASSIONNÉS PAR LA SCIENCE-FICTION ET LA POP CULTURE, DÉCIDENT D'ENVOYER UN MESSAGE DANS L'ESPACE GRÂCE À UN ORDINATEUR SOPHISTIQUÉ DEPUIS LEUR PETIT GARAGE À COSMOPOLIS, DANS LE CONNECTICUT. PUIS C'EST PARTI EN COUILLE.PLUS DE TRENTE ANS APRÈS, GRÂCE AUX EXPLOITS INFORMATIQUES DES "3D" (POUR "THREE DICKS"), LES ALIENS FOULENT ENFIN LE SOL TERRESTRE ! MAIS À QUEL PRIX ? C'ÉTAIT À L'ÉPOQUE UNE SIMPLE PASSION. NI FEMME, NI EMPLOI, DAVID, DERRICK ET DUSTIN ONT PASSÉ LE PLUS CLAIR DE LEUR TEMPS (ET LEUR VIE) À ÉTUDIER L'ESPACE ET LA POSSIBILITÉ DE LA VIE AILLEURS QUE SUR NOTRE BELLE PLANÈTE. SANS DIPLÔMES OU CERTIFICATS, ILS SE CONTENTENT DE CONCEVOIR DES ORDINATEURS ET AUTRES SOFTWARES CHEZ EUX DANS LE SEUL INTÉRÊT D'ENVOYER UN MESSAGE AU-DELÀ DE LA SURFACE TERRESTRE. ILS L'ONT APPELÉ CODE COSMO EN HOMMAGE À LEUR VILLE CHÉRIE (C'EST FAUX, ILS N'ONT JUSTE AUCUNE IMAGINATION), COSMOPOLIS.
Murphy rassasiée, après avoir mangé quelques saucisses de John Smith se disait putain, j'irais bien faire un tour, parce que la viande bien grasse comme ça mine de rien, ça porte sur l'estomac. Elle se disait aussi que c'était vraiment la meilleure viande qu'il soit, bien qu'elle ait pas goûté tout type de viande hein, parce que face à sa faim, elle a tout de même quelques questions d'éthique. Pas de pauvres, pas de trop vieux, pas de femme ni d'enfants. Du coup forcément, la viande de John Smith, était la meilleure qu'il soit. Mais trêve de divagation puisque comme dit ci avant, Murphy avait fini de manger. Et il était temps d'aller se balader, pour favoriser la digestion. Elle ne voulait pas voir du monde aujourd'hui, parce qu'il faudrait parler, et ainsi de suite, se dire "han on se voit pas souvent" alors qu'en réalité on avait pas envie de se voir tout simplement. Du coup on se voit pas souvent et c'est logique au final. Mais l'hypocrisie prendra toujours le dessus.
Pour être tranquille et loin de conversations pourries qui ne mèneraient de toute manière à rien, Murphy optait plutôt pour une petite balade en forêt, au milieu des arbres et des animaux qui eux au moins, ne parlaient pas. Normalement. En vêtement confort et même pas swag, le visage caché par l'ombre d'un sweat à capuche, elle traçait à travers les rues dégueue du 12, tout droit direction Serissa Forest. Ho le calme, le bruit des oiseaux qui font cui-cui, d'un ruisseau lointain qui coule, la lueur du jour qui perce en halo doucereux à travers le feuillage, le vent qui souffle tout doucement, soulevant une branche et caressant une joue. La joue de Murphy, qui inspire expire. Loin de l'air pollué et des bruits de la ville, c'était si bon. Comme dans un clip de Yoga en pleine nature, elle étirait les bras, penchait la tête en arrière, les yeux fermés. Une goutte tombée d'une feuille venait s'écraser en un ploc sonore sur son front. Soupir, fin des aesthetics pose. Elle ne s'énerverait pas au milieu d'un petit morceau de paradis. Elle préférait plutôt errer sans but, trébuchant sur une racine, qu'elle arrachait sans faire exprès, bien trop forte pour la délicatesse. Au moins elle était sûre de ne croiser aucun animaux, ils fuyaient depuis qu'elle était arrivée, encore plus loin à chaque bruit qu'elle faisait.
Et trop concentrée sur ses pas, histoire d'éviter de renverser un arbre, elle ne prêtait depuis une dizaine de minutes, plus une seule once d'attention à la présence d'autres être vivants qu'elle même. Si bien que lorsqu'elle s'arrêtait, et regardait aux alentours, elle distinguait à quelques mètres une silhouette. zut, il fallait faire demi tour. Mais non. Grande, élancée, presque fantomatique, et dont il se dégageait un halo de douceur et sérénité.
Nubes !
Mais avec la distance, la charmante lyme n'avait pas du l'entendre. Murphy, trop contente de la voir, parce que Nubes, c'est un tout autre délire que le reste de la population, oubliait qu'elle ne voulait voir personne aujourd'hui, et se ruait dans la direction de sa planante amie. Elle bondissait par dessus les obstacles, évitait les branches basses comme une chef, sa capuche était tombée en arrière, ses cheveux vert délavé flottait dans tout les sens.
Nuuuuuuuuuuuuuube..........
Elle poussait un petit cri strident. Son pied s'était de nouveau pris dans une fourbe racine, et elle vit le sol se rapprocher de manière hallucinante de son visage.
Elle s'étalait sans classe aucune dans la terre molle et la mousse, aux pieds de Nubes.
Murphy au tempérament de roc et à l'âme de saphir. Cette complémentarité qui déborde en elle est probablement le cadeau d'une puissance céleste. Murphy qui encre Nubes, Nubes qui décroche Murphy. C'est un cercle sans fin qui devrait selon moi rester ainsi.
La présence de l'étrangère dans cette épaisse forêt ne doit probablement choquer plus personne. Après tout à force de déambuler sans but entre les rues délabrées du douzième district, la décharge et les environs de Serissa forest, Nubes s'est bien vite créer une réputation. Le noble nom de la folle de Cosmopolis. - à défauts d'être la folle aux chats sans chats.- - Enfin, une gloire de cette sorte n'heurte personne, encore moins un être qui n'a pas vraiment conscience de l'existence de l'apparence sociale comme elle. -
C'est donc la tête vidée qu'elle se faufilait entre les branches souples. La couleur émeraude de son accoutrement quotidien se fondant avec les végétaux, formant un tout.
« Nubes ! »
Un mot suspendu. Suffisant dans son intonation ferme et sa voix allègre pour qu'on en découvre l'auteure. Les yeux exorbitants de l’extraterrestre s'arrondissent en un souffle et sa tête se secoue d'un sens à l'autre, cherchant Murphy désespérément.
Un petit son étouffé tonne alors suivit d'un court appel qui dirige Nubes.
« Nuuuuuuuuuuuuuube.......... »
La panique est une sensation que la grande gigue commence à expérimenter de plus en plus ces derniers temps. Et encore une fois cet horrible frisson ne manquait pas de parcourir son corps alors qu'elle s'agenouillais, enlaçant son amie. La scène avait presque des airs mythiques. Comme une reconstitution ratée de la Pietà. Le corps de Murphy engourdi et Nubes cachée sous ses énormes tissus tombants.
« Oh mon dieu. Ça va Murphy? Tu as mal quelque part? Montres moi »
Elle déblatérait avec anxiété tandis qu'elle dorlotait le haut de la tête de Murphy. Les arbres autours d'elles semblaient exaspérés par la situation et Nubes continuait a paniquer en silence. Cette fois-ci encore les questionnements et les peurs irrationnelles se bousculaient dans son esprit comme des autos tamponneuses.
Pourtant Murphy était robuste, et cette petite chute n'allait probablement pas lui causer beaucoup de mal. Nubes devait bien en avoir conscience, mais Murphy était une de ses seules amies, qui plus est une très bonne amie. Et c'est cet aspect de leur relation qu'elle privilégiait, bien plus que celui de "collègue".
Par conséquent la simple idée de la voir en mauvaise posture la terrifiait profondément. C'est donc quasi-inconsciemment qu'elle pose ses grandes mains au creux des omoplates de la jeune métisse.
Le tissu outrageusement épais de son sweat ne gênait néanmoins aucunement les soins que prodiguait alors Nubes à sa chère amie. Un léger flux regénateur se propagea alors des doigts de l'alien. Oui léger, car les douleurs de Murphy n'étaient sûrement que superficielles.
Mais après tout Nubes avait les capacité d'utiliser ses dons de Lyme sans perdre d’énergie alors elle soignait à tout va. Les plantes fanées, les pigeons morts écrasés sur le bord de la route, les bobos des enfants qui s’écorchaient les genoux dans les rues salles du district 12. Alors Murphy ne ferait pas exception à cet étrange manie.
Un souffle de soulagement s’échappa de la bouche de Nubes et elle arbora un sourire encore austère. Ses origines discrètes de Lyme insensible prenaient parfois le dessus et rendaient ses efforts maladroits. Mais sa joie n'était pas pour le moins brillante. Elle entama la discutions comme si elle avait oublié tout ce qui venait de se passer.
Elle avait vu le sol s'approcher au ralenti de son visage, et s'était écrasée contre la terre avec fracas. En quelque sorte, elle avait l'habitude. Sa force surhumaine dans un monde de créatures frêles et fragiles, lui donnait des élans de maladresse incontrôlable. Elle n'avait jamais su doser ce que sa nature de métisse lui avait offert. Donc au final, elle s'était habituée à se cogner beaucoup trop fort, à en casser le meuble, un mur, avant que son propre corps ne cède d'ailleurs. Mais qu'est-ce qu'était de la terre moite et une pauvre racine, désormais arrachée dans sa vie ? Elle n'eut cependant pas le temps de dire ouf qu'elle sentait déjà les bras chaleureux de Nubes qui l'enlaçaient. Doucement, elle sentait un grand sentiment d'apaisement se propager dans son corps, calmant toutes les petites douleurs qu'elle avait. Qui ne la dérangeait pas plus que ça, mais semblaient si intenses juste avant de disparaître. Elle adorait quand son amie utilisait ses pouvoirs, quitte à risquer de l'endormir, mais d'un autre côté avait un tel sentiment de gêne qu'elle puisse paraître si faible dans les bras de quelqu'un qu'elle finissait toujours par se redresser, les joues rouges en marmonant faiblement Nuuubes je vais m'endormir heee.
Hmm oui, j'avais bsoin d'une tite balade digestive, mais j'avais aussi grave la flemme d'tomber sur les gamins du 12 et compagnie.
Elle se relevait en tenant la douce Lyme par la main, mais ne s'aventurait pas derechef dans la forêt. Elle allait plutôt marcher dans les pas de son amie, à sa mesure, elle risquerait moins de passer pour l'idiote de service.
Et toi, qu'est ce que tu fais là ? Y avait plus assez d'monde à soigner dans le 12 ?
Elle lâchait doucement la main de Nubes, et regardait autour d'elle, cherchant la nuée de petits animaux qui d'ordinaire accompagnaient la délicate lyme dans ses balades. Son arrivée en hurlant, ainsi que sa chute, avait du contribuer à la fuite des créatures craintives. Elle repérait tout de même quelques petits oiseaux perchés sur une branche non loin, attendant peut être que Murphy s'en aille. Un comble, pour une métisse erog, incapable d'apprécier le goût de leur viande. S'il y avait bien quelqu'un d'innoffensif pour eux, c'était elle !
Les poumons remplis d'air pur et les yeux baignés sous le vert ardent des feuilles. C'était un peu ça, la définition du paradis pour Nubes. « Le Paradis est sur Terre », c'était une phrase qu'elle aimait prêcher ci et là. Une pensée qu'elle confiait à n'importe qui voulant bien l'écouter.
« Hmm oui, j'avais bsoin d'une tite balade digestive, mais j'avais aussi grave la flemme d'tomber sur les gamins du 12 et compagnie. »
Et oui, c'était compréhensible. Aucun lieu dans cette ville ne se trouve être plus diamétralement opposé au douzième district qu'ici. Et la sérénité dans ce bois, se trouve bien facilement.
« Oh... »
« Et toi, qu'est ce que tu fais là ? Y avait plus assez d'monde à soigner dans le 12 ? »
« Malheureusement il y a toujours du monde à soigner dans le district 12... »
Un relent de culpabilité froisse sa voix déjà naturellement éraillée. Car les petites affaires de BOOM ne sont pas pour rien dans la détresse des habitants du fameux quartier. Et c'est bien beau de soigner les gens, mais quand on sait qu'elle est - qu'elle le veuille ou non - en partie la raison de leur mal... Disons que c'est un paradoxe qui déstabilise beaucoup Nubes en ce moment, surtout en ce moment, les attentats se font de plus en plus fréquent et c'est une plaie à gérer.
« Enfin bon j'avais besoin de revenir ici, c'est dans cette foret que j'ai passé une bonne partie de ma vie sur Terre. Pendant un moment je ne savais même pas que je me trouvais tout près d'une civilisation! »
C'est étrange mais, j'ai toujours l'impression que le cerveau de Nubes est capable de s’éteindre à certains moments. Là par exemple, comme si dès qu'un sentiment trop puissant se met à lui massacrer les neurones, elle se mettait en veille. Peut-être qu'il essaye de la préserver des grandes émotions pour le moments. En tout cas sa culpabilité naissante s'est bien vite essoufflée sous les souvenirs que lui évoque la forêt.
Alors qu'elle se revoyait ici même, il a 40 ans. Et qu'elle tombait encore une fois dans des pensées duquel on ne pouvait plus la faire sortir. Les mouvements de tête intrigués du Murphy attirèrent son regard lourd. Le menton de Nubes suivit celui de son amie et elle remarqua la famille de minuscule petits oiseaux. Elle souffla un rire du nez sans même s'en rendre compte.
Ces bêtes là sont tellement attendrissantes, dans les alentours on ne trouve que de minuscules oiseaux. Et ses petites mésanges noires garnissaient la forêt entière.
« C'est bizarre, les animaux de la Sarissa Forest ne sont pas si peureux d'habitude. Avec tout le passage qu'il y a ici, ils sont habitués à voir des humains... »
Elle marqua une légère pause, jeta un regard à sa comparse Erog avant de rectifier.
« Enfin, humains et cetera. »
Elle gigota ses doigts en murmurant au petit groupe de ne pas s’inquiéter. Et puis Murphy avec ses belles couleurs ne pouvait qu'attirer les oiseaux, -même si elles n'étaient pas si visibles avec ses vêtements -.
Ainsi la nuée éclata doucement, les mésanges les plus téméraires s'envolèrent aux pieds des deux amies alors que les plus réticentes sautillaient peureusement vers elles.
« Malheureusement il y a toujours du monde à soigner dans le district 12... »
un semblant de culpabilité, à peine perceptible dans sa voix. Et Murphy s'en voulait, d'avoir un humour douteux qui blessait Nubes. Prenant la main de son amie, elle plongeait son regard dans le sien, tentant d'avoir l'air le plus intelligent possible, juste un instant.
Nubes, j'te taquine. T'fais déjà tellement, qu'c'est déjà trop, t'peux pas sauver l'monde entier, et t'es déjà un rayon d'soleil dans l'quartier, alors sois fière d'toi.
Elle parlait de la forêt, de sa voix douce et harmonieuse, celle qui appaisait les coeurs sans même qu'elle ait à vous toucher. Les oiseaux timides d'abord, téméraire aux paroles de Nubes, s'approchaient, volaient autour d'elles. On se serait cru dans un rêve. Murphy planait, elle aurait pas pu espérer plus beau et plus reposant. Mais elle n'osait plus bouger, de peur de faire fuir dans des piaillements de panique la douce nuée d'oiseaux qui se posaient sur leurs épaules, dans leurs cheveux.
Tenant toujours les mains de son amie, elle abaissait les yeux, son esprit s'enlissait dans de sombres pensées. Les activités de leur groupe, celui qui les liait, plus que l'amour de la nature et l'attachement profond à leur district pourri, s'étaient tarrie depuis quelques semaines. Murphy avait arrêté l'école jeune, mais elle était loin d'être bête, et son instinct lui criait tout bas qu'un gros coup se préparait. Serait elle dedans ? Seraient elles dedans ? En sortiraient elles indemnes ?
Elle levait la tête, se laissant bercer par le murmure des bois, tandis que son regard se baladait d'un arbre à un autre, lentement.
tu crois que si les choses tournaient mal un jour, la forêt serait assez grande pour nous planquer ? Tu crois qu'on survivrait ici ?
Dim 2 Sep - 14:44
ASHLING DE