ANNÉE 1983, DAVID, DERRICK ET DUSTIN, PASSIONNÉS PAR LA SCIENCE-FICTION ET LA POP CULTURE, DÉCIDENT D'ENVOYER UN MESSAGE DANS L'ESPACE GRÂCE À UN ORDINATEUR SOPHISTIQUÉ DEPUIS LEUR PETIT GARAGE À COSMOPOLIS, DANS LE CONNECTICUT. PUIS C'EST PARTI EN COUILLE.PLUS DE TRENTE ANS APRÈS, GRÂCE AUX EXPLOITS INFORMATIQUES DES "3D" (POUR "THREE DICKS"), LES ALIENS FOULENT ENFIN LE SOL TERRESTRE ! MAIS À QUEL PRIX ? C'ÉTAIT À L'ÉPOQUE UNE SIMPLE PASSION. NI FEMME, NI EMPLOI, DAVID, DERRICK ET DUSTIN ONT PASSÉ LE PLUS CLAIR DE LEUR TEMPS (ET LEUR VIE) À ÉTUDIER L'ESPACE ET LA POSSIBILITÉ DE LA VIE AILLEURS QUE SUR NOTRE BELLE PLANÈTE. SANS DIPLÔMES OU CERTIFICATS, ILS SE CONTENTENT DE CONCEVOIR DES ORDINATEURS ET AUTRES SOFTWARES CHEZ EUX DANS LE SEUL INTÉRÊT D'ENVOYER UN MESSAGE AU-DELÀ DE LA SURFACE TERRESTRE. ILS L'ONT APPELÉ CODE COSMO EN HOMMAGE À LEUR VILLE CHÉRIE (C'EST FAUX, ILS N'ONT JUSTE AUCUNE IMAGINATION), COSMOPOLIS.
[ rdv biblio 17h. sois pas en retard stp ! ] [ peter ] [ dude, sérieux?? je vais t’envoyer des memes de chats énervés toutes les minutes jusqu’à ce que tu arrives pour qu’ils te JUGENT ] [ grumpy-cat-not-amused.png send ]
il était 17 heures et vingt-six minutes (et quatorze photos de chats) et peter était en retard. évidemment.
soledad soupira, déverrouillant son portable pour la dixième fois en moins de cinq minutes, mais toujours aucune nouvelle de l’autre étudiant. honnêtement, elle devrait être habituée. un peter ponctuel voudrait dire qu’une météorite viendrait s’écraser éminemment sur cosmopolis. il lui faisait le coup presque à chaque fois — au début, quand il est arrivé avec deux heures de retard au rendez-vous, elle avait déjà commencé à taper le numéro du fbi pour signaler un adolescent disparu. (elle avait peut-être tendance à surréagir, mais au xxième siècle c’est la chose la plus facile au monde de contacter quelqu’un)
parfois (souvent) elle se demandait ce que peter pouvait bien faire pour être tout le temps si occupé. c’est à cause de ses distractions mystérieuses que le directeur l’avait de base mit face à sol dans une salle d’études, pour qu’il travaille son retard commençant à devenir préoccupant en cours. sol était un peu réticente et mal à l’aise au début à donner des cours de soutien — surtout à un adolescent d’un an plus âgé et qui est (à l’origine) dans le top du classement des étudiants. mais peter était gentil et c’était facile de discuter avec lui. et aussi, le directeur estimait que selon ses résultats et facilités avec les cours du concerné, elle pourrait potentiellement sauter une classe.
ce qui veut dire une année de moins à faire au lycée. ce qui veut dire une année de moins de stress, de cache-cache avec les petits rigolos de la classe qui trouvaient marrant de la bousculer et de lui lancer des boulettes de papier et de secrets à garder. sol voulait vraiment sauter une classe et pour cela elle devait avoir des résultats parfaits et peter devait avoir des résultats parfaits sauf que peter était de vingt-neuf minutes (et seize photos de chats) en retard maintenant et ça n’arrangeait pas leur affaire.
sol soupira, un peu plus fort. elle se prit un regard réprobateur de la bibliothécaire qui passa à côté d’elle — c’mon c’est presque vide à cette heure-ci à l’exception de quelques autres étudiants qui eux, étaient en groupe complet pour réviser. elle croise les bras sur la table et tourne la tête vers les baies vitrées et fit la seule chose qu’elle pouvait faire à chaque fois: elle attendit.
Keeping us down is impossible 'Cause we're unstoppable
soledad
Monsieur, rendez la monnaie à la dame !! Oh bah ! Et puis quoi encore ?! Vous avez déjà vu du fromage à ce prix là ?? Ils se sont crus pour des français ! MAIS NOUS VENONS DE FRANCE ET NOS CAMEMBERTS SONT LES MEILLEURS DE COSMOPOLIS ALORS JE VOUS PRIE, MONSIEUR, DE NOUS RENDRE LES 20 CENTS.
Voilà bien vingt minutes que tu te retrouves coincés dans une fromagerie, en Spiderman l'impuissant, face à un homme gronchon qui préfère argumenter sur vingt cents plutôt que de les rendre de façon politiquement correcte à la commerçante. Tu passes le plus net de ton temps paniqué ou à rouler des yeux, à essayer de calmer les tensions pendant que les clients derrière commencent à souffler et taper du pied. Aaaah allez, j'ai pas le temps, j'ai pas le teeemps !! Tu te mets entre les deux et annonce fermement en posant une pièce sur le comptoir :
TENEZ. Vingt cents. Monsieur sortez. Madame, vous avez ce que vous voulez.
Leur clapet enfin bouclé, tu t'assures que le type s'en aille et que la fromagère reprenne son boulot sérieusement. C'est vraiment trop fatiguant d'être un Spiderman de quartier. Tu jettes un coup d'oeil au panneau publicitaire - l'heure est grave. Enfin. NON. L'HEURE EST DIX-SEPT HEURES PASSÉS ET TU ES EN RETARD POUR TES RÉVISIONS.
Sans prendre davantage le temps d'observer les alentours tu te jettes - presque littéralement - dans la ruelle la plus proche pour reprendre ton sac et changer ta tenue. Tu manques plus d'une fois de te ramasser dans les tas de poubelle à côté et- bzzz. Ton téléphone. Tu l'entends. OU EST CE TELEPH- ah tombé dans la poubelle.
Tu le ramasses et regardes aussitôt l'écran. C'est bourré de messages, et seulement de Sol. Ah non, coucou tante May. Elle va te tuer, cette fois, c'est certain. Sol, pas tante May !
Ni une ni deux tu t'envoles vers la bibliothèque. Il te faut pas loin d'un quart d'heure pour arriver à destination, il pleut des cordes, c'est insupportable, tes toiles glisses, tes pieds aussi, tu dois être deux fois plus attentif. Arrivé devant la grande bâtisse, tu cours jusqu'à votre spot habituel, trempé de la tête au pied et complètement haletant.
JE ! ... Je suis désolé. Je faisais la queue dans un magasin et-
Bzzz Tu ouvres le message.
Tu lèves les yeux vers Sol. Puis tu fixes le chat sur ton écran. Puis tu refixes Sol. Petit moment gênant.
Vraiment... Désolé.
Tu pinces tes lèvres et esquisses un sourire embarrassé, les sourcils redressés qui sous entendent un tu me pardonnes ?
Tu prends place en face d'elle et te racles la gorge avant de vite passer à autre chose :
... On devait reviser quoi déjà, du coup ? C'était la bio non ?
le signe à l’entrée du bâtiment dit “interdit de manger ou de boire dans la bibliothèque”, mais sol attends depuis trente minutes et elle commence à avoir faim. elle se demande si elle peut sortir discrètement un barre chocolatée (probablement un peu fondue) qu’elle garde dans la poche avant de son sac. mais la bibliothécaire risque de la voir et de la foutre dehors pour avoir osé défier son règlement et sol est, malheureusement, bien trop respectueuse des règles pour tenter le diable. elle est ce genre de personnes qui ne traverse qu’aux passages piétons et uniquement quand c’est vert pour les piétons — horriblement ennuyeuse, selon l’avis de la majorité.
du coup elle attends et son ventre gronde un peu, ce qui résonne dans le silence quasi religieux de la bibliothèque et les gens assis à la table voisine se tourne vers elle, mi-étonnés qu’un tel son sorte d’une fille dont la croissance s’est vraisemblablement stoppé brusquement à douze ans et mi-réprobateurs (comme si c’était sa faute si elle n’avait mangé qu’un sandwich au beurre de cacahuètes à midi! — oui, totalement en fait).
sol a envie de disparaître sous terre. heureusement peter arrive finalement à ce moment et il a l’air tellement misérable et se fait tellement remarqué que tout le monde oublie sol pour préférer fusiller du regard son partenaire d’études.
— peter ! s’exclame sol, en essayant de ne pas parler trop fort quand même. mieux vaut tard que jamais, comme on dit.
ça devait probablement être le life moto de peter d’ailleurs. évidemment il s’excuse, fait ce truc ou il a un regard de labrador battu abandonné sous la pluie qui fait que personne ne peut vraiment se facher contre lui à moins d’être un monstre sans coeur — et sol, plus encore que n’importe qui, est juste incapable de se fâcher. elle est canadienne. son maximum est de froncer les sourcils d’un air désapprobateur. (la légende raconte qu’un jour, elle aurait lâché un motherfucker mais personne ne peut vraiment en témoigner)
pour le coup, en revanche, elle hausse un sourcil aux explications confuses du jeune parker. la queue dans un magasin pendant presque une heure ? sol ouvre la bouche, mais remarque à ce moment l’état de peter et surtout la flaque qui est en train de se former à ses pieds.
— mais, t’es trempé ! (brillante remarque) tu vas bien au moins.. (sol se lève dans un réflexe inquiet, se rapproche, fronce le nez avec suspicion) et pourquoi tu sens le fromage ?
elle devrait avoir l’habitude, honnêtement. ça ne devrait même plus l’étonner venant de peter. soledad espère que les memes lui serviront de leçon (probablement pas). mais ce n’est pas comme si elle pouvait vraiment être en colère — elle aimerait juste comprendre, en fait. cependant peter est le roi de l’excuse et de l’évitement des conversations problématiques.
— hm, ouais. bio, les derniers chapitres sur les structures cellulaires. ah, et tu m’as pas dis que t’avais un contrôle d’espagnol la semaine prochaine ?
concrètement elle serait plus utile pour le premier que le second, mais sa grand-mère l’avait tellement bassiné avec l’espagnol et son quart ou dixième de sang hispanique que si elle avait le malheur de ramener un jour moins qu’un c en langue, sol se fera probablement reniée. le seul ennui avec les cours de langues, c’était et bien — de parler. devant tout le monde. (au moins les sciences lui demandaient seulement de parler à son cahier rempli de formules et son bécherel)
se rasseyant, elle jeta un coup d’oeil à peter qui dégoulinait toujours par terre — la bibliothécaire devait les adorer à l’heure qu’il est.
— ça va aller t’es sûr ? tu voudrais pas, euh, choper une pneumonie ou quoi..
elle se mordille la lèvre, commençant presque à se sentir coupable. même si elle ne sait pas pourquoi, mais c'est plus facile que de s'énerver ou de poser des questions que peter va éviter de toutes manières.
[ hrp: peter is SO CUTE omg le chat je suis morte de rire j'adore ]
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soledad
S'il y a bien une chose que tu adores chez Soledad, c'est sa gentillesse. Ça parait stupide et naïf dis comme ça mais depuis que tu es à Cosmopolis, et surtout un super-héros, tu as rencontré une bonne tripotée de sales types en tout genre. Même au lycée où c'est la loi du plus fort - et cette ville n'échappe pas à la règle. Tu n'as jamais été proche d'elle auparavant, si bien que tu ne te souviens pas l'avoir vraiment croisé dans les couloirs avant que le directeur vous efforce à étudier ensemble. Sol est un peu cette fille invisible. Comme toi, en fin de compte. Il y a quelque chose de rassurant dans votre relation même si elle a bien trop tendance à poser des questions... disons, dans mile à chaque fois. Pourquoi tu sens le fromage ? Tu fais les gros yeux comme si tu ne comprenais pas ce qu'elle entendait par là - tu pourrais trouver une excuse pour l'expliquer mais rien ne te passe par la tête pas et hors de question de sortir le classique euh j'ai pas pris de douche ce matin.
Te revoilà donc dans ta réalité d'étudiant. Sol rappelle que tu as un examen en espagnol très prochainement - tu avais complètement oublié.
Si, si...Comment on dit "je sais" en espagnol déjà putain ? Tu lâches un rire nerveux. Tu n'es pas prêt du tout.
Elle te fait - encore - des remarques sur tes vêtements trempés (toute ton âme en fait). C'est vrai que maintenant qu'elle le rappelle, tu peux sentir tes fesses humides coller à ton jean lui-même collé à la chaise. T'as encore deux trois mèches qui dégoulinent sur ton front. T'es en train de transformer la bibliothèque en piscine municipale. Mais tu peux pas te changer là, t'as.... comment dire, pas pu retirer l'entièreté de ton costume ?
Oui oui ça va ! T'en fais pas pour moi. Tu souris. Ca va finir par sécher, il fait bon ici. Tu te penches vers ton sac et sors une feuille trempée et complètement chiffonnée de ton sac. Petit moment gênant numéro deux. ... Tu pourrais me prêter une feuille ? S'il te plaît.
C'est lamentable, toi-même tu es d'accord avec ça. Tu ignores comment Sol garde son calme. Tu essayes de te rattraper, du mieux que tu le peux :
On peut commencer par l'espagnol ? J'ai trop peur de la bio pour le moment... Les deux sont catastrophiques, mais au moins la prof d'espagnol est sympa. Dans ton ancien lycée dans le Queens, elle était un vrai tyran. Comme qui il suffit d'un bon professeur pour redonner goût à la matière. D'ailleurs Soledad ça sonne hispanique ? Je parie que tu as encore les meilleures notes en espagnol, du coup. Vas-y dis une phrase super longue et stylée en espagnol !!
peter fait la tête du mec qui vient de découvrir qu’il faisait espagnol au lycée. sol n’est pas vraiment surprise — il a l’air d’avoir tellement de trucs dans la tête qu’il n’a plus de place pour son propre emploi du temps. elle, en revanche, n’a rien de mieux à faire que de mémoriser les dates d’examens de peter. elle fait même pas exprès, elle est juste attentive avec une bonne mémoire. tout le monde pense que sol est un genre de petit génie. c’est faux. elle est juste une bosseuse qui mémorise facilement ses cours. pour le reste, sol pense qu’elle vaut clairement pas plus qu’un autre. (pas comme si elle avait jamais eut une bonne estime d’elle-même en même temps)
bref. peter occulte le jean trempé et ok c’est lui que ça regarde, mais sol se sent un peu mal quand même de le voir s’asseoir dans ses vêtements trempés. elle marmonne un “ok si ça te va” et se ré-installe aussi. elle lève les yeux vers peter, regarde ses cahiers détrempés. silence.
— un jour faudra vraiment que tu m’expliques ce que tu fabriques à chaque fois, marmonne-t-elle en prenant quelques feuilles de son classeur pour les tendre à peter.
malgré tout elle lui donne un petit sourire. peter est un peu étrange et cache des trucs, mais il est sympa. ils ne se parlaient pas vraiment avant de commencer à réviser ensemble, puisqu’ils n’étaient pas dans la même classe, mais elle est contente que maintenant ils se retrouvent une fois ou deux par semaines pour travailler ensemble. sol n’est pas très douée pour se faire des amis — elle ne sait pas si elle a le droit de considérer peter comme son ami d’ailleurs, mais elle espère que oui.
l’espagnol donc. sol hoche la tête, ouvre son livre.
— ouais, ça vient du côté de ma grand-mère. apparemment sa mère a émigré aux états-unis quand elle était petite, explique sol d’une petite voix. elle redresse la tête lorsque peter réclame une démonstration. euh qu- ? hm, ok o euh.. me gusta la mañana te lo dije bien clarito
ok c’était les paroles d’une chanson, mais elle avait paniqué. sol se frotte la nuque, jouant avec son stylo entre ses mains. elle bouge un peu sur son siège, martèle dans sa tête qu’elle est juste avec peter et que tout va bien, elle n’est pas en train de réciter un texte devant l’ensemble de sa classe ou autre — tout va bien.
— mais hm non je suis pas si bonne que ça mais t’inquiète hein ! je peux t’aider quand même, enfin je pense. hm, bref. donc. (elle tourne le livre de peter vers elle, jette un coup d’oeil à ses leçons) apparement faut que tu sois capable de parler de ta famille en espagnol. t’es à l’aise comment avec ça ?
elle relève un oeil vers peter, l’encourageant à tenter une phrase à son tour.
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soledad
En à peine quelques mots, Soledad te met à terre. Tu réalises à quel point tu as manqué les classes d'espagnol cette année : tu ignores la moitié des mots qu'elle a employé. De fait, tu tires une tête à la fois tendue et impressionnée, essayant (en vain) de te rassurer sous prétexte que, c'est facile pour elle, elle a des origines... Bon, Peter, arrête de rêvasser, concentre toi bon sang.
Ta camarade tourne vers toi le cahier cahier et commence à passer au serious business. L'ambiance prend cependant un tout autre tournant lorsqu'elle t'annonce, de façon presque fatidique, qu'il va falloir savoir parler de ta famille. Beaucoup de choses se passent dans ta tête en l'espace de quelques secondes : esquiver le sujet, être honnête, mentir, être embarrassé, à l'aise, triste, détaché ?Il n'y a plus grand chose à dire sur les Parker - qui aujourd'hui se comptent sans doute sur les doigts d'une main. De tes parents décédés à ton oncle tué il y à peine un an, en tirer quelque chose de joyeux relève du défi.
Tu racles ta gorge et décides de reprendre aussitôt : Mi familia principal es mi tia... Ton accent est ridicule. Pero mi tia vive en New York...
Tu te stoppes et lances un regard embarrassé vers Sol. J'ai pas beaucoup de famille, ou tout du moins c'est assez compliqué. Du coup j'ai pas grand chose à dire. Y a pas un moyen de rebondir sur autre chose avec ce genre de sujet ?
Tant bien que mal tu essayes de sortir la tête de l'eau (sans mauvais jeu de mot), sans te laisser abattre par le passé. Tu n'es pas certain que ne pas avoir de famille est quelque chose de très commun avec les enfants de ton âge alors c'est un sujet toujours délicat - non pas que tu doutes de la réaction de ceux qui t'écoutent, bien au contraire, tu ne veux juste ni pitié ni soutien. C'est vrai, dans le fond, tout va bien.
Distrait, tes yeux finissent par se perdre dans le décor de la bibliothèque - parfaitement propre. Tu tapotes tes doigts sur la table avant de réaliser que des résidu de toile s'y accroche. Tu paniques et tires ta main sous le meuble en espérant que Sol n'aie rien remarqué. Tu te sens particulièrement nerveux tout à coup mais difficile de comprendre pourquoi.
Un peu plus loin, au niveau des portes, un groupe d'hommes armés jusqu'aux dents débarquent dans les lieux. Quelques tirs fusent mais ne touchent que les murs et le plafond. En l'espace de quelques secondes à peine, le calme se retrouve brisé par la panique et la peur. Les quelques étudiants et érudits qui occupent la bibliothèque se mettent à terre, sous les tables, tandis que les employés du bâtiment lèvent les mains en l'air. Par réflexe, tu tires Sol vers le sol pour que vous puissiez vous mettre à l'abri. Ton coeur bat à tout rompre.
Pendant ce temps, les ravisseurs s'expriment : ils aboient des ordres et annoncent que ceci est une prise d'otage et qu'ils ne seront pas doux avec vous tant qu'ils n'auront pas un contact direct avec les maires de Cosmopolis.
Tu jettes un coup d'oeil vers Sol. Merde, merde. Tu ne peux pas te changer sous son nez, tu ne peux vraiment pas dire que tu es Spiderman devant elle. Ni devant qui que ce soit. Tu regardes à droite, à gauche, cherche un moyen de t'échapper pour mieux revenir. Mais ça voudrait dire la laisser là quelques instants, toute seule et... Argh.
On... Tu déglutis et reprends en chuchotant. Ca va aller, ok ?
pendant un instant, qui va probablement durer jusqu’à sa majorité et bien au-delà d’ailleurs, sol se sent très con. bien sûr, bien sûr que c’est compliqué pour peter de parler de sa famille. mais quelle abrutie. sans connaître tous les détails, comme tout le monde dans le lycée, soledad sait que peter parker est orphelin et vit seul. les rumeurs ont couru très vite, de toutes sortes. elle en a entendu beaucoup, des plus tristes (ses parents décédés d’une maladie ou d’un accident, laissant un pauvre petit peter seul trop jeune) aux plus farfelues (peter est le fils du président qui l’a abandonné parce qu’il est un métisse alien illégitime et sa mère s’est fait arrêter par le mib — sérieusement les gars?)
elle se mord la lèvre, ne sait pas du tout ce qu’elle pourrait dire. soledad n’est pas très douée pour les interactions, mais quand ça touche la famille c’est encore pire et elle sait qu’elle n’a pas le droit de se plaindre de sa situation quand il y a des gens comme peter pour qui c’est encore plus dur, sans doute.
— oui je.. enfin tout le monde dans l’école sait plus ou moins que tu as une situation familiale hm, particulière (oh god, sol why arrête de parler maintenant) enfin pas que ce soit un problème ! je veux dire, si évidemment je sais pas les détails et euh je veux pas forcément les connaître — enfin tu m’en parles si tu as besoin évidemment ou quoique ce soit ! mais je veux dire, je sais un peu ce que c’est d’avoir une famille pas “complète” et euh bref je comprends (stop stop stop stop) désolé euh, je fais pas trop attention aux rumeurs de toutes manières donc t’inquiète..
c’est une catastrophe. peter aurait toutes les raisons du monde de lui en vouloir, non ? bon sang, qu’est-ce qu’elle ne donnerait pas pour qu’il se passe un truc pour la sortir de cette situation, iron man qui passe dire bonjour (en plus ça serait trop cool), une crise cardiaque foudroyante qui la saisit, une météorite n’importe quoi
ah ou une prise d’otage oui ça devrait le faire.
soledad n’a pas vraiment le temps de comprendre. elle entends les coups de feu, les ressent jusque dans ses os et son intestin se tord et son coeur palpite. elle voit les hommes, sait qu’ils crient quelque chose mais ne fait pas vraiment attention, parce que sa propre respiration emplit ses oreilles et qu’elle n’arrive plus à se concentrer sur autre chose. sa poitrine lui fait mal (attaque de panique, encore faible, elle peut la contrôler si elle arrive seulement à se reprendre avant de commencer vraiment à suffoquer, reconnaît-elle avec l’expertise de quelqu’un qui fait ça depuis toujours) et sol note seulement à cet instant que c’est peter qui l’a attrapé pour la tirer sous la table. ses doigts sont crispés sur le bord du t-shirt du garçon, par réflexe. elle veut le lâcher pour ne pas le gêner ou lui faire mai, mais est trop crispée pour ça (panique panique on va mourir panique je fais quoi)
si seulement elle savait se controler et controler sa force si seulement elle était comme spiderman ou bubblegum ou n’importe qui avec un peu plus de courage et de force et de capacités si seulement elle n’était pas elle.
soledad respire mal, elle le sait, elle essaie mais c’est difficile avec des types à mitrailleuses dans la même pièce que vous. elle entends, pourtant, la voix de peter par-dessus le martèlement de ses tempes. elle s'agrippe mentalement à cette voix familière et rassurante, essaie de se concentrer dessus comme la kiné que sa grand mère lui a fait voir pour apprendre à gérer ses crises lui a conseillé (“il faut que tu t’accroches à tout ce qui te procure de l'apaisement, ça peut être une image mentale, une personne, un objet”) ensuite sol compte
1 2 3 respire 1 2 3
elle se tourne vers peter et arrive à desserrer un peu ses doigts sur son t-shirt pour le relâcher (il faudra qu’elle s’excuse) — il est froissé. il est possible (probable) qu’elle pleure un peu.
— j'ai peur.. avoue-t-elle. sol lève les yeux vers peter. on..on fait quoi ? chuchote sol, pas certainement de pouvoir faire grand chose. peter est nerveux, mais plus calme et rationnel (comment fait il d’ailleurs), donc elle est prête à l’écouter.
[ hrp= dsl pete tu pourrais sauvers la mise si t'avais pas un boulet en train d'hyperventiller avec toi mdr (pardon) (jtm j'espère la rep te va!) ]
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soledad
musique - À chaque murmure à peine étouffé, les ravisseurs haussent la tête, froncent les sourcils derrière leurs cagoules et serrent avec plus de fermeté leurs armes. Tu oses à peine répondre à Soledad, cherchant toujours du regard un moyen de filer jusqu'ici. Il n'y avait pas un risque, mais deux. Le premier est que ta camarade de classe découvre ta seconde identité (quelque chose que tu payerais cher avec Eurêka), et le second que quelqu'un se fasse blesser - ou pire : tuer ! - parce que tu n'auras rien fait (quelque chose que tu payeras tout aussi cher avec Eurêka). Ton visage se ride d'angoisse et d'agacement, tu serres les dents et tu fronces les sourcils toujours plus fort. C'est seulement en croisant son regard que tu te détends. Non... Tu ne peux pas te montrer dans un tel état alors qu'elle cherche ton soutien. Allez, Peter. Tu voulais de l'adrénaline, tu en as ! Maintenant, fais quelque chose...
Tu te glisses un peu plus vers elle, vos épaules se touchent et tu la forces à regarder droit devant elle. Tes gestes sont lents, hors de question de te faire remarquer maintenant. La police va bientôt venir nous sauver. Putain t'es vraiment une tâche. Discrètement, tu glisses ta main vers l'arrière sans attirer l'attention de qui que ce soit - même ta pote. Tu éjectes une toile au loin, envoyant valser un objet au sol. Le bruit sourd résonne dans toute la bibliothèque. Alerté, l'un des assaillant braille et s'approche doucement vers la source du bruit. Tu retiens ton souffle et fermes les yeux. Jouer les Spiderman invisibles ne fait pas partie de tes compétences.
C'est vraiment ma faute, si j'étais arrivé à l'heure on aurait pu quitter les lieux plus tôt et éviter ça... Tu le penses, c'est vrai, de l'autre, tu cherches juste à occuper Soledad pour qu'elle ne fourre pas son nez n'importe où et plus particulièrement DERRIERE VOUS. Tu entends le type s'approcher de ta toile un peu plus loin - maintenant, il ne reste plus qu'à bien viser... de dos... sans te retourner..........
Ni une, ni deux, tu exécutes le même geste et la toile vient s'accrocher tout autour du visage du malfrat. YES !!
PUTAIN C'EST QUOI CA ???!
Vous pouvez entendre le mec se débattre derrière pour essayer de se débarrasser du bordel. Tu as doucement envie de rire mais il en reste au moins quatre autres à occuper. Tu dois rester concentré. Autour de vous, on murmure que Spiderman est là, caché, pour sauver tout le monde. Allez-y, encore plus de pression ! Bon, d'accord, tu te sens archi fier.
Un second vient aider le premier. Hop, une troisième toile, même délire. Ils sont en train de devenir dingue tandis que celui qui semble être à la tête de l'opération les insulte d'incapables et bien d'autres sobriquets moins jolis.
Tu passes de l'amusement à la panique dès lors que deux grandes jambes viennent se poser devant la table sous laquelle vous vous êtes mis à l'abri. Le type se baisse et derrière le tissu, tu n'y vois rien d'autres que deux grands yeux gris colériques. Il attrape Soledad par le bras et la tire hors de votre refuge d'infortune.
Non, non ! STOP !! Il te repousse d'un coup de pied tandis que tu peines à la tenir par le bras. Tu retombes en arrière, impuissant et incapable. Il la tire sur le devant de la scène, l'arme contre la tempe.
Alors l'araignée on fait l'malin ?! T'as plutôt intérêt à montrer un bout de tes collants si tu veux pas que cette fille finisse avec un trou dans la tête !
Tu te lèves, d'un coup. C'est un sacré coup d'adrénaline et de colère qui te prend mais très vite, au son des armes qui se braquent, tu te congèles sur place. De la haine, de la peur, de l'espoir, les regards qui t'entourent sont tous posés sur toi. Tu pourrais faire quelque chose, pour la survie de ces innocents. Mais tu n'es ni Captain America, ni Mr Stark - tu es faible, petit, jeune et surtout - presque - inconnu aux yeux du monde. Tu fixes Sol droit dans les yeux et murmures un Je suis vraiment désolé du bout des lèvres, honteux. Dans un coup de pression et de lâcheté, tu choppes ton sac à dos et tu t'enfuis par la sortie de secours la plus proche, les criminels braillent, ne savent pas comment faire face à la situation et commencent à tirer en ta direction. Tes sens t'alertent, te font esquiver le pire. Une fois dehors, tu ne prends pas le risque de te faire remarquer et te glisses dans une ruelle adjacente pour te débarrasser de tes fringues et remettre ton masque. Vite, vite, vite... Tu règles le timbre de ta voix sur ta combinaison avant de retourner vers la bibliothèque. Tu rentres par une fenêtre à l'étage et t'accroches au plafond. Tu descends d'un cran, de retour au premier là où la scène principale se déroule.
Tu prends un grand bol d'air. Soledad va te détester. Enfin. Elle va détester Peter. Mais sera reconnaissante envers Spiderman. Tu n'avais pas le choix. Et elle ne le comprendra sans doute jamais. Mais ce qui advient de la suite ne te préoccupe pas pour le moment. Tu as des vies à sauver et sans plus attendre : tu attaques. Tu pends à ta toile par le bout des bras, balances ton corps et envoies tes pieds contre le visage de celui qui avait pris Sol en otage. La même chose pour celui à sa droite puis à sa gauche, prenant soin de récolter les armes au passage et les sceller une bonne fois pour toute sur les murs. Tu touches le sol, pas peu fier.
Pardon pour le retard ! Il pleut, ça glisse dehors. Tu hausses les épaules. C'était ta pire punchline ever. T'en profites pour ligoter tous les sales types ensemble avec une dernière toile avant de reporter ton attention vers la jeune fille tandis qu'au loin, les sirènes de police se font entendre.
sol est au moins contente que peter soit là. aussi angoissante soit la situation, la voix de l’adolescent et sa proximité lui permettent de garder un pied avec la réalité et de ne pas totalement craquer — même si elle pleurniche un peu, mais en silence parce que la dernière chose que soledad veut c’est attirer l’attention des terroristes sur elle en particulier. alors elle respire, se concentre sur la voix de peter et essaie de rester aussi calme que possible, chose légèrement difficile tout de même quand des tarés de la gâchette agitent des flingues à deux mètres d’elle.
des bruits surviennent derrière, les attaquants semblent s’énerver. sol s’apprête à tourner la tête pour regarder, mais elle choisit plutôt de revenir à peter.
— q-quoi ? non non c’est pas ta faute.. comment tu aurais pu imaginer que ça arriverait.. qui prend des bibliothécaires en otage d’ailleurs…
les mecs hurlent et sol sursaute, se blottissant un peu plus contre peter par réflexe. qu’est-ce qui se passe ? est-ce que des héros sont arrivés ? s’il vous plaît faites que ça soit captain america ou iron man, qu’elle ait au moins un truc sympa a raconter dans cet amas traumatisant.
un bras surgit, l’empoigne et la tire. peter est repoussé en arrière, leurs mains sont forcés de lâcher l’autre, sol panique et essaie de se défaire de la poigne du gars, mais elle sent quelque chose de froid contre sa tempe et oh non est ce que c’est le canon d’un pistolet qui est braqué sur sa tête ? elle se fige tout aussi brusquement, tétanisée.
oh non elle va mourir
si elle était un peu plus courageuse, si elle maîtrisait ne serait-ce qu’un minimum son pouvoir, elle pourrait tordre facilement sans doute le bras du type, l’envoyer dans le mur, sauver les gens. elle en a les capacités. elle peut le faire mais elle a seize ans et c’est la première fois qu’on braque un flingue sur sa tête. sol va mourir et elle est incapable de bouger un muscle.
peter la regarde. il murmure qu’il est désolé, sol ne comprends pas et soudain il court vers la sortie, les gars tirent.
— non !!
qu’elle meurt c’est une chose mais s’il vous plait laissez au moins peter en vie elle fixe la sortie, paniquée à l’idée qu’une balle l’ait touché.
dans sa panique, elle a saisit le bras de celui qui la retient en otage. ses doigts serrent et s’enfoncent dans sa peau, commençant à briser ses os sans qu’elle ne s’en rende compte. le gars hurle et va pour la repousser hurlant des “putain de merde la sale…!”
et c’est là que spiderman arrive.
la suite est confuse. sol le voit, sait qu’il est là et oh mon dieu c’est vraiment spiderman qui vient de lui sauver la vie. c’est fini. il n’y a plus de flingues sur sa tempe et les méchants sont neutralisés. elle tremble encore, assise par terre et essaie de se relever, les yeux braqués vers la sortie de secours ou peter a disparu.
on lui parle ah non spiderman lui parle. oh mon dieu
sol devrait sans doute dire merci et qu’il est très cool et qu’elle l’admire beaucoup. à la place elle bredouille
— mon.. mon ami… peter il est… il faut que je le retrouve, je sais pas si.. je sais pas s’il va bien ils ont, ils lui ont tiré dessus il est parti par là et… est-ce que vous pouvez le trouver, je dois.. faut qu’il aille bien s’il vous plaît..
première fois qu’elle parle à spiderman et elle arrive à peine a aligner deux mots sans bégailler. en plus elle renifle et elle doit avoir le visage bouffi à cause des larmes c’est génial. pour compléter le tableau, elle essaie de se relever mais ses jambes tremblent tellement qu’elle ne réussit qu’à retomber par terre. super première impression sol vraiment.
(mais si peter est blessé elle ne se le pardonnera jamais)
Keeping us down is impossible 'Cause we're unstoppable
soledad
Et tu restes là, bras ballants, la gorge coincée : tu devrais juste la rassurer, lui dire que tout va bien, pour elle, pour toi. Mais alors que tu t'attendais à de la colère, des larmes de rage, un méli-mélo et du dégoût à n'en plus finir, Soledad ne fait qu'un peu plus preuve d'humanité. Tu te sens idiot alors, d'être parti pour revenir sous une autre identité. Elle ne fait que s'inquiéter, elle hoquette dans ses larmes et cherche une aide, de l'assurance. Il te faut plusieurs secondes pour réagir - et plusieurs secondes dans un tel moment peuvent paraître des heures. Les gens autour vous regardent, presque impatients de la suite. Les sourires reviennent doucement tandis que la police avertie se fait entendre au loin.
Je- Je suis sûr qu'il va bien ! Je crois l'avoir croisé en arrivant et... Oui, il va bien. Tu ne devrais pas t'en faire pour lui et-... Tu n'es pas fâchée ?
Tu secoues la tête. Non, ça ne va pas, ça ne va pas. Oublie ce que je viens de dire. Combien donnerais-tu pour enlever ce masque sans aucune honte maintenant ? Tu ne vas plus jamais oser la regarder dans les couloirs, elle qui pleure pour ta propre survie alors que tu l'as laissé à l'abandon (en quelque sorte).
Tu cherches à changer de sujet - ou peut-être est-ce le moment pour toi de partir d'une façon digne des grands super héros ? Tu balayes la salle du regard, t'attardes sur les malfrats. L'un d'eux a le bras cassé, mais tu es sûr de n'avoir rien à y faire. Des traces de doigts sont marquées comme au fer sur sa peau. Tu fronces les sourcils et le pointe du doigt, curieux.
Wow, c'est toi qui as fait ça ? T'es sacrément balèze !! On dirait pas !
(OHLALA DESOLE DU TEMPS DE REPONSE et c'est terriblement court ne m'en veux pas aaaah ;;)
donc. elle a faillit mourir. ok, super. le “faillit” est important dans cette phrase surtout. faillit mourir à la bibliothèque. ok, moins cool, pas très glorieux. mais bon l’essentiel c’est que les livres allaient bien ? et le meilleur pour la fin : spiderman l’a sauvé. genre le vrai et il est là et il lui parle et mon dieu en quelle matière est son costume ? ça semble l’air confortable, est-ce qu’il passe en machine ? et comment il voit avec le masque ? est-ce qu’il a un champ de vision à 350° et-
il y a tellement de questions que veut lui poser sol et des compliments qu’elle veut bredouiller maladroitement et peut-être demander un autographe parce que c’est genre la chance de sa vie. mais elle ne peut pas penser à ça parce que peter a disparu et elle ne sait pas ou il est et c’est vraiment la merde. même si spiderman l’a apparemment vu, ce qui est rassurant déjà. sol soupire un peu (au moins il est vivant, dieu merci)
— oh, génial merci. hein ? fâchée pourquoi ?
elle n’est pas sûre de comprendre. fâchée d’avoir la vie sauve alors qu’un mec pointait un flingue sur sa tempe ? si elle est furieuse, franchement il aurait pu arriver plus tôt (JAMAIS elle penserait un truc pareil bon sang). sauf que sol blanchit soudainement à la question de spiderman. le bras du mec, le terroriste. celui qu’elle a commencé à briser dans sa panique. oh merde. merde merde
— hein, moi ? euh bah ahaha l’adrénaline vous savez et hum on fait de la muscu en ce moment au lycée alors euh ça doit être ça et euh peut-être la soupe ?(sérieusement sol ?) euh bon je euh merci mais faut vraiment que je trouve mon ami je euh -
elle recule vers la porte, ne voulant pas se retrouver à expliquer que oui elle possède une super force, non elle n’est pas enregistré à la mairie comme alienne ou humaine mutante et bon sang la dernière chose dont elle a besoin c’est qu’on commence à lui demander d’où elle tient ça. sol veut juste une vie normale. elle n’est pas spiderman, elle ne peut pas faire ce genre de choses. avant de fuir définitivement et lâchement, elle prend toutefois son courage à deux voir trois mains et se retourne vers spiderman, les joues un peu rouges.
— euh- vous savez! vous êtes mon héros préféré ! je trouve que vous êtes vraiment cool alors merci de continuer à faire ce que vous faites !
et elle disparaît, profitant que personne d’autre que spiderman ne fait attention à elle vers la porte de secours ou est parti peter plus tôt, se disant qu’il était sans doute avec les secours au rez-de-chaussé s’il va bien comme l’a dit spiderman.
dans sa précipitation, elle n’a pas remarqué qu’elle a cependant laissé son sac à dos sous la table où ils travaillaient. super sol.
— peter ? peteeeer ? excusez-moi quelqu’un a vu un ado trempé ?
Keeping us down is impossible 'Cause we're unstoppable
soledad
La muscu ? Vraiment ? Franchement même toi tu en fait au lycée et t'as du mal à imaginer qu'on puisse casser le bras d'un type comme une brindille. Cela dit, peut-être que les élèves de la classe au-dessus ont un programme spécial, un peu plus... disons, violent. D'un coup, tu as hâte de voir ça. Et puis tu te souviens que tu n'en auras pas trop besoin, en fin de compte. Ah, pas grave. Ça reste vachement cool à savoir faire. Dommage que tu ne puisses pas lui en parler un autre jour, sans ton masque.
Pendant ce temps, Soledad s'empresse de partir, à la recherche de son ami - toi - et te gratifie d'un tas de compliments. Tu rougis. C'est bête, hein, mais oui, tu rougis. Sur internet, tu lis des bonnes choses à ton sujet. Mais les entendre, c'est plus rare. Surtout quand ça vient de tes amis. Tu lui fais un signe de la tête en guise de remerciement tandis qu'elle s'enfonce dans la bibliothèque et disparaît, la porte claquant dans son dos.
Tu en oublies presque c'est toujours toi qu'elle part chercher. Merde, elle a zappé son sac. Tu soupires. Tu vas encore devoir trouver une excuse bidon, mais tu ne veux pas qu'elle passe une journée plus mauvaise que celle-ci encore. Surtout que Sol est une bonne élève, elle ne mériterait pas de tout perdre par ta faute.
Discrètement, tu saisis son sac à dos et te faufiles une sortie parmi le brouhaha de panique. Derrière toi, tu peux entendre les secours et la police arriver sur les lieux. C'est bon. Tout ira bien. Tout ira mieux.
Tu fais le plus rapidement possible maintenant. Tu retrouves ton sac à dos et renfiles tes vêtements par-dessus ton costume, ranges ton masque et repars à la rencontre de Sol, essoufflé. Une fois au rez-de-chaussée, ce n'est pas bien compliqué de la retrouver. Elle court partout, devant tout le monde.
Sol... Sol ! Tu fais de grands gestes de la main et cours jusqu'à elle. Je-Je suis vraiment désolé d'être parti comme ça et j'ai essayé de trouver de l'aide... Ca va... ? Le sac. Peter. Le sac. Oh. Ah oui ! Tiens. Ton sac. C'est, euhm, Spiderman qui me l'a passé en sortant. Tu l'avais oublié sur ta chaise.
Tu essayes de sourire. Mais tu es gêné, un point c'est tout.
Le truc que tu ignores, là, tout de suite... C'est que tu as mis ton masque dans le sac de Sol, au lieu du tien.
elle s'époumone et brasse la foule un peu à l’aveugle. il y a plein de gens partout, des policiers et des journalistes qu’on garde derrière une barrière avec les badaux curieux. on évacue apparemment l’ensemble de la bibliothèque. sol a son portable à la main, appelant peter mais il ne décroche pas. elle se rend compte qu’elle tremble encore — l’adrénaline est probablement la seule chose qui l’empêche de s’effondrer par terre, là tout de suite.
faudrait peut-être qu’elle appelle ses grands-parents, avant qu’ils ne voient l’information à la télé et ne paniquent. leur dire qu’elle va bien. parce qu’elle va bien, non ? elle vient de survivre à une attaque terroriste. certes, dans une ville comme cosmopolis, pleine d’aliens et de gens à pouvoirs et à une époque où super-héros est un métier commun, c’est pas si incroyable. mais merde.
c’est la première fois qu’elle a un flingue contre la tempe quand même.
une voix la sort de sa réflexion ; familière. sol se retourne, cherche un peu et sent le soulagement l’envahir.
— peter!
elle est si contente de le voir, c’est comme un poids en moins dans son ventre. sol ne se serait jamais pardonné si peter était mort et que le dernier message qu’elle lui ait envoyé soit un meme de chat démoniaque.
— oui oui ça va je crois enfin c’est un peu dingue.. et toi ça va ? tu m’as fais peur à disparaître comme ça, ils auraient pu te tuer ! elle est un peu essoufflée aussi, mais réussit à sourire un peu. ah, son sac. tiens oui. elle vient de réaliser seulement en le voyant qu’il manquait à l’appel. ah ! merci, je l’ai zappé dans la précipitation.. t’as vu spiderman? il était si cool je-
— hey ! vous êtes blessés les jeunes ? les interpelle soudain un policier en surgissant dans le dos de soledad. elle sursaute et parvient seulement à secouer la tête négativement, se rapprochant un peu de peter par instinct. vous êtiez parmi les otages ? ok, venez par ici on vous fait un check up et vous conduire au poste pour que vos parents viennent vous chercher..
la suite est un peu confuse pour soledad. elle se retrouve à passer entre les mains des forces de l’ordre et n’a que le temps de glisser à peter un “je t’envoie un message plus tard..” avant qu’ils ne soient séparés. des secouristes lui mettent une couverture et lui posent des questions pour vérifier qu’elle va bien. on contacte ses grands-parents et papy marcus arrive au volant de la buick et la secoue un peu dans tous les sens en paniquant à moitié. soledad est finalement emmenée loin de la zone et n’aperçoit pas peter en partant — elle se demande même s’il n’a pas filé en douce à un moment elle a crut le voir se glisser derrière une ambulance.
ce n’est qu’une fois à la maison, après avoir été inspecté dans tous les sens par sa grand-mère (elle attends que sa mère rentre et ait un infractus en apprenant l’affaire maintenant) que sol peut se changer, s’enrouler dans un plaid avec son chien et enfin soupirer. ah tiens, faut quand même qu’elle vide son sac et change ses affaires. attentat ou pas elle a cours demain. tendant le bras, elle attrape le sac et le renverse directement au sol, ayant trop la flemme pour être délicate ce soir, mince à la fin.
sol se fige. attrape le morceau de tissu rouge, le tend à bout de bras et le retour, le coeur battant la chamade.
“tiens. ton sac. c'est, euhm, Spiderman qui me l'a passé en sortant. tu l'avais oublié sur ta chaise.”
Jeu 14 Juin - 11:55
