ANNÉE 1983, DAVID, DERRICK ET DUSTIN, PASSIONNÉS PAR LA SCIENCE-FICTION ET LA POP CULTURE, DÉCIDENT D'ENVOYER UN MESSAGE DANS L'ESPACE GRÂCE À UN ORDINATEUR SOPHISTIQUÉ DEPUIS LEUR PETIT GARAGE À COSMOPOLIS, DANS LE CONNECTICUT. PUIS C'EST PARTI EN COUILLE.PLUS DE TRENTE ANS APRÈS, GRÂCE AUX EXPLOITS INFORMATIQUES DES "3D" (POUR "THREE DICKS"), LES ALIENS FOULENT ENFIN LE SOL TERRESTRE ! MAIS À QUEL PRIX ? C'ÉTAIT À L'ÉPOQUE UNE SIMPLE PASSION. NI FEMME, NI EMPLOI, DAVID, DERRICK ET DUSTIN ONT PASSÉ LE PLUS CLAIR DE LEUR TEMPS (ET LEUR VIE) À ÉTUDIER L'ESPACE ET LA POSSIBILITÉ DE LA VIE AILLEURS QUE SUR NOTRE BELLE PLANÈTE. SANS DIPLÔMES OU CERTIFICATS, ILS SE CONTENTENT DE CONCEVOIR DES ORDINATEURS ET AUTRES SOFTWARES CHEZ EUX DANS LE SEUL INTÉRÊT D'ENVOYER UN MESSAGE AU-DELÀ DE LA SURFACE TERRESTRE. ILS L'ONT APPELÉ CODE COSMO EN HOMMAGE À LEUR VILLE CHÉRIE (C'EST FAUX, ILS N'ONT JUSTE AUCUNE IMAGINATION), COSMOPOLIS.
EN COURS D'AFFICHAGE (WADE ET LE CODE SE BATTENT)

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des monstres et des hommes (harry)

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Gabriel Ardan
Crédits : 18
Gabriel Ardan

Dim 2 Sep - 17:09


DES MONSTRES
ET DES HOMMES

ambiance + ambiance 2 - William Cordell... ksssh... en liberté conditionnelle... kssh... les familles des victimes s'indignent et demandent un nouveau jugement... kssh La radio peine, grésille, avant de se couper une bonne fois pour toute, laissant place aux chants de la nuit.
Les phares de la voiture s'éteignent, garée sur un sentier, quelque part au fin fond du Connecticut. Il avait roulé pendant pas loin de cinq heures pour arriver à sa destination et il avait besoin de marcher encore un moment. Tout avait été préparé en quelques jours, dès l'instant où les médias ne parlaient que de William Cordell, accusé de tous les maux, enfin libéré après seulement quelques années de prison.

Gabriel regarde dans son rétroviseur - il fait nuit noire. Rien à l'horizon, pas une bâtisse. Le forcené avait été placé dans cette région de l'état pour que personne ne puisse atteindre à sa vie - une information à laquelle le MIB peut avoir accès en toute aisance.

Il s'était décidé : aujourd'hui, il rendra justice.
Il rendra justice et tuera Cordell de ses propres mains.


**


musique - Non, non, je vous en prie, ne faites pas ça...
Ne pas faire quoi, Cordell ?

Ligoté sur une chaise à la manière d'une bête féroce, le quinquagénaire a déjà le visage détruit par les coups et des plaies béantes sur les mains et les bras - il s'était battu pour sa vie, en vain. La lame du couteau et les poings de Gabriel auront eu raison de lui et il ne lui reste plus rien que sa langue pour espérer.

Je ne suis qu'un serviteur de Dieu...

Ardan pouffe. Un serviteur de Dieu ? William comprend bien vite qu'il ne gagnera pas sa vie par la pitié. Il se tait, le toise du regard et très vite, la peur se transforme en moquerie.

Je vous connais... L'agent Blue relève les yeux, dans un mélange d'inquiétude et de curiosité. L'ancien gourou se penche vers l'avant, la pression des cordes sur ses bras le tire, fait craqueler ses vieux os. Il dit, dans un murmure : J'adore votre travail, Gambler...

Gabriel se tait. Son visage se durcit un peu plus. Oh oui, après tout ce temps en prison, vous croyez n'être qu'un inconnu parmi les criminels ? Il rit, gras et fait apparaître toute l'étendue de sa dentition jaunie. C'est vous, n'est-ce pas ? Celui qui laisse toujours une paire de dés dans les orbites de ses victimes... ?

Silence.

William est hilare.

Très artistique. Cruel, mais artistique. Ardan avale sa salive, se plante devant lui. Vous savez alors comment je fonctionne.

Il s'accroupit à sa hauteur, saisit ses cheveux pour l'amener d'un peu plus près. J'ai de grands projets pour vous. Entre ses doigts, deux dés rouges. Alors tenez vous tranquille. Soyez silencieux. Je n'aime pas quand ils hurlent.

Son regard bleu se teint de noir et de carmin. Paire. Je veux des réponses. Impaire. Je vous coupe les lèvres, vous aurez une bonne raison de rire de cette façon. Les dés tombent.

Huit.

Harry Marlow.

Cordell relève la tête. Son sourire s'est dissipé.

Rien à en dire ? Gabriel penche la tête. Dommage.

Et la lumière du couteau brille, reflète la porte qui s'ouvre dans son dos.

featuring harry
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STAGIAIRE
Harry Marlow
Crédits : 62
Harry Marlow

Dim 2 Sep - 18:40






music

Il ne s’est pas regardé dans le miroir accroché au dessus du lavabo. Il s’est contenté d’ouvrir le robinet de la baignoire.

Il s’est allongé dans l’eau et n’a pas bougé les trente-six minutes suivantes.

À la 37 ème minute, il s’est immergé totalement, les paupières grandes ouvertes.

 « Harry, mon agneau prodige… » Il s’avance, nappé de la nuit. « Harry… Tu n’as pas envie que je meurs ? » Il étire ses bras, longs, longs, longs entre les branches noires. « Harry, mon agneau prodige… » Il attrape tes poignets. « Tu ne veux pas que les rats me dévorent ? Harry… » Ce ne sont pas des rats qui grouillent à ses pieds. C’est une poupée aux yeux de dés. « Harry, ce n’est pas ce que Dieu souhaite… »

À la 39 ème minute, le surveillant a entendu des pleurs d’enfant depuis le couloir. Il a forcé la porte verrouillée de la salle de bain. Il est entré précipitamment. Il a tiré le garçon hors de la baignoire.

Il était en train de se noyer.

/ / / / / / / / / / / / / / / / / / / / / / / / / / /


« (…) ainsi celui que la communauté a appelé le Diable du Connecticut a été placé sous la surveillance des autorités (…) tandis que les investigations quant aux meurtres de Hoakbridge se poursuivent (…) les familles déclarent être choquées par la décision (…) le juge Jackson dément les accusations de falsifications (…) »

Tu enfiles un sweat à capuche, un jean et des baskets. Ton sac est presque prêt, ne manquent que la lampe torche et ta carte des routes de la région. Non sans jeter un dernier regard aux images défilant à la télévision, tu l’éteins et t’en vas.

Il ne t’a pas été difficile d’obtenir l’adresse de résidence de ton père - le serveur du MIB, ton art du mensonge et la gracieuse aide d’un des agents ont tombé à bas le secret.

Tout au long du trajet, ton visage n’a pas décollé de la vitre du bus. Le regard perdu dans le flou de l’horizon en marche, tu n’avais à l’esprit que cette affreuse vision de mort. Elle ne te quitte pas. De même que cette étrange et désagréable sensation qui s'est emparée de tes tripes la veille et qui ne cesse de croitre.

Tu en es certain, quelque chose de terrible va se produire - et tu dois l’en empêcher.

Quatre heures plus tard, tu arrives à Coventry, la ville la plus proche de la Nathan Hale State Forest. L’étape suivante sera la plus ardue : trouver l’exacte emplacement de la résidence. Elle n’a pas de numéro et n’est pas bâtie sur une allée ou une ruelle. Elle est au coeur même de la forêt.

Profil bas, évitant de croiser quelconque habitant, tu parviens miraculeusement à passer inaperçu. Il y’a des policiers partout, patrouillant en civil - tu les démasques facilement à leur démarche musclée et rigide.

Tu trafiques par la suite le cadenas d’un vélo, le voles et pars en direction du sentier le plus excentré de la ville. Un sentier de randonnée traversant de part en part la forêt - à cette heure tardive, tu ne risques pas d’y rencontrer des randonneurs.

Il te faut une heure de plus pour aboutir à destination. À savoir un petit hameau, dissimulé par les sapins et les chênes. Tu distingues de faibles faisceaux lumineux, filtrés par les feuillages denses. C’est bien là.

Le coeur battant, tu t’avances silencieusement - déposant ton vélo contre une roche bordant l’entrée de la demeure. La porte principale n’est pas fermée à clé. Aucun bruit, aucune voix. À mesure que les secondes s’égrènent, ton rythme cardiaque frôle la frénésie.

Tu entres. Tu le vois. Non, tu les vois. Pétrifié, les traits tordus de terreur, tu ne réussis pas à parler. Pas même un cri, pas même un râle. Comment ? Pourquoi ? Les questions n’ont pas lieu d’être. Pétrifié, tu demeures pétrifié.

Jusqu’à ce qu’un éclair ne vienne à te saisir aussi brutalement que soudainement.

« ARDAN ! QU’EST-CE QUE VOUS FAITES ! RELÂCHEZ-LE ! QU’EST-CE QUE VOUS FAITES ! » - et tu te répètes, encore et encore, insatiable de colère et de stupeur, te jetant sur son bras armé pour l’en débarrasser de sa lame.

« Mon agneau, Dieu tu as entendu mes prières ! Mon agneau vient de la Lumière m’apporter la délivrance ! » - tu te tiens droit devant la chaise où l'implorant se tord de douleur, imposant une frontière invisible, intangible.

« Vous ne le tuerez pas. Vous m’entendez, Gabriel ? » - et ta rage revendique alors le calme affuté d’une lame de rasoir. « Je vous l’avais dis, de ne pas le faire. Je vous faisais confiance. » - et quelque chose dénote dans le fiel dont tu l’inondes, quelque chose de cassé…de l’affliction.

Tu ne cilles pas, tu ne faillis pas, tu ne le quittes pas - mon vert dans son bleu - et tandis que vous écrivez votre premier cauchemar à deux, William Cordell s’affaire à délier les cordes entravant ses mains.













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AGENT
Gabriel Ardan
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Gabriel Ardan

Dim 2 Sep - 19:28


DES MONSTRES
ET DES HOMMES

musique - Gabriel se débat tant bien que mal tandis qu'Harry met en oeuvre quelques techniques qu'il lui avait enseigné quelques jours plus tôt - l'ironie du sort. Haletant, le visage ridé par une colère néfaste, il lui fait face, prêt à bondir comme un fauve sur sa proie dès qu'une opportunité se présente. Je vous faisais confiance. Et quand bien même ces quelques mots viennent lui déchirer le coeur, il garde la tête haute. Reprend son calme alarmant, et dit : Je ne t'ai jamais dit que tu devais.

Entre eux volent les images de ces moments partagés. Des sourires qui partent en poussière, des promesses qui s'enflamment, des regards qui ne veulent plus rien dire. Gabriel entreprend quelques pas sur la gauche, tout doucement, tournant autour de sa proie comme un vautour. Rend moi ce couteau Harry. Et va-t-en. Ordonne-t-il froidement.

Pourtant, Marlow ne cille pas. Décidé.

Tu ne pourras pas m'arrêter.

L'esprit de Blue se tord dans tous les sens. Tuer, ne pas tuer. Abandonner, ne pas abandonner. Tandis que les yeux verts d'Harry reflètent encore l'ivresse des moments partagés, il s'y perd. Et soudain, des questions lui viennent. Pourquoi es-tu là ? Tu cours jusqu'à ton bourreau pour lui sauver la mise après avoir abusé de toi pendant des années ? Gabriel dévore la distance qui les sépare. Donne moi... Ce couteau. Harry.

Et pendant ce temps, William Cordell s'en va au courant.
Blue relève le bout de son nez aussitôt, paniqué. Merde !

Il pousse Harry sans ménagement pour courir après sa victime qui s'enfonce un peu pus profondément dans les ténèbres de cette vieille maison. Le lâche préfère se cacher. Gabriel a perdu sa trace. Son front goutte, ses yeux et ses oreilles sont à l'affût. La colère dépasse le bord de ses lèvres ; SORS DE TA CACHETTE FILS DE PUTE !

featuring harry
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STAGIAIRE
Harry Marlow
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Harry Marlow

Dim 2 Sep - 20:26






music

Au jeu de la force et des réflexes, il est le plus méritant de vous deux. Tu te retrouves projeté à terre, te rattrapant tant bien que mal à l’accoudoir d’un fauteuil. Les évènements se déroulent si vite que c’est à peine si tu as le temps de réaliser ce qui vient de se passer.

Cordell a fuit, cherchant dans l’immensité de cette demeure un coin d’ombre pour s’y terrer. Tu le connais presque aussi bien que tu te connais - il ne va pas simplement attendre passivement que l’orage passe.

À l’égal de son assaillant, il a soif de sang.

C’est ce que tu as vu, à la seconde où tu as croisé son regard tandis que tu te dressais devant lui pour le protéger - cette lueur, cette lueur mauvaise et diabolique, si familière à ta mémoire.

Là réside ton avantage - les trois années passées à ses côtés, les trois années à l’apprendre comme on apprend une leçon… Deviner ses pensées, prédire ses gestes, anticiper ses colères.

Tu t’avances, la lame levée au devant de tes pas, aussi craintif que féroce - à l’image d’un loup et non pas d’un agneau. Ardan hurle, enragé, et tu évites son chemin de peu, longeant un petit corridor menant à un boudoir. Dissimulé par l’encadrement de bois et les épais rideaux de velours, tu peux le voir s’agiter.

Alors seulement tu réalises à quel point tu étais loin de la réalité ; de sa réalité. Il a tué des animaux étant enfant, il a des névroses tendant à la psychose, il a une forme de comportement asocial, il prend plaisir à faire souffrir, à ôter la vie…

Un tueur, un putain de tueur en série.

Tu te disais il a tué des aliens, d’accord, cela arrive dans le cadre de notre métier, tu te disais, il jouit de la torture qu’il inflige, d’accord, mais il est lui-même torturé - tu te disais tant de choses, Harry.

Des larmes amères s’échappent de tes paupières closes par la rancoeur.

Tu ne diras plus rien.

En plein cauchemar, tu navigues en plein cauchemar… Que faire ? Le mieux serait d’appeler la police. Oui ! Tu fouilles dans ton sac à dos, en sors ton téléphone et composes le numéro. Cela sonne. Un bip. Deux bips. Trois bips. « Allô ? Ici le commissariat de police de Coventry. Quelle est votre demande ? » - ouvre les yeux Harry, ouvre les yeux, ressaisis-toi ! « Je… Je suis… Je ne veux pas qu’il meurt, je suis à… » - tu raccroches.

Si ils viennent, ils arrêteront Ardan. À cette idée, ton coeur se tord violemment.

Tu ne souhaites la mort ni de l’un ni de l’autre - et ne te reste qu’une seule solution. Il faut que tu te salisses les mains.

Inspirant une longue bouffée d’air, tu quittes le boudoir en direction d’un autre couloir - une chambre, je dois trouver une chambre. La pièce favorite de Cordell. Combien de fois t’a t-il dépeint la chambre comme étant le socle d’une famille, le nid du couple conjugal, le cocon sûr et douillet, couvé par les lumières de Dieu ?

Combien de fois t’a t-il enfermé dans une chambre et… Non. Aucun mauvais souvenir n’influencera tes choix ce soir, aucun. Tu as pardonné. Ne l’oublie pas. Tu as pardonné…

Ce manoir est immense… Un pur labyrinthe ! Des gouttes de sueur perlent de ton front - t’as du mal à respirer, embourbé dans l’angoisse. Après avoir silencieusement emprunté les escaliers menant au troisième étage, une curieuse et étrange impression te saisit.

Ton regard s’arrête sur une porte, la plus à gauche des quatre. Il est là. - tu en es certain.

Doucement, tu entres, balayant seconde après seconde l’espace - un grand lit, plusieurs commodes et un placard mural. Seule la fenêtre, grande ouverte sur la nuit, offre un soupçon d'éclairage. « Pa… M. Cordell… C’est moi, c’est Harry… » - tu murmures, la lame toujours élevée à tes devants.

Deux mains surgissent soudainement de la pénombre et encerclent ton visage, obstruant ta voix, ne t’accordant qu’un hoquet de frayeur. Tu sens sa bouche se coller à ta nuque et des frissons de dégoût lécher ton échine. « Mon agneau… Je suis terriblement déçu… Je te pensais fidèle. »

D’un geste rapide, tu plantes la lame dans sa cuisse, te dégageant de son emprise - « Reste loin de moi ! Je veux t’aider… Papa je veux… Mais reste loin de moi ! » Il se redresse, grondant un râle pénible. « Quand j’en aurais terminé avec lui, mon chéri, je m’occuperais de toi. Il ne te restera que les yeux pour pleurer sur son cadavre. »

À ces mots, il te frappe violemment et à plusieurs reprises - la poitrine, la gorge, les côtes, les jambes. Tu t’effondres, lamentable, la mâchoire tuméfiée et dégueulant du sang. « Et pourquoi ne pas l’inviter à présent ? » - son rictus se meurt dans tes plaintes.

La lame entre les mains, il ouvre la porte de la chambre puis part retrouver le noir d'un angle de mur.

L'embuscade est prête.

« DÉVORÉ PAR LES FLAMMES DE L’ENFER SERONT LES PÉCHEURS ! VIENS, VIENS MON AMI, VIENS GOÛTER À LA MORT ! »

Non, Gabriel, ne viens pas, ne viens pas...














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AGENT
Gabriel Ardan
Crédits : 18
Gabriel Ardan

Dim 2 Sep - 21:10


DES MONSTRES
ET DES HOMMES

musique - Quand soudain, des bruits sourds venant de l'étage. Puis des hurlements, propres aux fanatiques. Gabriel ne perd pas une seconde de plus et monte aux escaliers, s'armant d'un tisonnier trouvé auprès de la cheminée. Une fois sur le parquet du troisième étage, plus un bruit.
Ardan ne cligne même pas des yeux, les jambes fléchies et le buste vers l'avant, prêt à bondir puis esquiver. Une chose le titille un instant : il n'entend pas Harry. Où cet inconscient est parti ?! Il serre les dents, pousse les portes une à une. Toutes sont plongées dans la pénombre mais aucune n'indique la présence de qui que ce soit. Salle de bain, bureau, toilettes... Et enfin, la chambre.

La porte grince, il ose poser un pied à l'intérieur. Plic. Sa semelle trempe dans du sang. Ici.

Cordell se jette alors à sa gorge, et Gabriel n'a pour seul réflexe que d'essayer de le planter avec la tige en métal - il rate, celle-ci se loge dans le mur. La pénombre lui fait défaut, le couteau lui touche la gorge, perle de sang. Un peu plus, et c'était la carotide. Désarmé, il perd l'équilibre, bute sur quelque chose et tombe. Ce quelque chose, c'est Harry, battu. Qu'est-ce qu- Son sang ne fait qu'un tour.

Laisser tomber Cordell. Sauver Marlow.
Voilà tout ce qui préoccupe l'agent.

Allons allons, mon doux, tu me fais des infidélités ? Une solution, vite. William s'approche, armé jusqu'aux dents. Gabriel fouille la salle du regard sans trouver quoi que ce soit pour se défendre. Et lorsque l'autre fou brandit sa lame, Ardan n'a plus qu'une solution : utiliser un oreiller pour bouclier.
Les plumes volent dans tous les sens et il n'y a pas de temps à perdre. Il le frappe du pied dans l'abdomen pour le repousser. Il lui court après comme un bélier, l'envoie valser jusqu'au mur le plus proche. Dans sa légitime défense, William secoue son couteau dans tous les sens et parviens à le planter le long de son dos, déchire son pull pour en laisser apparaître une longue plaie sanglante. Pourtant, Gabriel ne lâche pas prise et le cogne une fois, deux fois, trois fois, quatre fois et cinq fois contre le mur, espérant le sonner suffisamment longtemps pour prendre la fuite.

Très vite, il l'abandonne pour Harry qu'il porte non sans un râle de douleur : son dos est brûlant de souffrance.

Il dévale les escaliers à vive allure, à la recherche d'une nouvelle cachette - hors de question de partir d'ici ainsi. Il y a trop de preuve qui pourront l'incriminer, lui et Harry, dans cet assault.

Il y a de la lumière à la cave.

Gabriel ne réfléchit pas plus longtemps et se rue au sous sol. Encore un espace gigantesque mais rempli de bric à brac en tout genre. Il dépose Harry entre deux cartons. Tu ne bouges pas ! Mais au moment où il se retourne pour repartir vers Cordell, il aperçoit l'ombre de ce dernier à l'entrée.

Tu me déçois, Gambler. Et en plus, tu me prends mon garçon... Le mien... Un instant de battement. D'angoisse. Mais voyons quelle voix préfère-t-il suivre... dans le noir.

Et soudain, le noir le plus profond, le plus complet.

Gabriel, au milieu de la pièce, perd tout sens de l'espace. Ses yeux grands ouverts sont à la recherche d'une ombre mais rien ne lui parvient, seulement des bruits de pas qui se veulent discrets. Pas moyen de retrouver Harry ainsi. Il se concentre.

S'il appelle le gamin, il fera part de sa position. Mais s'il ne le fait pas et que Cordell lui tombe dessus avant, il sera incapable de le sauver. Concentre toi, concentre toi...

Mon agneaux... Viens à moi... Je saurais t'apporter la lumière. Chuchote une voix dans la pénombre. L'écho rend la tâche ardue : impossible de définir l'exacte position de William. Il bouge, sans nul doute. Gabriel peut entendre le son de sa semelle sur le bitume.

Harry... Sa voix se brise. Harry, je sais que tu m'en veux, mais tu as besoin d'écouter ma voix. Il déglutit.

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STAGIAIRE
Harry Marlow
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Harry Marlow

Dim 2 Sep - 22:28






music

Ce n’est que lorsque les pénombres te dévorent que tu prends conscience que ce n’est plus la chambre mais la cave, qui à présent se referme sur toi. Le rythme stricte et lourd des gouttes d’eau du tuyau ébréché que tu sens derrière ton dos ne fait qu’intensifier ton angoisse.

Lente, cruelle et implacable, elle paralyse tes muscles, les uns après les autres, te clouant sur le béton froid. Crier à l’aide te paraît aussi idiot que de chercher un interrupteur. Privé de lumière, ton esprit s’atrophie et bientôt, tu ne distingues plus fiction et réalité.

Haletant, tu rampes sur un mètre et du bout des doigts, découvres les contours d’une commode encombrée de cartons et d’objets non identifiables. Les larmes coulent sur tes pommettes, elles coulent et coulent et coulent encore, emportant dans leur sillage salé le sang empâtant tes joues.

Il y’a des rats, il y’a des rats partout, ils sont là, ils te guettent - tu te recroquevilles sous la commode, tordu de sanglots. Ils approchent, leurs petites pattes griffues sont autant de terribles clochettes annonciatrices des Enfers. « Papa ne me laisse pas dans la cage, ne me laisse pas dans la cage ! » - tu dis à mi-voix, te balançant d’avant en arrière, la tête enfouie entre tes genoux.

« Mon agneau… » - sa voix, sa voix qui t’appelle. Tu ouvres les yeux comme pour y voir son visage, auréolé de lumière - mais rien, rien. Le noir. « Papa, ouvre la cage, ouvre la cage ! »

Des pas, tu entends des pas. Et tu sens, tu sens... Son parfum.

Son parfum, que tu connais si bien pour l’avoir eu mélangé au tiens tant de fois - ce parfum qui t’inspire dégoût, horreur et haine, est pourtant en cet instant l’unique chose qui te rassure. Tu tends les bras, brassant le vide.

« Je suis là, mon fils, tout près. »

Les pas se rapprochent, assurés et souples - mais les rats ne partent pas.

Lorsque tu es perdu, regarde tes pieds. C’est ici que tu es. Là. Maintenant. - et la chaleur de son étreinte t’enveloppes.

Tu te redresses, lentement, tes esprits revenus d’entre les limbes. « Gabriel… » - tu peines à articuler, tâtonnant toute surface que ton chemin rencontre. « Gab- » - CLACK !  La violence du coup de poing te projette au sol. Tu hoquettes de douleur, expulsant la molaire encastrée dans les chairs de tes gencives, décousues de l'intérieur.

« Petite pute, tu oses trahir ton père… » - il siffle entre ses dents avant d’attraper l’une de tes chevilles et de te traîner à portée de lame. Ô miracle, tu parviens à te dégager de son emprise et t’effondre contre une paroi de brique, appuyant sur le bouton de la petite lampe de l’atelier de bois.

Faible et jaunâtre, l’éclairage te soulage malgré tout. Tu y vois. Mal, mais tu y vois.

Cordell est là, à un mètre de toi à peine, droit et fier, vêtu de toute sa colère. Tu évites un premier coup, un second -  au troisième que tu évites, tu perds ton équilibre et balayes l’atelier, débarrassant dans un fracas tonitruant les objets y étant rangés.

« Arrête… William… » - ta mâchoire se crispe, trop endolorie. Tu rêves pourtant de hurler, de vomir, de maudire. « Je vais te rappeler à qui tu appartiens ! » - il te redresse, te plaques au mur et le quatrième coup part, victorieux.

La lame te lacère le buste, défaisant ta peau comme on défait un fil de couture - lui offrant une bouche des plus sinistres et fumantes.

Tu t’écroules, à l’égal d’une poupée de chiffon désarticulée. Or, si tu dois mourir, tu ne mourras pas sans te battre. « Je t’ai pardonné. » - et il rit de toi, si fort que c’en est grotesque. « Je te pardonne encore. »

Néanmoins injectés de répugnance, tu plantes tes yeux dans les siens tandis qu’il s’apprête à frapper à nouveau.

Oh, Harry, cela relève d’une chimère, d’être aussi obstiné à vouloir le sauver, à vouloir qu’il vive.

Il y’a des enfants, qui comme toi ont souffert, qui comme toi ont été abusé. Il y’a des familles brisées qui ont besoin de réponses, qui ont besoin de justice. C’est pour elles que tu te bats. C’est pour elles que tu veux le sauver, pour qu’il réponde de ses actes.

« Je vais te faire gémir comme au premier jour… » - il te tire par les cheveux, te soulevant ainsi de quelques centimètres. Un sourire étire alors tes lèvres, imperceptible - accentuant la grimace hideuse de ton visage tumescent.

Derrière lui, Ardan.

Soulagé de le voir vivant, effrayé de le voir prêt à tuer.

« Vous me sauvez. » - tu murmures, comme une prière pour toi-même.














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AGENT
Gabriel Ardan
Crédits : 18
Gabriel Ardan

Dim 2 Sep - 23:27


DES MONSTRES
ET DES HOMMES

musique - Gabriel entoure son cou de son bras et Cordell s'effondre vers l'arrière dans un gargouillement de gorge infâme et gras. Son cri est étouffé par la seule force du biceps autour de son cou qui le serre. Le visage de l'agent est crispé, il n'a jamais serré ses dents aussi forts et ses muscles en tremblent. Mais il ne lâchera pas prise. Il ne lâche jamais prise. Son regard s'arrête un instant sur Harry, flottant. Puis, la colère lui monte à la tête lorsque les paroles infâmes du gourou y font écho. Tu mérites bien pire que la mort, enfoiré. Chuchote-t-il contre son oreille tandis qu'il se débat comme un animal, ses bras et ses jambes en l'air, ses mains s'écrasant sur son visage puis s'accrochant à ce bras assassin.

Le sentant partir, Gabriel fait le choix de le lâcher d'un coup. La rage de William n'a désormais d'yeux que pour lui alors que son agneau est à portée de main. Blue fléchit les jambes, pose ses mains sur ses genoux, reprend son souffle. Ses muscles brûlent, son dos le lance. Mais ce n'est pas fini.

Cordell charge comme un buffle en sa direction et à ce même moment, Gabriel saisit une planche de bois à côté de lui pour la lui fracasser sur le visage. Son nez se brise et des échardes viennent se glisser sous sa peau et il tombe.

Mais ce n'est pas fini.

Il le redresse par le col et c'est de ses propres poings, d'une force bourrée de haine et de vengeance qu'il détruit son crâne. Son sang gicle contre lui et très vite, la peau de Gabriel ne porte plus que la couleur carmin dont seul les yeux peuvent en garder la décence.
Pour la première fois depuis toujours, il ne tue pas par plaisir. Ni pour avoir des réponses à ses questions.
Il tue, et c'est bien plus qu'une pulsion.

C'est une vengeance, pure et dure. Au nom d'Harry Marlow.

Ce que tu as fait à ce garçon, dit-il essoufflé en laissant son corps presque inerte s'étalé au sol, sur son ventre, je vais t'y faire goûter. Il s'accroupit à sa hauteur et ses mots se veulent menaçants : Et tu vas gémir. Comme jamais.

Sans même s'attarder sur l'adolescent, Gabriel part dans le fond de la pièce à la recherche de quelque chose. Il fouille et l'on entend tout un tas d'objets tomber à terre. Il finit par revenir, armé d'une barre servant sans doute à monter l'une des nombreuses étagères du sous-sol.

Il défait Cordell de son pantalon. Ecoeurant pense-t-il à la vue de son corps à demi nu. Et cela ne peut que l'enrager davantage. D'un geste sec et douloureux, l'objet de fer s'aventure dans ses entrailles. Coince, mais Gabriel y met toute sa force. Le sang coule d'entre ses cuisses et il n'arrête pas. Les cris de Cordell contre le bitume ne sont même pas plaisants. Même pas désolants. Ils sont juste dégoûtants.

La barre rectangulaire retombe alors sur le sol, dans un dernier son qui annonce la fin. Tu ne vas pas mourir ce soir, Cordell. À l'aide de son pied, il le retourne sur le dos. Non, tu vas vivre avec la peur que je revienne pour toi une autre fois.

Et pour cette autre fois, il s'assurera que cette tige le traverse jusqu'au gosier.

Gabriel l'abandonne à son sort, qu'il ne trouve ni triste ni hideux, mais juste. Ses mains tremblent encore sous l'adrénaline.
Il revient vers Harry et lui fait passer son bras au-dessus de ses épaules, entoure sa taille pour le soutenir correctement et tous les deux finissent par s'enfuir, une bonne fois pour toute.

Derrière eux, ils abandonnent un fantôme d'autrefois, pleurant et gémissant de douleur dans son propre sang.
Dans ses propres erreurs.


**


Ils traversent la forêt à vive allure, à la recherche du véhicule. Mais très vite, la fatigue et la faiblesse le mord. Il doit s'arrêter, un instant. Il dépose Harry contre un tronc, le laisse se glisser jusqu'au sol. Il reprend son souffle et le regarde, sous la lumière de la lune.

Harry. Murmure-t-il.

featuring harry
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STAGIAIRE
Harry Marlow
Crédits : 62
Harry Marlow

Lun 3 Sep - 0:15






music

Les derniers souvenirs que ta conscience emporte de cette demeure, c’est l’écho des râles gutturales et affreux de Cordell et l’image de son visage à demi-noyé de sang. Après quoi, le noir s'est installé.

Tu es parti - flotter sur des eaux où jamais de navires ne vont. Il y règne un calme reposant et continue et c’est bercé par ce dernier, que tu t’enfonces dans les abîmes. À chaque mètre que ton corps dévore, tu sens ton coeur ralentir.

Harry. - un harpon te pourfend les chairs, te remonte à la surface - et tu ouvres brutalement la bouche, inspirant une immense bouffée d’air. La douleur réapparaît, cruelle et lancinante.

Tu dodelines de la tête, cherches un appui et le trouves auprès de l’arbre contre lequel tu es adossé. Là, tu choisis d’ouvrir les yeux et tu le vois. Gabriel. Aussitôt les larmes coulent et tu t’étonnent d’avoir encore assez d’eau en toi pour les alimenter.

« Vous… » - tu siffles, les sourcils froncés - « Vous allez me le payer… » - et tu tires sur son col, sans parvenir pour autant à maintenir ta prise. Vidé de tes forces, tu n’es plus que chiffons. « Je vais… » - l'oxygène te manque mais tu t’obstines - « Je vais vous hanter jus…jusqu’à votr…votre mort et même après. »

Sous la sincérité de tes propos, ô combien chargés de colère, se dissimule pourtant le début d’un sourire. Un sourire qui vaut tous les mots du monde, un sourire qui dit je suis heureux que vous soyez en vie, je suis heureux de l’être à vos côtés et merci de ne pas l’avoir tué.

Un sourire aimant.

Le froid glaciale et humide de la forêt s’engouffre entre vous. Frissons et blessures ne font pas bon ménage. Tu craches la salive compacte et ferreuse qui obstrue ta gorge - poses une main sur la plaie béante de ton torse. Si tu n’es pas rapidement soigné, tu vas refaire le grand plongeon, et aucun harpon aussi français soit-il, ne t’en sortira.

« Fau… Il faut me coudre. » - tu tentes une première fois de te lever - échoues lamentablement. Une seconde fois, inspirant cette fois-ci plus longuement, plus pleinement - c’est un succès.

Maintenu par les branches sur lesquelles tu reposes tes bras, tu contemples avec plus d’intérêt l’état physique de ton sauveur. Ce n’est pas glorieux, oh non. « Vous êtes gr…gravement blessé. » - il faut les secours d’une ambulance ou au moins une trousse à pharmacie.

Un coup d’oeil sur ton dos - pas de sac. Tu y avais glissé une trousse justement... Il a dû tomber durant tes cabrioles avec le Diable. Tu pestes. Vous avez besoin de soins… Si au moins vous pouviez appeler un collè- …

Appeler.

Tu as appelé la police, une heure plus tôt. « Gabriel, le feu. » - paniqué, tu pointes du doigt le chemin par lequel vous êtes venus, en direction du manoir. « Nos traces… Il y’a notre… ADN… Police va… » - un effort Harry, allez, tu peux le faire - « Il faut mettre le feu, effacer nos traces. »

Tu sors un briquet de ta poche de jean.

« J’ai appelé la police, je n’ai rien dis mais… » - expires, ne te relâches pas - « S’ils traquent l’appel, ils vont… Ils vont venir. » Quel commissariat ne serait pas inquiété par un appel aussi bizarre que celui que tu as passé, sachant que tu l’as passé dans la ville à côté de la résidence provisoire d’un des types les plus haït des États-Unis.

« Il faut agir vite… Je suis à cours de poumons. »

Et à cours d'hémoglobine.














*
AGENT
Gabriel Ardan
Crédits : 18
Gabriel Ardan

Lun 3 Sep - 1:05


DES MONSTRES
ET DES HOMMES

musique - Je regarde autour de nous.

C'est tellement calme Harry, c'est tellement beau. Cette obscurité rassurante, ce silence qui nous entoure. J'aimerais que tu puisses le voir, de tes propres yeux, dans un esprit clair et sain. J'aimerais que tu vois que le noir n'est pas la peur ni l'angoisse. J'aimerais que tu vois que je suis là et que je ne t'abandonne pas, même ici.

Tu me souris alors je le fais aussi en retour, tiraillé par les douleurs qui m'empoisonnent. Tu me dis que la police va arriver et ce serait mentir de dire que cela ne me fait pas perdre l'équilibre un court instant.

Je regarde autour de nous, Harry. Et je regarde ce briquet que tu me tends. Mais je sais qu'il n'y a pas des milliers de solution.
Et tandis que tu te vides de ton sang sous mes yeux, que ton souffle se fait maigre et que ta vision se brouille, je sais que je dois agir, et vite.

Au loin, je vois des lumières venant du sentier. Elles dansent, de rouge et de bleu, accompagnées par ce tintement assourdissant. Je sais que tu aimerais que je te rassure, que je te parle comme je sais si bien le faire. La vérité, Harry, c'est que j'ai peur.
Affreusement peur.

Pour la première fois, je ne peux pas prendre de décision égoïste.
Parce que ce n'est plus juste moi.

C'est nous.

Je te porte à nouveau, fermement contre ma poitrine. La voiture est à une centaine de mètres de là où nous nous trouvons.

Tant pis.

Je rebrousse chemin.

Je rebrousse chemin et j'ai le coeur qui bat. Tu dois sans doute le sentir contre toi. Comprend que ce jour devait arriver, Harry. C'est ainsi.

Parfois nous ne sommes pas que des hommes. Nous sommes des monstres.

Je m'arrête devant le palier de la porte que nous avons pourtant fui comme la peste. Je sais que tu as compris. Je le sais. Je le sais. Mais ne dis rien.

Nous n'avions pas le temps de conduire jusqu'au prochain hôpital.

Et je ne t'abandonnerai pas.

Le véhicule arrive en trombe depuis l'horizon.

Je fixe ton visage une dernière fois.

Tout ira bien, ne t'en fais pas.

Le policier sort de la voiture, la main sur le manche de son pistolet. Mais à notre rencontre, il ne le dégaine pas. Il nous regarde, horrifié. Il s'approche, doucement. Sauvez-le. Je l'implore.

Il court jusqu'à sa radio pour appeler une ambulance, et je souris en te serrant un peu plus fort contre moi.

Car parfois, nous sommes un peu plus que des monstres.

Nous sommes des hommes.




featuring harry
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*
STAGIAIRE
Harry Marlow
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Harry Marlow

Lun 3 Sep - 1:54






music

Tu ne t’étais pas aperçu d’avoir clos tes paupières jusqu’à cet instant très précis, où tu les rouvres sur l’agent de police et le visage de Gabriel. Tu les vois d’en bas, comme un enfant voit le monde - discuter, échanger.

Tu entends ton prénom, l’écho d’une promesse, sa voix cajole et désolée - et dans un énième effort, peut-être celui de trop, tes esprits reviennent à eux. Là, devant le manoir, bien loin de votre liberté naguère, il s’est rendu.

Pour toi.
Pour te sauver.
Une fois de plus.

À l’égal d’un papillon pris dans une toile d’araignée, tu te débats de ses bras, poses un pied à terre, un autre. C’est chancelant mais nimbé d'une étrange fureur que tu gagnes les épaules de l’agent, revenu vers vous avec son téléphone.

« Je suis Harry Marlow. » - et ton identité suffit à l’homme pour que ses bras lui en tombent. Incrédule, il te dévisage, cherchant la farce là où il n’y en a aucune. Harry, l’enfant célèbre dont le peuple américain avait dévoré le visage poupon et les larmes, lorsque les services sociaux l’avaient retiré du domicile des Cordell, sous les caméras avides des journalistes.

« Je suis venu tuer mon père, mais… » - tu manques de t’effondrer, raclant ta gorge pour y trouver des perles de salive. « Cet homme, mon mentor, Agent Blue, m’en a empêché. » Il boit chacune de tes paroles, la mine cousue de torpeur avant de te transporter sur la banquette arrière du véhicule.

« Il… Vivant. Cordell est vivant. » Tu peux lire dans son regard autant d’empathie que de désespoir. « Petit, ne parle plus, l’ambulance et les renforts ne vont pas tarder. Tiens bon. On se charge de tout. »

Trois minutes plus tard, et elle arrivait. Les lumières bleues et rouges vous immergent, au moins autant que le brouhaha des infirmiers et des dizaines de policiers dont tu devines les inquiétudes, les colères. Ils se précipitent - cela s’agite autour de toi mais tu ne vois que des tâches oblongues et floues.

Gabriel, tu vas me le payer, tu vas me le payer.

Harry Marlow, tu es fort. Accroches-toi.

Un masque t’est placé autour du visage - tu te sens soulevé, flotter dans les airs jusqu’au moelleux du matelas blanc de la civière. À tes côtés, deux personnes sont assises, vêtues de blousons noirs ciblés des lettrines jaunes du FBI.

L’apport en oxygène et la morphine font lentement effet - t’arrachant aux litanies de tes plaies. « Je n’ai pas réussi... » - la femme se tourne vers toi, surprise et décontenancée - « Je n’ai pas réussi à tuer mon père… Il m’en a empêché, il m’en a empêché… » - tu saisis l’une de ses mains gantée, la sers aussi fort qu’il t’est possible de le faire. « Il m’a sauvé… Il m’a sauvé… »

Son regard se reporte sur celui que tu désignes d’un mouvement succinct de la tête. L’agent du MIB, que ses collègues s’apprêtent à interroger. Elle leur fait signe de venir non sans te gratifier d’une caresse sur la joue. « Nous allons t'entendre mon garçon, mais ne force pas, tu dois rester tranquille. »

Elle sort de l’ambulance, apostrophe l’un des commissaires de police présent, ce que tu comprends à l’écoute de leur échange - « Commissaire Tomasin, mes agents et moi allons partir avec le gamin. Vous, prenez la déposition de l’agent du MIB et après vous le laissez rentrer pour la nuit. Vous nous enverrez votre rapport au plus tard demain 11H. »

Ce n’est pas tout à fait une victoire mais c’est une victoire tout de même.

Elle se rassoit à tes côtés et tu subordes, au son métallique de leurs chaussures sur le sol de l’ambulance, que ses collègues sont là, avec vous. « Je n’ai pas réussi à tué mon père… » - sans te répondre, ils hochent du menton, te soumettant à leur pitié et jugement dont tu n'as cure.

Une désagréable impression de déjà-vu… Un retour en arrière de 10ans…

« J’aimerais être du bleu… » - tu murmures, les yeux grands ouverts sur le plafond gris. « J’aimerais être du bleu… » - et tu lâches prise, emporté par la fatigue d’avoir refusé de mourir.













*
AGENT
Gabriel Ardan
Crédits : 18
Gabriel Ardan

Lun 3 Sep - 19:26


DES MONSTRES
ET DES HOMMES

musique - Il n'a suffit que d'un regard depuis l'ambulance pour que Gabriel réalise que c'était lui qui était sauvé ce soir, et personne d'autre.
Les bras l'en tombent, sa bouche ne veut se fermer et il ne cligne pas des yeux pendant une minute, jusqu'à ce que les portes du premier véhicule se ferment et disparaisse pour un endroit sans doute ivre d'espérance.

Le premier policier revient à sa rencontre. Gabriel insiste pour lui montrer l'étendu des dégâts, ignorant ses blessures, le tout dans le seul but de ramasser une pièce à conviction qui pourrait lui être fatale : les dés oubliés dans le salon.
Les deux hommes rentrent et il lui désigne du bout du doigt la cave dont la porte était encore grande ouverte. Et tandis que l'autre fit l'horrifique découvert au sous-sol, Ardan en profite pour reprendre ses biens, discrètement glissés dans l'une de ses poches.


**


Gabriel... Un soupire, du fond de la pièce. C'est la première fois qu'il l'entend. D'aussi près, d'aussi clairement. Et lorsqu'il se retourne, il est là. Tout prêt. La gueule déjà entrouverte.

Blue se redresse subitement, la sueur au visage et le souffle coupé. Il regarde autour de lui et n'en reconnait aucun recoin. Quelques secondes lui sont nécessaires pour réaliser qu'il repose sur un lit d'hôpital. Le bruit des machines le ramène à la raison, ce n'est plus un cauchemar, ni rêve - c'est la réalité.

Il se frotte les yeux, encore gonflés par l'épuisement, avant de quitter sa pièce à coucher, s'aventurant dans les couloirs à la recherche d'une infirmière à cette heure tardive. Je cherche Harry Marlow.

Elle relève le bout de son nez, le regarde derrière ses verres épais. Chambre 12 à l'étage. Mais il dort vous ne devr-

Trop tard, il a déjà repris son chemin.

La soirée revient alors dans de douloureux flashbacks. À chaque pas, le supplice de son dos le renvoie à cette mort qu'il a frôlé.
Que Harry a frôlé.

Harry.

Sa cadence accélère, s'impatiente dans l'ascenseur. Il sue, encore. Sa peau est cadavérique. Son pouls endiablé.
Et tout ça ne s'arrête que lorsqu'il passe la porte de la chambre 12.

Il se croit fondre en larmes pendant de courtes secondes alors qu'il ne fait que le regarder, de son impassibilité naturelle. À son chevet, ses doigts effleurent le dos de sa main. Il devrait parler. Il devrait.

Mais il n'y parvient pas, alors, ramenant cette paume contre ses lèvres, il souffle contre sa peau ; Merci.



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*
STAGIAIRE
Harry Marlow
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Harry Marlow

Lun 3 Sep - 20:36






music

Il s’avance à pas de loup, le dos courbé pour éviter les épines et leurs morsures. Au travers des branches et des feuilles, la lumière s’éparpille, généreuse et douce. Il sourit lorsqu’enfin il arrive au coeur du rosier. Un dôme vert et or où s’accrochent pétales et gouttes d’eau.

Il inspire un peu de ce parfum précieux qui l’entoure, puis s’assied en face de la petite roche. Toute seule, toute grise, toute ronde, elle trône au centre. « Suis-je éveillé ? » il demande. « Pas tout à fait » elle répond. « Vous êtes la voix du rosier ? » il demande. « Oui. C’est moi. » elle répond. « Pourquoi êtes-vous dans le rosier ? » il demande. « Parce que c’est là que je suis enterrée. » elle répond. « Je vous vois, toute seule, toute grise, toute ronde. Vous n’êtes pas enterrée. Me mentez-vous ? » il demande. « Non. Tu ne me vois pas telle que je suis. » elle répond.


Lentement, tes paupières s’ouvrent - d’abord s’avance la brume, aux couleurs pastels et opaques ; ensuite apparaissent les sons, faibles et bourdonnants. C’est à l’écoute du bip du moniteur cardiaque et à la vue du plafond jaunâtre de la chambre que tu réalises où tu es.

À l’hôpital.

Le fil des évènements passés sont trop denses pour que tu aies la volonté de leur faire face - tu te contentes d’appréhender ce qui t’entoure. À peine inclines-tu la tête sur le côté que tu le vois.

Gabriel.

Le visage lové sur le dos d’une de tes mains, on eut dit qu’il prie.

Sans manquer de prendre ton temps, tu te redresses - délogeant ton dos du moelleux de l’oreiller. C’est non plus d’une mais de tes deux mains que tu gratifies son visage de caresses, l’amenant à l’horizon de tes yeux. « Mon tendre démon… » - tu souffles, un sourire désolé cousu aux lèvres.

Sauvé des barreaux, prisonnier des remords… L’homme à l’appétit de monstre, dont tu as empêché la gueule de morde. Le monstre au coeur d’homme, que tu affliges de remords.

Oh, Harry, tu t’en veux tellement. Tellement…

L’idée même qu’il ait frôlé les abîmes éternelles te soulève l’estomac. Tes mains retombent sur le matelas. Lasses. Le soulagement de le voir vivant, là, à tes côtés, n’a d’égal que ton envie de fuir ces lieux.

Soudain, comme un écho de malheur, les voix des agents du FBI te reviennent. La déposition, que tu as faite pas plus tard qu’hier, l’état critique de Cordell, l’implication d’un membre du MIB, la date du procès à venir. Procès qui, par chance, sera tenu secret et en huis clos. Un peu de positif dans ce bain de négatif : vous évitez les médias.

Si seulement tu ne lui avais pas parlé de ton enfance, si tu t’étais contenté de jouer les stagiaires modèles, si tu ne t’étais pas obstiné à t’accrocher à ses pas comme une ombre. Si seulement tu n’étais pas entré dans sa vie.

C’est que tu te fiches qu’il soit un tueur - ce tueur, il a toute ton affection, alors pourvu qu’il vive heureux.

« Il ne faudra plus revenir me voir, Gabriel. » Dans le vide, tu cherches le courage. Le courage d’appliquer la décision la plus juste, la plus salvatrice à son égard - et la plus difficile que tu aies eu à faire jusqu’à ce jour. « Il vaut mieux que nos chemins se séparent, lorsque les procédures seront terminées. »

Il n’est plus question de le hanter, de lui faire payer - comme tu le lui as persiflé cette fameuse nuit dans les bois. Il est question d’arrêter les frais.

Il est également question de lever ce voile de chagrin.

« La bouffe est dégueulasse… » - tu déclares, optant pour une humeur plus légère, celle qui te sied le mieux. « Cela ne vaut pas votre fondue boudonne ! » - tu t’esclaffes, peu sûr d’avoir prononcé correctement ce plat si bon dont tu peux presque sentir les effluves te caresser les papilles.

« Au moins, on me file des bananes. C’est bon les bananes. » Joignant le geste à la parole, tu te saisis de l’une des sus-nommées dans la corbeille de la commode adjacente et l’enfonce dans ta bouche, mimant Dieu sait quelle succion grossière.

Harry ou l’art de se réfugier dans l’humour.
Harry, qui fait comme si de rien n’était.
Comme si un rien ne cachait pas un tout…














*
AGENT
Gabriel Ardan
Crédits : 18
Gabriel Ardan

Lun 3 Sep - 21:33


DES MONSTRES
ET DES HOMMES

musique - Gabriel ne peut s'empêcher d'esquisser un rictus, là où il aurait eu tendance à le traiter d'imbécile. Il y aura fallut frôler la mort pour comprendre à quel point ces instants sont importants à ses yeux - à quel point ses bêtises peuvent animer une vie.
À quel point il peut museler les maux avec quelques sottises.

Il te faudra un peu plus que ça pour me dissuader de venir te voir. Il ricane, pose la main sur le fruit pour l'en débarrasser le temps qu'ils puissent discuter sans égarement.

Le visage de Gabriel reprend des teintes grisées, plus moroses - en souvenir de cette aventure macabre qui les accompagnera pour leur restant de leurs jours. Je ne peux pas te perdre. Avoue-t-il à mi-voix, le regard fuyant.

Et quand bien même les voilà débarrasser de Cordell pour un temps indécis, la peur du jugement pèse sur leurs épaules. Même derrière les plaisanteries d'Harry, même derrière les dires certains de Gabriel, il y a un océan de tourment. Aujourd'hui, il faut réfléchir et vite aux solutions. Il faut apprendre par coeur le mensonge pour en faire une vérité absolue.

L'espace d'un instant, j'ai réellement cru que tu serais parti. Il reprend sa main pour se convaincre qu'il est toujours là. Délicatement, son front repose contre cette dernière, à la recherche de réconfort. Sous son aile ou par sa main. Il souffle : ... J'ai cru devenir fou. De peur. D'angoisse. De solitude. Ses lèvres délient ses dents pour en lâcher un rire moqueur. Quel pathétique mentor je peux faire.

Harry-


En relevant son faciès, ce sont des mirettes qu'il voit en premier. Gabriel se fige, quelques secondes de battement. Son souffle s'est arrêté. Son coeur a loupé un bond. Mais il n'en dit qu'une plaisanterie :

Tu as vraiment besoin de cours d'autodéfense, regarde toi.



featuring harry
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*
STAGIAIRE
Harry Marlow
Crédits : 62
Harry Marlow

Lun 3 Sep - 22:55






music

Tu fronces les sourcils, peu satisfait de voir « la plus grande décision de ta vie que tu aies eu à prendre jusqu’à ce jour » balayée d’un simple rictus. Un enfant ayant juré de ne plus jamais grimper aux arbres n’aurait pas eu meilleur accueil.

Vous êtes terrible Gabriel.

Or si bouderie il y’a, elle ne dure qu’une minute à peine. Comment pourrait-elle prétendre à plus, lorsqu’il se meurt en tendresse pour tes beaux yeux. Tu réalises, avec autant de retard que de surprise, que sa peur de te perdre vaut ta peur de lui nuire.

Vous êtes deux idiots.

Il va te tirer les larmes s’il continue de te parler comme il le fait - et des larmes, tu n’as plus très envie d’en verser. C’est difficile, elles arrivent si facilement chez toi - comme celles des crocodiles, lourdes et bruyantes.

« Vous n’êtes pas pathétique. » - tu brises le silence, le timbre clair et implacable. « Osez le dire encore une fois, osez ne serait-ce que le penser encore une fois, et je vous coue la bouche avec du fil barbelé. »

Menace que tu serais, en toute honnête, prêt à mettre à exécution tant l’entendre dire pareille ineptie te met hors de toi. Il n’a pas le droit de se laisser aller à ce genre de mélancolie, elle est douloureuse et sans fondements.

Il ne te perdra pas. Point à la ligne.
Tu as survécu et tu survivras à une invasion de dinosaures radioactifs s’il le faut.

Certes, tu maintiens que ce serait bien mieux pour lui si tu sortais de sa vie. Sortir d’une vie et ne pas être perdu, ce n’est pas la même chose. Si ? Oh, Harry, ta cervelle réclame du répit - laisse-là retourner à ses élucubrations fantasques, cela lui réussit davantage.

Tu balayes brièvement du regard les meubles aménageant ta chambre. Il y a des fleurs, des chocolats et une peluche. L’objet de toute ton attention est tout autre : le paquet de Marlboro, habilement dissimulé derrière le vase sur ta commode gauche de chevet.

D’un bras tendu à l’extrême - bordel, ça te fait un mal de chien - tu parviens à le récupérer. Le meilleur des cadeaux qui soit signé Bosko, l’un de tes camarades de chambrée du foyer. Tu craques l’une des allumettes coincées entre le film plastique et le carton et allumes ta promise.

Cinq jours.
Cinq jours sans fumer.
Un Enfer.

Faites qu’aucun infirmier n’entre, tu te ferais salement engueuler…

Harry.

Tes yeux reviennent aussitôt se planter dans les siens. Sa voix n’est pas tout à fait la même, ni son expression, ni sa respiration. Tu le trouves incroyablement beau à cet instant, incroyablement fascinant. J'aimerais qu'il... Le moniteur te trahit, dénonçant l’agitation soudaine de ton pouls. C’est comme ce soir là, chez lui, c’est comme la seconde avant qu’il ait fuit.

Tu déchantes rapidement - puisqu’il fuit à nouveau, ou du moins te semble t-il. Alors seulement tu remarques que ton visage s’était dangereusement approché du sien. Imbibé du rouge de ta honte.

Et tu préfères rebondir sur son absurde remarque que d’affronter ce que tu n’arrives pas même à nommer. 

« Moi, j’vais vous filer des cours d’obéissance. » - et tu croises les bras, la clope au bec, à l’image d’un petit voyou vantard. « Si vous m’aviez écouté, m’sieur je suis le plus fort, et que vous aviez fich’ la paix au trou d’cul, on en serait pas là. »

T’expires une grande bouffée dans un râle grotesque. « Le prochain coup, c’est la fessé mon p’tit gars ! »

Tu éclates de rire - absolument pas convaincu de ta performance qui n’avait ni reproche, ni déception en son sein mais qu’une franche et naïve envie. Rire. Oui ! Cela marche, puisque tu ris. Tu ris, tu ris, tu ris, tu ne t’arrêtes pas - tout le poids du drame pesant sur vos épaules disparaît.

Pas indéfiniment, ok, mais vas-tu t’en plaindre ?

« Ardan… » - tu recouvres ton sérieux, sans te départir d’un léger sourire. « Il faut qu’on accorde nos violons. » Puis, sans raison particulière, tu quittes ton lit et effectues quelques pas pour gagner la fenêtre - n’allez pas croire que tu es déjà retapé et prêt à courir les champs, disons juste que tu es un coriace et qu’avoir des airs de quinquagénaire bourré d’arthrose ne te dérange pas.

« J’ai dis aux inspecteurs, quand ils sont venus, hier, que j’ai orchestré seul ma tentative d’assassinat. Je leur ai dis la vérité lorsque j’ai mentionné la manière avec laquelle j’ai obtenu l’adresse. » - tu demeures un moment contemplatif, observant la nuit envelopper graduellement l'horizon.

« Ils m’ont à la bonne, j’suis le petit gosse bousillé, celui qu’on a trop traumatisé pour qu’il ait un esprit sain, pour qu'il réalise les conséquences de ses actes. Y'a peu de risque que je finisse en prison. Ce serait un bordel pour eux, et un non-sens ! » - tu ricanes.

« Je leur ai dis que vous êtes intervenu au moment où j’ai… » - tu marques une pause, la moue circonspecte avant de tourner le dos à la fenêtre pour mieux le rejoindre. « Sodomisé Cordell avec… Une barre en fer ? » - et tu t’assieds sur l’accoudoir de son fauteuil, délassant tes jambes sur ses cuisses.

« Vous êtes sacrément créatif, Gabriel. » - et tu ris, presque aussi énergiquement qu'au moment précédent.














*
AGENT
Gabriel Ardan
Crédits : 18
Gabriel Ardan

Lun 3 Sep - 23:39


DES MONSTRES
ET DES HOMMES

Gabriel redresse le bout de son nez - depuis quand les rôles se sont-ils inversés ? C'est avec son cœur d'adolescent qu'il écoute Harry le réprimander avec son insolence naturelle. C'est avec son esprit d'homme qu'il le comprend.

Harry s'élève face à la lumière de la lune, contemple la nuit comme un agneau né la veille, qui découvre et façonne le monde par son unique regard. De sa chaise, Blue contemple les détails de sa bataille. Ci et là, des cicatrices dessinées à même la peau, détruisant à même sa silhouette comme un papier déchiré. Le bout de ses doigts tremble de l'envie d'en effleurer les extrémités pour pouvoir les observer d'une toute autre manière, sous chacune de leurs coutures ratées.

Et puis, quand la nuit tombe, c'est comme si la réalité revenait vous mordre, vorace. En ce même instant, Marlow raconte sa propre fable que Gabriel ne pourra démentir malgré lui. Je le ferai à nouveau si je le dois. Dit-il tout bas.

Harry le surplombe et ses jambes pendent au-dessus des siennes. Le regard de Blue se dérobe de ses pensées insalubres qui empoisonnent son esprit et il ne réalise qu'à cet instant que le lien qui les unie ne fait que baigner dans une ambiguïté certaine depuis des semaines maintenant.

Ton histoire ne tient pas la route, tu le sais ? Dit-il sèchement. Si je suis venu t'en empêcher à ce moment, que vont-ils dire lorsqu'ils remarqueront le sang dans la chambre ? Nos plaies ne concordent pas avec tes faits. Et encore moins avec mes empreintes seules sur cette barre. Maintenant, je marcherais en ton sens afin de ne pas créer de doute. Il faudra simplement s'assurer que Cordell ne raconte pas sa version des faits... Auquel cas, il se réinstalle correctement sur sa chaise, les barreaux pour toi, la potence pour moi. Et même si la peine de mort a été abolie dans le Connecticut, d'autres se chargeront de rendre justice par eux-mêmes.

Gabriel pivote face à lui et avant même qu'il ne puisse tenter de se stopper, ses doigts viennent couleur le long de sa cuisse, suivis de près par ses lippes Nous n'avons pas le droit à l'erreur, Harry. Nous devons danser en parfaite harmonie.

Très vite ses gestes lui font écho à un passé qu'il n'a pas vécu et les adages de Cordell. Il s'arrête subitement, presque d'un bond, bloqué contre son dossier. Ici. Maintenant. À la merci de son corps qui parle de lui-même.

File dormir. On a encore beaucoup de boulot. Prétexte-t-il en désignant le lit d'un regard.



featuring harry
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STAGIAIRE
Harry Marlow
Crédits : 62
Harry Marlow

Mar 4 Sep - 0:46






music

Ton histoire ne tient pas la route ? Comment ça ? Qu’est-ce que c’est que ce non sens ? Évidemment qu’elle tient la route, tu as pensé à tous les détails, tu as passé en revue le fil des évènements - à peu près… Ok, non, t’es dans la merde. Il va falloir corriger tes lacunes et peaufiner ta version des faits.

« La barre de fer, je dirais que… Vous me l’avez prise des mains ! C’est pourquoi il y’a vos empreintes. Si les miennes n’y sont plus, c’est parce que vous les avez effacé, pour me protéger. » Ravi de ta logique, tu te pares de ton plus triomphal minois.

« Si c’est une faute d’effacer des empreintes, ce n’est pas préjudiciable ici puisque vous avez fait cela pour aider un adolescent fragile psychologiquement qui avait besoin d’être rassuré et calmé. » Tu mimes l’effroi et les tremblements du sus-nommé, censé être toi, non sans un rictus mauvais.

Quand tu penses aux journalistes, aux psychologues et à ces prétendues personnes de confiance qui t’ont décrit, analysé, écouté, interviewé ou encore raconté depuis ton séjour chez les Cordell… La colère te monte au nez !

Aucun ne t’a jamais cru capable d’être juste normal. D’accord, peut-être n’est-ce pas le terme le plus approprié pour te qualifier mais… Tu es réfléchis, malin, capable et endurant : tout sauf fragile psychologiquement, névrosé et Dieu sait quoi encore.

« Cordell, pour le connaître mieux que je ne me connais… » - et le souvenir de son parfum nauséabond t’emplit soudain les narines - « … Ira dans mon sens. Oh pas pour me faire plaisir, ni pour vous voir hors de cause. » Tu l’imagines, fulminant de rage dans sa chambre d’hôpital gardé par des chiens et des hommes armés jusqu’aux dents.

« Il va vouloir se venger. Il attendra patiemment que vous ayez baissé votre garde, un mois, un an, dix ans s’il le faut. Il frappera un jour où vous seriez à table, dînant paisiblement. C’est un vicieux, un sadique. » Et toi, Harry ? Quel sort te réserve t-il ?

Cette réponse, tu la connais. Elle t’épouvante. C’est pourquoi tu espères ardemment qu’il sera condamné au cours d’un de ses autres procès. « Nous sortirons gagnants du tribunal. » - tu conclues, bras sagement croisés sur ta poitrine.

Il arrache le sérieux de tes traits, lorsque ses mains brodent un fil imaginaire sur l’une de tes cuisses. Ses lèvres, tièdes et ravageuses, achèvent ton rythme cardiaque. Imperceptiblement, tu recules. La bouche entrouverte, les joues en feu, tu es incapable de raisonner ou de parler.

Sa fuite, encore une, t’allège d’un retour à la réalité brutal. Un sourire nerveux brise le mutisme de ton visage. « Vous aimez avoir le dessus, même quand vous savez que je suis le plus fort ! » et ton sourire nerveux se transforme en rire nerveux.

Il joue avec tes nerfs - n’est-ce pas ? C’est un jeu.
Comme lorsque tu lui faisais des avances ou des blagues graveleuses.
C’est un jeu.

Tu habilles l’espace qui vous sépare de gestes amicaux et énergiques, chassant la gêne et les non-dits dans les ombres. « Je n’ai pas sommeil. Enfin, un peu. Pour être honnête… » Ta confiance revient, petit à petit… Sauf qu’il te faut une cigarette pour être sûr qu’elle ne va pas se tirer au premier mot incongru de sa part.

« J’ai pas mal de choses qui me trottent dans la tête. Cela fait longtemps que nous n’avons pas eu l’occasion de bavarder… J’ai besoin de mon mentor. » Crack ! L’allumette flambe, son souffre grésille contre le tabac sec.

« Y’a une fille… Y’a une fille qui me plaît bien. Vous la connaissez. » Une doucereuse facétie s’empare de toi, et l’on peut aisément voir aux pétillements de tes yeux, que ce n’est pas juste une fille. C’est la fille.

« Elle s’appelle Jude. Elle bosse au MIB… Ouiiii, je sais, c’est mal de flasher sur une collègue mais… Coupable ! » Son image t’apparaît, lumineuse et gorgée de vos folies.

« Je n’suis pas très doué, je ne sais pas comment lui faire comprendre que je l’aime plutôt plus que plutôt bien… Oui, c’est étonnant, je suis un Don Juan, elle aurait déjà dû me tomber dans les bras. » Adoptant un air de crâneur, tu passes une main dans tes cheveux à la CryBaby.

« Vous croyez qu’il faut que je lui dise clairement ou… Ou vous pensez que c’est mort ? Elle se moque souvent de moi, me martyrise même mais… C’est notre truc. Après, je suis paumé, je ne sais pas du coup si elle me voit que comme un ami ou… Aaaah, c’est ridicule ! J’ai l’impression d’avoir six ans ! » - tu éclates une énième fois de rire.

Dans cette effusion de joie, de confessions intimes et enfantines, quelque chose dénote.
Et c’est cette effusion toute entière qui dénote. On eut dit que tu cherches à l’assomer, à l’étourdir…
À lui faire du mal.

Aurais-tu peur Harry ? Peur de lui…?
Non, peur de toi.














*
AGENT
Gabriel Ardan
Crédits : 18
Gabriel Ardan

Mar 4 Sep - 21:43


DES MONSTRES
ET DES HOMMES

musique - Bientôt, Cordell ne sera plus qu'un mauvais souvenir, un mauvais fantôme. Une histoire dont ils pourront se vanter, une histoire qui les fera rire. Mais pour le moment, il fallait croire à leurs mensonges et faire marcher le Diable dans ce même sens, presque main dans la main, avec la connaissance que ce dernier se fera une joie de les pousser au bord du falaise. Gabriel n'en a pas peur - il en a presque hâte. Son amour du jeu et du hasard ne s'évapore pas, même dans de tels instants, c'est même là qui les préfère.

Mais en attendant, il profite de ces instants à discuter de tout et de rien, l'esprit trop léger et le regard volatile.

Ardan ressent tout à coup des picotements dans sa gorge et son estomac se noue lorsque le nom de Jude s'associe à amour et futur. Lorsqu'il rit, Ardan se remet au plus profond de son fauteuil, les yeux rivés sur ses propres pieds à la recherche d'un détail qui peut l'obnubiler plus que cette déclaration qui le mord comme un charognard.

Bien sûr.
Que s'imaginait-il, tout ce temps ?

Je vois de qui il s'agit, oui. Il répond d'une voix impassible jusqu'à ce que son souffle se coupe contre son gré. Sa langue humidifie ses lippes et ces instants de silence le trahissent. Si elle vous aime en retour, vous le saurez bien assez vite. Il n'a plus la force de le tutoyer et ainsi, reconstruit ce mur pourtant détruit avec joie quelques jours auparavant. Mais il ne peut lutter ; il retourne dans sa carapace, à l'abri de nouvelles déception comme par instinct de survie. Par des regards, des intentions, des mots glissés, des sous-entendus. Il appuie son coude sur l'accoudoir, le menton logé dans sa paume et les yeux rivés sur la fenêtre, il fuit son regard pour de bon. L'amour est l'alchimie que l'on partage. Mais vous êtes encore jeune, alors j'imagine que vous pouvez être franc si vous pensez que cela sera plus facile. Ses paroles lui font écho. Peut-être est-ce mieux que d'attendre dans l'illusion. Car après tout, peu importe la réponse, qu'elle soit positive ou désastreuse, on en ressort toujours plus fort et plus intelligent.

De l'air. Il a besoin d'air.
Gabriel quitte le confort du fauteuil pour fumer sa propre cigarette à la fenêtre. Nancy avait ri à mon visage quand j'ai avoué mes sentiments. Un sourire triste s'arrache du coin de ses lippes. Elle m'a dit mais enfin Gabriel, qui voudrait de toi ? Elle avait un terrible fou rire à ce moment là. Ce type de fou-rire jusqu'à en pleurer et en faire couler son maquillage. Puis elle avait fini par ajouter moi, bien entendu. Il souffle. Foncez, Marlow. Que puis-je vous dire d'autre ? C'est ce que vous savez mieux le faire après tout.



featuring harry
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*
STAGIAIRE
Harry Marlow
Crédits : 62
Harry Marlow

Mar 4 Sep - 23:24






music

C’est agréable de l’écouter te donner des conseils, comme si vous étiez deux amis se partageant un coin de feu, préférant aux festivités alcoolisés de vos camarades, cet échange riche et lumineux. Tu te demandes alors comment ce serait, de partir camper avec Gabriel Ardan. On ne peut plus intéressant, tu supposes.

Tu adores le camping.

C’est d’ailleurs très jeune que tu as commencé. La première fois, tu avais 8 ans. Dix jours au bord d’un lac perdu dans le Michigan, avec seulement ton frère et ta mère de l’époque - les Forze. Jamais tu n’avais vu de ciel étoilé aussi beau que celui-ci, car dépollué de tout éclairage artificiel.

À rêvasser, t’en perds presque le sujet de votre conversation.

Il te faut donc jouer la carte de la franchise, quitte à essuyer un râteau ? Mh. En soit, il a raison - tu n’as rien à perdre. Surtout que Jude n’est pas du genre à fuir ou à couper les ponts sous prétexte d’être gênée ou embêtée ; elle restera ton amie.

Des regards, des sous-entendus, ce genre de choses auxquelles se fier… Impossible que tu les décryptes. Tu es indubitablement et irrévocablement nul à chier dans ce domaine. Alors, oui, tu vas laisser gérer la fougue de ta jeunesse.

« C’est décidé, je vais lui dire. » - tu déclares, un sourire perché aux coins de tes lèvres.

Que ferais-tu sans Ardan ? Même en pleine situation de crise, il est là, prêt à t’aiguiller, à te guider. Il te connaît si bien que tu t’étonnes de le voir de temps à autre décontenancé face à tes propos ou face à une de tes blagues ; c’est quasi évident, pour toi, qu’il soit en mesure de prédire chacun de tes faits et gestes.

Son anecdote, sur la manière dont lui-même se trouva fort démunit après sa confession à Nancy ne fit qu’élargir davantage ton sourire - la scène se déroule devant tes yeux. Elle, hilare, lui, penaud. Ils devaient être très amoureux… Tu adorerais voir une photo d’elle.

Un jour, peut-être, tu oseras lui en demander une.

Or il y’a un point crucial qu’il te faut encore lui soumettre, car tu es aux antipodes d’être suceptible de le gérer. Avec ses années d’expérience et sa maturité, il saura forcément trouver les mots justes.

Tout de même, c’est délicat…

« Dites… » - et pour te donner du courage, tu allumes une autre cigarette - déjà la troisième ce soir, Harry ce n’est pas sérieux. « Vous savez… Avec mon passif… Mh… » Ok, quel angle prendre ? Qu’importe, t’es mal à l’aise dans tous les cas de figure.

« Les relations sexuelles… J’en ai eu beaucoup. Avec beaucoup de personnes. Dès…gamin. » - passons les détails glauques.

« J’ai appris, au fil des années, à user du sexe comme d’un outil de persuasion ou comme d'une monnaie d’échange. Vous y avez eu droit lors de notre première rencontre… » - et tu te marres, un peu, juste un peu, parce que c’est ridicule à présent d’imaginer qu’une telle situation puisse se reproduire.

« Le truc c’est que, je ne prends pas de plaisir… Je veux dire, j’ai un réel blocage. Je n’arrive pas à… Vous savez… À jouir. » - tes joues s’empourprent, mordues de honte mais, malgré cela, tu maintiens ton sérieux. « J’ai même peur de ne jamais être capable d’éprouver du plaisir. Or, du désir, j’en ai, j’en ressens… C’est vraiment, je me répète, juste le plaisir, le fait de jouir et… Bon, vous pigez. »

Quelle était, d’ailleurs, ta dernière relation intime ?
Ah. Oui.
Ta conseillère d’orientation du foyer, la nymphomane psychotique.
C’était horrible.

« J’ai toujours peur, lorsque j’aime bien une personne, aimer amoureusement hein, de la décevoir à ce niveau là… » - tu avoues, à mi-voix. « Après je n’ai jamais fais l’amour. Je n’ai jamais été amoureux d’une des personnes avec qui j’ai couché. »

Un tantinet nerveux - se confier sur ton intimité, ce n'est pas sujet prêtant à calme - tu t'en vas le rejoindre au bord de la fenêtre. Grande ouverte, elle t'offre un peu de lucidité sous la caresse de la brise fraîche qui s'y engouffre.

Notons également que tu as été amoureux, si on peut appeler cela de l’amour, deux fois dans ta vie. Et deux fois, à sens unique. Mary, 6 ans, en primaire et Calvin, 14 ans, au collège. Super enrichissante l'expérience …

« Vous pensez que c’est ça le problème ? Il faut que je sois amoureux ? Ou… Ou, je suis juste différent ? Genre, asexué ? Ça m’emmerde… Si jamais… Si jamais ça marche avec Jude, j’ai trop la hantise que mon handicape fiche tout en l’air. »

En attendant les éclairs divins et conseils royaux de Maître Blue, tu écrases ton mégot sur le rebord de métal et te perds dans la contemplation des astres.

T'aimerais bien aller camper...
Quand vous irez mieux, tu lui proposeras.














*
AGENT
Gabriel Ardan
Crédits : 18
Gabriel Ardan

Mar 4 Sep - 23:47


DES MONSTRES
ET DES HOMMES

Très vite, l'étau de ses doigts autour de sa cigarette se resserre. Elle casse, fichue, seulement à moitié épuisée. Sa gorge se noue un peu plus tandis qu'il doit subir le discours du jeune homme en pleine fleur de l'âge, hilare pour quelques regards, amoureux pour quelques mots.
L'image même de Jude dans son esprit effleure sa colère.

Oui, c'est ça, la colère.
Inexpliquée, incontrôlable, grondante un peu plus, un lion en cage, indépendante et avide. Quelques semaines auparavant, la seule chose qui aurait pu lui provoquer de tels maux n'était que le passé noyé dans la débauche d'un enfant qui a grandi trop vite.

Mais maintenant, tout est différent.

Dès lors où Marlow introduit son espace personnel, Ardan fuit à l'autre bout de la pièce, prétextant avoir mieux à faire comme détailler du regard chaque machine et la paperasse sur la table. Il ne peut juste plus le regarder en face avec la simplicité d'autrefois.

L'amour n'a pas besoin de sexe tout comme le sexe n'a pas besoin d'amour. Préfère-t-il dire simplement. Cela ne sert à rien de raviver d'anciens souvenirs. Parlez. Essayez. Comprenez. Acceptez. Vivez.

Son poing se serre à son tour. Je dois partir. Fuir. Nous nous reverrons au tribunal. En attendant, reposez-vous car vous reprendrez le travail après ça.

La porte claque. Et ça y est.
Le silence du couloir. Quelques pas qui y résonnent, l'ombre des infirmières toujours actives. Et puis son cœur qui se meurt. Ses pieds traînent au sol, ses épaules sont basses.

Sa main se pose contre sa poitrine. Ses dents se serrent. Sa respiration est haletante.

Quand soudain.
Les regrets.



featuring harry
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*
STAGIAIRE
Harry Marlow
Crédits : 62
Harry Marlow

Mer 5 Sep - 0:21






music

C’est de manière plutôt soudaine et abrupte qu’il s’en va, te laissant à l’écho de ses paroles - certes censées et ô combien utiles, mais… Si froides ? Tu demeures un moment pantois, le regard fixé sur la porte.

À présent que tu es seul, plongé dans le silence - une pression, dont tu n’avais pas soupçonné la présence jusqu’à lors, délaisse ta poitrine. Une curieuse envie de pleurer te prend par la suite, balayant tes humeurs joyeuses.

Harry, t’es qu’un putain d’enfant. Un putain d’enfant monté sur manège.

Pour quelle raison, tu l’ignores, mais tu l’as blessé. Tu le sens, tu le sais - tu n’es pas sot. Que ce soit ce vouvoiement dont il te gratifie, alors que quelques nuits plus tôt, il te tutoyait pour mieux te sauver des griffes de la mort, ou cette distance physique te rappelant presque la mécanique d’un cran de sûreté, lui qui pourtant s'est à de multiples occasions montré si tendre…

C’est bizarre.
Ardan est bizarre.
Tu es bizarre.


Cessons les frais, mieux vaut - comme il te l’a proprement dit - aller dormir. Tes blessures ne cessent de te rappeler à l'ordre ! Le tribunal va te demander de l’énergie, au moins autant que les jours qui le suivront.

Vous n’êtes pas au bout de vos peines…














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