☇ sang façon (feat. ludlow)

la journée avait très mal commencé.

soledad s’était levé avec un mal de ventre qui lui tordait les boyaux, nauséeuse et fatiguée (pourtant on était dimanche, c’était le week-end et elle avait pu dormir tard sans mettre de réveil). ensuite elle s’était prise la tête avec sa mère, qui partait pour son service et ne reviendrait probablement pas avant lundi soir voir mardi matin. et comme à chaque fois qu’elle retournait au boulot après une nuit à la maison, sa mère était tendue, stressée et courait partout. sol avait tenté de lui demander des médicaments pour son mal de ventre et elena proulx avait réagit au quart de tour “je n’ai pas le temps pour tes petites angoisses d’ado mal dans sa peau sol j’ai de véritables malades qui m’attendent !”

la jeune fille s’était aussitôt braqué et sa grand-mère l’avait entraîné vers la cuisine pour éviter une nouvelle crise, la faisant s’asseoir devant son petit-déjeuner avant de filer à la boutique aider son mari, disant à sol de profiter de sa journée. restée seule (avec tout de même oréo, qui lui au moins restait à ses pieds et semblait la surveiller, inquiet des airs barbouillés de sa maîtresse), sol avait prit une bouchée de céréales sans appétit -

avant de courir vomir aux toilettes.

“mais c’est quoi ce délire?” gémit sol au-dessus de la cuvette. elle avait faim, vraiment. et elle adorait ses lucky charms d’ordinaire. mais là, le simple goût, la texture des céréales lui avait aussitôt donné un haut le coeur. derrière elle, soledad entendit le cliquetis des griffes de son chien sur le carrelage et ses gémissements. “je vais bien oréo c’est rien.. laisse-moi juste une minute…”

et cette douleur qui ne voulait pas passer. sol commençait à paniquer un peu. est-ce qu’un alien avait pondu des oeufs en elle et qu’ils allaient sortir par son estomac, comme dans ce film super flippant ? oh bordel, elle devrait peut-être écrire son testament. dire qu’elle confiait oréo à peter parker et qu’elle espérait qu’on gifle sa mère avec son avis de décès pour lui apprendre à ne pas donner de dolipranes à sa fille mourante.

oréo aboya et sol lui caressa la tête. il avait envie de sortir, sans doute. peut-être que l’air frais lui ferait du bien aussi, décida-t-elle. se relevant en geignant un peu, elle alla passer un short en tissu doux et un t-shirt propre, ne prenant même pas la peine de se coiffer, se contentant de s’asperger d’eau fraîche le visage (elle était pâle et avait plus de cernes que d’ordinaire d’ailleurs). attrapant la laisse d’oréo, elle lui fit signe et il bondit par la porte ouverte, suivit par sa maîtresse plus tranquillement.

“doucement mon grand, je suis pas au top là moi” souffla sol alors qu’elle laissait oréo décider du chemin. sans surprise, il prenait la route menant à la plage (oréo adorait jouer dans l’eau). soledad le laissa faire et prit une inspiration quand elle sentit les premières odeurs d’iode. mais non, toujours mal, toujours envie de vomir et de mourir.

laissant son chien se défouler, elle s’assit dans le sable (il n’y avait pas encore grand monde, mais ça ne saurait tarder) en soupirant, regardant oréo tremper le bout de ses pattes dans les vagues. crispée, sol se tenait le ventre, telle une petite chose un peu pathétique.

Le dimanche matin était toujours un peu difficile pour Ludlow parce qu’il rentrait à quatre heures du service de La Boîte, voir plus tard s’il traînait avec Fly ou Meredith, voir encore plus tard si Arsène l’appelait pour un service. Et puis à sept heures il devait se lever et se préparer parce que son boulot de vendeur de glace démarrait à huit heures sur la plage. Parfois ses horaires étaient d’après-midi, mais pas ce dimanche-ci, et Ludlow avait un peu une tête de zombie -et ses cernes commençaient vraiment à se voir.

Mais soit. Ludlow avait besoin de sous. Alors il bossait sans rechigner à la tâche. Et puis le cadre de la plage était quand même plutôt agréable, plus que les cuisines d’un resto ou les toilettes d’un bâtiment de bureau. Ludlow ne se plaignait pas -pas trop.

Et puis, on croisait des gens, à la plage. Une fois c’était Fly, une autre fois Jamie -à qui il envoyait une boule de glace dans la gueule parce que ce n’était que ce que cet enfoiré méritait- et puis d’autres gens bien sûr, les habitués le connaissaient aussi, et semblaient l’apprécier malgré sa tête de défiguré.

Il était dix heures du matin et c’était l’heure de la pause. Ludlow sortit une cigarette qu’il s’alluma au briquet et puis expira un nuage de fumée blanche en regardant un peu l’horizon -c’était super a e s t h e t i c mais il n’y avait personne pour le prendre en photo et puis de toute façon ce n’était pas comme s’il s’en rendait compte ni que sa super casquette de NICE CREAM le rendait particulièrement élégant. Ludlow n’était pas un tumblr boy.

Il avait presque terminé sa clope lorsque son regard se posa sur la frêle silhouette d’une gamine assise, recroquevillée même, sur le sable à une centaine de mètres de lui. Cheveux bruns et chien qui lui traînait autour, Ludlow se doutait qu’il la connaissait.

Il reconnut Oreo d’abord.

En arrivant près de Soledad, les poings sur les hanches et les yeux baissés vers elle, il avait l’air d’un gentil monsieur qui s’inquiète d’une jeune fille toute seule sur la plage. Il avait aussi l’air un peu atypique parce qu’il avait encore sa casquette, qu’il portait des converses pleines de sables, et que son t-shirt noir déteignait sur la clarté de la plage entre l’eau brillante et le sable jaune.

“Salut Sol.” dit-il tout en tendant le pied pour que Oreo vienne le renifler, comme à son habitude, il fallait plusieurs minutes au chien pour reconnaître son odeur de cramée caractéristique et puis qu’il décide finalement de lui sauter dessus et de lui faire la fête et de le faire tomber par terre -c’était arrivé plus d’une fois. “Qu’est-ce que tu fais en position latérale de sécurité sur la plage à cette heure ?”

Ludlow fronça un sourcil en voyant le visage de Soledad : elle avait l’air d’un zombie pouvant rivaliser avec le sien, et ce n’était vraiment pas une bonne chose. Sol était jeune et devait être en pleine forme, Ludlow voulait s’en assurer. Et il n’aimait pas la voir avec cet air là qui ressemblait trop au sien quand il se réveillait d’une grosse cuite dans le lit d’un.e inconnu.e -il espérait que ce n’était pas ce qui était arrivé à Soledad car il se serait un peu énervé parce qu’on ne touche pas à Sol et certes il n’a pas à décider pour elle mais quand même c’était Sol et elle devait être protégée, des types comme lui en premier lieu d’ailleurs.

“oréo ne t’éloigne pas trop.” lança sol en voyant le chien relever la tête et tendre l’oreille, alerte. elle n’était certainement pas en état de courir après lui s’il décidait de chasser une mouette ou de partir en exploration. elle gémit un peu, se tenant le ventre. est-ce que ça pouvait être une appendicite ? elle n’en avait jamais eu, mais sa mère lui avait déjà expliqué que c’était une douleur surtout à droite, mais là c’était tout le bas-ventre qui la torturait. et cette faim, elle était affamée, mais les odeurs de viennoiseries et de pain chaud de la boulangerie qu’ils avaient croisé sur la route lui avait donné des hauts-le-coeur. après le désastre des céréales, soledad n’avait pas trop envie de retenter tout de suite d’ingérer quoi que ce soit - pourtant, qu’est-ce qu’elle en avait envie.

oréo aboya joyeusement et puis une voix la salua et sol sursauta. elle se retourna, croisant le regard de ludlow que le husky venait de faire tomber au sol pour mieux lui lécher le visage. oh. c’est vrai qu’on était dimanche, il vendait des glaces ce jour-là. c’est comme ça qu’ils s’étaient rencontrés d’ailleurs la première fois - sol avait paniqué en voyant ses cicatrices. elles la faisaient toujours un peu frissonner à chaque fois, mais ludlow était gentil et assurait qu’il n’en souffrait pas donc ça allait.

“oh. hey lud’.” souffla-t-elle d’une petite voix. “hum.. je prends l’air ?”

sa tentative pour esquiver les explications se solda par une nouvelle grimace et elle se recroquevilla un peu plus en sentant une vague de douleur insister et la frapper violemment. soledad gémit un peu “ow ow..”. elle sentit le museau d’oréo contre sa joue et releva une main à l’aveugle pour lui tapoter la tête et le rassurer. “ça va ça va, c’est rien”

elle voulait mourir si fort. se forçant à relever la tête, soledad prit une inspiration (tiens est-ce que c’était l’odeur de lud qu’elle sentait ? il avait une bonne odeur) et tourna la tête vers son.. ami ? grand frère autoproclamé ? protecteur ? fournisseur de glaces à l’air louche mais gentil ? peu importe. lud était lud. elle avoua avec un sourire un peu crispé. “je suis pas au mieux de ma forme. et toi, qu’est-ce que tu fais là ? tu devrais pas être à ton stand ?”

d’un côté ça la gênait un peu que ludlow la voit comme ça. de l’autre, c’était agréable d’avoir une présence amicale et une distraction pour la douleur.

Ludlow avait bien malgré lui atterri sur le sable chaud, et Oreo essayait de lui lécher le visage, mais il le repoussait du bras, tout en regardant Sol qui n’avait vraiment pas l’air en forme du tout. Oreo lui bava sur le bras et il murmura faiblement ‘mais qu’est-ce que t’es casse couilles toi alors’ avant d’attraper un morceau qu’il ne savait pas quoi qui traînait à côté de lui, de l’agiter sous la gueule de l’animal, puis de le lancer plus loin sur la plage. L’effet désiré fut immédiat et Oreo se précipita derrière le bout de bois. Ludlow se retourna vers Soledad.

“T’as clairement l’air d’aller bien ouais.” dit-il finalement et son ton était si plat qu’y déceler le sarcasme était même difficile, “T’as trop bouffé ce matin ? Mal au bide ? Ou tu t’es pris une cuite ? Tu devrais pas à ton âge l’alcool c’est mauvais."
Il lui faisait souvent la morale sur ce qu’il fallait faire ou ne pas faire à son âge alors que lui lorsqu’il avait seize ans était un adolescent complètement débile qui sortait aux soirées de ses potes, fumait des joints et se bourrait la gueule sans raison si ce n’était pour faire comme tout le monde.

Il observa un peu mieux Sol qui était toute pâle, ses cheveux bruns étaient agités par le vent mais il distinguait son visage, les sourcils froncés à cause de la douleur. Elle était mignonne et Ludlow priait tous les jours pour qu’aucune personne n’en profite jamais. Il ne savait même pas exactement pourquoi, mais il s’était attaché à elle, vraiment. Oreo revint alors et il lui prit le bâton pour le jeter encore une fois, encore plus loin. Le husky aboya et courut chercher l’objet, agitant la queue, beaucoup trop heureux et dynamique pour Ludlow qui se sentait l’énergie d’un mort-vivant.

Il baissa les yeux alors, et ce fut à son tour de froncer les sourcils. Il ouvrit la bouche mais ne parla pas tout de suite, se contentant de désigner la jambe de Sol.
“Je crois que tu t’es tâché.” dit-il finalement en désignant une tâche rouge au creux de la cuisse de la jeune fille.
Ludlow se dit que ce n’était sans doute pas de la sauce tomate, mais il eut la décence de ne pas lui demander plus de précisions.
“Ca va aller ? Tu veux que je t’accompagne aux toilettes ?” demanda-t-il, réellement inquiet pour la jeune fille qu’il voyait clairement souffrir de sa condition.
Ludlow avait un minimum de connaissances de la gente féminine et sa mère l’avait assez bien éduqué pour qu’il ne fasse aucune remarque déplacée ou un peu trop beauf, ce n’était pas son genre. Au contraire, au lycée, il était souvent amis avec des filles qui avaient eu assez confiance en lui pour discuter, même de leur corps. Ludlow était réceptif sans pour autant faire de commentaire, le confident idéal -les autres mecs ne comprenaient pas comment il faisait et à vrai dire lui non plus mais soit, ça lui avait appris plein de choses au moins.

comment tu veux que je prenne une cuite je bois pas d’alcool et j’ai pas d’amis avec qui faire la fête ? aurait pu répondre sol si elle n’avait pas aussi mal. donc elle se contenta de secouer un peu la tête en signe de négation. elle n’était pas très populaire au lycée — voir pas du tout en fait. mais là tout de suite, c’était le cadet de ses problèmes de toutes manières. enfin ça deviendrait un problème urgent si un de ses camarades de classe décidaient de se pointer faire son jogging sur la plage (oh non rien qu’à cette idée son ventre se serra encore plus ce serait genre la cerise sur la crotte de son existence là) .

hein ?
une tâche ?

soledad suivi la direction du doigt de ludlow, son regard un peu hésitant. elle regarda sa cuisse, relevant un peu le bord de son short cargo large. c’était rouge et visqueux. du sang, apparemment. s’était-elle écorchée ? ça ne serait pas si étonnant, maladroite comme elle est après tout. sol fronça les sourcils.
sa culotte était humide et inconfortable. elle toucha à travers le short.
ah.

le mal de ventre le sang la mauvaise humeur l’adolescence se mélangèrent dans sa tête

AH.

(la voix de sa mère résonna dans sa tête “quand même à seize ans ça commence à devenir inquiétant que tu ne sois toujours pas réglé, si l’année prochaine c’est toujours pas arrivé on fera des tests vérifier si tout fonctionne”)

“oh vous devez plaisantez” gémit soledad. elle se souvint à cet instant que lud était juste à côté. elle lui tourna le visage brusquement à deux mains, embarrassée au possible. “aaah regarde pas ! pardon ! je suis désolé ! tue moi s’il te plait !”

pourquoi, pourquoi fallait-il que ses règles se déclenchent devant ludlow ? comme si sa vie n’était déjà pas assez nulle comme ça.

au moins ça expliquait son mal de ventre
(mais pas son intolérance à la nourriture et son appétit inquiétant, souffla une petite voix dans sa tête qu’elle ignora car trop préoccupée à l’idée qu’elle était en train de se saigner dessus depuis tout à l’heure)

elle se releva en essayant de cacher l’avant, l’arrière et de se tenir son ventre douloureux en même temps. oréo, la voyant bouger, revint dès qu’elle le siffla. “il faut que je euh- que j’aille aux toilettes, je crois. mais j’ai pas de protections oh mon dieu qu’est ce que je suis censé acheter ? j’ai pas d’argent oh bordel” elle marmonnait plus pour elle-même que pour lud en vérité, un peu en panique, un peu affamée, un peu beaucoup perdue.

Ludlow cligne des yeux et regarde Soledad se relever, en se demandant ce qu’elle fait. Elle panique, la pauvre gamine, et Ludlow aurait été attendri s’il ne sentait pas que la jeune fille était au bord de la crise de nerf. Il se redresse à son tour, évite le chien qui leur court entre les jambes, et pose sa main sur l’épaule de la brune pour essayer de la rassurer. “Sol, eh, calme-toi, c’est rien ça va aller. Reste là je reviens ok ?” Il se doute qu’elle est de toute façon trop dépassée par les événements pour bouger, et c’est bien pour ça qu’il veut l’aider. Il lui tourne le dos et retourne en grandes enjambées, presque en courant, jusqu’à son kiosk à glaces. Il se glisse derrière et retrouve sa veste qu’il prend avant d’en sortir son portefeuille. Il retourne aussitôt vers Soledad.

Arrivé auprès d’elle, il lui tend sa veste qui, vue sa taille, lui tombera en-dessous des fesses, même si les épaules sont aussi beaucoup trop larges pour aller à une adolescente frêle comme elle, mais c’est déjà ça. “Tiens mets ça” dit-il “C’est assez longs ça cachera les tâches. Et j’ai des sous moi, reste ici si tu te sens mal, je vais aller t’acheter ce qu’il faut.” Ludlow est épaté lui-même par sa capacité à maîtriser la situation. Comme si il avait la moindre idée de ce qu’une fille a besoin quand elle a ses règles. Mais il veut que Sol aille bien, alors il improvise, et il avisera quand il sera face au problème. Pour l’instant il veut juste s’assurer que la jeune fille se calme. “Va te mettre près des glaces, tu peux t’assoir, c’est pas grave si tu tâches ma veste je m’en fou. Je reviens. Les toilettes sont à cent mètres à droite si tu veux y aller.”

Et sans lui laisser le temps de protester, Ludlow est de nouveau parti, en trottinant, vers la ville et un endroit où il pourra trouver de quoi sauver sa jeune amie.

Une seconde, il se demande pourquoi il fait ça.

La seconde suivante il se dit que c’est parce que Sol ne mérite pas d’être autant en pls, et parce qu’il l’aime bien. Et puis ça ne lui coûte rien de l’aider. Il accélère le pas et rentre dans la première supérette qu’il trouve. Il ignore les regards étonnés des clients et des caissiers à cause  de sa gueule cassée, et se dirige droit vers le rayon des produits d'hygiène. Et là, c’est le drama. Ludlow reste planté devant le rayon. Une minute. Deux. Trois. A la quatrième il se dit qu’il faut qu’il se décide. A la cinquième il se demande encore quelle est la différence entre un normal + et extra large, entre spécial douceur et absorption maximale, et constate que les tampons ont des applicateurs, ou pas. Il n’y comprend, pour ainsi dire, rien.

Au bout de dix minutes, et parce qu’il commence à se sentir con, il prend un paquet au hasard “serviettes douceur et propreté, absorption maximum pour un maximum de confort, ailes et quatre gouttes sur six”. Il n’a pas la moindre de ce que cela veut dire, alors il en prend un deuxième, et un troisième avec des tampons aussi parce qu’on sait jamais.
Quand il passe finalement à la casse, il a quatre boîtes de serviettes hygiéniques et deux de tampons et il se demande s’il n’a pas abusé en voyant le regard un peu étonné de la caissière.

Finalement, il refait le chemin inverse pour retrouver Soledad et lui tend aussitôt le sachet en regardant si elle est toujours aussi pâle -et oui c’est le cas. “Ah j’ai pas pensé à te prendre quelque chose à manger. Tu veux que j’y retourne ?” Et puis, après un temps de réflexion, il rajoute : “J’espère que j’ai pris ce qui convenait ?”

elle n’eut pas vraiment le temps de protester que ludlow est parti, dieu sait pourquoi faire. il lui a mit sa veste sur les épaules avant et le tissu est doux contre sa peau. un peu confuse, sol se força tout de même à se rasseoir, car il lui avait dit qu’il revenait. oréo vient fourrer son museau contre son cou, sentant ses angoisses et cherchant à la rassurer comme il peut. soledad sourit, caressant le husky. c’est vrai qu’il n’était pas forcément très fute-fute et qu’il avait tendance à être un peu bourrin, mais son chien était le meilleur malgré tout. elle entoura doucement son cou de ses bras maigrelets et gémit un peu. elle avait incroyablement faim.

ludlow étant parti, son odeur se dissipait aussi dans l’air et elle ne s’était pas rendue compte qu’il sentait aussi merveilleusement bon jusqu’à présent. par réflexe, elle enfouit son nez dans la veste et la resserra autour d’elle, inspirant. l’odeur de ludlow était si douce et délicieuse. son ventre gronda un peu, mais sol fait de son mieux pour l’ignorer. ce n’était pas le moment.

ludlow revient finalement, un sachet à la main. sol haussa un sourcil, avant de voir la quantité de serviettes hygiéniques et de tampons qu’il avait ramené. elle savait parfaitement qu’elle n’avait pas besoin de tant, mais l’attention la toucha et elle réussit à offrir un sourire sincère à ludlow. “merci.. et non” ajouta-t-elle en secouant la tête. “je ne peux rien avaler.” la simple pensée d’un sandwich au thon ou d’une salade lui donnait envie de vomir, honnêtement. elle ne se souvenait pas que cela fasse partie des symptômes d’une menstruation quand sa mère lui avait expliqué le sujet en détail.

“je vais euh, me changer dans les cabines de plage. tu peux, hm… rester un peu? enfin à l’extérieur hein !” précisa-t-elle précipitamment, avant d’aller s’enfermer dans les petites cabines prévues pour les envies pressantes et les douches après les baignades, laissant lud avec oréo. elle enfila une serviette extra-large, constatant au passge qu’il y avait en effet beaucoup de sang. sa culotte était probablement foutue. le mieux était qu’elle rentre à la maison et se change de nouveau là-bas, songea sol en soupirant un peu.
et peut-être qu’elle réussira à avaler quelque chose.

bon sang elle avait tellement faim.

soledad sortie de la cabine, tirant par réflexe la veste de ludlow pour cacher le dessous. son estomac gronda de nouveau, elle sourit à ludlow un peu timidement en le retrouvant. “merci encore.. je euh, vais probablement rentrer maintenant. ça vaut sans doute mieu- ugh!” une vague de douleur la plia un peu en deux. sol s’agrippa le ventre par réflexe.

elle avait si faim
ludlow sentait si bon.

Ludlow la voyait si fragile tout à coup, il ne se souvenait pas s’être autant inquiété pour quelqu’un auparavant, à part son petit frère lorsque ce dernier jouait à des jeux ridiculement dangereux comme se pencher au-dessus du vide à travers la fenêtre du trente-deuxième étage de la tour Moore ; mais peut-être que c’était ce que Soledad était pour lui, une espèce de petite soeur dont il se devait d’assurer la protection car, faute de pouvoir voir son frère très souvent désormais, il pouvait concentrer son affection frustrée sur elle. C’était presque égoïste, mais Ludlow ne s’en rendait pas compte, et il appréciait réellement la jeune fille. C’est pour ça qu’il n’était pas dérangé qu’elle garde sa veste. “Garde la pour rentrer aussi, tu me la rendras une autre fois.” souffla-t-il lorsqu’elle sortit de la cabine. Il en avait une autre chez lui, et il ne faisait pas froid. Oreo lui tournait autour des jambes et jappait pour avoir son attention, mais Ludlow était trop concentré sur la jeune fille pour y faire attention. Elle avait vraiment mauvaise mine.

“Je vais te raccompagner au moins sur un bout du chemin, ok ?” Mais Sol n’a pas le temps de lui dire que ce n’est pas la peine. Quand il la voit se tordre en deux, il est tout de suite près d’elle. “J’aurai dû te prendre des médicaments en fait. Mais c’est pas normal que ça te fasse aussi mal…” Ludlow est vraiment inquiété et prêt à dégainer Google pour en savoir plus sur quoi faire lorsqu’une femme a des règles aussi douloureuses. “Peut-être que tu devrais voir un médecin tu ne crois pas ?” Il fait semblant d’avoir une idée de ce qu’il avance, mais pas du tout en réalité, car Ludlow n’y connaît rien en organes féminins et en douleurs menstruelles. Il sait juste que Soledad souffre et qu’il faut qu’il fasse quelque chose pour arranger ça.

Il se penche près d’elle et lui caresse la tête pour la rassurer, d’une manière un peu maladroite. Soledad ne dit plus rien et ça commence à l’inquiéter. “Eh, ça va ? Tu peux marcher, ou tu veux que je te porte peut-être ?” Tant pis pour le boulot, il se faire enguirlander par son employeur, peut-être même viré, mais bon, tant pis. Ludlow ne s’en souci pas le moins du monde présentement, et il aura tout le temps de râler après son patron plus tard. De toute façon, le boulot commençait à lui taper sur le système.

Mais inquiet comme il l’est, Ludlow ne voit pas que le regard de Soledad a changé, et s’il est inquiet pour elle, ce n’est sans doute pas pour la bonne raison…